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ITW Xavier Vaution – Part 2 : « Bruno Poulain et George Eddy sont mes deux mentors »

Interview

Suite aujourd’hui de notre entretien avec Xavier Vaution pour Basket Retro. Le 24 mai dernier, le journaliste basket de BeIn Sports a discuté de l’émission NBA Extra et de son équipe qui l’entoure. Partageant ses bons souvenirs avec son ancien binôme George Eddy à Canal+, nous avons évoqué son parcours en tant que journaliste et quelques thèmes d’actualité basket. Deuxième partie.

Basket Rétro : J’en viens désormais à NBA Extra. En regardant l’émission, l’ambiance est détendue. Pendant les matchs et les temps-morts, ça « vanne » aussi. C’était important pour toi d’avoir une émission sérieuse sans trop l’être avec ce coté on rigole, on se détend ?

Xavier Vaution : C’est pas écrit comme ça. C’est écrit normalement. On se force pas. On a une façon totalement naturelle d’être à l’antenne. Il y a des jours, on rigole pas dans l’émission. Dès qu’il y a moyen de rigoler, on rigole. Nous sommes des gens qui aiment bien rigoler. On n’est pas en train de parler d’un naufrage qui a fait 700 morts. On parle de basket, de sport. Si on n’amène pas aux téléspectateurs un peu de bonne ambiance et un esprit un minimum détendu, aucun intérêt. On fait pas du divertissement non plus car l’émission est sérieuse. Mais si tu peux amener un côté un peu « entertainment » exactement comme la NBA… La NBA c’est de l’ « entertainement ».

BR : Comment prépares-tu l’émission avec toute l’équipe? Ya t-il un rituel ?

XV : Le rituel, c’est que les chefs d’édition se réunissent tous à 9h pour la conférence de rédaction. Généralement quand c’est Mary qui présente, elle est avec eux. Moi quand je présente mais que je ne commente pas de matchs je suis avec eux. Par contre, j’ai souvent des matchs à commenter. Là ou on a de la chance, c’est qu’on a une équipe capable de construire l’émission. Après, on peut toujours retoucher des trucs. Mais cette équipe est capable d’écrire une émission de A à Z sans que le présentateur travaille le conducteur. Après éventuellement on peut retravailler celui-ci. Mais l’équipe est suffisamment forte pour écrire comme il faut l’émission.

BR : J’ai interviewé en début de saison Rémi Réverchon. Il a dit que la NBA était très contente du traitement de la NBA par BeIn en France et que c’était un modèle pour les autres pays. Comment l’expliques-tu ?

XV : Je sais pas ce que font les autres pays. Donc je ne sais pas. Pour commencer, moi je sais que la NBA nous a jamais demandé de faire une quotidienne. Nous avons réussi à la mettre à l’antenne. Les gens d’ici croient en la NBA que ce soit Florent Houzot ou les dirigeants de la chaîne. Ils y ont cru. On a eu cette chance de la faire et de la réussir visiblement. C’est ça qui a fait plaisir à la NBA. On se contente pas de ce qu’il y a dans le contrat. On cherche encore à en faire plus et toujours essayer de faire mieux quoi qu’il arrive. Forcément derrière, on a de très bons rapports avec eux. Quand la ligue voit qu’NBA Extra est une belle émission, j’en reste persuadé que ça l’est, elle a envie que l’Espagne fasse pareil, que d’autres pays fassent pareil. Eux le font, pourquoi vous vous ne le faites pas ? En gros c’est ça l’idée. Ici, Bein a cru au produit. Elle a eu raison. On a plus que doubler les audiences sur un an. Même si le basket reste un sport de niche entre guillemets car ca l’est de moins en moins, il y a un public pour le basket, la NBA pour BeIn. Il y a un public bien plus nombreux que sur Canal.

BR : Je vais te montrer une photo.

XV : Ah j’ai peur. (ndlr : il s’agit d’une photo des membres de NBA Extra et une de Chris Singleton : voir ci-dessous)

BR : Je vais passer à tes collègues de NBA Extra avec qui tu travailles au quotidien. Pour chacun, peux-tu associer des mots ?

XV : Mary Patrux, perfectionniste. Jacques Monclar, référence. Eric Micoud, MIP.

BR : Pourquoi MIP ?

XV : Il progresse d’année en année, saison après saison. Rémi Réverchon, multitâche. Chris Singleton, personnage.

XV : Peux-tu développer pour chacune des personnes les raisons pour lesquelles tu leur as associé ces mots ?

Mary, perfectionniste car elle laisse rien passer dans l’émission. Elle est vraiment toujours à la virgule près sur ce qu’elle va dire, veut faire. Elle est aux antipodes de ce que moi je fais. C’est-à-dire que moi je n’écris rien. Elle écrit tout. C’est une façon d’être. Il n’y en a pas un qui a plus raison que l’autre. Elle fait certainement bien de le faire car elle s’en sort toujours très bien. Elle est parfaite dans son rôle. Jacques, référence car il sait tout sur tout. Il connait très bien le jeu, les joueurs, les coachs. Il est placé comme personne. Il est impératif d’avoir Jacques avec nous pour que les émissions soient comme elles sont. Eric, MIP car je le trouvais pas forcément très bon commentateur sur Ma Chaine Sport.

BR : Tu le scrutais déjà depuis un moment pour sa venue à BeIn ?

XV : Oui. Quand on a réussi à avoir du basket ici, j’avais deux cibles pour le poste de consultant. J’avais Audrey Sauret pour commenter les matchs féminins. D’ailleurs, j’ai ouvert l’antenne avec elle. Je savais qu’Eric était un bon mec, un ancien très bon joueur et qu’il avait un très bon potentiel. Le truc, c’est qu’il fallait qu’il soit super encadré. J’étais sur que si Jacques commençait à arriver, il aurait des gens autour d’Eric qu’il l’aiderait à progresser. Il est intéressant. Les 3 consultants apportent des choses totalement différentes. Jacques, c’est vraiment le jeu. Eric, c’est le ressenti. Chris, c’est l’ambianceur. Il est complètement fou. Il est sans filet. C’est ça que j’aime bien chez lui. Cette année, je pense qu’il a réussi à trouver son personnage. Le vrai personnage Chris Singleton, on l’entend aujourd’hui à l’antenne. C’était moins le cas ces dernières années. Là il a réussi à se trouver. Il faut 2 ans généralement pour se trouver. J’aime beaucoup ce qu’il apporte. Il est drôle et très bon. Aucune comparaison avec George. Rien à voir. C’est deux personnages à part. Mais George pourrait très bien être un quatrième. Ca ne dénaturerait pas. Rémi, multitâche car Euroligue, NBA, tournage, présentation, numéro 2. Il peut absolument tout faire.

« La NBA nous a jamais demandé de faire une quotidienne. Nous avons réussi à la mettre à l’antenne. Les gens croient en la NBA que ce soit Florent Houzot ou les dirigeants de la chaîne. On a eu cette chance de la faire et de la réussir visiblement. C’est ça qui a fait plaisir à la NBA. On se contente pas de ce qu’il y a dans le contrat. On cherche encore à en faire plus et toujours essayer de faire mieux quoi qu’il arrive. Forcément derrière, on a de très bons rapports avec eux. On a plus que doubler les audiences sur un an. Même si le basket reste un sport de niche entre guillemets car ca l’est de moins en moins, il y a un public pour le basket, la NBA pour BeIn. Il y a un public bien plus nombreux que sur Canal ».

BR : Il y a différents consultants et journalistes qui alternent pour commenter les matchs en direct à tour de rôle. Comment organises-tu tout cela.

XV : Ecoutes, j’ai des noms et des cases. Je mets des noms dans des cases en essayant de trouver les meilleurs duos possibles pour tels matchs. Après faut que je fasse attention au nombre de prestations de Chris, d’Eric et de Jacques. Tout est prévu pour. J’ai des super bons commentateurs. C’est donc pas difficile de faire les plannings.

BR : Il y a une dizaine de journalistes qui alternent aux commentaires.

XV : Oui en tout, on est une équipe de 20 en gros. Ca tourne, en CDI il y en a 7 je crois.

BR : (ndlr : nous lui montrons une photo de George Eddy. Voir ci-dessous).

George Eddy

George Eddy

BR : Tu connais ce personnage.

XV : Oui avec la casquette Eddy Half Time.

BR : Ton nom est associé à George Eddy. Je l’ai interviewé en août 2014. Il dit de toi « c’est mon petit frère. Il y avait une bonne entente entre nous quand nous commentions sur Canal en 12 ans. On a avez fait beaucoup de nuits blanches ». Considères-tu George comme ton grand frère ?

XV : Ah bah évidemment. Bien sur car on était très pote. On est pas du tout de la même génération. On s’est tout de suite très bien entendu. Evidemment je partais avec un peu d’avance. Moi je le connaissais de l’antenne. J’ai commencé et progressé avec lui. J’ai tout fait autour de lui. On a fait une émission ensemble. Personne ne savait ce qu’il allait avoir à l’antenne. J’étais le seul à le savoir. Et Canal me faisait complètement confiance là-dessus. J’ai commenté mon dernier match à Canal avec lui. C’était mon premier et mon dernier avec lui. Tous les grands moments que j’ai passés à Canal, c’était particulièrement avec George. Il y en avait avec Jacques mais George était numéro 1 et moi j’ai fini par passer numéro 1 vers la fin et c’était avec George. Ce que je fais aujourd’hui avec Jacques, je le faisais avant avec George. On s’appelle de temps en temps. On est toujours en contact. Ca reste une référence totalement incontournable. 

BR : Qu’as-tu appris avec George pendant toutes ces années ? Ya t-il des choses qui ressortent avec lui ?

XV : J’ai appris la rigueur. C’était son grand mot. J’ai appris à travailler en équipe et surtout je retiens la complicité. C’était là où on était bon. J’ai aussi appris avec Bruno Poulain. Avec lui et George, c’était mes deux mentors, mes deux grands frères. Il faut pas oublier Bruno. Il était numéro 1 aux commentaires des matchs. C’était pas un concurrent. Je n’ai jamais estimé être un concurrent de Bruno Poulain. Il a toujours été numéro 1 avec George. Une fois que Bruno a passe le flambeau, je me suis retrouvé numéro 1.

BR : C’est donc Bruno Poulain qui t’a proposé de devenir le numéro 1 au commentaire ?

XV : Disons que s’il ne pouvait pas être sur les finales, c’est moi qui les faisais. C’est quand même une certaine preuve de confiance relativement importante surtout que pour moi il a été et sera toujours et pendant encore longtemps le meilleur commentateur de basket reconnu.

George Eddy, un grand frère ? « Evidemment. Bien sur car on était très pote. On est pas du tout de la même génération. On s’est tout de suite très bien entendu. J’ai commencé et progressé avec lui. J’ai commenté mon dernier match à Canal avec lui. C’était mon premier et mon dernier avec lui. Tous les grands moments que j’ai passés à Canal, c’était particulièrement avec George. On s’appelle de temps en temps. On est toujours en contact. Ca reste une référence totalement incontournable ». 

BR : (ndlr : nous lui montrons 3 photos de lui issus de différentes époques : voir ci-dessous)

XV : Oh shit, où tu as trouvé ça. C’est drôle je me souviens des trois moments.

BR : En voyant ces trois photos, quel bilan personnel fais-tu de ton parcours sur la NBA que tu traites à la télé depuis plus de 10 ans maintenant ?

XV : Je fais pas de bilan. Je le fais à la fin. Tout peut s’arrêter du jour au lendemain.

BR : As-tu réalisé tous tes rêves en tant que journaliste de sport ?

XV : Je les ai dépassés mille fois. Si un mec arrive avec l’ambition de faire ce que j’ai réussi à faire jusque là, le mec est complètement fou. Jamais j’aurais pu ambitionner ce que je fais là. Jamais, c’est pas possible. Le mec qui ose penser qu’il va réussir à faire ça quoi qu’il arrive, euh non, c’est un fou. C’est bien d’avoir de l’ambition, à un moment faut savoir avoir un peu de l’humilité. Sur la première photo, c’était mon premier plateau pour le All Star Game. Je me chie. Je flippais. Ma feuille était comme ça (il remue la feuille et on entend le bruit de celle-ci). Je l’avais dans la main.

BR : J’ai revu l’extrait de la vidéo dont tu parles. On entend au niveau de la voix que tu es mal à l’aise.

XV : Revisionnes le encore une fois et ce que je vais te dire est vrai. Quand je suis face caméra, je suis complètement à la rue. Mais dès que les images partent et que ya un off, là tout de suite, ça va mieux.  Et dès que ça revient sur moi, je le sais et je me… Ce plateau a été fait sur celui de Nulle Part Ailleurs, à l’étage. Et c’est là où ils font le Grand Journal. Le même plateau. On dirait pas comme ça. La deuxième photo, c’était l’émission Playground. C’est là que j’ai commencé à m’émanciper. C’était rigolo de faire des tournages qui parlaient d’autre chose que le basket des fois. Je me suis bien amusé à la faire celle-là.

BR : Y a-t-il des choses aux quels t’a pensé et que tu n’as pas encore réalise dans ce métier ?

XV : Bien sur.

BR : On peut savoir quoi ?

XV : Non (rires). Des projets, j’en ai 1000.

BR : J’en viens à l’actualité NBA. Quel serait les deux finales de Conférences cette année ? (ndlr : question posée le 24 mai avant l’élimination des Spurs par les Clippers au premier tour des playoffs 2015).

XV : C’est trop dur. J’en sais rien. De ce que j’avais pronostiqué avant les playoffs, je vais être honnête avec toi, c’est Golden State-San Antonio d’un coté et Atlanta Cleveland de l’autre. Aujourd’hui, je ne suis pas sur que San Antonio va passer le premier tour.

BR : Oui mais il y a eu que deux matchs joués entre Spurs et Clippers.

XV : On verra.

BR : Quel serait la finale du coup ?

XV : San Antonio-Cleveland. Victoire des Spurs 4-2.

BR : Quel sera le nom du futur MVP de la saison régulière ? Curry ou Harden ? Pourquoi ?

XV : Curry car sur toute la saison, son équipe gagne 67 matchs. C’est le meilleur joueur. Ca fait deux années de suite qu’il bat le record du nombre de paniers à trois-points. Il shoote à plus de 40 %. C’est encore lui ce matin qui sauve les Warriors (ndlr : match face aux Pelicans, Game 3). Il est invraisemblable. Harden met 25 points en moyenne par match car il tire aussi 8 lancers-francs. C’est bien, il va les provoquer. Maintenant, sans Stephen Curry des Warriors, à mon avis, il y a rien. Pareil du côté de Houston. Ca va être super serré. J’ai une petite préférence pour Curry car il a été constant sur toute la saison.

BR : Cet été, vois-tu l’équipe de France gagner l’Euro 2015 ?

XV : Ca dépend quand la France jouera l’Espagne. On sait jamais ce qu’il peut se passer. On va avoir une superbe équipe.

BR : Penses-tu que l’équipe de France de basket va rester dans le Top 3 au niveau mondial et européen dans les 5 années à venir ? On sait qu’il y a une belle génération qui arrive.

XV : Oui il y a une belle génération qui arrive. On parlait tout le temps de Joakim Noah. Au final, la génération Noah n’existe pas. Il y a quasiment jamais eu Joakim Noah en bleu.

BR : Il a fait un choix.

XV : Oui il a fait un choix. Je suis content de voir des gens comme Rudy Gobert exploser littéralement. Ca sera la génération Batum qui va arriver. Donc oui, on est plutôt pas mal parti.

BR : J’en viens à ma dernière question. Je te laisse le mot de la fin pour nos lecteurs qui vont lire cette interview.

XV : Le rétro du basket, c’est bien. C’est bien de regarder le basket dans le rétro des fois et il faut regarder devant soi aussi. Dans 20 ans, je pense que vous parlerez de la génération d’aujourd’hui.

BR : Merci pour cette interview.

XV : C’était cool.

Propos recueillis par Richard Sengmany

Merci infiniment à Xavier Vaution pour sa disponibilité ainsi qu’au service communication de BeIn Sports pour l’organisation de cet entretien.

Son message pour les lecteurs et l’équipe de Basket Rétro

Affiche BR Xavier Vaution

Montage Une : Clément Deomontoux

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About Richard Sengmany (354 Articles)
Découvrant le basket dans les années 90 grâce à la diffusion des matchs NBA sur Canal+, je rédige depuis plus de dix ans des articles sur la balle orange, sur d'autres disciplines sportives et la culture.

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