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[A lire en VO] « Bull Run! » L’album souvenir des Bulls 95-96 par Roland Lazenby

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Basket Rétro se lance également dans la lecture des ouvrages dans la langue de Shakespeare. Si nous avons pu avoir deux oeuvres de Roland Lazenby en France par l’intermédiaire de Talent Sport avec Kobe Bryant et Michael Jordan, l’auteur en a écrit un bon nombre au pays de l’oncle Sam. En voici un exemple avec Bull Run!, l’histoire de la saison cultissime de Chicago en 1995-1996.

Pour bien mettre tout le monde d’accord, la couverture lance direct le débat: la meilleure équipe de l’histoire. Chacun se fera son propre avis. On sait tous que cette équipe de Chicago 95-96 ressort inlassablement dans la discussion en compagnie des Celtics des années 60, des 76ers de 1967 ou des Celtics de 1986. Ne vous attendez pas à avoir un roman de 800 pages comme Jordan The Life, Bull Run! s’apparente plutôt à un livre d’or sur la saison de Chicago en 1995-1996 avec d’innombrables photos. Sur et en dehors du parquet, des anecdotes dont on ne pouvait pas forcément s’imaginer. Premièrement, Roland Lazenby a eu comme assistant de luxe, Phil Jackson, pour nous raconter ce qui se passe dans les vestiaires et sa vision des choses. Il évoque ainsi la différence avec les titres précédents du premier threepeat où la défense de 1996 est supérieure et l’attaque plus équilibrée, plus intelligente. Après une introduction qui résume rapidement l’année des Bulls, on passe par la case 1995 et l’élimination par Orlando. L’assistant Jim Cleamons a déclaré ainsi que Chicago aurait dû battre le Magic en 4-2 et non l’inverse. Que les matchs perdus dans cette série étaient causés par un problème d’exécution, de mauvais choix, de ballons perdus dans des moments cruciaux.

Cette défaite a même mis des doutes dans la tête de Tex Winter, l’inventeur de l’attaque en triangle, qui ne sait plus si l’équipe doit continuer avec ce schéma offensif. Winter et Jordan ne se sont presque jamais parlé et l’assistant de 73 ans ne paraît pas comme ça, mais il a son côté impulsif et caractériel. Par l’intermédiaire de Jax, Jordan répond que c’est LE système des Bulls, la colonne vertébrale de l’équipe et qu’il est hors de question de changer. Avec le départ de B.J Armstrong, Chicago se retrouve démuni à la mène. Jackson et Winter vont convaincre Ron Harper de tout faire pour retrouver une condition physique optimale afin de former une ligne défensive unique. Harper était au fond du trou moralement et physiquement, avec sa saison ratée et des genoux capricieux. L’élimination par Orlando a été vécu comme un traumatisme, surtout pour Michael Jordan. Il n’en fallait pas moins pour le motiver à bosser tout l’été comme un damné entre la musculation, travailler son jeu et trouver le temps pour le tournage de Space Jam. Certains joueurs NBA ont pu jouer avec Michael pendant ce laps de temps et ils ont tout de suite remarqué sa détermination à vouloir dominer le jeu de nouveau.

Pour le poste de pivot, Bill Cartwright n’est plus là depuis un moment et il était malgré ses nombreux défauts, un point d’encrage essentiel au succès de Chicago. Défendre dur et balancer du coude, c’était son truc. Bill Wennington a le shoot, Will Perdue sait contrer, Luc Longley a un corps taillé pour se coltiner les mammouths de la raquette. Longley a été le joueur le plus critiqué en 1995-1996, Jordan l’a descendu, Pippen l’engueulait pour ses positions défensives, Tex Winter était énervé par sa nonchalance en lui criant d’aller fracasser le cercle sans pitié. Longley connu pour être plutôt un gros nounours a tout de même été suspendu pour le premier match de la saison pour avoir voulu mettre une patate à Chris Webber!

« Luc a la volonté d’apprendre, il est très intelligent et il n’a pas peur. Mais il n’a pas une once de méchanceté comme Cartwright à l’époque, il n’est pas rugueux. Plusieurs personnes nous ont dit qu’avec un intérieur féroce, ça peut tout changer. » P.Jackson

Chicago cherche le joueur clé, un rebondeur d’élite. Un type capable de faire lever les foules, de booster ses coéquipiers, de prendre LE rebond capital, qui est là pour intimider et destabiliser l’adversaire. Pas facile à dénicher et pourtant, Jerry Krause va le trouver au Texas. C’est ainsi que l’on a quelques pages sur la venue de Dennis Rodman accompagné de sa nounou, son psychiatre, Jack Haley. Ce dernier a eu un rôle déterminant dans la carrière de Rodman afin de calmer au maximum ses ardeurs et c’est uniquement pour cela que la vie de basketteur pro d’Haley ne s’est pas arrêté auparavant. S’il a commencé sa carrière NBA aux Bulls, Haley retrouve donc ce club après avoir bourlingué à travers la ligue, six équipes en sept saisons. Il ne jouera qu’un seul match dans la saison, le 82ème, la victoire à Washington qui signifie le 72ème succès. On poursuit avec Rodman où on résume un peu son parcours et le fait qu’il soit lui-même. Ce n’est pas un personnage, c’est sa vraie nature. Il a aidé plusieurs fois des sans abris à venir dormir chez lui, prendre une douche, se restaurer. Après la défaite contre Boston en 1987 et à la demande de Chuck Daly, Rodman est arrivé au training camp motivé comme jamais pour travailler sa défense et à partir de là, un véritable changement. Le transfert à San Antonio en 1993 a aussi été le moment où son apparence physique a évolué. Plus musclé, tatouages, piercings, cheveux colorés et dès l’hiver 1994, Jack Haley a enfin eu un échange avec Dennis Rodman, comme une source de motivation.

« Je me suis dit que personne ne prend 20 rebonds par match, alors j’ai commencé à compter ses rebonds tous les soirs et je le poussais systématiquement. Hé, t’en as 17, encore trois de plus! Il ne me répondait pas, mais un soir, il m’a demandé pour la première fois combien de rebonds il a. Nous avons noué une certaine relation à partir de là. » J.Haley

On connaît la suite. Le fiasco des playoffs 1994 (3-1 contre Utah au premier tour) et l’énervement causé à ses coéquipiers comme pour le staff. On se souvient des critiques émises à l’encontre de David Robinson, la star intouchable des Spurs. Ingérable, Rodman n’est plus le bienvenu, mais aucune franchise ne veut prendre le risque d’accueillir The Worm, à 34 ans. L’assistant de Jerry Krause, Jim Stack, a poussé son supérieur à se pencher sur le cas de Dennis. Krause a révélé que sans la persistance de Stack, Rodman ne serait probablement jamais venu à Chicago. Il a évidemment fallu convaincre Phil Jackson et surtout, Michael Jordan et Scottie Pippen. Rodman était leur pire ennemi avec les Pistons.Les deux leaders ont donné leur aval. Tant que Rodman est sérieux sur le terrain et se donne à fond, ça ne peut être que bénéfique. L’arrivée de Rodman aux Bulls a eu un effet médiatique incroyable. La relation avec ses coéquipiers était cependant inexistante, Jordan et Pippen en tête. Il lui arrivait de venir à l’entraînement avec une ou deux minutes de retard, personne ne lui en tenait rigueur et il n’a jamais dépassé les bornes. Un Dennis Rodman plus au moins sérieux! Comme les fans, Rodman a été très déçu de ne pas être sélectionné au All Star Game et a noyé son chagrin…à Las Vegas.

« Non je n’ai pas eu de conversation avec Dennis. Je n’en ai jamais eu de toute ma vie avec lui et je ne pense pas que ça va changer. » S.Pippen

Une autre tâche pas facile pour Phil Jackson, c’était de convaincre Toni Kukoc à sortir du banc. Le croate n’était pas du tout enclin à jouer ce rôle de sixième homme, il aura fallu la patience de Jax et des arguments solides comme parler de John Havlicek, Kevin McHale qui étaient des grands joueurs même en tant que remplaçant. Après la présentation du roster, le livre s’oriente ensuite mois après mois la saison régulière des Bulls. Entre les performances, les résultats, nous avons le droit aux différents livres donnés méticuleusement par Phil Jackson à ses joueurs pendant les périodes de Road-Trip. Un journaliste de Chicago demande à Michael Jordan s’il peut aller chercher le record de total de points de Kareem Abdul Jabbar si MJ joue pendant encore plusieurs années. La réponse fut cinglante:

« Oubliez Jabbar, jamais de la vie je ne jouerais vingt ans en carrière, ici ou ailleurs. »M.Jordan

Roland Lazenby s’est aussi penché sur Jerry Krause. Haï par les joueurs et moqué généralement, Krause est pourtant l’un des meilleurs GM de l’histoire de la NBA. Un bonhomme qui a passé des heures et des heures devant des vidéos, des matchs pour jouer son rôle de recruteur et d’ancien scout. On a toute sa jeunesse, un parcours très difficile où il fut viré des Bulls dans les années 60! Phil Jackson l’a même défendu en disant que Krause connaît ce sport comme sa poche dans le moindre détail. Jackson a bien évidemment aussi bon nombre de pages à son sujet. Si vous voulez connaître l’entraînement des All Stars de l’est sous le joug de Jax, ça vaut le coup d’oeil comme Vin Baker qui raconte que le coach Zen lui a demandé de faire quelques petites choses dont il n’avait plus entendu parler depuis son adolescence, les bases! Même pour un show comme le All Star Game, Jackson montre l’attaque en triangle.

Le mois de mars, Chicago est à 51 victoires pour 6 défaites après un succès facile face aux Warriors d’un ancien pensionnaire de Chicago, B.J Armstrong.

« Quelle différence d’une année à l’autre! Il y a un an, Michael était avec les White Sox. B.J Armstrong portait encore l’uniforme des Bulls et l’équipe flirtait dans la médiocrité avec un bilan de 28-29. » Terry Armour, journaliste au Chicago Tribune

Mars est aussi le moment important où Chicago connaît les blessures et le comportement agaçant de Rodman avec les arbitres. Si nous savions que Ron Harper a toujours gardé des soucis de genoux avec notamment les trois matchs ratés à Seattle pendant la finale, on était pas mis au parfum de l’état des chevilles de Pippen, des blessures au dos qui ont réellement eu un impact sur Michael Jordan et Toni Kukoc au cours des playoffs. A 100% de leurs moyens, l’addition aurait certainement plus salée. Krause fait sortir John Salley de sa retraite pour durcir encore un peu plus la raquette des Bulls. Au mois d’avril, c’est évidemment le moment du record, 70ème victoire dans la douleur et un match moche à Milwaukee. Le dernier match à la maison en saison régulière, un moment frustrant. Avec la possibilité d’égaler le record de victoires à domicile dans l’histoire avec les Celtics de 1986 (40-1), Phil Jackson préfère tout de même jouer la sécurité en faisant reposer au mieux ses joueurs. La défaite est au bout face aux Pacers sur un coup de sifflet douteux de l’arbitre Hue Hollins, l’ennemi juré de Chicago dans le corps arbitral. Jordan était furieux:

« Je voulais vraiment gagner ce match. On aurait pu égaler ce record de Boston, mais plus que tout, je voulais finir la saison sur une bonne note à domicile. Je ne veux en aucun cas donner la moindre motivation aux autres équipes de la ligue. » M.Jordan

Le 72ème succès intervient à Washington. Phil Jackson invite son ami et ex coéquipier de New York, Bill Bradley, devenu sénateur. Dans le vestiaire des Bulls, Bradley donne sa version sur comment les Knicks de 1970 auraient défié les Bulls de 1996:

« Notre équipe des Knicks aurait pu rivaliser… jusqu’à que je vois Scottie Pippen sur mon dos et j’aurais hurler: à l’aide! » B.Bradley

Les playoffs vont débuter et Michael est dans une confiance absolue.

« La seule façon qu’on puisse perdre, c’est de se battre nous-mêmes. » M.Jordan

Chaque série de playoffs des Bulls est décrypté. Pour le premier tour contre Miami, Jackson annonce la couleur. Au cours de la saison, les Bulls avaient perdu une rencontre face au Heat. La rivalité entre Jackson et Pat Riley depuis 1992 lorsque ce dernier était aux Knicks, fait rage. Dans les vestiaires, Jax dit à ses joueurs: « Plus jamais perdre contre ce gars! ». Jim Cleamons, assistant de Jackson, met en place un plan anti-Mourning. Après avoir visualisé des tonnes de matchs de Zo avec les Hornets comme avec Miami, il semble que le pivot soit en totale manque de lucidité si on l’agresse. Prise à trois? Il va forcer. Il est irrégulier aux lancers? On va lui marteler les bras, on a 18 fautes à offrir. La partie contre New York a comme titre « Wrestlemania » en référence au catch. Bulls-Knicks dans les années 90, ça s’apparente en effet à des coups de latte et cordes à linge. Contre Orlando, c’est croustillant. Tex Winter est un pessimiste et la série contre le Magic s’annonce plus que tendu.

« On a Michael et Scottie pour le scoring. Mais nous n’avons pas assez d’atouts pour contrer Orlando dans ce secteur. La presse parle de nous et de nos 72 victoires, c’est ancré dans l’esprit des joueurs. La pression est sur nous. La pire chose que vous pouvez faire, c’est de décevoir les gens. Nos gars ne veulent décevoir personne, surtout eux-mêmes. Nous devons aller de l’avant et gagner le titre. » T.Winter

Winter déclare aussi que même si le niveau défensif des floridiens est bon, il est loin d’être aussi étouffant que celui des Knicks, en particulier sur tout un match. Phil Jackson a préparé cette série avec un contexte incroyable, transformer ses joueurs en tueurs après leur avoir fait voir le film Pulp Fiction de Quentin Tarantino. En ayant sélectionné des scènes du film en particulier et les mélangeant avec des séquences de jeu d’Orlando, Jax cherche à donner le goût du sang à son équipe avec le souvenir douloureux de 1995. Plusieurs joueurs de l’effectif n’ont jamais joué une finale de conférence et l’instinct légendaire de Michael Jordan va leur refiler les frissons nécessaires pour partir en guerre avec leur général. Pulp Fiction a donc été un élément vital à la condition mentale de Chicago avant d’affronter leurs adversaires. Pour allumer encore un peu plus la flamme, le Sun Times de Chicago a écrit quelques pages pour comparer Dennis Rodman à Horace Grant. Une partie écrite par un journaliste d’Orlando balance que Grant est un meilleur joueur car il sait scorer. Fallait-il donner plus de motivation à Rodman? Bien sûr que non. Bien que Grant fut blessé et out dès le Game 2 de la série, le premier match fut un calvaire pour l’homme aux goggles. Rodman l’a détruit. Les Bulls ont fait le plein de récompenses, meilleur 6ème homme avec Toni Kukoc, coach de l’année, Jordan-Pippen-Rodman dans le meilleur cinq défensif, Krause élu meilleur dirigeant et enfin, Mike MVP.

« Coacher Michael, c’est comme coacher Michel-Ange, un génie du travail. » P.Jackson

Après la très difficile victoire au Match 2, les Bulls massacrent le Magic dans leur salle et ne font preuve d’aucune pitié. La vengeance est un plat qui se mange froid. Le sweep est cinglant, sur le G4, Jordan termine avec 45 points. On conclut sur la finale NBA avec cette anecdote comme quoi George Karl avait engagé Brendan Malone (coach viré par Toronto) pour scouter les Bulls pour établir les « Jordan Rules ». Malone fut assistant du temps des bad boys, il connaît la chanson et on connaît le résultat. Les Bulls ont perdu deux matchs par le réveil des Sonics, la défense de Gary Payton sur Jordan et l’absence de Ron Harper.

Bull Run! est très plaisant à lire et si vous voulez être rassurés, il n’est pas nécessaire d’avoir un haut niveau d’anglais. Quelques mots vous paraîtront étrangers, mais de manière générale, ça se lit aisément. Pour les fans des Bulls, on ne peut que le conseiller, pour les autres aussi, d’ailleurs.

Crédits photos : Bill Smith

Montage Une : Laurent Rullier pour Basket Rétro

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About Anthony "Pred" Saliou (532 Articles)
Fan de MJ, d'Hakeem, Bird et Sir Charles notamment, déteste les Sonics et le Thunder, peu d'amour pour les Lakers, mais adore par-dessus tout le basket "tough". A passé plus de 20 ans sur la toile basket à débattre et râler comme tout vieux qui se respecte.

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