[Dossier] La Dream Team 92, née pour gagner l’or olympique (part 2/3)
Dream Team 92
Le 8 août 1992, Team USA remportait la médaille d’or aux Jeux Olympiques de Barcelone. A l’occasion des 23 ans de cette victoire de la Dream Team, après la première partie, Basket Rétro vous propose la seconde qui évoque le management de coach Chuck Daly et son staff à la tête de cette équipe qui a pour objectif de l’emmener au JO de Barcelone et de décrocher l’or olympique.
COMMENT FAIRE FONCTIONNER CETTE EQUIPE
- DES STARS ÉGOCENTRIQUES
Il faut savoir que tous les joueurs sélectionnés pour les JO de Barcelone sont des stars au sein même de leur franchise, et beaucoup d’entre eux ont déjà remporté le titre national. Lorsqu’on parle de stars, on parle d’individus capables de prendre un shoot au moment décisif, de provoquer la faute au bon moment, de faire la passe précise… Ce sont donc des joueurs qui sont habitués à avoir le ballon et à en faire quelque chose. Tous les joueurs voudront marquer, avoir la balle et se mettre en avant. Autant dire que le banc de touche est connu seulement pour se reposer avant de mieux emballer les rencontres, mais certains joueurs vont devoir s’habituer à être plus sur le banc que d’habitude. Comment maîtriser autant d’égos dans ce groupe ? Comment faire pour qu’ils jouent ensemble ?
- UN CHEF D’ORCHESTRE NOMME CHUCK DALY
La réponse à ces questions est ici : Chuck Daly, le sélectionneur de cette équipe étoilée. Ayant entraîné 14 ans aux USA avant d’être à la tête de la Dream Team , il a d’abord été l’assistant de Billy Cunningham (76ers Philadelphie) ses trois premières saisons (1978-1981) avant d’entraîner officiellement Cleveland une saison (1981-1982) et de devenir le légendaire entraîneur des Pistons de Detroit en les amenant au titre NBA en 1989 et 1990. Si tous les joueurs ne disent que du bien de ce coach, ce n’est pas pour rien. Il est à l’origine du plus beau jeu jamais vu sur des parquets. Mais comment s’y est-il pris ?
- ASSEOIR SON AUTORITÉ
Cet entraîneur pur souche se retrouve à coacher douze talents avec comme objectif de les faire jouer efficacement ensemble. Dès les premiers entraînements pour préparer le tournoi qualificatif aux JO, il y eu de gros soucis d’entente jusqu’à énerver Magic Johnson… Et très vite ils ont joué une rencontre amicale contre une sélection des meilleurs universitaires américains. Les « dream teamer » se sont d’abord dit qu’il ne fallait pas taper dessus trop fort, qu’ils sont jeunes, et d’autres excuses du même type. Finalement la rencontre tourne rapidement à l’avantage des jeunes étudiants. Mais comment faire rentrer dans le crâne des meilleurs joueurs du monde que, même eux, peuvent perdre un de ces jours ? En les faisant perdre pardi. Face aux étudiants, Jordan joua très peu, le staff technique ne fit presque aucun ajustement et, patatras, l’impossible arriva. Finalement la rencontre tourne rapidement à l’avantage des jeunes étudiants. Le coach a volontairement voulu montrer que même s’ils sont plein de talents, les joueurs n’arriveront pas à ramener l’or olympique seul. Et ces derniers ont besoin d’un chef de file, et Daly est celui-ci. La Dream Team s’inclina face à une équipe composée de joueurs sans avenir NBA (à part Grant Hill et Chris Webber)
En tant que compétiteurs, les joueurs ont mal digéré la défaite face aux universitaires, et le lendemain il y a eu le match de la revanche. Ce fut une boucherie. Les coéquipiers de Jordan ont clairement montré une grande motivation et n’ont rien laissé au hasard. Ils ont donc écrasé la jeune formation qui leur servait de sparring-partner. En deux jours, Chuck Daly a réussi à prouver à son équipe qu’ils doivent compter sur lui pour aller au bout. Il a assis son autorité sur tous ces égos.

Chuck Daly, coach de la Dream Team 92
- LANCER LA MACHINE
Après cette remise en place du coach, et l’écrasante victoire sur les universitaires américains, les joueurs ont commencé à travailler sérieusement, à donner de l’engagement dans l’objectif de devenir encore meilleurs pour pouvoir montrer que l’équipe sera capable de marquer de son empreinte la planète basketball.
LA PRÉPARATION AUX JO DE BARCELONE
- UNE QUALIFICATION NÉCESSAIRE : TOURNOI DE PORTLAND
Pour ne pas avoir été les vainqueurs de la dernière édition des Jeux Olympiques, l’équipe américaine se doit donc de se qualifier. Mais qui se douterait d’une non-qualification de la Dream Team ? Personne. Peut-on donc considérer ce tournoi de qualification comme un tournoi de préparation et d’ajustement ? Toute personne normale aurait répondu que non, mais cette équipe en impose tellement que ce tournoi ne leur servirait qu’à développer des automatismes ou de la complicité entre les joueurs.
- UNE EQUIPE DÉJÀ ATTENDUE
Rien que les noms qui composent cette équipe font frissonner la planète entière, et la première rencontre officielle a eu un impact médiatique mondial ! « Cette équipe va réellement jouer ensemble ! » Voilà ce qu’on pouvait entendre. Les premiers adversaires des Américains sont les cubains, et déjà là, première surprise. Les joueurs cubains prenaient en photo les Américains au moment où ils ont mis les pieds sur le parquet comme de vrais fans. Peu importe l’adversaire durant ce tournoi, tous les adversaires étaient en admiration, demandaient des autographes, voulaient leurs affaires et posaient avec eux.
- MARQUER LES ESPRITS
Il va sans dire que les Américains ont battu tous leurs adversaires lors de ce tournoi, mais plus que de se qualifier simplement pour le tournoi olympique, l’équipe de Daly souhaitait envoyer un message fort au monde entier. Scorer était important, mais montrer que toutes ces individualités pouvaient jouer ensemble de façon complémentaire en exploitant au maximum le potentiel de chaque joueur l’était encore plus. Le signal est envoyé : les Américains sont prêts !
DERNIÈRE ETAPE AVANT BARCELONE : MONACO
- DU PLAISIR ET DE LA DÉTENTE …
Qualification acquise, avant de partir pour Barcelone au JO, Team USA avait rendez-vous à Monaco, une destination parfaite pour mêler détente et travail. Toute l’équipe a l’air d’être venue en vacances, elle couche dans un hôtel de luxe de Monaco, elle profite de tous les avantages de la Côte d’Azur et du luxe : piscine, tennis, sorties, parties de cartes…La Dream Team montre qu’elle profite bien de son séjour. Mais cette équipe n’est tout de même pas venue jusqu’à Monaco seulement pour passer du bon temps, ils s’entraînent dur.
- … MAIS UN TRAVAIL TRÈS DIFFICILE
Les entraînements dont les Américains avaient droit pendant leur séjour à Monaco étaient bien plus éprouvants que tout qu’ils ont pu vivre jusque-là, bien plus physiques que les efforts fournis en match. A l’image d’un match d’entraînement où, encore une fois, il y eu un choc des générations : l’équipe de Magic (anciens) face à l’équipe de Jordan (jeunes). Le premier voulait prouver qu’il est toujours le grand Magic et que personne ne pouvait le dépasser, et de l’autre, le brillant Jordan qui voulait annoncer que les années 1980 étaient terminées et que les années 1990 étaient pour lui.
Cette rencontre fut d’une intensité extrême. Les deux équipes se donnaient au maximum, ils jouaient tous avec les nerfs des autres, ils s’engueulaient entre eux et envers l’arbitre. Plusieurs joueurs avoueront plus tard qu’ils jouaient avec la corde raide au niveau de l’engagement. Finalement l’équipe de Jordan l’a emporté, mais ce genre d’entraînements était régulier en termes d’intensité. Puis, étant donné que les douze joueurs s’affrontaient en étant les meilleurs de la planète, leurs niveaux ne pouvaient qu’augmenter. Ils réussissaient donc à mélanger entraînements d’une grande intensité et plaisir de vivre : la formule parfaite avant de s’envoler pour l’Espagne.
RÉSULTATS DE LA PREPARATION
Matchs contre Sparring-partners
États-Unis –
Universitaires Américains : 54 – 62
États-Unis –
Universitaires Américains : 72 – 39 (sur vingt minutes)
Tournoi préolympique
États-Unis –
Cuba : 136 – 57
États-Unis –
Canada : 105 – 61
États-Unis –
Panamá : 112 – 52
États-Unis –
Argentine : 128 – 87
États-Unis –
Porto Rico : 119 – 81
États-Unis –
Venezuela : 127 – 80
Match amical
États-Unis –
France : 111 – 71 à Monte-Carlo
On y est, l’équipe est rodée. Elle a su travailler ensemble après la « prise de pouvoir » de Chuck Daly en s’étant rendu indispensable pour la victoire finale et la conquête de l’or aux JO. Il ne reste plus qu’à en faire un récital en terre catalane. Dans la troisième partie du dossier, Basket Rétro abordera l’arrivée des stars américaines de la NBA à Barcelone. Créant une gigantesque effervescence en Espagne, cette Dream Team a dominé de la tête et des épaules le tournoi olympique en Espagne.
Montage Une : Laurent Rullier
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