ITW Nyedzi Kpokpoya – Part 1 : « 1995 restera l’année de référence avec Valenciennes en Euroligue »
Interview
Le 12 août dernier, Basket Rétro s’est entretenu avec Nyedzi Kpokpoya, ancienne joueuse de l’US Valenciennes et de l’Equipe de France. Après être revenue un long moment sur sa carrière en France et en Italie, elle nous a parlé de ses études effectuées en parallèle du basket ainsi que de sa reconversion dans le milieu du sport. Première partie.
Basket Rétro : Comment avez-vous découvert le basket ?
Nyedzi Kpokpoya : J’ai un père qui était basketteur professionnel. Puis naturellement, en étant grande, en Bretagne, à l’âge de 11 ans, la danse classique était exclue pour les filles je pense. Il n’y avait pas beaucoup d’options. Il restait le volley et le basket. Jusqu’à l’âge de 12 ans, j’étais un peu réticente à faire du basket. Pour pleins de raisons, j’avais envie d’autre chose. Et c’est en voyant les matchs, en m’y intéressant, en échangeant que j’ai donc commencé à jouer et suis tombé dedans. Puis c’était un atout pour mettre en avant ma taille. Tout un cycle naturel s’est enchainé : sélections départementales, régionales, nationales (Insep), et puis le niveau pro à l’âge de 17 ans pour aller à Valenciennes, Aix-en-Provence, Rennes et Villeneuve d’Ascq. J’ai fait aussi une année en Italie.
BR : A quel endroit avez-vous commencé à jouer en France ?
NK : Professionnellement, c’est Valenciennes. Il reste mon cœur de club. C’était ma première expérience professionnelle. Je n’avais pas encore 18 ans quand j’ai signé mon premier contrat. C’était un petit peu stressant. C’était l’époque où Valenciennes était le grand rival de Bourges. J’étais dans une salle de 3000-5000 personnes sur les gros matchs dont ceux de Coupe d’Europe. Vous sortez de l’Insep. Vous imaginez ainsi le premier gros match auquel vous assistez à 17 ans. Le maximum de spectateurs à un match auquel vous avez joué avant était peut-être 200 personnes. Et là, j’avais cette image des gladiateurs dans l’arène où tout à coup vous êtes propulsé avec 3000 – 5000 personnes. C’est une bonne expérience de vie.
BR : Dans quelle ville et à quel âge avez-vous touché pour la première fois le ballon ?
NK : C’était en Bretagne à Rennes vers l’âge de 8-10 ans à peu près.
BR : Vous évoquiez l’Insep précédemment.
NK : Exactement avec Cathy Melain, Audrey Sauret, Sandra Le Dréan. C’était un grand moment puisque j’y ai passé trois ans de 91 à 94. Et j’avais joint les équipes de France cadettes et juniors avec comme coach Jacques Vernerey.
BR : Comment êtes-vous repérée pour rejoindre cette institution ?
NK : Dans le basket féminin, c’est assez concentrique. On fait les sélections départementales puis régionales. Au cours des sélections régionales, c’est à ce moment que les entraîneurs nationaux, ceux de l’Insep, vous convoquent. Et j’ai été convoqué pour un premier stage de sélection avec Audrey (Sauret). Je me souviens, c’était notre premier stage pour pouvoir intégrer l’Insep. Si vous êtes ensuite sélectionné et que vous répondez aux critères, et que bien entendu la partie scolaire suit, et que vos parents sont d’accord, vous intégrez l’internat. L’Insep est une formidable opportunité car c’est un des seuls centres qu’on ait en France, qui permet véritablement de former les élites.
On connaît ceux formés à l’Insep : Boris (Diaw), Tony (Parker), Sandrine (Gruda), Céline (Dumerc). Toutes les générations de jeunes joueuses ont été formées à l’Insep comme les plus anciennes : Paoline Ekambi. Il y a cette culture basket à l’Insep. Il y a Richard Billant, un des coachs, qui a commencé à faire une espèce de Hall Of Fame. C’est toujours un plaisir d’aller voir les matchs à l’Insep. J’essaie de garder ce contact car c’est une grande maison. Je dois beaucoup à l’Insep aussi bien sur le plan sportif que universitaire.
BR : Venons-en à votre carrière. J’imagine que c’est difficile d’en sortir un mais quel est le souvenir marquant que vous retenez de votre carrière de basketteuse ?
NK : Il y a une certaine émotion avec Valenciennes Olympic (VO). Je pense que vous avez entendu parler de Małgorzata Dydek, la joueuse polonaise. Ma première année à VO était sa première en France. J’ai eu l’opportunité de la rencontrer. C’était quelqu’un de vraiment exceptionnelle dans ses débuts et vu le parcours qu’elle a fait. Mais malheureusement en 2011, quand j’ai appris son décès, j’étais effondrée. 1995 restera pour moi l’année de référence avec le Final Four qu’on a pu faire ensemble à Cantu dans la Provence de Côme. C’était vraiment un des grands moments car je découvrais le haut niveau, la Coupe d’Europe, une joueuse comme Dydek qui marque les esprits, un club comme VO qui a cette culture famille. Je peux retourner à Valenciennes, les gens vont se souvenir de vous. Ils ont cette culture du rétro. C’était une époque vraiment grandiose.
BR : Ya t-il des matchs marquants que vous avez joués qui vous viennent à l’esprit ?
NK : Je n’en ai pas particulièrement. C’est surtout une période vécue plus intensément. J’ai pas un match où je me dis que cela m’a marqué. C’est plus diffus sur une période de temps, une saison. C’est plus lié à mon côté collectif, des personnalités qui m’ont marqué, aller au Final Four tous ensemble. Je pense que ça fait partie des grands moments du basket féminin.
« 1995 restera pour moi l’année de référence avec le Final Four qu’on a pu faire ensemble avec Valenciennes à Cantu dans la Provence de Côme. C’était vraiment un des grands moments car je découvrais le haut niveau, la Coupe d’Europe, une joueuse comme Dydek qui marque les esprits, un club comme VO qui a cette culture famille. Je peux retourner à Valenciennes, les gens vont se souvenir de vous. Ils ont cette culture du rétro. C’était une époque vraiment grandiose ».
BR : Vous avez joué en France, en Italie (à Viterbo entre 2002-2003). Pouvez-vous nous parler de la différence de culture basket entre ces deux pays (les entraînements, le style et niveau de jeu, l’ambiance dans les salles, les supporters) ? Que retenez-vous de cette expérience à l’étranger ?
NK : Je voulais avoir absolument une expérience hors de France. Deux joueuses étaient parties à l’étranger : Isabelle Fijalkowski, et Odile Santaniello. On m’avait dit surtout de ne pas y aller. C’est difficile pour les Françaises. Si cela se passe mal, on te renvoie. En étant bretonne, et un petit peu têtu, je l’ai fait (rires). Pendant ma partie basket, en parallèle, j’ai fait des études en fac de droit. Avant d’intégrer l’Edhec, une business school, et avant d’arrêter le basket, je voulais me donner du temps pour aller jouer à l’étranger. C’est une opportunité énorme qui nous est donnée. Et malheureusement, on ne l’exploite pas. Je devais au départ partir en Espagne. Finalement, mon agent a un contact en Italie, vers Viterbo.
Là-bas, je découvre une culture professionnelle extrêmement importante. C’est rodé comme leurs écoles de foot. Une structure professionnelle est en place avec un General Manager, du marketing dans tous les sens. Les Italiens adorent marketer le sport féminin surtout avec les bons et mauvais aspects que cela peut recouvrir. C’est vraiment plaisant de sentir qu’on est valorisé dans son sport. Il y a des salles avec un public passionné. Quand vous jouez en Sicile, c’est une très belle expérience. Et vous voyez l’intensité du truc que cela peut prendre. C’est un pays avec une culture formidable. Pas beaucoup de monde dirait du mal de la culture italienne dont celle culinaire. Et pourtant j’avais des appréhensions. C’est un pays où on a vu des stades de foot avec du racisme sans tabou.
L’Italie a été une année de découverte fantastique. En termes de niveau de jeu, c’est beaucoup plus intensif. On est sur des rythmes beaucoup plus offensifs. On court énormément. La partie athlétique était très intense aux entraînements par rapport à ce que j’ai pu vivre en France. C’était axé sur du jeu rapide et une offensivité. La défense, un peu moins (rires). On est italien, on y va. On joue et on avance. J’incite les joueurs et les joueuses à tenter cette expérience à l’étranger. On a l’opportunité de le faire via le basket dans de bonnes conditions. Il faut la saisir. L’expérience est bonne ou mauvaise dans certains cas. Des joueurs, malheureusement, ne restent pas dans leurs clubs et changent en cours de saison. Mais il faut vraiment la tenter.
BR : Et les supporters en Italie sont-ils de vrais passionnés de basket ?
NK: Les Italiens sont des passionnés. Je reviens sur ce match en Sicile. Vous connaissez la Sicile et tout ce qu’on peut lui attribuer en termes de passion. On jouait contre l’équipe locale sicilienne pour un match de barrages. On a dû ressortir de la salle avec une escorte de police. On marche à l’adrénaline. On est exposé. Je dirais que c’était un peu de la Commedia dell’arte. Ressortir de la salle avec cette escorte ce jour-là a dû être la seule fois mais tout s’est bien passé. C’était vraiment l’ambiance le Parrain, dans sa version supporters.
BR : Entre temps, vous comptez 21 sélections en équipe de France entre décembre 94 et juin 96. Quel effet cela fait de porter le maillot de l’équipe nationale pour la première fois ?
NK: Cela a été un grand bonheur. Les premières ont été après l’Insep. Pendant une année, on travaille en groupe à l’Insep. On a des joueuses qui sont sélectionnées. Cela a été la concrétisation de tout un travail qu’on avait fait pendant une année à l’Insep. Les premières compétitions se passent pendant les vacances scolaires quand vous avez 16-17 ans. Une grande émotion. On oublie un peu le côté difficulté et travail. C’est que du travail quotidien finalement. Il y a la partie talent qu’on doit avoir mais ce qui fait la différence entre les joueurs qui vont évoluer au plus haut niveau et ceux qui vont peut-être moins percer, c’est vraiment la consistance, la résilience et la persévérance dans le travail. Quand on aboutit à l’équipe de France et qu’on entend la Marseillaise pour la première fois, il y a un petit peu un pincement au cœur. Pas de larmes car c’est avant le match. Il y a de la fierté et on pense inconsciemment surtout à ses parents aussi. C’est pas anodin. Je représente mon pays. Ca reste à vie.
BR : Pour ceux et celles qui vous ne connaîtrez pas, quel type de joueuse étiez-vous sur le terrain ? Comment décrire votre jeu ?
NK : Le jeu a beaucoup évolué au fil des ans. On était plutôt sur des générations plus petites. Quand j’ai commencé jeune, j’étais donc intérieure. J’étais dans le 5 majeur européen à l’âge de 16 ans puis 18 ans. Vraiment gros potentiel, à l’intérieur. J’adore l’attaque, beaucoup moins la défense. Il a fallu trouver un compromis. Être offensif c’est bien mais faut apporter sa part de contribution en défense. Au départ, j’avais un style de jeu beaucoup plus offensif, qui score et prend beaucoup de rebonds. Ensuite, les choses ont évolué. Etant dans des équipes où les profils grandissaient, j’étais placé au poste 4, de temps en temps en 3, avec une particularité (ce qui fera sourire mes copines Krissy Badé et notamment la génération Villeneuve d’Ascq).
Celle-ci qui m’a caractérisée à la fin de ma carrière est le tir poste haut en tête de raquette. Et beaucoup de matchs ont été gagnés au buzzer sur ce geste. J’adore être le « money time shooteur » et surtout dans cet angle du terrain. Je m’en souviens avec Krissy Bade. Avec la dernière saison à Villeneuve d’Ascq, on a gagné deux, trois matchs sur ce genre de situation. Je pense que les gens savaient qu’il fallait me donner la balle. Psychologiquement, ça ne s’explique pas. On voit la balle arriver, on voit le shoot rentrer et ça le fait.
BR : Quels sont les qualités et les défauts qu’ont dits vos coéquipières, vos coachs en général durant votre carrière ?
NK: Un brin perfectionniste. Je vais rien lâcher. Il faut que cela soit structuré. C’est quelque chose qui est vraiment un gros plus même dans ma vie professionnelle,. C’est hyper important pour moi d’avoir de la structure. Je vais pas sortir d’une séance d’entraînement si je ne suis pas satisfaite que ce soit sur plan physique, athlétique, ou technique. Un gros défaut ? Je vais avoir la capacité à lâcher prise. Si le mardi ou le mercredi, j’ai eu un mauvais match, tant qu’il n’y aura pas un bon match le samedi, cela ne passera pas. Il faut absolument ce niveau d’équilibre.
Il faut savoir en sport à lâcher prise. C’est se dire « on ne peut plus rien changer au match. voilà c’est derrière nous », Moi j’ai tendance à me dire « mais si j’avais fait ça, cela aurait pu être différent ». On a un outil qui est la vidéo. Quand vous revoyez les séquences, vous vous dites « non j’aurais du le faire à ce moment-là ». Le coté lâcher prise est important. J’ai appris à le maîtriser paradoxalement après ma carrière sportive. Il faut se dire « je contrôle ce que je peux contrôler, je ne contrôle pas ce que je peux pas contrôler ». Vous connaissez les sportifs. On est un peu têtu. Etant pour ma part bretonne à moitié, j’ai cette capacité à pouvoir aller un petit peu au-delà.
BR : Avez-vous le souvenir d’un pire déplacement effectué avec une équipe durant votre carrière ?
NK : Non il n’y en a pas. J’ai toujours été dans un environnement avec des joueuses même quand les situations étaient terribles. Il y avait toujours un bout en train. On arrivait toujours à transformer la situation en positif. Je vais parler de la première anecdote en équipe de France avec les Juniors. On a été en Russie en 92 pour la première campagne. Imaginez la Russie en 92. Cela nous a fait beaucoup de bien. On a vu des conditions de vie pas du tout évidentes. Il fallait s’adapter, performer en ayant pas tous les éléments qu’on peut avoir à notre disposition que ce soit au niveau nutritionnel, récupération et autres.
Sur ce déplacement, on avait 10 heures de bus à faire. Puis on a eu un accident mais pas grave. C’était une situation un peu comme le film « les Bronzés sont en vacances ». On avait une très bonne équipe. On a toujours gardé avec les filles de cette génération un lien. Et parmi elles, une petite maligne a gardé toutes les photos qui ressortent sur Facebook. Et on tremble à chaque fois. Sur celles-ci, on revoit nos têtes, les coupes de cheveux. C’est du vrai rétro. (rires). Karine Gillet a retrouvé toutes les photos de l’Insep. Et c’est pas triste. On leur fera un petit clin d’œil. Ca leur fera plaisir.
BR : Vous avez parlé précédemment de Malgo Dydek. Mais d’autres joueuses, des entraîneurs, ou des adversaires qui vous ont-ils marqué aussi dans votre carrière ?
NK : Une m’avait bluffé par son charisme, c’est Tari Philips. Elle jouait à Clermont-Ferrand. C’était une des premières intérieures pas très grandes avec un jeu et une aisance assez incroyable dans ses mouvements. C’était quelqu’un d’assez exceptionnelle dans sa vie personnelle, très croyante et qui venait sur le terrain en chantant du gospel. Elle avait toute une famille pasteur. C’était un peu la Tina Turner. Elle avait cette aura, ce charisme sur le terrain. Et je me suis dit « Whaou », c’est une personne que je voudrais suivre. J’ai eu la chance de jouer à Clermont-Ferrand contre elle. Et aussi lors de mon année en Italie. Elle jouait à Caserta. Une joueuse vraiment incroyable, pas très grande mais avec une détente. C’est assez rare. On est plutôt maintenant sur des profils de joueuses très grandes. Elle m’a marquée sans vous expliquer pourquoi. Il y avait quelque chose à la fois sportivement et humainement qui était absolument fantastique.
BR : Peut-être aussi le nom d’un entraîneur qui sort du lot ?
NK : Tout le monde m’a apporté à sa manière sur différents aspects du jeu. Non pas d’entraîneur particulièrement. Il y a ceux qui ont été focus sur la partie technique. (Elle revient sur sa réponse). Si, si il y a eu Yannick Leborgne de Villeneuve d’Ascq. Quand je suis arrivé dans ce club, on était en Pro B, je me dis « est-ce-que j’arrête, est-ce que je continue ? » Je n’étais pas très bien. Je sortais de blessure, de deux saisons extrêmement difficiles. J’étais jeune, j’avais 20 ans. Yannick m’a dit « fais moi confiance, on va construire cette équipe ensemble. Je te promets, je te mets pas la pression. On reconstruit et on avance ». Je lui ai fait confiance et il a été sensationnel.
C’était important pour moi de continuer les études. Il était responsable du service sport à l’Université de Lille 2. Ils ont vraiment joué le jeu sur la partie études. Cette année-là, on a une équipe formidable à Villeneuve d’Ascq, et on est monté à l’échelon supérieur. C’était le début de la première pierre à l’édifice de ce qu’est devenu Villeneuve d’Ascq jusqu’à maintenant. J’ai eu beaucoup de messages d’anciennes au sujet du titre cette année (ndlr : vainqueur de l’Eurocoupe 2015). Je retourne à Villeneuve d’Ascq et pareil les gens se souviennent de vous. Yannick a fait du super bon travail. Il a toujours un pied au niveau du club. C’était une très bonne collaboration. C’est appréciable quand ça se passe ainsi. Et il y a aussi la présidente du club de l’ESBVA, Josée Fouques, une des rares femmes occupant ce poste et à mettre en avant.
« Il y a la partie talent qu’on doit avoir mais ce qui fait la différence entre les joueurs qui vont évoluer au plus haut niveau et ceux qui vont peut-être moins percer, c’est vraiment la consistance, la résilience et la persévérance dans le travail. Quand on aboutit à l’équipe de France et qu’on entend la Marseillaise pour la première fois, il y a un petit peu un pincement au cœur. Pas de larmes car c’est avant le match. Il y a de la fierté et on pense inconsciemment surtout à ses parents aussi. C’est pas anodin. Je représente mon pays. Ça reste à vie ».
BR : A quel moment avez-vous pensé à votre reconversion ?
NK : J’ai eu la chance d’avoir des parents assez soucieux à ce niveau-là. Ils m’ont toujours dit « On trouve ça génial le basket ». Par contre, c’est absolument important de préparer l’avenir. Les carrières sont un petit peu courtes, surtout à l’époque au-delà de 30 ans. On m’a toujours dit de préparer quelque chose en parallèle. J’ai toujours eu une activité à côté. Quand j’ai commencé à jouer professionnellement, j’étais inscrite à la fac de droit. Mais sous le régime du Décret pour les sportifs de haut niveau. Finalement, cela m’a donné raison. J’ai eu ma maîtrise de droit des affaires, puis mon MBA à l’Edhec école de commerce. Je l’ai pensé. Je l’ai travaillé. J’avais trop d’exemples, autour de moi, de joueurs, joueuses qui arrêtaient leur carrière et boom derrière il y avait absolument rien de fait. Et on les revoit quelques années plus tard, c’est absolument catastrophique en termes de parcours. Il y avait peut-être cette peur, qui finalement a été une motivation pour se dire « je veux me prendre en main et ne pas vivre sur des promesses ». Ça ne fonctionne pas ainsi. Faut se donner les moyens de se préparer. Ça n’a pas été simple. Beaucoup ont rigolé disant « Oh t’y arriveras pas ». Oui bon très bien, j’ai pris mon temps. Et je l’ai fait.
BR : Vous saviez que vous vouliez choisir la voie du droit ou avez-vous hésité avec d’autres formations, sur la direction à prendre ?
NK: Non. J’ai hésité entre plusieurs formations. Le droit est ce que j’aimais faire à l’époque. J’ai dévié au niveau commerce après l’EDHEC. Ensuite, la finance où j’ai toujours un pied très actif. Je suis toujours sur des projets de financement alternatif. Et puis Sport Attitude 360 s’est mis en place (ndlr :cabinet élite qui accompagne les athlètes dans leur transition post-sportive – www.sportattitude360.com). Je l’ai dit via le sport de haut niveau, la carrière n’est jamais linéaire. Vous commencez au basket à jouer dans une position particulière, mais au fil de votre carrière sportive, votre jeu évolue. C’est pareil pour la carrière professionnelle. Vous pouvez commencer à faire du droit. Puis finalement vous vous retrouvez dans des jobs qui vous correspondent un peu mieux. Mais faut faire sans arrêt ce travail de remise en question et se dire « suis-je là où j’ai envie d’être ? Qu’est-ce qui me plaît ? » Il faut toujours travailler sur soi-même, à s’enrichir. C’est important de le faire. C’est ce que j’essaie de transmettre via Sport Attitude avec ce message qu’on essaie de diffuser : « Prenez-vous en main, c’est important, on peut vous aider ». Comme on dit en sport « if you have the will, there’s a way ».
BR : En 2009, vous créez et animez le programme en « Partage d’Expériences », dédié aux athlètes désireux d’amorcer leur reconversion après leur carrière sportive Ce programme, sponsorisé par l’Amicale des internationaux existe-il toujours ?
NK : C’est parti d’un constat. Je travaillais avec l’Amicale des internationaux. Et rien n’était fait après la reconversion. Me concernant, j’ai fait une carrière traditionnelle. J’ai travaillé dans des grands groupes. Puis depuis 2008 à Londres dans la finance. C’est une ville dynamique et quand vous êtes entrepreneur, c’est vraiment personnellement une grosse satisfaction. En parallèle, j’ai travaillé avec Jacky Chazalon et Isabelle Fijalkowski de l’Amicale. On regardait ce qui était fait. On avait commencé au niveau des clubs, de manière assez embryonnaire. Je leur ai dit c’est assez hallucinant. On voit dans les entreprises des qualités transposables à des sportifs. Mais on ne prépare pas des sportifs à l’après-carrière. Pourquoi ? C’est alors que j’ai eu l’idée de ce programme « Partage d’expériences ». Ayant une connaissance de l’entreprise, et des fonctions managériales et de recrutement, je pouvais pouvoir préparer les gens sur leurs orientations, ce qu’ils aiment après le basket. L’Amicale des internationaux très avant gardiste sur le sujet a tout de suite valide et nous avons mis sur pied le projet.
Quand un sportif s’arrête, il faut lui donner une page blanche, et lui dire ce qu’il veut faire maintenant. Généralement, il y a un gros point d’interrogation qui est dessiné car c’est extrêmement difficile de se sortir de ce conditionnement. Pendant 10-15 ans, vous avez été totalement guidé. « Partage d’expériences » permet de travailler ensemble sur de l’ « assessment » (évaluation), de l’orientation, de la mise en relation avec les gens. Si une personne dit « je veux travailler dans le marketing sportif ». Très bien mais c’est quoi le marketing sportif ? On va alors commencer à la mettre en relation avec des gens qui sont dans ce milieu. Puis si elle veut faire un stage, c’est possible pour qu’elle puisse découvrir cet univers et pas qu’une fois qu’on a arrêté sa carrière. Le programme « Partage d’Experiences » continue.
Et en 2013, j’ai voulu donner une dimension un peu plus internationale. C’est là que j’ai mis en place Sport Attitude 360. La relation que j’ai avec l’Amicale des Internationaux est formidable car Jacky, Isabelle et Alain Vincent, font un travail formidable. On s’est dit alors qu’on voulait sponsoriser un ou deux internationaux par an pour leur donner cette opportunité de préparer leur reconversion. L’Amicale organise la partie entretien avec les candidats, les sélections et lettres de motivation. Une fois que le candidat a été validé et choisi, c’est moi qui me charge opérationnellement du programme et de la mise en relation. C’est un travail d’équipe. Je veux les féliciter car c’est très précurseur. Les clubs, les entités ont des responsabilités un petit peu sociales vis-à-vis de leurs joueuses et joueurs. Le Club des Internationaux a été le seul à se dire qu’il allait sponsoriser un ou deux joueurs. Cela fait partie des belles initiatives que je tiens à souligner. On met en place aussi 1 ou 2 bourses pour des enfants qui ont du potentiel. C’est difficile pour les parents d’avoir 400-500 euros pour un équipement sportif. On avance progressivement.
Dans la deuxième partie de l’entretien à découvrir jeudi, Nyedzi Kpokpoya nous évoquera les différents projets auxquels elle a œuvré après sa carrière de joueuse. Elle nous a donné des détails sur son livre « Rebond » qui aborde le thème de la reconversion, et des similitudes qui existent entre le monde professionnel et celui du sport. En fin d’interview, des questions sur le basket lui ont été également posées : NBA, Equipe de France.
Montage Une : Laurent Rullier
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