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ITW Hervé Dubuisson – Part 1 : Mon meilleur souvenir, mes 51 points en équipe de France 

Interview

Après Richard Dacoury, Edwige Lawson Wade, Céline Dumerc, Pascal Donnadieu, un autre personnage fort du basket français nous a accordé de son temps pour répondre aux questions de Basket Rétro : Hervé Dubuisson. Après un portrait que nous avons dressé, découvrez la première partie de cet entretien avec le joueur le plus capé de l’équipe de France. Il nous parle entre autres de NBA, de ses débuts professionnels en France et de son passage avec les Nets de New Jersey.

Herve Dubuisson - (c) FFBB

Herve Dubuisson – (c) FFBB

Basket Rétro : Comment avez-vous découvert le basket ? A quel âge avez-vous commencé à jouer ?

Hervé Dubuisson : J’ai commencé à 8 ans. Mes parents étaient à l’époque à Thumeries dans le nord de la France pas loin de Lille. J’ai joué dans un hangar qui était une salle de basket. Ca m’a plu. Ensuite, je me suis inscrit dans un club de basket à coté : l’Avant-Garde de Thumeries. A 12 ans, j’étais grand et j’ai grandi d’un seul coup. A cet âge, j’ai commencé à faire du saut en hauteur. J’étais repéré à l’époque par l’entraîneur de Guy Drut qui s’appelle Pierre Legrain. Ainsi j’ai fait un peu d’athlétisme et de musculation.

BR : Je vais aborder maintenant avec vous la NBA. Quels sont vos premiers souvenirs du basket américain ?

HD : C’était juste après les Jeux Olympiques de Los Angeles en 1984. J’avais reçu trois lettres avant de partir aux Jeux : une des Detroit Pistons, une des Utah Jazz et une des New Jersey Nets. Je suis entré en contact avec un monsieur qui m’a intégré dans l’équipe des Nets. Après ces JO, je suis partie à l’université de Princeton dans laquelle il y avait un camp avec les Nets en vue d’intégrer l’équipe pro par la suite. Là-bas, il y avait quelques joueurs étrangers dont Oscar Schmidt avec qui j’étais. Ce joueur brésilien évoluait en Italie et a été repéré aussi par les Nets.

BR : Y-a t-il un joueur NBA qui vous a marqué ?

HD : Oui Michael Jordan. J’ai joue face à lui lors des JO de Los Angeles. Il y avait aussi Patrick Ewing dans l’équipe américaine lors de cette compétition. C’était la grosse armada. (Ndlr : cette équipe américaine comptait aussi Chris Mullin, Sam Perkins et Wayman Tisdale entre autres)

BR : Quelles impressions vous ont laissé ces joueurs ?

HD : C’était fantastique. Moi et l’équipe de France avions participé aux JO au Forum d’Inglewood à Los Angeles (= le Great Western Forum). A cette époque, les Lakers dominaient fortement la NBA. Et c’était l’époque aussi où on voyait les premiers matchs de NBA à la télé en France. Jouer les matchs de qualification pour participer aux JO de Los Angeles, ce qui a été mon cas, c’est un rêve d’enfant.

BR : Quels sont les joueurs/équipes que vous aimez en NBA ? (actuels ou passés)

HD : J’aime bien Tony Parker. D’ailleurs j’ai joué avec son père à Denain lors de ma première saison en 1972-1973. C’était le joueur américain dans notre effectif. J’ai donc connu ainsi Tony Parker tout petit. J’apprécie aussi des joueurs comme Tim Duncan, Manu Ginobili. Ces deux-la forment avec TP le trio magique des Spurs.

BR : Quel serait le 5 majeur idéal de toute l’histoire de la NBA pour vous ?

HD : Je dirais Charles Barkley. J’ai joué contre lui et son université d’Auburn. C’était impressionnant la manière dont il jouait. J’étais aussi impressionné par Magic Johnson, Patrick Ewing, Larry Bird. Et j’ajouterais aussi le meneur de jeu Steve Nash.

BR : Possédez-vous des produits dérivés NBA ?

HD : Je ne suis pas un collectionneur. J’ai juste gardé mon maillot des Nets que j’avais porté pendant la Summer League et quelques uns de l’équipe de France dont le premier que j’ai porté pour ma première sélection.

Hervé Dubuisson avec le maillot de l'équipe de France (c) FFBB

Hervé Dubuisson avec le maillot de l’équipe de France (c) FFBB

BR : Quel est votre meilleur souvenir d’un match joué?

HD : On avait joué contre une sélection américaine. C’était une sélection de New Jersey. Elle était en tournée en France. Et c’est là que j’étais remarqué sur un match. En jouant contre eux, j’avais mis 30 points. J’ai joué un match avec l’équipe de France. Ca m’a marqué à vie car c’était à Andreville, un petit village à coté de la Normandie. Ce jour là, j’avais inscrit 51 points contre la Grèce, soit mon record en sélection. C’est le plus beau souvenir de ma carrière.

BR : Vous avez commencé votre carrière à Denain. C’est le point de départ de votre parcours professionnel dans le basket. Comment avez vous été recruté  par le club nordiste ?

HD : Comme je le disais au début de l’entretien, j’ai joué à Thureries. M. Pierre Legrain, le coach de Guy Drut, a appelé l’entraîneur de Denain à l’époque qui était Jacques Fiévé. Legrain le connaissait très bien. Fiévé m’a fait venir à Denain et puis il est devenu par la suite l’entraîneur de l’équipe de France. C’est ainsi que je puis parti de Thureries pour rejoindre le club de Denain. A cet instant, j’avais 14 ans et demi. J’ai commencé à jouer en championnat tout de suite au coté de Jean Degros, Jean-Pierre Staelens. Ce sont des grands noms du basket aussi. C’est dans ce club que j’ai fait ainsi ma formation.

BR : Quels souvenirs gardez-vous de votre passage à Denain ?

HD : Je me souviens du premier match que j’ai joué avec Denain. C’était en Belgique, une rencontre en Coupe d’Europe. C’était en Coupe Korac contre l’équipe de Charleroi. Notre championnat commençait un peu plus tard. Un an et demi après, j’étais appelé en équipe de France. Tout s’est accéléré d’un coup.

BR : Pour ceux qui vous connaissent pas, quelle type de joueur étiez-vous sur le terrain ?

HD : J’ai joué 25 années en première division. J’étais un marqueur de points, un scoreur. Je suis le meilleur marqueur de tous les temps en championnat et en équipe de France.

BR : Réputé pour vos talents de shooteur, vous passiez énormément de temps à l’entrainement pour parfaire votre tir j’imagine.

HD : Oui c’est sur, il faut faire beaucoup de shoots à l’entrainement. Tous les matins, je commençais par une séance de tir. Avec les matchs à répétition, le travail, ca vient. On acquiert une bonne mécanique.

BR : Etiez-vous un leader de l’équipe donnant les consignes à vos coéquipiers. Vous les souteniez, les replaciez sur le terrain ? Etiez-vous le relai du coach sur le terrain ?

HD : J’étais surtout un leader offensif. C’était un travail d’équipe de marquer des points. Il y en a qui aidait l’autre dans les différents systèmes mis en place. Et moi j’étais souvent présent sur le terrain pour mettre des paniers, conclure le travail des coéquipiers qui ont construit les actions au départ.

BR : Vous avez joué dans plusieurs clubs français (Denain, Le Mans, Antibes, Stade Français notamment) . Revenons désormais sur votre passage effectué avec les Nets de New Jersey en Summer League. Pouvez-vous nous parler de la différence de culture basket entre ces différents pays. Que retenez-vous de cette expérience à l’étranger ?

HD : Aux Etats-Unis, les qualités sont supérieures. Ce sont surtout des gros gabarits qu’on voit. Par rapport à l’ Europe, tous les joueurs pro font leur formation en université. C’est un travail quotidien plus important qu’accomplissent, fournissent ces jeunes joueurs. C’est tout un esprit de jeu qu’il cultive à l’université et qu’il n’y a pas en France.

Hervé Dubuisson avec le maillot des Nets

Hervé Dubuisson avec le maillot des Nets

BR : Et qu’en est-il des entraînements aux Etats-Unis ?

HD : Ils travaillent beaucoup sur le plan du collectif, des systèmes de jeu pour chercher à bien jouer ensemble. Ils affinent leur jeu collectif autant sur le plan offensif que défensif. Ils découvrent plusieurs systèmes d’attaque et de défense. Mais chacun a son programme spécifique et individuel par rapport à leurs positions qu’ils occupent sur le terrain.

BR : Et comment avez-vous senti l’ambiance avec les autres joueurs lors de votre passage aux Nets ?

HD : L’atmosphère des équipes professionnelles en France par rapport aux Etats-Unis n’a rien à voir. Là bas, on  a rendez-vous le soir de match dans la salle. On n’est pas réuni tous ensemble avant la rencontre. On fait ce qu’on veut avant. En France, lors des championnats nationaux et avec la sélection française, les joueurs sont en stage, font la sieste, une collation. On se rend à telle heure sur le terrain. En France, on est toujours en équipe. En NBA, avec les camps d’entrainement, on fait ce qu’on veut avant le match. Aux Etats-Unis, quand je suis arrivé, on me donnait tant de dollars pour manger. On ne vivait pas en équipe pendant les camps d’entraînements. On n’allait pas manger au restaurant tous ensemble. Chaque joueur se prenait en main tout seul.  C’était chacun pour soi. Quant à moi, j’étais toujours avec le brésilien Oscar Schmidt. En France, on a cet esprit collectif après les entraînements, les matchs, cette notion de vie groupe. Aux Etats-Unis, c’est la totale séparation après les entraînements.

BR : Une fois que vous avez foulé les parquets en Summer League en touchant des ballons, l’ambiance était magnifique j’imagine.

HD : C’était super. Mais en même temps, il fallait gagner sa place. Il y a des joueurs qui jouaient trop individuel. Il n’y avait pas trop de jeu collectif. Chacun prenait ses responsabilités à un moment pour montrer ce qu’il était capable de faire. En face, les joueurs défendaient dur. Dans l’équipe où j’étais, il n’y avait pas de jeu collectif.

« L’atmosphère des équipes professionnelles en France par rapport aux Etats-Unis n’a rien à voir ».

BR : Avec le recul, ne nourrissez-vous pas de regret de ne pas avoir pu faire une carrière en Europe et en NBA ?

HD : Non je n’ai pas de regrets. Le seul que je pourrais avoir c’était en 1980 quand j’étais contacté par le Maccabi Tel-Aviv. J’avais joué avec la France un match contre Israël. Ce jour là, j’avais tapé dans l’œil du Maccabi et de son coach qui était aussi le sélectionneur de l’équipe d’Israël.

BR : Pourquoi cela n’a pas abouti ? Ya t-il une raison particulière ? 

HD : J’étais bien en France. Je n’ai pas pris de risques. A l’époque, ce n’était pas si fréquent que des joueurs français reçoivent des demandes pour jouer à l’étranger.

« En 1980, j’étais contacté par le Maccabi Tel-Aviv. J’avais joué avec la France un match contre Israël. Ce jour là, j’avais tapé dans l’œil du Maccabi et de son coach qui était aussi le sélectionneur de l’équipe d’Israël ».

BR : Vous avez un peu répondu à la question tout à l’heure avec les joueurs NBA qui vous ont marqué. Y a t-il d’autres joueurs, des entraîneurs, des adversaires qui vous ont le plus marqué dans votre carrière ?

HD : Oui Bill Sweek est un entraîneur américain qui m’a marqué. Il a entraîné au Mans (ndlr : 1977-1979) et à Monaco (ndlr : 1985-1990). Quand je jouais au Stade Français à Paris, un autre coach m’a marqué, c’était Mike Perry. Il coachait dans les universités américaines. On avait beaucoup progressé avec lui lors de sa venue à Paris (1982-1984). Concernant les adversaires, il y a Richard Dacoury qui était un grand défenseur. Il défendait très bien sur moi.

BR : Oscar Schmidt que vous avez côtoyé en Summer League aux Nets vous a marqué aussi.

HD : Oui, c’était le meilleur scoreur en Italie et en équipe nationale du Brésil. Il était très fort. On s’est affronté en Coupe d’Europe. C’était un sacré duel de scoreur entre nous. Mais on ne se chambrait pas pendant les matchs. On n’avait pas de préjugés.

Propos recueillis par Richard Sengmany

Montage photo : Gary Storck pour Basket Retro

Découvrez la seconde partie de l’entretien dés vendredi. Hervé Dubuisson, surnommé le Dub abordera entre autres sa carrière d’entraîneur et l’actualité du basket.

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Découvrant le basket dans les années 90 grâce à la diffusion des matchs NBA sur Canal+, je rédige depuis plus de dix ans des articles sur la balle orange, sur d'autres disciplines sportives et la culture.

3 Comments on ITW Hervé Dubuisson – Part 1 : Mon meilleur souvenir, mes 51 points en équipe de France 

  1. Merci
    Site fantastique
    bonne chance
    ……………………..
    http://www.filemissile.net

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  2. j ai connu herve des ses debuts a DENAIN VOLTAIRE qui a bluffe tout le monde des ses premiers matchs ,surdoue en basket ,mais humainement super sympa ,j ai eu qq conversations avec et j en garde un tres bon souvenir ,les 3emes mi temps se passaient au LUTECIA et on refaisait le match devant un demi .Il a ete coatche par jean DEGROS qui lui passait des savons parfois mais rien de mechant .Salut herve……..

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