[Portrait] Valérie Garnier : de joueuse à coach, l’exemple de la parfaite transition
Histoire d'un coach
Avant de prendre les rênes de l’équipe de France Féminine, Valérie Garnier, a été joueuse professionnelle dans le championnat de France. Basket Rétro revient sur sa carrière au poste de meneuse puis celle de coach à l’occasion de ses 54 ans.
Une folle passion se transmet de parents à enfants. On pense au foot aux Maldini (Cesare et Paolo), au Dutronc dans la chanson (Jacques et Thomas). C’est le cas également pour Valérie Garnier, l’actuelle sélectionneuse de l’équipe de France et coach de Bourges. Agée de 51 ans depuis le 9 janvier dernier, elle a été baignée dans le basket grâce à son père qui était entraîneur-joueur dans le Maine-et-Loire, à la Vendéenne de Jallais, club près de Cholet, une commune dans laquelle elle est née et qui respire tout naturellement le basket.
BAC MIRANDE : REPÉRÉ PAR ALAIN JARDEL
En 1983, Garnier devient joueuse professionnelle au Basket Astarac Club Mirande (BAC Mirande), le club phare du Gers, disparu depuis le 24 octobre 1997. Coachée par Alain Jardel à cette époque, ce dernier confiera à la Dépêche qu’il a repéré la meneuse en 1982 qui faisait partie de la sélection Pays de la Loire, lorsqu’il entraînait les cadettes de Midi-Pyrénées : « Elle nous avait marqué 45 points à elle toute seule ». En décembre 2010, Garnier et Jardel dont est née une forte amitié ont vu leur chemin se croiser à nouveau. L’une était à ce moment coach de Toulouse et l’homme celui de Tarbes. Dans une interview accordée pour basketly.com, Garnier informa que sa relation fut capitale avec lui : « j’ai eu la chance de croiser la route d’Alain Jardel. Cette rencontre a été déterminante pour moi en tant que joueuse mais aussi en tant qu’entraineur ».

Valérie Garnier et Alain Jardel lors de leurs retrouvailles en 2010 en LFB – Toulouse vs Tarbes (c) Photo DDM – Laurent Dard
Cinq ans après ses débuts dans le monde professionnel, Garnier obtient son premier titre de sa carrière avec Bac Mirande en 1988 avec le trophée de championne de France. S’en suivra deux autres titres identiques et successifs en 1989 et 1990 avec Mirande. Un « three peat » à l’image des Chicago Bulls pourrait-on dire. Ce seront ses seuls titres remportés sur la scène nationale en tant que basketteuse. Au cours de ses années à Bac Mirande, la native de Cholet a évolué avec une future grande joueuse de l’équipe de France et du basket français : Yannick Souvré.
Interrogé par téléphone par Basket Rétro en février 2015, la championne d’Europe 2001 avec les Bleues nous avait livrés une anecdote peu glorieuse sur Garnier : « Mirande a essayé de recruter un maximum de joueuses de cette sélection (régionale) pour faire leur centre de formation. Moi j’étais un petit peu plus jeune. J’ai fait partie du lot. En l’occurrence, quand je suis arrivé à 14 ans. La meneuse de jeu de l’équipe senior qui s’est blessé était Valérie Garnier. Elle s’était blessée au genou gravement. Ils ont dû faire monter des jeunes pour compenser l’absence de Valérie . Et j’ai eu la chance par rapport à la malchance de Valérie Garnier d’intégrer l’équipe première de Mirande.
En Mai 2015, dans la même interview pour basketly.com, Valérie Garnier avait cité le nom de Yannick Souvré, une joueuse qui l’a marqué durant sa carrière ainsi qu’une autre figure de proue du basket français : « J’ai eu la chance de me confronter à beaucoup de très grandes joueuses comme par exemple Yannick Souvré avec qui j’ai partagé le poste de meneuse à Mirande et en Équipe de France. Je pense également à Odile Santaniello qui aurait sa place dans cette équipe sans problème et qui pourrait mettre à bien toutes ses qualités physiques, techniques et tactiques ».
61 SÉLECTIONS EN EQUIPE DE FRANCE
Après s’être bien aguerri à Mirande, Valérie Garnier étrennera un nouveau maillot. Elle passe du Gers au Sud de la France où elle atterrit à Aix-en-Provence pour y jouer deux saisons : 1991-1993. Puis elle remonte pour rejoindre le Nord-Est de notre hexagone et l’Alsace. De 1993 à 1994, elle pose ses pieds à Strasbourg. Entre-temps, 5 ans après ses premiers pas professionnels, Garnier est sélectionnée en équipe de France entre 1988 et 1990 où elle joue avec Yannick Souvré, Odile Santaniello, Paoline Ekambi, Martine Campo, ou encore Françoise Amiaud. Elle portera le maillot tricolore à 61 reprises pour 323 points au total. Sous le maillot bleu, elle participera notamment aux championnats d’Europe 1989 en Bulgarie, compétition où la France avait fini à la 8ème place.
Après sa dernière saison professionnelle avec le club de Strasbourg, Garnier a su immédiatement ce qu’elle voulait faire après avoir dépensé son énergie sur les terrains : entraîneur. Un métier qui en découlait logiquement comme elle le formulait : « Quand j’étais enfant, j’avais un rêve : celui de devenir joueuse de haut niveau, de porter le maillot de l’Équipe de France. Quand on me demandait ‘mais que feras-tu après ?’ Une carrière de joueuse est assez courte, on ne peut pas jouer éternellement ! Je leur répondais ‘ce n’est pas grave car ensuite, j’entrainerai’. Je peux dire que j’ai réalisé mon rêve d’enfant en jouant et en entrainant au plus haut niveau. Je suis une privilégiée car c’est formidable de pouvoir vivre de sa passion ». (source : basketly.com)
DÉBUTS EN COACHING EN 1995
En 1995, la désormais ex-joueuse pro se lance dans le grand bain du coaching. Elle réapparaît dans le Sud de la France et prend les rênes de Carqueiranne Var Basket, un club qu’elle entraînera pendant 7 ans, jusqu’en 2002. Le club sudiste passera de la NF3 (Nationale Féminine 3) à la NF2 (Nationale Féminine 2). Elle part du club de Carquerraine pour diriger ensuite les joueuses de Lattes-Montpellier jusqu’en 2005. Elle coache ensuite le Temple sur-Lot, rebaptisé Lot-et-Garonne UST en 2005, club qui a depuis cédé ses droits sportifs au Toulouse Metropole Basket en 2008. En 2011, elle part de Toulouse. En parallèle de ses activités à Lattes-Montpellier et Toulouse, Garnier est sollicitée par Alain Jardel en 2004 qui est à ce moment-là le sélectionneur de l’équipe de France féminine senior. Elle deviendra alors l’assistant coach de la sélection nationale jusqu’en 2006 où elle retrouva ainsi son ancien entraineur à Mirande.
En 2011, avec 16 ans d’expérience engrangés dans le coaching et à faire progresser des basketteuses, Garnier reçoit un appel d’un des clubs mythiques du basket français et européen : le CJM Bourges. Pierre Vincent quitte ses fonctions de coach du club du Cher et est suppléée par Valérie Garnier cette année-là. Un an après avoir signé son contrat avec l’équipe berruyère, Garnier rajoute un autre titre à son palmarès, cette fois-ci en tant que head coach. Bourges remporta ainsi il y a 5 ans son 10ème titre de championne de France, la première sous l’ère Garnier avec dans le roster des joueuses internationales (Céline Dumerc, Endy Miyem, Emmeline Ndongue). Derrière, rebelote avec le back-to-back en 2012 et l’arrivée dans l’effectif de la britannique Johannah Leedham. En 2014 et 2015, le palmarès s’allonge avec deux titres supplémentaires avec respectivement une Coupe de France et un le titre de championne en Ligue Feminine de Basket (le club berruyère égale alors à ce moment Clermont avec au total 13 titres chacune). En 2012-2013, elle et ses joueuses finissent sur le podium de l’Euroligue (défaite 73-44 en demi-finale face à Ekaterinbourg et victoire 65-57 face à Kosice pour la troisième place)

Valerie Garnier coach de Bourges avec ses joueuses qui fete le titre de LFB en 2012 (c) Karim Edjekouane – Le Berry
Pierre Fosset, président de Bourges, avançait ses raisons au Parisien en septembre 2014 sur le choix d’offrir le poste de head coach à Garnier précisant que le tempérament diffère entre elle et son prédécesseur : « Je l’ai choisie pour qu’elle travaille dans la continuité de Pierre (Vincent) qui me l’avait lui-même recommandée. Valérie a un caractère bien trempé et est bien plus directe que Pierre, qui avait tendance à être plus dans la dentelle. Elle n’hésitera pas à dire franchement les choses à une joueuse quand cela ne va pas ».
2012 : DE NOUVEAU ASSISTANTE SUR LE BANC DE L’EDF
A l’été 2012, Garnier rejoint Pierre Vincent, coach de l’Equipe de France féminine, dans son staff en étant son assistante, une deuxième expérience de ce type après celle avec Alain Jardel en 2006. « Les choses se sont précipitées de manière inattendue et très intense. Ce métier est trop fragile pour se poser la question de ce que je pourrais faire après. Je vis l’instant présent », disait-elle au Parisien en juin dernier. Assistante, elle voit la France obtenir une médaille d’argent inattendue au JO de Londres, défaite en finale face à Team USA.
L’ex-meneuse de Mirande évoquait d’ailleurs ce rôle d’assistante lors de ces deux périodes distinctes : « J’ai beaucoup de chance car en plus d’avoir été coachée par Alain Jardel, j’ai été son assistante coach en EdF pendant 3 ans. J’ai ensuite été l’assistante de Pierre pendant 2 ans donc j’ai pu avoir beaucoup d’informations qui m’ont permis de me former et de progresser en tant que coach. Il est bien sûr très difficile de passer après de tels entraineurs. J’en ai vu la difficulté quand j’ai pris son relais à Bourges en 2011. J’ai l’habitude de prendre la succession de grands coachs donc j’essaie de gérer au mieux (rires). Le chemin d’une vie passe par des rencontres ». (source : basketly.com)
2012, c’est aussi l’année où elle est nommée coach de l’année par le Syndicat des Coachs de Basketball. Les 14 entraîneurs de LFB ont voté. Garnier a été nommée six fois en première position. Elle succéda au palmarès à Valéry Demory, coach de Lattes-Montpellier, lauréat en 2011.
BOSS DE L’EQUIPE DE FRANCE DEPUIS AOÛT 2013
Après avoir été assistante de Pierre Vincent, un an plus tard, le 27 août 2013, Valérie Garnier a été promue sélectionneuse de l’équipe de France en remplacement de Pierre Vincent tout en gardant la double casquette, restant coach de Bourges. Elle devient alors seulement la troisième femme sélectionneur 27 ans après Jacqueline Delachet (1984-1986). En 76 ans d’existence, la première coach de cette équipe a été Georgette Coste-Venitien.

Valérie Garnier coach de l’Equipe de France (c) DR
Quelques jours après l’annonce officielle de sa nomination chez les Bleues, Garnier n’avait pas tergiversé pour accepter ce challenge : « On ne réfléchit pas longtemps quand on vous fait une telle proposition. Je connais l’importance du challenge qui sera de pérenniser l’équipe de France féminine au statut qui est le sien depuis trois ans maintenant. Ça reste une fierté. Je suis une passionnée, j’ai toujours aimé travailler pour les Bleues que ce soit comme assistante d’Alain Jardel (2004-2006) ou de Pierre Vincent (2012-2013), mais aussi comme joueuse Etre passée par tous les statuts constitue un privilège ».
Pour le Dauphiné, Céline Dumerc qui connaît bien Garnier pour être son coach à Bourges livrait ses impressions suite à sa nomination en équipe de France : « C’est une bosseuse. Elle est à l’écoute. Elle a été joueuse donc elle cerne rapidement les sensations que l’on peut avoir sur le terrain. Car c’est bien beau de savoir dessiner des schémas tactiques sur un tableau mais quand on se retrouve sur le terrain, ça ne marche pas toujours. Avec elle, on avance tout le temps ».

Valerie Garnier coach de Bourges avec Celine Dumerc (c) Olivier Martin – Centre France
Avec les Braqueuses, le bilan de Garnier en tant que coach principal est positif : quart de finale au Mondial 2014 et vice-championne d’Europe en 2015.
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