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Le match parfait de Mister Keith Jennings contre le PSG

France

Lors de la 20ème journée du Championnat de France 97/98, Keith Jennings n’aura pas raté un seul tir! Un véritable récital de la part du « Mister ». Le Mans vs PSG 1998

Le basketball est un sport exclusivement réservé aux grands. Cette doctrine, répétée à l’envie, est ancrée profondément dans l’esprit du public. Plus surprenant, elle semble aussi perdurer ,dans le milieu de la balle orange. Les coachs et les recruteurs scrutent le physique autant, voir plus que la technique.

Imaginez un joueur de 2m10 face à un autre d’1m70. Sous le panier, dans une lutte au rebond, le petit n’a visiblement aucune chance. Mais éloignez-vous à 7 mètres de l’arceau, avec le ballon au ras du sol, et là c’est le grand qui risque de se prendre un sacrée bouillon! Surtout si le petit en question s’appelle Keith « Mister » Jennings!

Avec deux parents en-dessous du mètre soixante-dix, il y avait une très faible probabilité que Keith atteigne une taille gigantesque. Il s’arrêta à 1m70. Une taille presque rédhibitoire pour qui veut décrocher une bourse de basket dans un grand college U.S. Ce sera finalement East Tennessee State qui le recruta. Une université qui ,selon le coach Alan LeForce, « ne peut  recruter que les joueurs dont les autres écoles ne veulent pas! ». Pas très réjouissant au premier abord! D’autant plus que les Buccanners n’ont atteint le tournoi final NCAA qu’une seule fois en 1968!  20 ans avant l’arrivée de Keith dans la place.

Dès sa saison freshman, il s’impose comme un titulaire indiscutable (12.9 points, 4.1 rebonds, 6.3 passses, 2.6 interceptions en 87-88).  Les deux saisons suivantes, East Tennessee State retrouve le tournoi final. Keith Jennings devient une véritable attraction . C’est un intercepteur et un passeur reconnu mais c’est surtout un shooteur d’une précision diabolique! 57.4% aux tirs dont 49.6% à trois points et 87.7% aux lancers-francs en Junior! Son shoot, il le travaillait tous les matins avec son frère avant de partir à l’école. Des millions et des millions de répétitions. Avec des pourcentages pareils, difficile de faire mieux. Il va pourtant y parvenir.

Dernière saison sur le campus: 59.2% à trois points! Du jamais vu! Plus que la moyenne, en carrière, du Shaq sur la ligne! Et on ne parle pas d’un joueur qui prend son petit shoot tranquille, pépère, sans opposition. Keith Jennings est la cible numéro un des défenseurs! Ce qui ne l’empêche pas de marquer plus de deux tirs à trois points en moyenne sur un peu plus de quatre tentatives (2.5/4.3). Il réalise sa meilleure saison au scoring (20.1 points) mais aussi à la passe (9.1) et aux interceptions (3.3) et conduit East Tennesse State à un bilan de 29 victoires et 5 défaites. Le tournoi final conduira à une troisième élimination de suite au premier tour en trois ans. Qu’importe,  « Mister » est honoré, en étant élu dans le deuxième meilleur cinq de la saison (Kenny Anderson de Georgia Tech est le meneur de la first team) et en remportant le trophée particulier qu’est le Frances Pomery Award qui récompense le meilleur joueur en dessous de 6 pieds (1m80). Un trophée qu’ont remporté Mugsy Bogues et Tim Hardaway avant lui.

Keith Jennings2

« Alors je le déborde à gauche, à droite ou entre les jambes? »

Bogues et Hardaway, ont été  drafté au premier tour en NBA. Un honneur que ne connaîtra pas Jennings. Le deuxième tour alors? Non plus! Jugé décevant lors du camp de pré-draft de Porstmouth, les arguments sur le joueur « trop petit pour réussir » resurgissent, alors qu’il les avaient si bien fait oublier pendant quatre années universitaires. Pour bien comprendre cette non-draft, il faut expliquer que les joueurs de petits tailles n’ont pas la côte dans une NBA, fascinée par les talents à la mène du grand Magic! Bien sûr, Mugsy Bogues a été drafté exceptionnellement haut par les Bullets en 1987 (12ème choix) mais Washington l’a quand même laissé partir chez la nouvelle franchise des Charlotte Hornets, malgré une année rookie réussie. Comme le bondissant Spud Webb, ils sont plus considérés comme des curiosités que comme des joueurs de basket à part entière. Ce n’est pas un hasard si Tim Hardaway se grandit artificiellement à 183 cm pour dépasser le seuil fatidique des 6 pieds!

La NBA, portes closes à jamais? Non car après deux saisons passées en CBA puis en Allemagne, Keith Jenning signe aux Warriors. Don Nelson, le coach de Golden State est un tacticien original qui n’a pas peur des expérimentations. Il a bien vu que Mister est un joueur idéal dans le jeu super offensif des californiens. Après un exercice de rookie gaché par une blessure au genou en 92-93, Jennings donne sa pleine mesure lors des deux années suivantes. 6.6 points, 3.7 passes en 18 minutes et un Don Nelson qui n’hésite pas à l’associer parfois à  Tim Hardaway sur le terrain! Un précurseur du small-ball! Malgré la popularité de Keith parmi les fans de la Bay Area, Golden State le laisse à la disposition de l’expansion draft qui concerne les petits nouveaux des Raptors et des Grizzlies. Sélectionné mais non conservé par Toronto, le meneur repart en Europe, à Estudiantes Madrid.

L’année est plutôt réussie en Espagne car Mister Jennings signe pour les Denver Nuggets pour 96-97. Il ne refoulera pourtant jamais un parquet NBA. Nouvelle blessure au genou (l’autre cette fois). Une saison blanche et une carrière menacée. Un joueur d’1m70, ça fait déjà peur à certains mais si en plus il a été blessé aux deux genoux, bonjour la panique! Le seul avantage, c’est que Keith, pour se relancer, est prêt à accepter moins d’argent. Ça tombe bien, Alain Weisz le coach du Mans cherche un meneur et, de l’argent il n’en a pas des mille et des cents.

Bonaparte-Cheval

Le Keith Jennings du 19ème siècle

C’est sûr, passer d’un point-guard comme Troy Truvillion (1m93) à Keith Jennings ça fait un sacrée changement! Mais l’équipe est intelligente, à l’image de Josh Grant, et elle a besoin de toutes les qualités du petit américain car, derrière les Juan Aisa, Bruno Coqueran et Makan Dioumassi, le banc est un peu court. Mister et le MSB? Une vraie réussite. Les genoux tiennent bons et Jennings dirige le jeu d’une main de maître. Il assure 16.3 points (55.1 aux tirs dont 47% à trois points et 85.4% aux lfs), 6 passes (4ème LNB) et 2.3 interceptions (2ème LNB) en moyenne dans la belle saison 97/98 du Mans (18v-12d, 7ème et élimination au premier tour des playoffs contre Pau). Il pourrait logiquement partir mais le Mister se sent bien dans la Sarthe et rempile pour une année. Josh Grant et Juan Aisa venus renforcer l’armada béarnaise, Keith a encore plus de responsabilités. Il ne quittera pratiquement pas le parquet (38 minutes de jeu en moyenne) et noircit encore plus la feuille de stats: 19.3 points (55.2% aux tirs, 45.8% à trois points, 89.8% aux lfs), 3.3 rebonds, 6.7 passes et 2 interceptions. Meilleur scoreur, meilleure évaluation, meilleure adresse aux lancer-francs, deuxième passeur, deuxième intercepteur et cinquième adresse à 3 points! Il est logiquement élu meilleur joueur étranger de Pro A. Le MSB réussira à atteindre les demi-finale des playoffs (défaite contre l’ASVEL) après avoir pris la sixième place du championnat (19v-11d).

Il y a beaucoup de choses à retenir du meneur américain lors de son passage au Mans, mais une de ses plus belles prestations, c’est son match parfait contre le PSG, les champions de France en titre, lors de la 20ème journée du championnat 97/98: 23 points à 8 sur 8 aux tirs avec 5 tirs à trois points, 7 rebonds, 8 passes, 3 interceptions et aucune balle perdue pour une évaluation de 41, et un Bozidar Maljkovic pratiquement dégoûté du basket ce soir là. Un concentré de ce que peut faire Jennings: vitesse de shoot, parfaite lecture de l’espace entre lui et son défenseur et touché soyeux. Un petit joueur? Non, un grand Monsieur!

LE MATCH PARFAIT DE KEITH JENNINGS CONTRE PARIS:

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