ITW Audrey Sauret – Part 2 : « Les autres nations du basket féminin devront s’aligner sur notre travail »
Interview
Basket Rétro vous dévoile la deuxième partie de son entretien avec Audrey Sauret. L’ancienne grande joueuse de l’équipe de France et de Valenciennes est revenue sur ses activités après la fin de sa carrière : rôle de consultante basket en télé, poste de Manager Général au sein du club de Pro B Charleville-Mézières. Elle nous a fait partager ses souvenirs NBA également. Lecteurs, à vos clics et souris.
BR : Parmi toutes les joueuses, entraîneurs, et coéquipières que vous avez croisé, quelles sont celles et ceux qui vous ont le plus marqué dans votre carrière ?
AS : Il y a la première coéquipière américaine avec qui j’ai joué Alicia Jones. C’est quelqu’un qui m’a vraiment marqué. Pourtant j’ai joué qu’un an avec elle. J’avais 17 ans et je la regardais avec les yeux grands ouverts. Elle avait un talent et une force de travail qui était vraiment exceptionnelle. Ensuite je vais en citer une que tout le monde connait, Ann Wauters. Je l’ai connue toute jeune. On a grandi ensemble. Elle a été formée à Valenciennes. Elle a été une des grandes joueuses européennes voire mondiales avec la carrière qu’elle a réalisée. Ensuite j’ai joué en Italie avec Rebecca Branson. C’est une joueuse américaine avec une densité physique. J’avais jamais joué avec ce type de profil de joueuse sauf aux Etats-Unis. Il y avait que ça aux Etats-Unis, donc c’était moins frappant. Branson m’a marquée dans la densité qu’elle mettait dans les entraînements et en matchs.
Je vais pas citer tout le monde mais il y a des joueuses de Valenciennes avec qui j’aurais pu jouer les yeux fermés pendant encore dix ans que ce soit Allison Feaster, Isabelle Fijalkowski, ou Edwige Lawson. Il y a aussi Nicole Antibe que j’ai croisée à l’étranger, en Italie. Nous étions les deux françaises à jouer la même finale en Italie pendant plusieurs années. Là aussi, une vraie complicité s’est créée. Elle jouait au poste 4 pour quelqu’un de petite taille. Il y avait une complicité car moi j’étais très forte sur pick n’roll. Et Nicole affectionnait jouer les pick n’roll. Pareil, j’aurais pu encore jouer avec elle jusqu’à 50 ans les yeux fermés pour faire des actions de pick n’roll (rires).
BR : Et parmi les coachs ?
AS : Il y a déjà mes parents. Ils m’ont imprégné le basket. Ils me l’ont inculqué. Ensuite il y a Jacques Vernerey à l’Insep, Marc Silvert à l’USVO et Laurent Buffard. Même si on avait des opinions et des rythmes de vie un peu différents, il y a Alain Jardel en équipe de France avec qui j’ai passé plus de 10 ans. Même si ça n’a pas toujours été facile, il m’a beaucoup apporté dans ma carrière. Sinon pas d’autres coachs étrangers (rires).
BR : Et des adversaires ?
AS : Oui surtout à mon poste de jeu. Il y avait la meneuse de Pecs Dalma Ivanyi. Elle est née comme moi en 1976. On était sans arrêt à la lutte pour être la meilleure passeuse de l’Euroligue. Pareil avec Hana Machova à Brno. Ce sont des filles de ma génération qui jouaient au même poste. On se souvient très bien des filles avec qui on était en duel. Il y a après toutes les joueuses russes Elena Baranova, Maria Stepanova. C’étaient les joueuses de l’équipe russe qu’affrontait l’équipe de France et contre qui on échouait chaque année en quart de finale. Les russes étaient nos bêtes noires.
BR : Quelles différences faites-vous dans l’évolution du basket féminin au niveau tactique et technique entre votre époque et celle d’aujourd’hui ?
AS : La dimension physique dans tous les domaines, tous les sports a encore augmenté. On voit les gabarits des filles, la vitesse, la grosse densité sur le terrain qu’on a même vu lors de la finale entre Bourges et Villeneuve d’Ascq. Cela suit son cours de génération en génération même chez les filles. Moi je suis inquiète réellement sur l’ampleur que va prendre le basket féminin. Aujourd’hui, une nouvelle fois, on a les résultats un petit moins en club car on gagne plus l’Euroligue mais Bourges fait de très belles saisons en Coupe d’Europe. Villeneuve d’Ascq gagne cette année l’Eurocoupe. Mais de manière générale, quand on regarde un championnat d’Europe ou du monde voire des JO, je vois qu’il y a beaucoup de nations qui ont diminué de niveau voire disparu à un certain moment de la scène internationale. Je peux comparer par rapport à la période où on était aux JO de Sydney, Ce qui est inquiétant, c’est que beaucoup de pays n’ont pas fait le travail de la formation comme a pu le faire la France. Aujourd’hui, dans les compétitions, il n’y a plus le niveau qu’on a pu connaître à une certaine époque. C’est la réalité même si les gens n’aiment pas l’entendre. On croit toujours que c’est de la frustration d’une ancienne internationale, d’une ancienne joueuse alors que très sincèrement je suis bien dans ma peau et dans mes baskets. Et que j’aime le basket féminin. Aujourd’hui, je suis consultante et même si j’ai trouvé un poste de manager, je reste consultante car ça me plaît.
Mais il va falloir quelques années avant de retrouver un niveau homogène voire international car si le travail n’a pas été fait en amont et faut que celui-ci soit fait, ça va prendre quelques années avant que certaines nations reviennent à la surface dans les compétitions internationales. La réalité est là quand on voit au championnat du monde que la meneuse de jeu du Brésil qui joue 35 minutes est la même qu’il y a 15 ans. Quand nous on jouait et qu’elle avait 20 ans en étant au top de sa forme, et qu’elle est aujourd’hui le leader de son équipe, c’est qu’il y a un souci à un moment donné. Quand on voit l’équipe de la République Tchèque qui est la même depuis 10 ans et qu’il n’y a pas de renouvellement, c’est qu’il y a un souci. Les autres nations du basket féminin devront s’aligner par rapport au travail qui est fait au niveau de la formation que ce soit sur le territoire français ou espagnol par exemple. Si les Espagnols sont forts, c’est que l’Espagne depuis toujours, dans n’importe quel sport, a compris que la formation était importante. Et le sport ne commence pas en s’inventant une carrière de sportive de haut niveau à partir de 15 ans. C’est une mentalité, un état d’esprit. Ce sont des choses à inculquer chez les jeunes et petits. Si le travail n’est pas fait chez les autres dans le basket féminin, cela va avoir ses limites à un moment.
« De manière générale, quand on regarde un championnat d’Europe ou du monde voire des JO, je vois qu’il y a beaucoup de nations qui ont diminué de niveau voire disparu à un certain moment de la scène internationale. Ce qui est inquiétant, c’est que beaucoup de pays n’ont pas fait le travail de la formation comme a pu le faire la France. Aujourd’hui, dans les compétitions, il n’y a plus le niveau qu’on a pu connaître à une certaine époque. C’est la réalité même si les gens n’aiment pas l’entendre. […] Il va falloir quelques années avant de retrouver un niveau homogène voire international car si le travail n’a pas été fait en amont, ça va prendre quelques années avant que certaines nations reviennent à la surface dans les compétitions internationales. La réalité est là quand on voit au championnat du monde que la meneuse de jeu du Brésil qui joue 35 minutes est la même qu’il y a 15 ans. Quand nous on jouait et qu’elle avait 20 ans en étant au top de sa forme, et qu’elle est aujourd’hui le leader de son équipe, c’est qu’il y a un souci à un moment donné. Quand on voit l’équipe de la République Tchèque qui est la même depuis 10 ans et qu’il n’y a pas de renouvellement, c’est qu’il y a un souci ».
BR : Vous n’avez pas mis un pied dans le coaching. Entraîner ne vous a pas tenté ?
AS : J’avais un peu la tête dure par rapport à cela. On me disait « passes ton brevet d’état, passes ton brevet d’état ». Je veux pas entrainer, Je ne voudrais jamais entrainer. Je suis quelqu’un de super exigeant. Je le suis avec moi mais aussi avec les autres. Je me dis que si je ne joue plus, je n’aurais plus qu’à être exigeante avec les autres (rires). J’avais peur de ne pas avoir assez de recul. Aujourd’hui, quelque part le système a changé, peut-être que j’aurais dû passé mes diplômes. On sait jamais peut-être que dans 5 ou 10 ans, c’est quelque chose qui pourrait éventuellement m’intéresser. Quand je fais des analyses à la télé, j’ai beaucoup de retour par rapport à celles-ci. On me dit « quand même Audrey, avec l’avis sur le jeu que tu as, le caractère que tu as de leader, t’aurais pu être quand même un bon entraineur ». En même temps, je n’ai pas voulu car mon père a entrainé très longtemps. Il n’est pas entraineur de métier mais plus de passion. C’est quelqu’un qui a énormément de recul, qui patiente, est pédagogue avec les gens. Je me suis dit que si lui se mettait dans des états de stress, je me dis que moi je vais être une boule de nerf. Je me sentais pas prête. Après, peut-être que dans dix ans, il en sera autrement. On ne sait jamais.
BR : Quels conseils donneriez-vous à de jeunes basketteuses qui rêvent de vivre une carrière peut-être pas comme la vôtre mais de connaître le monde pro ?
AS : C’est une chance d’avoir une passion et de pouvoir essayer de se donner les moyens de réussir. Tout le monde n’y arrive pas. Le mal français est de vivre l’échec comme un échec. Pour moi, il n’y a pas d’échec. Je pense qu’il faut apprendre de ses échecs que ce soit dans la carrière ou dans la vie. Il faut vivre sans regrets et se connaître soi-même. Je pense qu’aujourd’hui, il faut se préoccuper de ce qu’on est, de ce que l’on a plutôt que de se préoccuper de tout ce qui se dit autour de nous ou de ce que les gens veulent de nous ou inciter à nous faire. Je crois que la force des gens est celle de ceux qui arrive à se protéger et à savoir où ils veulent aller puis de s’en donner les moyens. On a tous des qualités et défauts dans différents secteurs. Si aujourd’hui, il y a des basketteurs de talents, il faut se lancer à 300 % et travailler dur. On a tendance à penser que tout doit tomber du ciel. Mais il y a que le travail qui paie. Il faut s’accepter tel qu’on est. Et y croire et avoir confiance.
BR : Vous êtes consultante basket pour Sport +. Le monde des médias est quelque chose qui vous attirez dès la fin de votre carrière ou est-ce venu naturellement ?
AS : C’est venu naturellement. J’ai été sollicité. Très sincèrement, c’est pas quelque chose dans lequel je voulais aller. Il y a un effet média qui n’existait pas autant que cela à l’époque. Aujourd’hui avec les réseaux sociaux, le développement, le programme féminisation, on parle beaucoup plus du basket féminin. C’est pas quelque chose que j’avais planifié. Sincèrement, je me fais plaisir. J’ai beaucoup de retours plutôt positifs. Il y a quelques supporters ardents qui sont vexés d’une défaite de leur équipe qui nous incriminent un peu des résultats de leur équipe. Mais ça fait partie du jeu. Je le fais avec plaisir sans me prendre la tête. Je donne pas de leçons. Je commente juste ce que je vois sur le terrain. Si j’ai été autant sollicité, sans avoir de rancune ou de méchanceté dans mes propos, c’est qu’on pense que je suis capable de dire quand c’est bien ou pas. J’ai pas inventé le basket. Ce n’est qu’une opinion. On l’accepte ou on ne l’accepte pas.
BR : Vous occupez depuis février 2015 le poste de Manager Général à Charleville-Mézières, club de Pro B. Comment s’est présentée cette opportunité ?
AS : Cette opportunité est un peu particulière car je suis né à Charleville-Mézières. Je n’y ai pas grandi mais j’ai des origines de cette ville puisque mon père et ma mère sont Ardennais. Le président de ce club est quelqu’un qui a joué au basket. Il connaissait ma famille. Quand je suis revenue d’Italie, et que je suis allé avec Lyon jouer contre les Flams de Charleville, on s’est croisé. Il m’a dit « tiens t’es revenue en France, qu’est-ce-que-tu veux faire ? ». Je lui ai dit que je rentrais et que dans un an je démarrais une formation de Manager Général au CDES (ndlr : Centre de Droit et d’Economie du Sport). J’ai découvert celle-ci quand j’en avais parlé avec Jean-Pierre de Vincenzi qui l’a effectué avec la fac de sport de Limoges. C’est quelque chose que j’avais dans un coin de la tête depuis très longtemps. Et je voulais m’orienter plus vers du managérat sportif que le coaching.
Je lui ai expliqué cela et puis je lui disais que ça me plairait bien pourquoi pas d’aller chez les garçons dans un club pro. Dans les structures de clubs, on est plus à même de créer ce genre de postes que chez les filles où il y a pas trop les moyens dans les structures. Un an après, il est devenu président. 2 ans après, il est revenu et il a gardé en mémoire ce que je lui avais dit dans un coin de sa tête. On s’est rencontré un peu en sous-marin. On n’a rien dit à personne. Il m’a demandé un jour si je projetais de revenir à Charleville. J’ai répondu non pas forcément. Je savais pas que le club avait les ambitions vraiment de pérenniser sur la Pro B. On s’est rencontré. On a eu un feeling. Ca s’est très bien passé avec le président. Je pense que c’est un club qui est sain. Beaucoup de choses sont à faire évoluer. Des gens s’investissent et sont bien en place, ont envie de participer à la vie de ce club. Pour une première expérience, c’est un projet ni trop petit ni trop gros. C’est un projet où on me laisse des responsabilités. Je vais pouvoir travailler en confiance. C’est le meilleur moyen de pouvoir s’exprimer mais aussi d’apprendre ce genre de fonction.
BR : En quoi consiste votre rôle au sein du club ?
AS : Tout simplement c’est un rôle de coordinatrice. Au niveau du club, on est une petite structure. On est trois salariés administratifs. J’étais la troisième. Pour faire mon expérience, le but est d’essayer de suggérer ou de faire évoluer la structure dans son ensemble que ce soit pour l’équipe professionnelle, le fonctionnement général. L’avantage est d’avoir des responsabilités à prendre et un suivi. Le président qui est lui bénévole et a une société à coté ne peut pas être présent trop non plus, C’est vraiment un rôle de coordinatrice générale à l’ensemble de la structure. Je peux très bien passer du secteur amateur à la comptabilité, aux contrôles de gestion, aux budgets ou comme aujourd’hui sur un travail de sponsoring, une partie beaucoup plus commerciale. Je touche un peu à tous les secteurs d’activité.
« Sur son arrivée à Charleville-Mézières en tant que Manager Général : « Le président du club connaissait ma famille. Quand je suis revenue d’Italie, et que je suis allé avec Lyon jouer contre les Flams de Charleville, on s’est croisé. Il m’a dit « tiens t’es revenue en France, qu’est-ce-que-tu veux faire ? ». Je lui ai dit que je rentrais et que dans un an je démarrais une formation de Manager Général au CDES (ndlr : Centre de Droit et d’Economie du Sport). J’ai découvert celle-ci quand j’en avais parlé avec Jean-Pierre de Vincenzi qui l’a effectué avec la fac de sport de Limoges. C’est quelque chose que j’avais dans un coin de la tête depuis très longtemps. Et je voulais m’orienter plus vers du managérat sportif que le coaching. Je lui ai expliqué cela et puis je lui disais que ça me plairait bien pourquoi pas d’aller chez les garçons dans un club pro. Dans les structures de clubs, on est plus à même de créer ce genre de postes que chez les filles où il y a pas trop les moyens dans les structures. Deux ans après, il a gardé en mémoire ce que je lui avais dit dans un coin de sa tête. On s’est rencontré un peu en sous-marin. On n’a rien dit à personne. Il m’a demandé un jour si je projetais de revenir à Charleville. J’ai répondu non pas forcément. On s’est rencontré. On a eu un feeling. Ca s’est très bien passé avec le président ».
BR : J’en viens aux résultats de l’équipe de France. Ils participent cet été à l’Euro. Ils ont gagné l’Euro en 2013, décroché le bronze au Mondial 2014, les voyez-vous dans le Top 3 européen et mondial dans les cinq années à venir sachant que Tony Parker et Boris Diaw vont sans doute arrêter leur carrière internationale.
AS : Je pense que cette équipe de France a de l’avenir. Ca sera la fin d’un cycle avec Tony et Boris. Ils ont donné un nouvel élan à cette équipe. Ils ont réussi à gagner des titres, à se faire respecter sur le territoire mondial et pas seulement européen. On regarde l’équipe de France d’un autre œil. Il y a d’autres talents derrière et pas que Tony et Boris. Il y a Nicolas Batum, des joueurs intérieurs qui sont en train d’éclater de toute part en NBA ou en Europe. Nando de Colo fait partie de l’avenir de cette équipe. Pourquoi pas Rodrigue Beaubois qui peut revenir à son meilleur niveau s’il n’est pas atteint par les blessures ?
Je crois qu’il y a un vrai potentiel aujourd’hui pour durer sur la scène européenne voir mondiale. Le plus dur sera de gérer l’après Tony. C’est un leader naturel dans cette sélection. L’équipe a été capable de jouer sans lui l’année dernière, ce qui n’est pas forcément un choix naturel du coach ou de la fédération. C’est un premier pas vers l’avenir. Sans Tony, des résultats ont été obtenus et ont démontré que la France avait un avenir après Tony Parker et Boris Diaw.
BR : Même question pour l’équipe de France féminine. On sait que Céline Dumerc va arrêter sa carrière internationale à un moment et une génération de joueuses arrive. Pensez-vous que les Françaises vont faire partie du Top 3 mondial et européen ?
AS : Je pense que la transition sera plus compliquée chez les filles pour être honnête. Cette équipe de France s’est trop habituée à se reposer sur Céline Dumerc, et à dépendre de sa forme physique. Le leadership de cette équipe n’a pas été partagé. Nous on a su faire la transition. C’était donc la force de cette équipe de France à une certaine époque. Il y avait une Yannick Souvré qui était capitaine de l’équipe mais autour d’elle il y avait une Isabelle Fijalkowski, moi, des gens qui ont partagé le leadership. Aujourd’hui, on a une Sandrine Gruda qui n’est pas non plus la plus jeune du groupe. Mais elle a encore de très belles années devant elle. Mais elle a été effacée par rapport à ce rôle là. Je n’étais pas dans le groupe. Donc je ne pourrais pas dire. Peut-être que le groupe a suivi plus naturellement le leadership de Céline. Mais je pense que la transition peut-être un peu plus en délicatesse pour les filles que les garçons.
BR : Abordons désormais la NBA. Quels sont vos premiers souvenirs de la NBA ?
AS : Ah mes premiers souvenirs de la NBA. C’est les Pistons et Isiah Thomas (rires). C’est plutôt cette génération là avec Magic Johnson, Michael Jordan. A l’Insep, je me souviens d’une vidéo des Los Angeles Lakers avec Kareem Abdul-Jabbar et Magic Johnson qu’on nous passait en boucle avant les matchs. C’était une vidéo pour nous motiver. J’avais pas des parents qui étaient orientés sur le basket américain. J’ai évolué avec celui-ci finalement grâce à l’évolution globale des médias. Plus c’est arrivé en Europe, plus je m’y suis intéressé. J’étais pas vraiment orienté sur le suivi du basket américain par mes parents qui suivaient plus celui européen (rires).
BR : Avez-vous une ou des équipes du passé ou actuelles que vous aimez bien, dont vous êtes fan absolu ?
AS : Fan absolue, je n’ai jamais été de personne et de rien (rires). Je respecte les gens mais je suis pas une fanatique. J’ai toujours adoré des gars comme Lebron James. Il a un tempérament. On le déteste pour ça mais moi j’aime son caractère. C’est pas que dans le basket. Je vais aimer un Ibrahimovic pour son tempérament. Dernièrement, il va un peu loin dans ses attitudes. Mais j’ai toujours apprécié ces gens à caractère qui se démarquent. Cette année, par rapport au style de jeu, sans surprise, c’est Stephen Curry qui fait partie des meneurs attaquants que j’ai toujours admirés. J’ai adoré un Allen Iverson. Ce sont des meneurs scoreurs, ce que je n’étais pas forcément principalement. J’ai toujours aimé ce profil de joueurs. J’étais plus aussi sur des joueurs américains que j’ai vus en France comme Delaney Rudd ou Robert Smith qui jouait à l’époque à Monaco. Pour moi c’était plus réel. Je les voyais jouer dans une salle de basket. Je me régalais à les voir jouer.
BR : Sinon pas d’équipes préférés NBA actuelles ou passées ?
AS : Non je suis Lebron James. Quand il était à Miami, j’étais pour le Heat. Et quand il est à Cleveland, je suis pour les Cavs. Mais cette année, j’y crois pas trop à Cleveland. Donc je me suis vite rabattue. J’ai choisi une autre équipe (rires). Si les Cavs pouvaient aller loin, ca me plairait. J’aimerais bien voir Golden State et Steph Curry champion car au-delà du meneur, j’aime le jeu que procure Golden State. Et très sincèrement je trouve ça impressionnant ce que fait Steve Kerr. J’étais une des premières à ne pas penser qu’il serait capable de coacher aussi bien et aussi vite une équipe de ce niveau là.
BR: Vous aimez bien Stephen Curry et Lebron James. Pour vous, la finale NBA serait Golden State face à Cleveland ?
AS : J’aimerais bien. Ça serait bien. (rires).
BR : Et qui sera le champion 2015 ?
AS : Ah Golden State. Ça me plairait. Cleveland j’y crois plus trop. Donc les Warriors, j’aurais plus de chance.
BR : Y a t-il un match marquant et historique de NBA qui vous vient à l’esprit : play-offs, performance d’un joueur, un All Star Game par rapport à cette période ?
AS : Les matchs marquants. Oui c’est les Finales NBA, les exploits de Michael Jordan. Quand on est basketteur, qu’on adule le basket, on ne peut qu’admirer ce qu’a fait Michael Jordan à plusieurs reprises. Avec lui, ce n’est pas un match culte, c’est une dizaine de cultes. A chaque fois qu’on croyait qu’il était arrivé à son summum, il arrivait à faire quelque chose de supplémentaire. Au départ, il était plus dans le drive, dans le côté athlétique. Au fur et à mesure, il a trouvé la stabilité au niveau de l’adresse extérieure, a été capable d’enchaîné les matchs avec des pourcentages incroyables derrière la ligne à trois-points. C’est l’exemple de la star du basket. Même si ça fait mal de le dire, même Lebron James ne lui arrive pas à la cheville (rires). Jordan a été un joueur unique et on n’en retrouvera pas un comme lui. Même si c’est difficile de comparer une génération à une autre. C’est plus le même basket. Puis la force de MJ est qu’il a été capable de faire aimer le basket à des gens qui n’étaient pas forcément basketteur, à toute personne qui aime ou pas le basket,
BR : Quel serait le 5 majeur idéal de toute l’histoire de la NBA pour vous ? C’est pas forcément un cinq classique.
AS : Je verrais Michael Jordan. Oh c’est compliqué. Au poste de meneur, il y en a beaucoup. On va mettre un récent comme Stephen Curry. A l’intérieur je mettrais Kareem Abdul Jabbar et Julius Erving. Au poste 3, je vais mettre mon Lebron (rires). Faut bien qu’il apparaisse quelque part.
BR : Possédez-vous des produits dérivés NBA, du basket européen : maillots, casquettes, goodies… ? Avez-vous gardé tous vos maillots que vous avez portés en carrière ?
AS : J’ai donné des choses. Je m’y suis attaché à garder un jeu de maillot porté à chacune de mes saisons. J’ai même gardé des souvenirs à l’époque des équipes de France jeunes. On avait des pin’s et pas des portes clés ou des stylos. J’ai gardé tout ça. J’ai une boite de souvenirs de ma carrière. Mais je n’achète pas forcément de produits dérivés de l’équipe de France ou celles des Etats-Unis. J’en suis pas fan. J’ai plus été conservatrice. J’ai été chanceuse avec la carrière que j’ai eue. Et j’avais envie d’en avoir des souvenirs. Ils sont dans des cartons pour l’instant. C’est vraiment quelque chose qui me tenait à cœur de pouvoir garder de souvenirs de ma carrière.
BR : J’en viens à ma dernière question. Je vous laisse le mot de la fin.
AS : Merci pour l’interview. Merci de mettre en valeur notre sport et tous les acteurs de notre sport. Je crois que tout sport a une histoire. Les résultats qu’on a d’année en année, de siècle en siècle, fait que l’histoire continue de s’écrire. On a eu la chance d’en faire partie. Il y a d’autres histoires déjà en ce moment. J’espère qu’il y aura plein d’autres moments derrière nous.
Propos recueillis par Richard Sengmany
Merci infiniment à Audrey Sauret d’avoir pris de son temps pour répondre aux questions de Basket Rétro
Sa fiche et son palmarès sur le site de la FFBB en cliquant ici
Diaporama de sa carrière de basketteuse
Un grand merci à Yann Cielat – Photographies de nous offrir ses clichés pour illustrer cette interview
Montage Une : Laurent Rullier
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