Tyus Edney, artisan du premier titre d’Euroligue de Kaunas en 1999
Euroleague
Le Final Four de l’Euroligue cette année se déroulera à Madrid du 15 au 17 mai prochain. Basket Rétro revient sur les grands moments de cette compétition phare du basket européen. Retour sur la saison 1998-1999 avec un ancien pensionnaire de la NBA, élu MVP du Final Four. Il s’agit de Tyus Edney qui a reçu ce titre lorsqu’il a joué avec le Zalgiris Kaunas.
Quatre ans pour parfaire sa progression dans la célèbre université américaine de UCLA avec lequel il a été champion NCAA en 95 (1991-1995), sélectionné en 47ème position au second tour de la draft 1995 par les Sacramento Kings, Tyus Edney n’a pas réalisé une énorme carrière en NBA (Sacramento : 1995-1997 ; Boston : 1997-1998 ; Indiana : 2000-2001). C’est plutôt en Europe qu’il se fait un nom dans l’univers du basket.
SON ARRIVEE A KAUNAS
Après trois années NBA, Edney quitte le sol américain et débarque en Europe, en Lituanie où le Zalgiris Kaunas l’attend de pied ferme pour commencer la saison 1998-1999. Là-bas, il découvre une ville passionnée de basket qui a remporté son cinquième championnat de Lituanie d’affilée en 1998 ainsi que l’Eurocoupe cette même année-là. Ce nouveau sacre national permet au club lituanien de jouer l’Euroligue, une compétition que va découvrir pour la première fois Tyus Edney auprès de ses nouveaux coéquipiers dont Saulius Strombergas, l’ancien joueur du Magic d’Orlando Anthony Bowie, lui aussi arriver cette année.
Il retrouve également l’ancien joueur de Charlotte George « Jiri » Zidek, formé également à UCLA avec qui il a gagné le championnat universitaire en 1995. C’est le pivot d’ailleurs qui a facilité la venue d’Edney à Kaunas. Dans un article paru sur le site theamericanmag.com, on apprend que les dirigeants de Kaunas ont demandé à Zidek de lui sortir le nom d’un bon meneur. Ce dernier a répondu : Tyus Edney. Le meneur d’1m78, à ce moment-là, n’avait pas d’offres de clubs NBA. Le meneur de jeu se souvient de l’appel de Zidek qui lui a parlé de la possibilité de venir jouer en Lituanie : « Viens donc. Nous avons une bonne équipe ».
« Si je décidais de m’en aller, au moins Zidek était là pour me donner un coup de main », expliquait Edney. Les rôles se sont inversés quand les deux joueurs ont joué à UCLA. C’est Edney qui avait aidé Zidek pour son intégration au sein de la fac américaine, apprend t-on dans ce même article.
Zidek et Edney sont donc à nouveau réunis sous un même maillot pour jouer l’Euroligue. Le format de la compétition est la suivante. L’édition 1998-1999 réunit 24 équipes. Lors du premier tour, ces équipes sont réparties en quatre groupes de six (A, B, C et D) Lors du deuxième tour, chaque groupe est modifié :
- les trois derniers du groupes A croisent avec les trois premiers du groupe B et vice-versa
- les trois derniers du groupes C croisent avec les trois premiers du groupe D et vice-versa
De nouveaux groupes sont constitués, E, F, G, H. Les trois premiers de chacun de ces groupes affrontent alors uniquement ces trois nouvelles équipes en matchs aller-retour lors de ce deuxième tour. Les résultats du premier tour sont conservés. Les quatre premiers sont qualifiés pour les huitièmes de finale qui se jouent au meilleur des trois matchs.
SES MEILLEURES PRESTATIONS EN EUROLIGUE
Lors de la première phase de poules (5 matchs aller – 5 matchs retour), Tyus Edney réalise son meilleur match à la fois au scoring et à la passe en signant un joli double-double. C’était le 5 novembre 1998 à domicile contre le Fenerbahce : 21 points à 6/10 aux tirs, 8/9 aux lancers-francs, 10 passes. Il prend ce soir-là aussi 4 rebonds.
Il réalise un autre double-double au second tour, en phase de poules, le 18 février 1999 lors d’une défaite de Kaunas à domicile (74-64) : 14 points à 6/10 dont 2/4 à 3 points, 11 passes. Avec 4 victoires et 2 défaites supplémentaires au second tour après 8 succès et 2 revers au premier tour, Kaunas finit premier du groupe E. Il rencontre le quatrième du Groupe H en huitièmes de finale aux meilleurs des trois matchs : le Ulker Istanbul. Au match aller le 2 mars 1999 à Kaunas, Edney réalise un match honorable avec 11 points, 2 rebonds et 6 passes. Son équipe s’impose 76-62 avec une en seconde mi-temps bien maitrisée : 41-27.
Deux jours plus tard, Edney est monté d’un cran en réalisant un match complet. Grâce en partie à ses 18 points à 5/7 aux tirs, 8/10 aux lancers-francs, 5 rebonds et 6 passes, Kaunas gagne la seconde manche 93-82. Qualifié pour les quarts de finale, ils sont opposés à un autre club stambouliote : Efes Pilsen Istanbul. Lors de la première manche, Edney, discret au scoring (9 passes), laissant le soin à ses coéquipiers de marquer des paniers, lit très bien le jeu adverse en distillant 10 passes. Kaunas arrache de justesse la première manche : 69-68.
Edney hausse d’un ton en attaque en finissant meilleur marqueur de son équipe au match retour avec à la clé un nouveau double-double : 20 points à 6/12, 8/8 aux lancers-francs et 10 passes. Victoire 84-70 dont 52 points en deuxième période. Kaunas s’envole pour son premier Final Four de l’Euroligue, direction Munich et l’Olympiahalle. Les joueurs coachés par Jonas Kazlauskas affrontent en demi-finale le grand Olympiakos, vainqueur de l’Euroligue en 1997.
PREMIER FINAL FOUR POUR EDNEY ET KAUNAS
Le 20 avril 1999, pour leur premier match à ce niveau de la compétition, Kaunas joue de manière décomplexée et réalise une superbe première mi-temps en menant 48-33. Après la pause, le club lituanien gère confortablement son avance et s’impose en Allemagne sur le score de 87-71. Tyus Edney a fini la rencontre dans ses standards avec 13 points et 6 passes. Le champion de Lituanie jouera pour la première fois une finale d’Euroligue. Leur adversaire est la Virtus Bologne, club dans lequel joue un certain Antoine Rigaudeau. Son équipe s’est débarrassée de son rival dans un derby : la Fortitudo Bologne : 62-57.
Le 22 avril, à l’instar de leur demi-finale, les hommes de Kaunas vont dérouler leur basket face à la Virtus complètement étouffé par les attaques du club lituanien. Il mène après la mi-temps de 15 unités : 45-30. Bologne change de visage en deuxième-mi temps et va un peu plus inquiéter Kaunas. Mais cela ne suffit pas pour passer devant au tableau d’affichage. Coup de sifflet final, Kaunas écrit là sa plus belle page de l’histoire dans le basket européen. Il soulève son premier titre Euroligue en 1999 après celle en Eurocoupe en 1998. Victoire 82-74 malgré les 27 points de Rigaudeau en face pour la Virtus. Deux titres majeurs sur la scène européenne en deux ans en plus des titres nationaux, quoi de plus beau pour Kaunas d’asseoir sa domination ? Le travail a porté ses fruits mois après mois chez le champion de Lituanie.
Après cette finale, Tyus Edney, est élu MVP du Final Four et savoure sa première Euroligue. Face à la Virtus, il réalise un match complet : 14 points à 6/9, 6 rebonds et 6 passes. En 22 matchs d’Euroligue, ses stats moyennes sur cette saison sont bonnes : 12,5 points ; 2,6 rebonds et 6,1 passes.
Saulius Stombergas, ex-joueur de Kaunas est revenu sur cette belle saison en Euroligue en félicitant le travail fourni par Edney, son meneur titulaire en 1999 : « Evidemment, nous avons eu assez de chance d’avoir Tyus Edney. Il pouvait éliminer n’importe quel joueur adverse en utilisant sa rapidité et ses parfaites qualités techniques. Il était très important dans le jeu collectif également et spécialement dans le Final Four. Tyus a mérité ce titre de MVP qu’il l’a récompensé à Munich. En même temps, il n’a pas eu tendance à éclipser ses coéquipiers ».
Dans une interview accordée à basketinside.com en avril 2012, Edney affirmait qu’il était fier d’avoir joué en Europe et qu’il garde de bons souvenirs : « L’Euroligue est mon second championnat préféré car nous avons surmonté toutes les difficultés et personne s’attendait à ce qu’on gagne ».
Après cette saison passée à Kaunas, Tyus Edney quittera la Lituanie pour rejoindre l’Italie et le Benetton Trevise. Et dire que son arrivée à Kaunas s’est jouée sur un coup de fil et une discussion avec son ami et ancien partenaire d’UCLA : George Zidek. Edney avait ainsi pris la bonne décision de quitter la NBA pour découvrir une première expérience à l’étranger. Les histoires de basket sont ainsi merveilleuses à vivre et à raconter.
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