Dream Team 1992 – Les raisons de la non sélection d’Isiah Thomas.
A l’occasion des Jeux Olympiques de Rio, Basketretro vous propose de vous faire revivre le parcours Team USA aux JO de Barcelone en 1992, à travers des anecdotes issus de l’ouvrage « Dream Team » de Jack McCallumn sorti en version française au début du mois de juin. Aujourd’hui, retour sur la polémique de la non sélection d’Isiah Thomas dans l’effectif de Team USA.
Durant le printemps et l’été 1991, le comité de sélection de Team USA a une tâche difficile à accomplir : composer la première équipe de basketteur professionnels américains à participer aux Jeux Olympiques et surtout convaincre les stars de la NBA à participer à l’événement. Comme l’image Jack McCallum dans « Dream Team » :
« USA basketball ressemblait un peu à une bande de collégiennes préparant une boom pour les 16 ans de l’une d’entre elles. Ils voulaient que les gars les plus cools y participent mais si les gars les plus cools ne voulaient pas venir, ils devaient s’assurer d’avoir les seconds gars les plus cool pour remplir leur quota. Parfois, les gars les plus cool étaient ceux qui se faisaient le plus désirer et tardaient à se prononcer, donc ils devaient laisser penser aux seconds gars les plus cool qu’ils avaient une chance d’y participer sans toutefois leur faire entretenir de vains espoirs »
Ici, les « gars les plus cools » sont Magic Johnson, Larry Bird et Michael Jordan. Le premier fût facile à convaincre: Magic Johnson a immédiatement accepté l’invitation après un coup de fil de Russ Granik. Pour le second, c’est Dave Gavitt alors président des Celtics qui a réussi à convaincre un Bird d’abordréticent et en fin de carrière, avec l’aide de nombreux appels de Magic Johnson. Pour Michael Jordan, la tâche est différente. C’est Rod Thorne, ancien GM des Bulls ayant drafté Jordan en 1984 qui à la mission de convaincre Michaël. Et lors du premier appel téléphonique, Jordan a été on ne peut plus clair :
« Rod, je ne veux pas jouer si Isiah Thomas est dans l’équipe ».
Des propos que Jordan confirmera en 2011 à Jack McCallumn. Pourquoi ce rejet ? Il faut dire que la rivalité entre les deux hommes est intense depuis plusieurs années avec comme point de départ le All-Star Game 1985 où Thomas aurait orchestré un boycott de Jordan en le privant de ballons. S’en est suivi la domination des Pistons sur les Bulls fin des années 80 avec finalement une prise de pouvoir de Jordan début des années 90 ponctuée par la fameuse sortie des Pistons avant la fin du Game 4 de la finale de conférence 1991 sans saluer leurs adversaires victorieux. Magic Johnson ira également dans ce sens en confirmant le refus de Jordan
« Michael se préoccupait seulement de qui allait être dans l’équipe, c’est plus important… non, disons que c’était aussi important pour lui de prendre du bon temps que de jouer les matches »
Pour Isiah, c’est la douche froide, un revers qu’il n’a toujours pas digéré. Lui qui s’est battu pour faire partie de cette élite se considère au niveau de Jordan, Bird et Johnson. Ce qui peina encore davantage Thomas, c’est la trahison qu’il a vécu venant de deux proches : Chuck Daly, le coach des Team USA et Magic Johnson. Le premier ne prendra jamais position pour défendre Thomas et accepta la requête de Jordan comme l’ensemble des membres du comité de sélection (à l’exception de « Trader » Jack McCloskey, GM des Pistons qui démissionna du comité). Pour le second, ami proche de Thomas, il ne s’exprimera jamais en faveur du Piston malgré un lobbying important. L’une des raisons évoquées par Magic concerne la remise en question de sa sexualité par Thomas lors de l’annonce de sa séropositivité. Un incident qui assombrira les relations des deux amis qui avaient pris l’habitude de se faire la bise avant leur rencontre. Le meneur des Lakers résumera la situation dans « When the game was ours » de Jackie MacMullan :
« Isiah a tué ses propres chances de faire les jeux. Personne dans cette équipe ne voulait jouer avec lui… Michael ne voulait pas jouer avec lui, Scottie ne voulait pas de lui. Bird n’a rien fait pour le défendre. Karl Malone n’en voulait pas. Qui disait « On a besoin de ce gars ? » Personne »
Comme le résume bien Jack McCallumn, Isiah avait perdu contre ses ennemis, mais également contre ses amis….
« Dream Team » – 396 pages
Disponible en librairie
22 euros
Editions Talent Sport www.talentsport.fr
Montage Une : Laurent Rullier pour Basket Rétro
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