La chute de l’USVO (2006-2009)
Basket Féminin
L’idylle entre Valenciennes et le basket féminin a duré presque vingt ans (1991-2009) : le temps qu’il a fallu à l’USVO pour passer de bon club français à Grand d’Europe. Mais les histoires d’amour finissent mal en général, même au cœur du Hainaut…
VAFC FAIT LA FÊTE, L’USVO FAIT LA TÊTE
En ce soir du 28 avril 2006, les supporteurs valenciennois sont aux anges ! Cette victoire magistrale (0-3) sur le terrain de Sedan ouvre grandes les portes de la Ligue 1 au Valenciennes FC. Les partenaires d’Eric Chelle réussissent l’exploit d’enchaîner deux promotions consécutives. A deux journées de la fin, le club-phare du football hénnuyer est même quasiment assuré du titre de Champion de Ligue 2. Au stade Nungesser, on se régale d’avance à l’idée de recevoir à nouveau Lyon, PSG, Marseille et consorts…
Non rassurez-vous, vous n’avez pas cliqué par inadvertance sur un lien vers l’équivalent footballistique de Basket Rétro. La promotion du VAFC dans l’élite du football national a en effet provoqué trois ans plus tard un séisme dans le basket français : la fin de cette formidable machine à trophées qu’était l’US Valenciennes Olympic.
L’USVO, une belle machine ? Les chiffres parlent d’eux-mêmes :
- Environ 2000 spectateurs de moyenne à domicile
- 2 fois vainqueur de l’Euroligue (2002, 2004)
- 4 finales d’Euroligue consécutives (2001 > 2004)
- 7 titres de champion de France (1994, 2001, 2002, 2003, 2004,
2005, 2007) - 5 coupes de France (2001, 2002, 2003, 2004, 2007)
- 8 tournois de la Fédération (1992, 1994, 1997, 1998, 2002, 2003, 2004, 2005)
- 1 incroyable série d’invincibilité à domicile en Euroligue :
33 victoires consécutives entre 2000 et 2004.
A la fin de la saison 2006, l’USVO reste sur une saison mi-figue, mi-tigée. Sur le front européen, les joueuses de Laurent Buffard ont performé en saison régulière, mais échouèrent de peu en 1/2 finale (61-54) face au futur vainqueur Brno (Tchéquie) hôte du Final Four. Sur le plan national, aucun trophée ne vient s’ajouter à la jolie collection valenciennoise, une première depuis la saison 1999/2000. A chaque fois, c’est bien sûr l’archi-rival Bourges qui barrera la route à l’USVO. Au club, l’inquiétude n’est cependant pas de mise. En 2007, un doublé coupe-championnat viendra même récompenser la dernière saison de l’ère Buffard.
LES POLITIQUES ENTRENT DANS LA DANSE

Sandrine Gruda – Valenciennes (c) Fiba Europe – Ciamillo-Castoria
Mais du côté des collectivités locales, on transpire à grosses gouttes. Alors que le chantier du tramway de Valenciennes est toujours en cours, les promesses d’un nouveau Palais des Sports pour l’USVO et d’un nouveau stade pour le VAFC semblent incompatibles avec le concept de maîtrise des dépenses publiques. C’est alors que vient germer dans les neurones des politiciens locaux l’idée probablement la plus mauvaise de l’histoire du basket féminin tricolore.
Le Yalta du sport hénnuyer se révèle ennuyeux. Il conserve le foot à Valenciennes mais envoie le désormais encombrant basket à Saint-Amand-les-Eaux ! En avril 2008 est ainsi annoncée - à la surprise générale - la fusion à marche forcée de l’USVO avec le club voisin de Saint-Amand-les-Eaux. Ce dernier vivote depuis plusieurs saisons en Ligue Féminine, très loin du niveau du club valenciennois. Dans les faits, la fusion se fait au profit des Amandinois. Cela rappelle une fable de La Fontaine. Mais cette fois, c’est un tiers a essayé de faire avaler l’infortuné bœuf à la pauvre grenouille, qui n’avait rien demandé à personne.
Paroles, paroles, et paroles… Des promesses sont faites aux supporteurs (qui dans cette histoire sont « cocus mais pas contents ») : « le budget augmentera », « le club sera plus fort », « un Palais des Sports de 4000 places bientôt à Saint-Amand-les-Eaux », mais le public ne suit pas. De plus, avec trop de joueuses dans l’effectif, l’Union Hainaut Basket a dû rompre quelques CDD, ce qui a coûté très cher. La saison 2008/09 se terminera donc avec deux gros déficits : financier et sportif.
LE DERNIER SOUPIR
Le 9 mars 2009, décision est prise de placer le club en cessation de paiement. L’Union Hainaut repart en deuxième division et s’implante définitivement à Saint-Amand. A Valenciennes, c’est l’association USVO qui met en parallèle la clef sous la porte. Cela marque la fin d’une légende du basket français et raye définitivement tout espoir de renaissance.
Quand ils nettoient une Salle du Hainaut qui sonne désormais creux, les services municipaux mettent sans états d’âmes au rebut les actifs du club, et par là, tout un pan de l’histoire du basket français. Le concierge a cependant la présence d’esprit de sauver les deux trophées européens du club pour les confier à Laurent Buffard et Jacky Moreau, respectivement coach et assistant-coach lors des quatre finales européennes des « Panthères ».

Le Public de Liévin encourage l’USVO (c) Basket News – N°80 – Mai 2002
Quelque part à Valenciennes, certains passionnés rouvrent parfois leur boîte à souvenirs et se remémorent les chaudes ambiances de la salle du Hainaut lors de soirées d’Euroligue ou des finales nationales face à Bourges. Nul doute que la douce nostalgie cède assez vite la place à l’aigreur, tant cette histoire se termine avec un terrible sentiment de gâchis et d’incompréhension.
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