Frank Layden, le compositeur des Utah Jazz
Si vous pensez que l’histoire des Utah Jazz a toujours été un long fleuve tranquille vous ne serait surement pas loin de la vérité. Forcément, au pays des mormons, difficile de faire dans le strass et les pailettes. Pourtant, un homme parviendra a ajouter une petite touche de folklore au tableau lisse et sans histoire des Jazz. Grâce a sa bonhommie et sa gouaille, Frank Layden marquera l’histoire de la ligue en général et de sa franchise de coeur en particulier. Basket Rétro rend aujourd’hui hommage à l’un des dirigeants les plus sympathiques que la NBA ait connu. Musique Maestro !
Frank Layden est né le 5 janvier 1932 à Brooklyn. Rapidement il embrasse la carrière d’entraineur. Il rejoint le banc de University Niagara pour coacher les Purples Eagles. Une équipe dont il porta également le maillot en tant que joueur. En 1970 il permet à son équipe d’atteindre le tournoi NCAA pour la première fois de son histoire. Ses bonnes performances ne tardent pas à le propulser en NBA. En 1976, il devient assistant-coach chez les Hawks d’Atlanta. C’est en 1979 qu’il rejoint la franchise qui va le consacrer, les Jazz. A cette époque l’équipe évolue encore à la Nouvelle Orléans. Il en devient le general manager. En 1981 il prend la place de head-coach tout en conservant sa casquette de GM. Il occupera le banc des Jazz pendant sept saisons et demie. Au terme de la saison régulière 83/84 les Jazz signent un bilan de 45 victoires et 37 défaites, améliorant de 15 victoires leur record de la saison précédente. Frank Layden n’est pas étranger à cette performance et il décroche le titre de » Coach of the year « . C’est également au terme de cette saison qu’il se voit adjuger le » J Walter Kennedy Citizenship Award « (ndlr : Le J. Walter Kennedy Citizenship Award est une récompense annuelle de la NBA qui porte le nom du deuxième président de la ligue, Walter Kennedy.
Elle honore un joueur ou un entraineur pour les services rendus et son action envers la communauté au sens général et envers les populations dans le besoin en particulier. Le trophée est présenté et soumis au vote chaque année par la Professional Basketball Writers Association). Il partage avec Joe O’Toole (un préparateur physique des Hawks d’Atlanta) la particularité d’être le seul lauréat du trophée non issue de la famille des joueurs. Une bonne nouvelle n’arrivant jamais seule, il s’adjuge également le titre de » NBA executive of the year « . Un titre qui revient au meilleur General Manager de la ligue. Une année pleine pour Frank Layden. A cette époque, Layden profite du cumul de ses mandats (coach et GM), pour mener de front deux projets. D’abord il travaille au quotidien avec son effectif pour le mener en playoffs régulièrement, ensuite, il oeuvre pour le futur de la franchise en s’occupant des transferts et des choix de la draft. Il est fortement impliqué dans les sélections de John Stockton (1984) et de Karl Malone (1985), qui méneront dans le futur les Jazz en finales NBA. En 1987/1988, Layden signe son meilleur bilan en saison régulière en terminant avec 47 victoires et 35 défaites. En playoffs, cette année-là, Utah tombera en demi-finales contre les Lakers de Magic Johnson alors en pleine période » Showtime « .
En 1989, après 17 rencontres, et malgré un bilan flatteur de 11 victoires pour 6 défaites, il laisse sa place sur le banc à Jerry Sloan afin de se consacrer à son rôle de General Manager. Ses choix et son implication feront des Utah Jazz une des franchises phares de la conférence Ouest durant les années 90. En plus de ces qualités professionnelles reconnues, c’est également par son côté populaire et bon vivant que Frank Layden marquera les esprits. Sa silhouette un peu ronde, ses coups de gueule, et ses nombreuses explosions de joie éxubérantes lui permettront d’asseoir sa notoriété. Une notoriété grâce à laquelle il se permet souvent des commentaires sur l’actualité de la ligue. Un exercice dans lequel il excelle grâce à sa gouaille légendaire. Layden n’a peur de rien, et lorsqu’il ponctue ses punchlines par un trait d’humour, on ne peut que sourire et le trouver attachant. C’est ainsi qu’en 1991 il commente la non-sélection de Isiah Thomas au sein de la dream team :
» Si personne n’a le courage de dire en face à Isiah Thomas qu’il n’a rien a faire dans la sélection olympique je m’en charge » avant d’ajouter au sujet de Bill Laimbeer » Quant à Laimbeer, je ne sais vraiment pas pourquoi il s’évertue à vouloir intégrer la team qui représentera les Etats-Unis à Barcelone. Laimbeer n’aurait même pas sa place dans la sélection olympique Tchécoslovaque. «
Son humour et son auto-dérision font de lui le candidat idéal au moment de choisir un présentateur et une voix pour la vidéo » Dazzling Dunks and Basket Bloopers « , une vidéo humoristique sortie en 1989 qui compile dunks ratés, chutes en tout genre et autre epic-fail. En 1998, après les finales perdues contre les Bulls, Franck décide de quitter les Jazz. Il rejoint son fils Scott chez les Knicks ou il devient consultant. L’aventure dans sa ville natale ne dure pas longtemps, Layden retourne rapidement dans les bras de son plus bel amour. Il prend en main les rennes de la franchise féminine des Utah Starzz. Le résultat est peu convaincant, il quitte l’équipe avec un bilan mitigé de 8 victoires pour 22 défaites. Désormais à la retraite et âgé de 82 ans, Frank Layden vit toujours à Salt Lake City où il jouit d’une énorme popularité, faisant de lui une véritable star locale.Et comme personne n’est parfait, on lui pardonne même d’avoir échangé Dominique Wilkins aux Hawks d’Atlanta sans même que le jeune rookie sélectionné en 3ème position de la draft 1982 n’ait le temps d’enfiler le jersey du Jazz en match officiel. Peut-être la seule fausse note de la partition de Frank Layden.
Bien qu’il n’est jamais bénéficié de l’aura ou de la médiatisation de ses plus célébres collégues, à l’instar par exemple de Pat Riley, Frank Layden reste un personnage incontournable de la NBA. Loin des marchés médiatiques comme New-York ou Los-Angeles, et malgré un bilan en tant que coach ne dépassant pas les 50% de victoires, Layden grâce à des choix judicieux et à une gestion astucieuse construira petit à petit une solide équipe, qui s’offrira deux finales d’affillée et 19 participations consécutives aux playoffs. Dire qu’à son arrivée sur le banc, la franchise de Salt Lake City n’avait jamais décroché de ticket pour les phases finales en 7 années d’existence (5 ans à la Nouvelle Orléans et 2 à Salt Lake City). De quoi mesurer pleinement le travail accompli par Frank Layden pour son équipe. Alors pour toutes ces raisons, et aussi un peu pour ses déguisements et ses facéties, Basket Rétro remercie Frank Layden d’avoir inscrit Salt Lake City en majuscules sur la carte NBA.
SON BILAN NBA
- 571 matchs à la tête des Utah Jazz
- 277 victoires/294 défaites
- Meilleur bilan en saison régulière : 47 victoires/35 défaites en 87/88
- 41 matchs de playoffs pour un bilan de 18 victoires et 23 défaites
- Demi-finaliste de la conférence Ouest en 1984,1985 et 1988
- Coach of the year, Executive of the year et lauréat du » J.Walter citizenship award » au terme de la saison 83/84
LE SHOW FRANK LAYDEN
LAYDEN ET MALONE DANS UN SKETCH POUR LA VIDEO « dazzling dunks » de 1989
Crédits photos : Sltrib.com/sportillustrated.com/nba.com
Eh ben, un sacré personnage ce Franck Layden ^^
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