[Portrait] Fat Lever, le Monsieur Triple Double de Denver
Portrait
Le 7 janvier 1988, un meneur de l’ouest réalisait un match exceptionnel contre les Bulls de Jordan : 31 points, 16 rebonds, 12 passes et 6 interceptions … Magic Johnson ? John Stockton ? Manqué ! Il s’agissait de Lafayette « Fat » Lever des Denver Nuggets. Basket Retro vous propose de découvrir ou redécouvrir la carrière de ce spécialiste du triple double et son « petit » 1,91m, qui a fêté ses 55 ans, le 18 août dernier.
Né à Pine Bluff, ville principale du comté de Jefferson, dans l’Arkansas, le 18 août 1960, le surnom de Lafayette Lever dit « Fat » lui vient de son petit frère qui avait du mal à prononcer son prénom et trouvait cela plus facile à prononcer que « Lafayette ».
BACK TO BACK CALIENTE
Fat Lever s’inscrit au Lycée de Tucson Pueblo dans l’Arizona. Il mène alors son équipe à un Back to Back historique pour le titre de Champion de l’Arizona (1977 et 1978). D’ailleurs, lors de la saison 1977-1978, les Pueblo Warriors finissent invaincus et remportent leurs 28 matchs avec un écart moyen de … 28,6 points ! Cette équipe est d’ailleurs considérée comme la meilleure de toute l’histoire du Lycée ! Petite anecdote, lors de son intronisation au Hall of Fame des Pueblo Warriors, la direction du Lycée décida de donner le nom de son joueur vedette à sa salle en 1988.
Pour la suite de sa carrière en tant qu’universitaire, Fat Lever ne signe pas très loin, puisqu’il reste dans l’Arizona et pour être plus précis à Arizona State University. Lors de ses 4 saisons, il fut un titulaire indiscutable dès sa saison sophomore, avec une pointe à 16,3 points par match lors de son année senior. Lors de sa saison freshman, le bilan des Sun Devils (15 victoires et 14 défaites) les empêchent de participer au tournoi final. Durant sa saison sophomore, l’équipe arrive à se qualifier pour le tournoi final (22 victoires et 7 défaites) et parvient à passer le premier tour contre Loyola Marymount (victoire 99-71) mais doit baisser pavillon au tour suivant contre Ohio State (défaite 75-89).
Pour sa saison junior, malgré un excellent bilan en saison régulière (22 victoires et 3 défaites), les joueurs d’Arizona State s’inclinent au premier tour du tournoi final (71-88) contre les Jayhawks de Kansas, équipe de la conférence Big 8. Enfin, la saison senior s’avère très médiocre avec un bilan négatif de 12 victoires et 14 défaites dans une conférence PAC-10 très relevée avec des équipes comme UCLA (Mark Eaton, Darren Daye), Oregon State (AC Green), Washington State (Craig Ehlo) ou Washington (Detlef Schrempf). La qualification pour le tournoi final fut ratée évidemment.
DES DÉBUTS DISCRETS AVANT LE TREMPLIN DU COLORADO
Fat Lever se présente à la draft de 1982 avec le statut de meilleur meneur dans une cuvée comprenant de très bons ailiers comme James Worthy (North Carolina), Dominique Wilkins (Georgia) et des intérieurs solides : Terry Cummings (DePaul) et LaSalle Thompson (Texas Austin). La veille du grand jour, Portland, de son côté, transfère bizarrement son meneur titulaire Kelvin Ransey (à sa grande surprise) et ses 16 points/7 passes (pour sa saison sophomore) à Dallas en échange de Wayne Cooper (pivot de 2,08m, 9 points et 7 rebonds) et d’un futur 1er tour de draft 1985 (Terry Porter). La franchise ne se retrouve plus qu’avec un seul meneur de métier alors : Darell Valentine. Un sacré pari qui se révélera payant puisque Portland arrive à sélectionner Lafayette en 11ème position ! Ouf !
Pour sa première saison à Portland, Fat Lever apprend le métier comme back-up de Darnell Valentine. Mais il profitera tout de même de la blessure de ce dernier pour grappiller quelques minutes et finir avec près de 25 minutes, 8 points, 3 rebonds et plus de 5 passes. En play-offs, Lafayette se fera plus discret et redeviendra simple back-up de Valentine, son équipe passera le premier tour contre Seattle (2-0) mais en demi-finale de la Western Conference, les Los Angeles Lakers d’Abdul-Jabbar et du jeune Magic Johnson se révèleront trop fort (défaite 1-4).
Lors de sa seconde saison et l’arrivée d’un rookie nommé Clyde Drexler, les résultats personnels et collectifs (+2 victoires) ne vont guère évoluer, Valentine titulaire, Lever remplaçant. Cependant, les play-offs seront plus compliqués avec une sortie dès le premier tour contre Phoenix (2-3) et un Walter Davis en feu (26,4 pts). Fat Lever restera scotché sur le banc derrière un solide Darell Valentine (18,4 pts et 8,4 passes).
L’intersaison de Portland en 1984 sera, on peut le dire, plus qu’agitée, puisque Portland héritera du second choix de la meilleure draft de la décennie (via les Pacers qui avaient reçus en 1981 le Blazer Tom Owens). Le choix se portera sur le « légendaire » Sam Bowie (sic). De plus, la bataille de la mène, selon le staff, avait été remporté par Darnell Williams et Portland en profita pour transférer Fat Lever, Calvin Natt et Wayne Cooper à Denver pour récupérer Kiki Vandeweghe. Un transfert qui se révélera gagnant pour les Nuggets de Doug Moe !
Fat Lever va donc se retrouver durant 6 saisons dans le Colorado, franchira un palier et verra ses statistiques grimper en flèche ! Sa première saison (1984-1985) sera l’occasion pour lui de devenir titulaire et de passer enfin la barre des 30 minutes avec 12,8 points, 5 rebonds, 7,5 passes et 2,5 interceptions, son équipe finira la saison avec 52 victoires mais échouera en finale de conférence face aux immortels Lakers d’un Magic Johnson en mode « caviar time » avec 15,6 passes par match sur la série ! La seconde saison, Fat continuera sa montée en puissance avec des statistiques en légère progression mais la saison s’avèrera plus compliquée avec 5 défaites de plus et une fin de parcours en play-offs en demi-finale de conférence contre les Houston Rockets des Twins Towers Akeem Olajuwon et Ralph Sampson (2-4). En 1986-1987, Fat Lever, aux côtés d’un Alex English exceptionnel (28,6 points), passera un cap sur le terrain et explose ses statistiques (18,9 points, 8,9 rebonds, 8 passes et 2,5 interceptions et 12 triples doubles), finissant même meilleur rebondeur de l’équipe (exploit unique pour un joueur d’1m91) ! Bizarrement, les résultats ne sont pas là (37 victoires seulement), ce qui peut expliquer sa non-sélection au All Star Game. Un premier tour et un sweep contre les Lakers clôture une saison décevante collectivement.
Durant l’été 1987, Denver récupère Michael Adams et Jay Vincent en échange de Darrell Walker et Mark Allarie, permettant ainsi à coach Doug Moe de former un back court Adams-Lever qui cumulera 32 points, 11 rebonds, 14 passes et presque 5 interceptions par match ! Une réussite sur le terrain pour les Nuggets avec 116 points marqués grâce aussi aux ailiers Alex English (25 points), Jay Vincent (15 points) et aux 2 intérieurs Danny Schayes et Blair Rasmussen (14 et 12 points chacun). Un équilibre est enfin trouvé permettant à la franchise de finir avec 54 victoires. Cependant, le parcours en play-offs s’achèvent en demi-finale de conférence contre Dallas qui l’emportera 2 fois à l’extérieur sur cette série ! A noter que le 7 janvier 1988, Lever réalisera un match exceptionnel contre les Bulls de Michael Jordan avec une ligne de statistiques monstrueuses : 31 points, 16 rebonds, 12 passes et 6 interceptions ! Le 2 mars, il récidive contre les Cleveland Cavaliers avec 20 points, 20 rebonds, 12 passes et 6 interceptions ! Ce genre de performances lui permet ainsi d’être sélectionné à son premier All Star Game qui se déroula à Chicago, mais sa titularisation et ses 17 points seront insuffisants pour l’équipe de l’Ouest qui verra un certain Michael Jordan planter 40 points ce jour-là !
LE MATCH LEGENDAIRE DE FAT LEVER CONTRE LES BULLS EN 1988
Les deux dernières saisons de Fat Lever à Denver seront plus décevantes avec des bilans médiocres (44 puis 43 victoires) et 2 sweeps d’affilée (contre Phoenix puis San Antonio), même s’il conservera des statistiques dignes d’un All Star, avec une deuxième et dernière sélection au All Star de Miami (encore 16 points en remplaçant de Magic !) le 11 février 1990. La saison 1988-1989 sera néanmoins la plus aboutie de sa carrière avec une moyenne de 19,8 points, 9,3 rebonds, 7,9 passes et 2,7 interceptions, une performance que Russell Westbrook, par exemple, ne renierait pas aujourd’hui ! Il finira ainsi ses 6 années comme second dans l’histoire de la franchise du Colorado dans les passes décisives (3566) et les interceptions (1167).
UNE SORTIE LABORIEUSE MAIS UNE RECONVERSION RÉUSSIE
Le 21 juin 1990, Denver transfère Fat Lever à Dallas en échange d’un 1er tour de draft 1990 (Willie Burton) ainsi qu’un 1er tour de draft 1991 (LaBradford Smith). Pour l’anecdote, Willie Burton et Dave Jamerson seront envoyés à Miami en échange de … Mahmmoud Abdul-Rauf ! Dallas souhaitait de son côté que Fat Lever prenne la suite de Rolando Blackman et Derek Harper, de plus, Denver souhaitait repartir sur un nouveau cycle (Doug Moe fut viré justement en septembre et remplacé par Paul Westhead).
Cependant, ce nouveau cycle démarre très mal puisqu’au bout de 4 matchs, Fat Lever est obligé de passer sur le billard pour une opération du genou qui l’éloignera tout le reste de la saison ! Rebelote en 1992-1993 et seulement 31 matchs de disputés à cause d’une seconde opération du genou ! Enfin, à 33 ans, Fat réalisa une dernière saison sans blessure cette fois-ci, au début comme remplaçant de Derek Harper, puis lorsque ce dernier est transféré le 6 janvier 1994 à New York (contre Tony Campbell et un 1er tour de draft 1997), Lafayette finira comme titulaire, clôturant sa dernière saison avec 24 minutes par match, et un match de saison régulière à 9 interceptions (en mars 1985, il en avait réalisé 10 !). Cependant, à la fin de cette saison calamiteuse (13 victoires) qui verra les débuts de jeunes joueurs prometteurs : Jamal Mashburn, Jim Jackson et Popeye Jones, Fat Lever met un terme à sa carrière de joueur à cause de genoux en piteux état.
En 1996, il finit de valider ses études dans l’éducation à l’université d’Arizona State, puis de 1997 à 2007, il fut le porte-parole de NBA Cares. Depuis 2007, Lafayette « Fat » Lever travaille pour les Sacramento Kings comme directeur du service « Développement des joueurs ». Il travaille dans ce service avec d’autres anciens joueurs NBA bien connus : Dee Brown et Shareef Abdur-Rahim notamment. De plus, il a un fils : Anthony Pedroza (né le 7 mars 1979 à Tucson, Arizona), basketteur professionnel, mesure la même taille que son père (1,91m). Il a la double nationalité : américaine et mexicaine. Il a été international mexicain et a notamment effectué une pige de 6 matchs pour l’ASVEL en 2006. La saison dernière, il a joué pour le club mexicain de Choriceros.
SES STATS NBA
SON PALMARÈS
- 2 sélections au All Star Game en 1988 et 1990
- Élu au sein de la All NBA Second Team en 1987
- Élu au sein de la NBA All Defensive Second Team en 1988
- 2 Fois élu au sein de la First Team All Pac-10 en 1981 et 1982
- Champion du monde U 19 en 1979
SON MATCH LÉGENDAIRE CONTRE LES BULLS EN 1988
Crédits photos : Sports Illustrated/Getty Images
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