1989-1990, les Timberwolves font leurs débuts en NBA
Franchise History
Le 3 novembre 1989, les Timberwolves faisaient leur grand début en NBA sur le parquet des Supersonics. L’occasion de revenir sur la construction de cette jeune franchise : des négociations en amont de sa création jusqu’à son premier exercice dans la Ligue en 1989-1990.
A la différence des autres franchises nées en 1988 et 1989 (Orlando, Miami et Charlotte), l’état du Minnesota n’est pas novice en NBA. Entre 1948 et 1960, les Lakers engrangent déjà les titres, mais sont localisés à Minneapolis. Le premier âge d’or pour les Purple and Gold. Avec l’un des pionniers de la balle orange, George Mikan, en porte étendard de l’équipe, les hommes des lacs décrochent cinq trophées de champion. Toutefois, après la retraite de Mikan en 1956, l’intérêt des fans baisse considérablement et le déménagement vers Los Angeles est finalement décidé en 1960. S’en suivra de longues décennies sans équipe professionnelle. Ce n’est qu’en 1984, sous l’impulsion des hommes d’affaires Marv Wolfenson et Harvey Ratner, que Minneapolis revient dans les discussions.

Les deux mécènes tentent de racheter la franchise du Jazz aux Mormons. A cette époque, Utah a de grosses difficultés financières et son propriétaire Sam Battison est à l’écoute des propositions. Avant que les négociations aboutissent, coup de tonnerre en NBA : la Ligue annonce la création prochaine de quatre nouvelles franchises. Le duo Wolfenson et Ratner est forcément aux aguets, mais au vu du nombre de dossiers déposés, la piste du Jazz reste d’actualité. Une offre de rachat de 16 millions est proposée et semble tenir la corde, avant qu’à la dernière minute, l’un des actionnaires minoritaires du Jazz, Larry Miller surenchérisse. Les créanciers de Minny ne lâchent pas le steak et mettent 24 millions sur la table. En mai 1985, le nouveau commissionnaire de la NBA, David Stern, calme tout le monde avec un deal qui satisfait les deux camps : Larry Miller est autorisé à racheter le Jazz, tandis que l’une des nouvelles franchises prendra la direction de Minneapolis, si la ville se dote d’une salle digne de ce nom.
Minnesota peut désormais écrire une nouvelle page de son histoire. Sans perdre de temps, Wolfenson et Ratner lancent un grand référendum à travers tout l’Etat pour trouver un nom à la nouvelle franchise. Le comité reçoit exactement 6076 réponses de la part des fans pour un total de 1284 surnoms différents. Après un tri rationnel, où les noms déjà existants et les plus excentriques sont retirés, les deux finalistes sont dévoilés : The Timberwolves vs The Polars ! 842 municipalités environnantes sont alors invitées à désigner le vainqueur. Le verdict tombe : la NBA hérite d’un nouvel animal avec l’arrivée des Loups des Bois. Logique quand on sait que le Minnesota abrite 94% de la population de cette espèce aux USA et que l’état héberge également l’International Wolf Center, un centre de recherches et d’études sur les loups.

Dernière étape obligatoire avant de se faire les dents dans la Grande Ligue, le choix du logo. Là encore, Wolfenson et Ratner récoltent plus de 2600 candidatures provenant du monde entier. La seule contrainte imposée est qu’un loup figure sur le logo, avec une petite précision tout de même, il faut que l’animal paraisse agressif mais pas terrifiant ! Après avoir recueilli les avis d’experts du marketing et d’équipementiers sportifs, les propriétaires choisissent Mark Thompson, un artiste local, comme vainqueur du concours. Son loup sera repris par la première fois le 17 septembre 1987 sur des chèques de banque. Cette fois, ça y est, l’Histoire des Timberwolves est en marche.
Pour commencer, la franchise se met en quête d’un coach. Le front office recherche un profil chevronné pour diriger une meute qui risque d’être un peu jeune pour ses débuts. La nomination intervient le 23 août 1988. Bill Musselman coche toutes les cases souhaitées. Entraîneur de l’équipe universitaire des Gophers du Minnesota, il remporte le titre de la Big Ten en 1972, le premier depuis 1937. Son record à la tête de la fac, 61 victoires pour 32 défaites, parle pour lui. Coach intérimaire des Cavaliers pour ses débuts en NBA en 1980, Musselman doit composer avec un effectif dénué de talents et laisse rapidement sa place sur le banc. Sa revanche, il l’obtient dès 1983, à l’échelon inférieur en CBA. Sur ses cinq saisons passées dans l’antichambre de la NBA, il détient le record du plus haut pourcentage de victoires (72,4%). Il est notamment nommé à la tête d’une nouvelle équipe d’expansion, les Rapid City Thrillers, qu’il mène à trois titres consécutifs. Il conclut son passage en CBA avec les Patroons d’Albany où il enregistre 91 victoires sur 105 matches avec un nouveau titre à la clé ! Ses succès avec des rosters composés de joueurs revanchards et de jeunes aux dents longues en font le candidat parfait pour les Timberwolves qui vont devoir bâtir de A à Z, une nouvelle équipe.
15 juin 1989, LE grand jour pour Minnesota, celui de l’Expansion Draft. Le principe est simple, Minny va piocher parmi les 23 autres équipes – sauf chez les Hornets et le Heat qui n’ont fait leur apparition que l’année précédente – pour composer son effectif. Les franchises sont autorisées à protéger huit joueurs, les autres sont disponibles pour les Timberwolves et le Magic, les deux bizuths de la saison 1989-90. Après avoir perdu le pile ou face avec Orlando, les Loups récupèrent les 12 choix pairs de cette draft. Et pour son premier pick, le front office va se servir directement chez le champion en titre en sélectionnant Rick Mahorn des Pistons. Deux jours seulement après avoir sweepé les Lakers en finale, le Bad Boy quitte l’euphorie du Michigan pour rejoindre le Minnesota. Sur le papier, le fit est excellent, un vieux loup recadré en chef de meute, l’idée est séduisante. Mais, la gueule de bois est trop dure à avaler pour Mahorn qui refuse purement et simplement de signer. Devant la réticence indéfrisable du vétéran, la franchise est obligée de le trader à Philadelphie contre des choix de draft. Ironie du sort, le premier joueur choisi dans l’Histoire des Timberwolves ne posera jamais le pied en ville.
La suite n’est pas forcément plus heureuse. Parmi les onze joueurs sélectionnés, seulement deux passeront la saison entière à Minneapolis : l’arrière Scott Roth et l’ailier à tout faire Tyrone Corbin. Les autres seront seulement de passage, à l’image du besogneux Brad Lohaus échangé contre la grande tige de 2m21, Randy Breuer. Ou encore Steve Johnson, furieux de se retrouver chez les Loups, qui boude dans sa tanière jusqu’à obtenir son trade chez les Sonics.

Le 27 juin 1989, place à la draft traditionnelle, où les Timberwolves héritent des picks 10 et 38. Cette fois, le general manager Billy McKinney a plus de flair et choisit le meneur talentueux de UCLA, Pooh Richardson et l’arrière très athlétique de Villanova, Doug West. Pour compléter le roster, pas le choix, Minnesota doit s’activer sur le marché des agents libres. En tant que nouvelle franchise, Minny ne peut pas miser sur son attractivité et préfère signer des joueurs revanchards ou en quête de temps de jeu. C’est le cas de la principale recrue, Tony Campbell, champion avec les Lakers en 1988, qui croupit au fond du banc. Ensuite, les loups jettent leur dévolu sur d’anciens rookies coupés très vite par leur franchise. Ils recueillent ainsi l’ailier Donald Royal (52ème choix en 1987), le robuste intérieur Tod Murphy (53ème choix en 1986) et celui qui va être l’une des figures majeures des Timberwolves, Sam Mitchell (54ème choix en 1985). Pour finir, les vétérans Sidney Lowe et Adrian Branch complètent l’effectif à moindre coût (150.000 dollars la saison).
Curieux mélange que ce roster qui s’élance dans la saison 1989-1990. De prédateurs, les Timberwolves n’ont que le nom. Bill Musselman, secondé par un assistant novice du nom de Tom Thibodeau, a pour principale mission de trouver un style de jeu à cette nouvelle équipe qui manque cruellement de talents. Pour le match inaugural sur le parquet de Seattle, le coach aligne Sidney Lowe et Tony Campbell sur le backcourt, Sam Mitchell à l’aile et les big men Tod Murphy et Brad Lohaus dans la raquette. Les premiers points de l’Histoire des Wolves sont inscrits par Mitchell sur lancers-francs et c’est Tyrone Corbin qui termine meilleur scoreur et rebondeur (20 points et 8 prises). En tête d’un point à la mi-temps, Minny finit par s’incliner 106-94 face à l’un des contenders de l’Ouest.

Le 8 novembre 1989, les efforts de Marv Wolfenson et Harvey Ratner sont récompensés. Minnesota accueille un match NBA pour la première fois depuis le 26 mars 1960. La salle des Timberwolves, le Target Center, n’étant pas terminée, la franchise évolue dans le Metrodome, l’immense stade de 64.000 places des Vikings. En configuration basket, l’enceinte peut accueillir 50.000 fans et pour cette première à domicile, 35.427 spectateurs se pressent pour voir les Bulls de Michael Jordan. Ils ne seront pas déçus : His Airness plante 45 pions en guise de bienvenue ! Les Wolves sont plus chanceux, le 10 novembre, en recevant les Sixers. Les 31 points de Sir Charles Barkley ne pèsent pas lourds face aux 38 points de Tony Campbell et aux 36 points, 13 rebonds de Corbin. Ce duo de gala permet à la franchise de remporter sa première victoire en NBA. Parmi les autres succès significatifs, on peut citer l’exploit face aux Celtics de Larry Bird avec le record en carrière de Campbell (44 points) et une raclée administrée aux Knicks grâce aux 20 points et 12 passes du rookie Pooh Richardson. Le début de saison a servi de rodage au groupe qui s’est mis à enfin carburer au cours du mois de février avec un bilan de 8 victoires pour 7 défaites. Comme pour toutes les nouvelles franchises, le bizutage est rude pour les jeunes loups qui finissent la queue entre les jambes : 22 succès et 60 défaites. Seul motif de satisfaction, l’équipe n’hérite pas du bonnet d’âne et surpasse toutes les autres expansion teams qui n’atteignent même pas les 20 victoires. Et surtout, Minnesota se classe en tête de toute la Ligue en terme de spectateurs avec une affluence record de 1,07 millions de fans sur la saison. Preuve s’il en est que le jeu en valait la chandelle pour Wolfenson et Ratner.
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