42,2 points à 56,7 % aux tirs, Oscar Schmidt s’est transcendé au JO de Séoul de 1988
Jeux Olympiques
Il est tout simplement le plus bel attaquant qu’ait connu le basket brésilien. Oscar Schmidt a prouvé aux yeux du monde entier quel fort shooteur il a été lors des Jeux Olympiques de Séoul en 1988. Avec le maillot du Brésil, l’arrière-ailier a signé la meilleure moyenne de points inscrits dans une olympiade : 42,2.
Le Brésil comptait dans ses rangs un fantastique footballeur du nom de Pelé. La nation auriverde possédait aussi un sacré bon basketteur dans son équipe nationale : Oscar Schmidt. Né pour shooter, drafté en 1984 par les New Jersey Nets, le joueur brésilien a signé la plus grosse performance en attaque lors de sa troisième participation au Jeux Olympiques à l’âge de 30 ans.
Si ses moyennes lors des deux précédentes olympiades étaient déjà excellentes (24,1 en 1980 à Moscou, une moyenne réitérée en 1984 à Los Angeles), il a doublé celle réalisée en 1988 à Séoul en Corée du Sud : 42,2 points en 8 matchs. Il s’agit actuellement toujours de la meilleure moyenne de points dans un tournoi olympique de basket. Surréaliste, il plantera au minimum 31 points à chaque rencontre jouée au Jamsil Gymnasium, lieu où en découdraient les 12 pays en lice dans le tableau masculin de basket.
Dans ce tournoi olympique, les 12 nations étaient réparties en deux poules de 6. Les 4 premiers se qualifiaient pour les quarts de finale. Intégré au Groupe B dans lequel se trouvait Team USA, le Brésil a pu compter sur son joueur majeur et sa fameuse « Mao Santa » (= main sacrée).

Oscar Schmidt – Brésil (c) Euroleague.net
Et Schmidt démarra le tournoi avec un total de 36 points pour le premier match de la Séléçao face au Canada le 17 septembre 1988. Victoire à l’issue d’une formidable orgie offensive : 125-109. Double-double pour Schmidt qui prit aussi 10 rebonds, fort d’adresse aux tirs : 12/20 dont 4/7 à 3-points et 8/9 aux lancers-francs.
« N’importe quel shoot est un bon shoot », se vantait Schmidt pour qualifier le jeu d’attaque du Brésil évoquant le rôle que doivent occuper ses coéquipiers : « Mes amis (en parlant de ses partenaires) essaient de nous passer le ballon. Tous sont des amis. Personne ne fait de grimace. L’un shoote, les autres vont au rebond ». (source : nytimes.com, article du 18 septembre 1988)
Joueur cette année-là de Caserta, un club italien, Schmidt réalisa un second double-double face à la Chine : 44 points (15/26 aux tirs dont 3/7 à 3-points et 11/12 aux lancers-francs), 10 rebonds. Deuxième succès dans ces JO pour le Brésil, vainqueur 130-108.
BRÉSIL-USA, REVANCHE DE LA FINALE DES JEUX PANAMERICAINS 1987
Lors du troisième match, le Brésil retrouvait Team USA, une nation qu’il avait vaincue en finale aux Jeux Panaméricains à Indianapolis en 1987. Alors que les Américains avaient pris 14 points d’avance à la mi-temps lors de ce dernier match du tournoi (68-54), les Brésiliens sous l’impulsion d’un Schmidt des grands soirs (46 points) avaient réussi à inverser la tendance en gagnant 120-115.
Avant de se retrouver dans ce tournoi olympique, Schmidt respectait les joueurs US: « Team USA a toujours des joueurs frais et de dureté. Ils sont les favoris évidemment. J’ai toujours souffert face à leur bonne défense. Notre victoire aux Jeux Panaméricains fait partie du passé ». (source : nytimes.com, article du 18 septembre 1988)
Willie Anderson, qui avait vécu ce revers avec l’équipe américaine aux Jeux Panaméricains, était chargé de museler le top attaquant qu’était Schmidt lors de cette finale de 1987. L’ex-joueur des Spurs avait prévenu qu’il se coltinerait l’arrière-ailier brésilien une fois de plus : « Je veux relever le défi de défendre sur Schmidt encore. Je vais lui rentrer dedans, le laisser savoir que c’est moi qui vais le surveiller. Un super joueur sait que ce ne sera pas facile la prochaine fois ». (source : nytimes.com, article du 18 septembre 1988)
Le 21 septembre 1988, cette rencontre aux JO entre Américains et Brésilien avait donc un air de revanche. Cette fois-ci, les Américains ont bien défendu limitant les Brésiliens à moins de 90 points. Ils les battant 102-87. Or, Schmidt a réussi à livrer un bon match en attaque, lui qui a été auteur de 31 points (7/16 aux shoots dont 2/4 à 3-points et 15/15 aux lancers-francs) et 7 rebonds.

Oscar Schmidt face à Dan Majerle lors de Brésil-USA au JO de Séoul en 1988 (c) Getty
A l’issue de cette victoire, les Américains étaient ravi d’avoir contenu Schmidt à 16 points aux tirs si on n’ôte le total de ses lancers-francs. « Nous étions déterminés à ne pas lui laisser de tirs ouverts. Nous ne voulions pas les lui donner comme aux Jeux Panaméricains, notait David Robinson. « C’était un gros match, une victoire émouvante. Schmidt est un grand shooteur. Nous l’avons bien stoppé sur ses tirs. Toute l’équipe a bien aidé », affirma Dan Majerle. (source : nytimes.com, article du 21 septembre 1988)
Quant à Mitch Richmond, il révélait que Schmidt montrait des signes de frustration, criant sur ses coéquipiers, se chamaillant avec les arbitres. Le leader du Brésil n’était pas très serein. Il n’hésitait pas aussi à parler aux joueurs américains qui le surveillaient pour les déstabiliser. « A moi, il me disait ‘tire, tire, tire’ quand j’avais le ballon. Je pense qu’il voulait revenir vite en attaque », ajouta Richmond après match. (source : nytimes.com, article du 21 septembre 1988)
Limité à 87 points après avoir inscrit 130 points au match précédent, le Brésil a été moins fringant offensivement. Après la défaite, Marcel Souza, deuxième option offensive de l’équipe brésilienne avait loué le beau travail défensif des joueurs US face à ses coéquipiers : « Cette équipe des Etats-Unis a une bien meilleure défense que celle d’Indianapolis ». (source : nytimes.com, 21 septembre 1988)
55 POINTS ET 3 MATCHS DE SUITE A + DE 40 POINTS
Suite à cet échec face aux Etats-Unis, le Brésil s’était refait la cerise et avait passé ses nerfs sur l’Egypte en gagnant 138-85. Schmidt termina avec 39 points (14/24 aux tirs dont 2/5 à 3-points), 9/11 aux lancers-francs et 8 rebonds. Mais au match suivant, l’Espagne infligea au Brésil sa deuxième défaite dans cette phase de poules malgré les 55 points de « Holy Hand » (17/28 aux tirs dont 6/11 à 3-points et 15/16 aux lancers-francs), 5 rebonds et 4 passes.
Avec 3 victoires et 2 défaites, le Brésil finit troisième de la Poule B, se hissa en quart de finale y défier l’URSS de Sarunas Marciulonis et Arvydas Sabonis. Et quel match couperet auquel le public à assister le 26 septembre, le Brésil, la meilleure attaque de ce tournoi olympique, a échoué par aux Soviétiques : 110-105. Schmidt, unstoppable aux shoots, conclut encore un match avec une adresse redoutable et un total de 46 points : 12/23 aux tirs dont 5/8 à 3-points et 17/18 aux lancers-francs. Il ajoute 5 rebonds et 2 passes.
Non qualifié pour les demi-finales, le Brésil continuait le tournoi avec des matchs de classement de 5 à 8. Alors qu’il pouvait relâcher ses efforts dans ces matchs de moindre importance, Schmidt continua sur sa lancée. Face à Porto Rico, il plante à nouveau 46 points (16/30 aux tirs dont 8/12 à 3-points), flirtant avec un troisième double-double (9 rebonds). Victoire du Brésil 104-86. Le Brésil retrouvait ensuite le Canada pour le match de la cinquième place. Les Auriverdes battront de nouveau les Canadiens : 106-90. Troisième match de suite à plus de 40 points pour Schmidt : 41 unités (14/21 aux tirs dont 5/9 à 3-points) et 8 rebonds. Exceptionnel.

Oscar Schmidt – Brazil (c) Jed Jacobsohn – Getty
PLUS QUE « 50-50-90 »
Avec un jeu totalement orienté vers l’attaque (113,1 points de moyenne en 8 matchs) et donc peu d’attrait pour la défense, le Brésil décrocha une honorable 5ème place finissant avec un bilan de 5 victoires et 3 défaites. Schmidt aura fait exploser les compteurs. Sa ligne de statistiques globale dans ces JO est remarquable unique : 42,2 points de moyenne, 107/188 aux tirs (56,9 %) dont 35/63 à longue distance (55,6 %) et 89/97 aux lancers-francs (91,8 %). On atteint plus que « le 50-50-90 ». Sa moyenne aux rebonds est de 7,8. Il finit meilleur scoreur du tournoi olympique, loin devant le second, l’Australien Andrew Gaze (23,9 points).
Avec un nom qui rappelle une marque de mobilier pour les cuisines, Mr. Schmidt méritait bien, comme les acteurs peuvent le recevoir, qu’on lui décerne son Oscar pour ses performances accomplies tout au long de ce tournoi olympique de basket en Corée du Sud.
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