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ITW Sandrine Gruda – Part 1 : « Très enrichissant de s’imprégner de différents styles de jeu »

Interview

Aujourd’hui, découvrez l’interview d’une autre grande championne de basket sur Basket Retro. Après notamment Yannick Souvré, Audrey Sauret, Edwige Lawson ou encore Céline Dumerc, c’était au tour de Sandrine Gruda, intérieure de l’équipe de France et d’Ekaterinbourg de se prêter au jeu des questions-réponses pour Basket Rétro le 1er octobre dernier. Sa formation, Valenciennes, la Russie, la WNBA, voici autant de thèmes abordés dans cette première partie.

Basket Rétro : Pour commencer cet entretien, je pose cette habituelle première question. Comment avez-vous découvert le basket ?

Sandrine Gruda : J’ai découvert le basket grâce à mon père (ndlr : Ulysse Gruda). C’était un ancien joueur professionnel et m’a initié à cette discipline. Suite à sa carrière, il était entraîneur. Le suivant partout dans ses déplacements, je me suis éprise par ce sport et j’ai commencé à le pratiquer.

BR Comment êtes-vous recruté par le Centre fédéral de Paris en 2003 où vous restez pendant deux ans ?

SG : Tout d’abord, je suis passée par le Centre Fédéral de Toulouse (2002-2003). Avant, Toulouse accueillait le pôle France cadette. Et l’Insep accueillait seulement le pôle France juniors. J’ai été premièrement au pôle espoirs à la Martinique pendant deux ans. Ensuite je participais avec la sélection Antilles-Guyane aux différents tournois interligues, interzones que proposait la métropole. Suite à ces tournois, j’ai été détecté pour intégrer Toulouse. A la fin de mon année au centre fédéral de Toulouse, j’ai été sélectionné afin d’intégrer l’Insep.

BR : Vous êtes repéré ensuite par Valenciennes à la sortie du Centre Fédéral de Paris. Même question que précédemment, comment le club nordiste vous repère ?

Sandrine Gruda - Valenciennes (c) Fiba Europe - Ciamillo-Castoria

Sandrine Gruda – Valenciennes (c) Fiba Europe – Ciamillo-Castoria

SG : Chaque année, les clubs français montrent de l’intérêt aux joueuses sortants de l’Insep susceptibles d’intégrer leurs équipes. Valenciennes et Bourges m’ont fait savoir par le biais de Patrick Beesley qu’ils étaient intéressés par mon profil or je cherchais à jouer dans un club évoluant en Euroligue. Après une journée d’entraînement au sein de ses clubs, j’ai choisi Valenciennes.

BR  :  Par  rapport  à  votre  progression,  quel  souvenir  gardez-vous  de  votre  passage à Valenciennes même si ca n’a duré que deux ans (2005-2007) ?

SG : Je garde de très très bons souvenirs car ces années correspondent à mes premiers pas en ligue féminine et en Euroligue. En 2006, on participe au Final Four à Brno alors qu’à l’époque nous avions une équipe en reconstruction. En 2007, on gagne la Coupe de France et le Championnat de France qui ont engendré de très fortes émotions. Ces moments sont inoubliables. En Septembre 2007, je rejoins Ekaterinbourg en évoluant toujours sous le même staff technique Valenciennois (ndlr: Laurent Buffard et Jacky Moreau) donc pour moi l’aventure continuait…

BR : Justement, vous avez cité Ekaterinbourg, club que vous avez rejoint  en 2007. Pourquoi ce choix d’aller en  Russie et pas dans un autre club européen ?

SG : Pourquoi ce choix ? Pour 2 raisons, la première était de saisir une opportunité qui m’était offerte et la deuxième était de jouer avec la « crème de la crème » du basket.

BR : Vous avez gagné 7 titres de championne de Russie avec Ekaterinbourg ? Comment expliquer la suprématie et la régularité d’Ekaterinbourg ?

SG : Nous avons de très fortes joueuses dans cette équipe qui savent rebondir après de lourdes défaites. Malheureusement, nous n’avons pas pu remporter autant de titres en Euroligue donc peut-être que de cette frustration naissait une motivation pour aller chercher le titre ultime de la saison : le championnat Russe !!

Sandrine Gruda au lay-up avec Ekaterinbourg (c) Fibaeurope. com

Sandrine Gruda au lay-up avec Ekaterinbourg (c) Fibaeurope.
com

BR  :  Qu’en  est-il  de  la  différence  de  culture  basket  entre  la  France  et  la  Russie  (les entraînements, le style et niveau de jeu, l’ambiance sur les parquets russes) ?

SG : Selon moi, en France, il y a plus de chaleur dans les salles car elles sont beaucoup plus petites et que mine de rien, les Français qui se déplacent lors des matchs sont de vaillants supporters. On avait une bonne ambiance dans la salle de Valenciennes. Je ne l’ai pas retrouvé à Ekaterinbourg, parce que la salle est plus grande et que nous n’avons pas énormément de contact avec les supporters. Cela n’empêche pas que j’apprécie énormément le show (vidéo, cheerleaders, chanteurs, jeu de lumière etc…) que met en place mon club pour chaque match, on se croirait aux Etats-Unis! Contrairement à la France, la Russie possède un championnat hétérogène. Ce qui signifie que sur les 11 équipes, il y en a que 4 qui présentent de vraies oppositions.

BR : Et qu’en est-il des différences au niveau des entraînements ?

SG : Même si je me trouve en Russie, nous développons un style de jeu américain dans mon équipe. Notre coach est allemand d’origine mais a évolué aux Etats-Unis pendant de très longues années d’où il tire sa vision du basketball.

BR : Vous êtes ensuite drafté en 2007 en 13ème position par le Connecticut Sun. Qu’est-ce qui vous a poussé à tenter l’expérience américaine ?

SG : J’aime beaucoup le basket et j’avais envie de tout expérimenter. J’ai eu de la chance d’avoir été drafté en 2007 par les Connecticut Sun. Et une fois encore, j’ai saisi cette chance. La vie, c’est une question d’opportunités ! J’ai ainsi pu rejoindre la WNBA à l’âge de 20 ans. C’était encore une grande expérience. J’ai voulu y aller depuis l’âge de 12 ans car le jeu américain qui était moins palpable que le jeu français, m’intriguait beaucoup.

BR : Par rapport à votre progression, quel bilan tirez-vous de vos différentes saisons estivales en WNBA ? On imagine également des différences d’apprentissage aux Etats-Unis comparées à la France, la Russie. Qu’avez-vous ressenti ?

SG : C’est vraiment très enrichissant de pouvoir parcourir différents territoires et de s’imprégner de différents styles de jeu ou de diverses cultures basket. Le basket est le sport numéro 1 aux Etats-Unis. J’ai l’impression que tout le monde est mordu de la balle orange. C’est une religion!

La WNBA applique les mêmes animations lors d’un match que la NBA à savoir danseurs, tirage au sort, jeu concours, effet sonores, jeu de lumières etc… Il y a une vraie organisation qui ne laisse rien au hasard. C’est exactement comme à Ekaterinbourg. C’est marrant mais en France, on n’a pas l’habitude d’en voir autant lors d’un match donc ma première année, j’étais assez surprise. Au niveau du jeu en lui-même, c’est encore différent. Il est beaucoup plus rapide aux Etats-Unis: ça court plus vite, ça saute plus haut. Toute exécution est faite deux fois plus vite que la normale. L’engagement physique est supérieur donc il m’a fallu apprendre à doubler d’efforts. Je retiens le meilleur dans chaque pays où j’ai pu évoluer pour en faire ma propre éducation basket.

Sandrine Gruda - Connecticut Sun (c) Tensportsclub.com

Sandrine Gruda – Connecticut Sun (c) Tensportsclub.com

BR : Vous avez mis du temps alors j’imagine pour basculer du jeu européen, français à celui américain ?

SG : Il m’a fallu effectivement un temps d’adaptation. En plus, comme j’étais rookie, ce temps là, je l’ai pris naturellement. Mon temps de jeu était réduit donc j’observais la façon dont jouaient mes coéquipières pour intégrer plus rapidement ce que le coach demandait. La Russie a été une bonne transition car je côtoyais déjà des Américaines à Ekaterinbourg. J’ai vite compris la façon dont elles s’entraînaient que ce soit en salle de muscu ou sur le terrain de basket. J’avais une idée de ce qui se faisait alors aux Etats-Unis.

BR : Quel est l’entrainement type que vous effectuez aux Etats-Unis ?

SG : De manière générale, on a qu’un entraînement par jour. Et celui-ci peut durer 4 heures. Pourquoi 4 heures ? Dès que l’on arrive à la salle, on a musculation, soins et 2 heures d’entrainements. Pour laisser place à de l’hydro récupération.

Sur son envie de rejoindre le championnat WNBA : « J’aime beaucoup le basket et j’avais envie de tout expérimenter. J’ai eu de la chance d’avoir été drafté en 2007 par les Connecticut Sun. J’ai saisi cette chance. La vie, c’est une question d’opportunités ! J’ai ainsi pu rejoindre la WNBA à l’âge de 20 ans. C’était encore une grande expérience. J’ai voulu y aller depuis l’âge de 12 ans car le jeu américain qui était moins palpable que le jeu français, m’intriguait beaucoup ».

BR : Vous avez parlé de votre carrière en France, en Russie, aux Etats-Unis. Vous avez gagné beaucoup de titres que ce soit en club ou en Equipe de France, reçu plusieurs distinctions personnelles. J’imagine que c’est difficile d’en sortir un mais quels sont ceux les plus marquants que vous retenez de votre carrière de basketteuse ?

SG : Je suis très contente de ma carrière !! Ce que je retiens le plus sont les belles rencontres que j’ai pu faire. Au cours de différentes saisons, à différentes étapes de mon parcours, certaines personnes m’ont marqués. À mon arrivée en Russie, Edwige Lawson, m’a expliqué les rouages du championnat russe. Quand je suis arrivée à Valenciennes, Slobondonka Tuvic, a été une figure marquante de mon intégration dans le milieu professionnel. Puis aux Etats-Unis à Connecticut, le coach Mike Thibault lui- même m’a aidé dans ma saison rookie. Il était très à l’écoute des joueuses. En ce moment à Ekaterinbourg, je suis proche de mon coach Olaf Lange car c’est quelqu’un qui est très ouvert à la discussion.

BR : Il n’y a pas une victoire plus qu’une autre que vous mettriez dans le haut du panier ?

SG : Je pourrais citer mon titre de championne d’Europe en 2009, celui en Euroligue en 2013, les Jeux Olympiques de 2012. Je pourrais mettre aussi bien une victoire qu’une défaite dans le haut du panier car les deux moments sont enrichissants. La victoire apporte de la joie et la défaite apporte une remise en question donc un apprentissage.

BR : En retraçant votre carrière, avez-vous le souvenir d’un pire déplacement pour jouer un match ?

SG : On revenait d’un déplacement. On était en minivan et en rentrant à Valenciennes, sur la route de l’aéroport Charles de Gaulle, un des minivan a pris feu! On était tous choqué car personne ne s’y attendait surtout que l’on venait de se prendre une raclée la veille donc on n’était pas trop d’humeur joviale!! (rires) Mais après coup, on a bien rit, ça nous laisse de bons souvenirs!

BR : J’en viens maintenant à votre passage en équipe de France. Vous comptez 142 sélections depuis 2006. Quel effet ça vous a fait de porter ce maillot bleu pour la première fois et qui vous a accompagné pendant maintenant près de 10 ans ?

SG : J’étais super contente. J’avais 18 ans quand je l’ai porté pour la première fois. Je me rappelle d’Alain Jardel qui était venu à Valenciennes pour me parler de l’équipe de France A. A l’époque, j’étais à fond sur les jeunes. Alors que super intimidé par le personnage, il me dit : « Pourquoi jouer au babyfoot quand on peut jouer dans la cour des grands? » Et là, ça m’a suffit à choisir le groupe A cet été là et faire l’impasse sur les jeunes! Lors des matchs de préparations, je jouais sans vraiment réaliser ce que cela représentait de porter le maillot bleu. Mais une fois le championnat du monde au Brésil commencé (ndlr : 2006), le stress a pointé son nez car l’équipe de France était finalement constituée, les enjeux élevés car les garçons venaient de terminer 5ème (il y avait à l’époque cette petite pression de faire aussi bien que nos homologues). Et aux vues des autres joueuses internationales que je ne connaissais que de nom , j’ai prié et me suis dit qu’il fallait tout donner.

« Je pourrais mettre aussi bien une victoire qu’une défaite dans le haut du panier car les deux moments sont enrichissants. La victoire apporte de la joie et la défaite apporte une remise en question donc un apprentissage ».

 

Sandrine Gruda en défense avec la France (c) Fiba Europe.com

Sandrine Gruda en défense avec la France (c) Fiba Europe.com

BR : Je reviens désormais avec vous sur la médaille d’argent acquise avec l’Equipe de France aux JO de Londres en 2012. Comment avez-vous vécu cet événement avec le Groupe France ?

SG : C’est assez spécial comme scénario. Il y a moins de vie de groupe à l’extérieur du terrain mais sur le terrain, on était soudé. On avait un objectif en tête, c’était d’aller le plus loin possible. Et c’est ce qu’on a fait!

BR : Depuis votre première sélection en équipe de France jusqu’à maintenant, vous faites partie des leaders de cette équipe de France avec Céline Dumerc. Avez-vous un rôle particulier à jouer avec les nouvelles arrivantes dans cette sélection puisque vous côtoyez d’autres générations de joueuses ? Leur donnez-vous des conseils ? Votre rôle à évoluer au sein des Bleues au fil des années ?

SG : Carrément. Les conseils se font naturellement sur le terrain. Bien que ce soit de nouvelles joueuses, elles sont professionnelles. Elles connaissent l’exigence du milieu.

Découvrez la seconde partie de l’entretien dés jeudi. Avec Sandrine Gruda, nous avons évoqué d’autres moments de sa carrière, la NBA et de son implication notamment chez Authentic Care.

Propos recueillis par Richard Sengmany

Montage Une : Laurent Rullier

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Découvrant le basket dans les années 90 grâce à la diffusion des matchs NBA sur Canal+, je rédige depuis plus de dix ans des articles sur la balle orange, sur d'autres disciplines sportives et la culture.

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