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1981, l’année où North Carolina remarquait un certain Michael Jordan

NCAA

Bien avant de connaître la gloire aux Chicago Bulls, Michael Jordan a marqué les esprits en évoluant dans l’équipe universitaire des Tar Heels de North Carolina. En passant 3 saisons dans cette faculté, « His Airness » a montré toute l’étendue de son talent à cette période. Basket Rétro revient plus précisément sur un des épisodes de la longue carrière du légendaire numéro 23.

Grace à une bourse obtenue en 1981, Michael Jordan rentre à l’université de la Caroline du Nord (= University of North Carolina : UNC) à Chapel Hill. Il a décliné ainsi les offres d’autres grandes facs comme Duke, South Carolina, Syracuse et Virginia. Après avoir effectué son cursus au lycée de Laney High School en Caroline du Nord, il intégre donc l’équipe de basketball d’UNC entraînée par le légendaire Dean Smith (36 ans à la tête de cette équipe entre 1961 et 1997). Dans cette équipe, il évoluera au côté notamment de James Worthy, Sam Perkins ou Kenny Smith, qui tous trois rejoindront la NBA comme Jordan.

Jordan - North Carolina serrant le poing (c)lostletterman com

Jordan – North Carolina (c) lostletterman.com

SON PREMIER MATCH AVEC NORTH CAROLINA

Après ses premiers entraînements et préparations, Jordan joue son premier match avec North Carolina le 28 novembre 1981 face à l’université de Kansas. Commettant rapidement deux fautes en début de rencontre, le joueur âgé à ce moment-là de 18 ans, rejoint rapidement le banc où il regarde de sa chaise la première mi-temps de ses coéquipiers. Au terme de la rencontre, Jordan ne s’en sort pas trop mal avec 12 points inscrits à 5/6 aux tirs. Il a raté notamment son premier tir qui ressemble étrangement à celui qu’il a marqué quelques mois  plus tard en finale NCAA face à Georgetown en 1982, épisode dans lequel nous reviendrons ultérieurement dans les paragraphes qui vont suivre. Il gagne son premier match 74-67 avec UNC. Titulaire en tant que freshman, il est le quatrième joueur de première année à débuter une rencontre universitaire pour l’ouverture de la saison.

Pour sa première saison sous les couleurs bleu ciel et blanches des Tar Heels, Jordan ne manquera pas de vivre des émotions pleines. Sa fac s’envole vers le Final Four NCAA en 1982. En demi-finale, UNC affronte la fac de Houston emmenée par un excellent pivot qu’est Hakeem Olajuwon, de l’arrière Clyde Drexler et Michael Young, le futur champion d’Europe 1993 avec Limoges. Au terme d’un match étriqué, Jordan et sa fac s’imposent en demi-finale 68-63 face à la fac du Texas et se hissent en finale pour jouer face aux Hoyas de Georgetown de Patrick Ewing. Les deux finalistes ont eu le privilège de s’affronter au Superdome de la Nouvelle Orleans. Le jour de la finale, 60 000 spectateurs se sont retrouvés pour assister à cette ultime rencontre de la saison universitaire en 1982 . Près de 80 millions de téléspectateurs ont aussi vu le match devant leurs écrans.

Le soir de cette finale, la tension est palpable sur le parquet. A 1 mn 15 de la fin, Matt Doherty perd un ballon mais l’arbitre siffle faute pour lui. Mais Doherty rate un lancer-franc qui aurait permis à UNC de mener deux points : 62-60. Suite à l’échec de Doherty, Georgetown prend le rebond et repasse devant au tableau d’affichage grâce à un tir d’Eric Floyd. Les Tar Heels sont menés alors d’un point à 32 secondes du terme de la rencontre : 62-61 pour Georgetown à 50 secondes de la fin du match. UNC fait circuler le ballon et prend un temps-mort à 32 secondes de la fin pour discuter sur le système d’attaque à exploiter.

Selon ESPN, au temps-mort, Dean Smith disait à son cinq majeur (composé de Michael Jordan, James Worthy, Sam Perkins, Matt Doherty, et Jimmy Black) : «  on va passer au système 2-3 offense ». On apprend que l’option numéro une est d’effectuer une passe lobée pour Worthy. Si ce n’est pas possible, le plan B est de trouver Jordan en bonne position de tir sur une passe de Black dont le rôle était d’essayer de bien étirer la défense adverse en traversant le terrain.

DÉCISIF POUR SA PREMIÈRE ANNÉE EN FINALE NCAA 1982

A la fin du temps-mort, le ballon est entre les mains d’UNC avec les plus de 60 000 spectateurs qui crient à pleins poumons. Remise en jeu effectué par Black sur le côté de la touche. Il regarde à l’intérieur du parquet pour James Worthy qui balance rapidement une passe à Jordan sur le côté gauche. Sur ce coin du terrain, le numéro 23 profite d’un excellent écran posé par Worthy. Jordan se met en position de tir et tente un jump shoot gagnant, lui qui avait réussi à intercepter le ballon des mains du géant Patrick Ewing sur la possession précédente. Avec ce ballon qui rentre dans le cylindre, Jordan permet à UNC de mener 63 à 62. Panier de la victoire ? Peut-être mais il reste 15 secondes à Georgetown pour réussir à renverser la tendance.

UNC et Jordan (c) Collegiate Institutions

UNC et Jordan (c) Collegiate Institutions

Mené donc d’un point, Georgetown se précipite pour prendre la balle en haut du terrain. « Nous aurions pu demander un temps mort et installer un système de jeu, mais je n’aurais pas su quel genre de défense Dean Smith allait utiliser. Donc j’aurais gaspillé mon temps en mettant en place une attaque un jeu. Nous étions dans une bonne position en ne demandant pas le temps mort et les laissant deviner ce que nous allions faire », disait John Thompson, coach de Georgetown.

Thompson ordonne à son équipe de remonter le terrain et d’utiliser au maximum pour opérer une attaque. Fred Brown, cuir dans les mains, voit son coéquipier Eric Floyd sur sa droite mais celui-ci s’éloigne un peu trop pour recevoir le ballon qui finalement tombe étrangement dans les mains de Worthy qui surgit en trombe. Moment irréel . Floyd croyait donner le ballon à un de ses coéquipiers. Les secondes s’égrènent. Mais Worthy est attrapé par derrière et on commet une faute sur lui avec deux secondes à jouer. Doherty, en larmes, sent que le titre ne peut plus échapper à UNC, lui qui pensait quelques secondes auparavant que UNC perdait le titre à cause de sa mauvaise action (le lancer-franc loupé). Le banc de UNC est hystérique sauf Dean Smith qui hurle : « Calmez-vous, ce n’est pas fini ».

CHAMPION UNIVERSITAIRE EN 1982 

Thompson utilise son dernier temps mort. Worthy est envoyé sur la ligne et rate anormalement deux lancers qui auraient permis à UNC de mener de + 3 : 65-62. Doherty n’en croit pas ses yeux. Le match peut pencher de l’autre côté de la balance. Ça devient irrespirable. Après le deuxième lancer raté de Worthy, Ed Spriggs prend le rebond et lance la balle rapidement à Floyd qui jette un tir de 50 mètres qui ne rentre pas. Fin du match, North Carolina est champion universitaire 1982, le second après celui de 1957 (cinq de toute l’histoire d’UNC en comptant ceux de 1993, 2005 et 2009). C’est l’envahissement du terrain.

Les deux coachs universitaires se font une accolade à l’issue de cette finale. Black, tombe à genoux, ferme ses yeux et tient sa tête avec ses paumes de main. On apprend d’ailleurs que Black, joueur senior UNC, avait contacté son équipe pour se réunir et discuter de la potentielle victoire d’un championnat NCAA pour Dean Smith quelques semaines plus tôt, Malgré ses efforts pour se retenir, Smith ne peut cacher ses émotions et laisse apparaitre des larmes et fait une accolade à son assistant Roy Williams.

A la fin du match, Jordan se dirige vers le panier pour découper le filet, tradition oblige dans le basket lorsqu’on gagne un trophée. Ce match mémorable est même sorti en DVD aux Etats-Unis.

Michael Jordan 1982

Jordan champion NCAA 1982 (c) Briansmith.com

Lors de ce dernier match de la saison universitaire, Jordan finira celle-ci avec des stats intéressantes : 13.5 points à 53,4 % au tir ; 4.4 rebonds ; 1.8 passes décisives et 1,2 interceptions par match. Cette ligne de stats lui vaudra les honneurs puisqu’il reçoit le trophée du meilleur freshman de la région ACC (Atlantic Coast Conférence). Jordan indiquera que ce titre universitaire a été un tournant majeur pour sa carrière de basketteur.

Durant ses trois saisons passées à North Carolina, Jordan fait partie deux fois de suite de la meilleure première équipe NCAA en 1983 (pour sa saison sophomore) et 1984 (pour sa saison junior). Il score en moyenne 17,7 points par match à 54 % aux shoots et 5 rebonds. Après avoir remporté le prix Naismith et le prix Wooden du meilleur joueur de basketball en fac, Jordan quittera un an avant la fin de son cursus la fac pour se présenter à la draft 1984. Et on connaît la suite avec son passage aux Bulls de Chicago, club avec lequel tout lui aura souri tant individuellement que collectivement.

Jordan est revenu sur sa carrière universitaire en accordant une interview au journaliste Marvin R. Shanken qui travaille pour le magazine Cigar Aficionado. Lors de cet entretien en juillet/août 2005, celui qui est devenu une star planétaire n’a pas manqué de rendre un hommage notamment à Dean Smith, coach de UNC qui lui a beaucoup apporté dans le basketball :

« Il m’a beaucoup appris pendant les matchs. Et pas seulement sur l’aspect athlétique nécessaire pour jouer un match. Quand tu as quitté le lycée, j’avais la ferme conviction que tu es purement athlétique. Vous avez beaucoup de sportifs de talents et athlétiques. Très peu de joueurs ont appris de la bonne façon le jeu au lycée. Quand vous accédez à ces programmes d’université, qui étaient la meilleure chose qui me soit arrivé, ils vont vous enseigner tous les aspects du jeu de basket-ball. Et donc vous pouvez vous les appliquer en plus de vos compétences athlétiques et les développer. Une fois que vous quittez l’université, vous êtes un basketteur complet. Avec l’agilité, vous êtes complets. Et vous savez utiliser cette agilité et vous savez comment jouer un match au sein d’une équipe. Beaucoup de ces enfants sortant du lycée n’avaient jamais vraiment assisté à de bons entraînements. Ils pensent qu’ils peuvent y arriver juste avec de l’agilité. Ce n’est pas le bon chemin. Il y a très peu d’enseignement chez les pros. Vous n’avez pas le temps d’enseigner. Vous avez 82 matchs dans une saison ».

Au cours de ce même entretien, le journaliste lui demande si c’est en jouant à North Carolina ou aux Bulls de Chicago que le basket lui a procuré le plus de plaisir. La réponse de l’ancien joueur :

« C’est une bonne question. Je dirais que c’est pour les Tar Heels. Personne ne me connaissait jusqu’à maintenant. C’est à ce moment-là que tout et la notoriété ont commencé avec Michael Jordan. Le temps est passé et j’étais à Chicago où j’étais drafté en troisième position. Donc tout le monde savait au moins que j’étais un joueur plutôt pas mauvais. Mais à North Carolina, lorsqu’ils m’ont recruté, et m’ont demandé d’être présent à la fac, c’était une opportunité de prouver à moi-même ce que je valais. Tout le monde avait entendu dire que cet enfant était assez bon mais nous ne savions bon à quel point. Il venait d’une petite ville. Il ne faisait pas la présaison universitaire «  All American ». Il ne faisait pas partie du Top 100 des meilleurs joueurs de lycée. Il n’était pas présent aux matchs AAU (ndlr : Amateur Athletic Union = organisme qui a pour but la promotion et le développement du sport amateur et les programmes d’entretien par le sport). Il ne figurait pas parmi les joueurs classés de la nation. L’Université de la Caroline du Nord m’a vraiment donné les bases que je devais acquérir pour devenir un basketteur. Jusqu’alors, je n’avais pas été gêné par les médias et n’étais pas sous le feu des projecteurs. J’étais toujours cru. En conséquence, j’avais de l’appétit pour prouver à tout le monde que j’étais un basketteur convenable, ou un assez bon basketteur pour être à North Carolina. C’était de loin l’expérience la plus pure pour moi et la plus satisfaisante ».

Dean Smith, pour le Chicago Tribune en septembre 2009, est revenu sur ses années également durant lesquelles il a coaché Jordan : « Une chose notable chez Michael est la façon dont il travaillait dur. A cause de cela, nous nous attendions à ce qu’il s’améliore. Et il l’a fait d’années en années. Un joueur avec ce type de talent qui travaille aussi durement comme Michael l’a fait, a une chance de faire de belles choses. Jordan était intelligent pour cela. Il écoutait de près ce que les entraîneurs lui disait de faire et il allait ensuite le faire ».

LES STATS DE JORDAN A UNC

  • 1981-1982 : 34 matchs : 13,5 pts à 53,4 % ; 4,4 rbds,  1,8 passes
  • 1982-1983 : 36 matchs : 20 pts à 53,5 % ; 5,5 rbds , 1,6 passes
  • 1983-1984 : 31 matchs : 19,6 pts à 55,1 % ; 5,3 rbds, 2,1 passes

LES PLUS BELLES PERFS DE JORDAN EN NCAA

  • 22 janvier 1983 : 23 points, 7 rebonds, 5 passes face à Duke
  • 29 janvier 1983 : 39 pts face à Georgia Tech (son record de points en université)
  • 19 janvier 1984 : 25 points face à Maryland
  • 29 janvier 1984 : 29 points et 11 rebonds le face à LSU Tigers
  • 17 mars 1984 27 points face à Temple lors du Tournoi NCAA au second tour de la phase finale région Est

PREMIER MATCH DE JORDAN AVEC NORTH CAROLINA

LA FINALE NORTH CAROLINA – GEORGETOWN EN 1982 EN INTEGRALITE

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About Richard Sengmany (354 Articles)
Découvrant le basket dans les années 90 grâce à la diffusion des matchs NBA sur Canal+, je rédige depuis plus de dix ans des articles sur la balle orange, sur d'autres disciplines sportives et la culture.

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