Pierre Bressant, l’art de la passe
France
À moins de réaliser un coast-to-coast, pour marquer il faut qu’un coéquipier vous fasse la passe. Celle qui vous permettra d’écraser le cercle d’un dunk rageur ou de soulever les foules d’un tir à trois points depuis le parking. S’il y a un bien un joueur qui érigea l’offrance, le caviar bref la passe décisive au rang d’art, c’est bien Pierre Bressant.
Vingt-huit, c’est le nombre de passes décisives que réalisa Pierre Bressant le 11 mars 1989 face à Caen pour parachever une année exceptionnelle. Le meneur du Racing Paris a en effet cette année-là particulièrement brillé comme fournisseur officiel d’attaquants en trustant le tableau des records de passe. Sur les dix meilleures performances de l’Histoire, huit sont l’œuvre de Bressant et toutes réalisées entre 1988 et 1989 ! Il faut même attendre 1996 et Laurent Sciarra alors au PSG et ses 22 passes face au Mans pour voir un autre joueur titiller le maître.
LE PLUS FRANÇAIS DES AMERICAINS

© FFBB – Musée du Basket
Contrairement à ce que son nom indique Pierre Bressant est américain. Son père d’origine martiniquaise émigra aux États-Unis et se maria avec une américaine. Le jeune Bressant verra le jour à Fontainebleau et vivra en France jusqu’à l’âge de trois ans.
C’est par la petite porte qu’il entre dans le monde de la balle orange en rejoignant les Sun Devils d’Arizona State en tant qu’étudiant lambda sans bourse sportive. Une fois son diplôme d’ingé en poche, l’ami Pierre se dit que son niveau balle en main ne devrait pas lui poser trop de problème pour faire carrière en France. Le voilà à Mulhouse en 1981. Le meneur pense naïvement que l’origine paternelle peut lui offrir la double nationalité. Il n’en fut rien et l’aventure alsacienne tourne court. Il s’engage finalement à Antibes, rencontre l’amour, se marie en mai 1982 et devient français en juin. Loin d’être un mariage de complaisance, l’ancien Sun Devils se sent bien sur la Côte d’Azur. Il est alors temps d’entrer en piste.
L’aventure antiboise préfigure le festival que l’on connaîtra quelques années plus tard au Racing. Pierre Bressant s’impose comme une valeur sûre du championnat. Il rejoint le Racing Paris en 1987. Pour sa première saison dans la capitale, il tourne déjà à 8,7 passes en 18 rencontres avec une première alerte record à 21 passes contre Tours le 21 mars 1988.
Collectivement, le Racing termine la phase régulière à la 4e place mais est défait par Orthez en quart de finale des playoffs. L’équipe est alors emmenée par Brook Steppe et Hervé Dubuisson.
1988-1989, LA SAISON DES RECORDS
L’année suivante, Pierre Bressant affole tous les compteurs. Il termine la saison avec un nombre impressionant de passes : 434 soit une moyenne 14,5 par match. Il réitère sa performance de mars 1988 dès le 1er octobre 1988 face à Limoges puis bat son propre record trois jours plus tard face à Lorient avec 23 passes ! Le 18 février 1989, le record tombe à nouveau, 26 passes à Gravelines ! Enfin, Pierre Bressant laisse la marque record de 28 passes le 11 mars 1989 face à Caen.

© FFBB – Musée du Basket
Cependant, ces performances font grincer des dents et on soupçonne bientôt le statisticien de Coubertin d’avantager son poulain. Les deux performances réalisées à l’extérieur (Tours et Gravelines) et l’analyse du potentiel offensif autour de Bressant permettent logiquement de douter de cela. En effet, le meneur peut compter sur un trio de haute volée pour concrétiser ses caviars : Hervé Dubuisson (22,8 points de moyenne lors de la saison 1988-1989), Michael Kennedy (25,5 points) et Lee Johnson (20,7 points). Sur le plan collectif, le bilan est plus mitigé puisque les parisiens ne terminent qu’à une modeste 12ème place.
L’année suivante, Pierre Bressant retourne au soleil, sur le rocher monégasque. Ses stats à la passe tombent à 10,3 passes de moyenne, la foudre est passée. L’ancien Sun Devils est cependant entré dans l’Histoire du basket hexagonale comme le meilleur passeur du championnat de France.
Votre commentaire