Le billet de Cathy Malfois – Irène Guidotti, sacrée arrière, sacrée carrière, sacrée Guiguitte
Témoignage
Véritable légende du basket français, Cathy Malfois, notre consultante de luxe, a cotoyé pendant de nombreuses années en club, en Equipe nationale ou en tant qu’adversaire Irène Guidotti, une redoutable arrière. Aujourd’hui, Cathy a décidé de nous évoquer la belle carrière d’Irène, notre Guiguitte proençale !
Aujourd’hui, nous avons Céline Dumerc et plus récemment la doublette Olivia Epoupa/ Marine Johannès. Hier, nous avions Irène Guidotti (Guiguitte pour les intimes) qui formait dans les années 1970, avec sa comparse Jacky Chazalon, la plus belle paire d’arrières en Europe.

Irène, une grande joueuse, avec Céline, une autre grande joueuse ! @ Collection personnelle
On dirait d’Irène qu’elle évoluait au poste 2, une deuxième arrière shooteuse et créatrice. Pas très grande (1,70m), ce qu’on retenait d’elle avant tout, c’était son adresse diabolique : de loin , avec son tir « poussé » à deux mains ou à mi-distance, avec un petit tir en suspension d’une grande qualité. Elle était par ailleurs dotée d’une technique individuelle hors pair et savait être une vraie teigne en défense.
Guiguitte est provençale : elle est née à dans la cité phocéenne en mars 1950. Elle a débuté le basket à l’ASPTT Marseille. Nous avons eu chaud, elle a failli se lancer dans la natation !
Dans sa longue carrière, elle n’a connu que 3 clubs : l’ASPTT Marseille donc, qu’elle a vite quitté pour rejoindre le Clermont Université Club (CUC) et le Stade Français (rebaptisé Stade Français Versailles), où elle glanera un ultime titre national. C’est à Clermont, avec les célèbres « Demoiselles » qu’elle se forgera un superbe palmarès : 10 titres de champion de France et 5 finales de Coupe d’Europe entre 1971 et 1977

Irène avec le Clermont Université Club @ Collection personnelle
C’est malheureusement en quittant Clermont qu’elle connaît sa plus grande déception. A cette époque (que les moins de 30 ans ne peuvent pas connaître !), le professionnalisme n’existe pas, les contrats non plus. Pour pouvoir quitter un club, il faut posséder une « lettre de sortie », un visa en bonne et due forme, un peu comme pour voyager dans les pays étrangers. Le docteur Canque, président du CUC refuse le départ d’Irène Guidotti, après quand même un paquet d’années de fidélité ! Elle est interdite de parquet pendant 2 ans, sanction ramenée par la suite à une seule saison. Quand on y repense aujourd’hui, ça paraît complètement insensé !
Guiguitte est le fer de lance de l’Équipe de France. Elle endosse le maillot bleu pour la première fois en 1977, contre la Tchécoslovaquie, elle a 17 ans. Elle participe à tous les championnats d’Europe entre 1968 et 1978 avec comme point d’orgue une magnifique médaille d’argent à Rotterdam en 1970. Elle fera ses adieux en 1980 contre les USA. Elle compte 205 sélections, pour 2 288 points marqués et un record à 39 points ! Pas mal, non ? Elle sera sélectionnée en 1976 en Équipe d’Europe et à n’en pas douter, elle reste l’une des plus grandes joueuses françaises et européennes de tous les temps !
A la suite de sa carrière de joueuse, elle se tourne vers l’entraînement. Au CUC, elle s’y était déjà essayée. C’était l’époque où l’équipe était dirigée par l’emblématique Joë Jaunay. Ne pouvant pas être présent régulièrement, il avait délégué ses « pouvoirs » à 3 joueuses qui officiaient alternativement : Jacky Chazalon, Colette Passemard et…Irène Guidotti qui entraînait aussi les jeunes pousses du club. Mais c’est au Stade Français qu’elle devient un vrai coach et remporte encore des titres (coupes de France et titre de champion).
Irène cumule d’autres distinctions : Prix Féminin de l’Académie des Sports en1972, médaille d’Or de la FFBB en 1997, élue à l’Académie du basket en 2005 et cerise sur le gâteau, 12ème personnalité du basket à être nommée aux Gloires du sport français en 2014.
J’ai été chanceuse, je l’ai côtoyée si souvent, que ce soit en club à Clermont ou en Équipe de France. A ses côtés, j’ai beaucoup appris. Nous avons fait ensemble une dernière campagne européenne en 1978 en Pologne (4ème place), puis un championnat du Monde en Corée du Sud en 1979. Nous y avons terminé à la 7ème place et Guiguitte a encore une fois été transcendante avec près de 18 points marqués.
Je n’ai qu’un grief à son égard : en 1980, elle m’a empêché d’être sacrée championne de France avec le CUC, où j’étais revenue après mon escapade polonaise. Cette année là, le titre était attribué à l’issue d’une seule rencontre : le premier jouait contre le second de la saison régulière (on se demande qui avait bien pu pondre un tel règlement !). Avec 18 victoires en 18 matches de championnat, on pensait bien avoir fait le plus dur. Eh bien non ! Guiguitte et son équipe du Stade Français nous ont coupé l’herbe sous le pied. Le 13ème titre du Clermont université club allait attendre encore un an. Je ne lui en veux pas, l’eau a coulé sous les ponts et on est restées bien copines.

Retrouvailles de quelques anciennes à Clermont De g.à d. Dom Leray, Jacky Chazalon, Agnès Ste-Croix, Françoise Quiblier Bertal, la reine Iréne (beau blouson à carreaux), moi-même (un peu endormie), Brigitte Citron et Pascale Dufour, la petite blonde en bas à droite
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