ITW Pascal Donnadieu (JSF Nanterre) – Partie 2 : « Très admiratif du travail d’Ettore Messina »
Interviews
Suite de l’interview avec Pascal Donnadieu aujourd’hui (pour les retardataires cliquez ici pour lire la 1ère partie de l’interview). Dans cette seconde partie, l’entraîneur de la JSF Nanterre revient sur son travail de ère partiecoaching. L’entretien s’est enfin terminé par l’actualité sur la Pro A et la NBA et son nouveau poste à la tête de l’équipe de France A’. Bonne lecture à tous.
BR : Votre façon d’entraîner a-t-il évolué d’années en années ?
Pa.Do : Oui forcément, vous êtes obligé de vous adapter au niveau des joueurs et des adversaires, au jeu auquel vous êtes confronté. Après ca peut paraitre bizarre ce que je dis mais au niveau du management de l’homme, quand vous êtes jeune, vous êtes un peu sanguin, chien fou et peut être des fois un peu trop. J’ai considéré qu’il y avait la même approche à peu près.
BR : La même approche ? C’est-à-dire ?
Pa.Do : C’est de respecter l’homme avant de penser au joueur. De leur donner beaucoup de confiance. Ce qui n’empêche pas qu’on peut être extrêmement exigeant. J’estime que je le suis. C’est un mix de confiance et d’exigence je pense. Pour que le basketteur soit bon, là je parle au sujet du management, il faut que l’homme soit bien dans sa tête, sente la confiance et la sérénité autour de lui, qu’il prenne plaisir à jouer ensemble avec l’équipe et de s’exprimer.
BR : Toujours concernant le coaching, prônez-vous plus un basket défensif ou offensif. Essayez-vous de trouver un juste milieu ?
Pa.Do : J’ai toujours été un coach plus offensif. J’aime beaucoup le basket fait de « passing game » : se faire passer la balle, provoquer des décalages. Et mettre du rythme. C’est quelque chose qui m’a inspiré car souvent j’ai joué avec des joueurs dominants à l’intérieur voire de grande taille. Bien évidemment pour gagner des matchs, il faut avoir un minimum de défense. Bien que je sois un coach tourné vers l’attaque, l’image de la finale gagnée contre Nancy cette année en Coupe de France, montre que Nanterre est aussi capable de défendre. En Euroligue, on est plus opérationnel sur la défense que l’attaque. J’aime tout ce qui est offensif mais on ne peut pas se contenter de coacher que d’un coté du terrain évidemment.
« En terme de management, il faut que l’homme soit bien dans sa tête, sente la confiance et la sérénité autour de lui, qu’il prenne plaisir à jouer ensemble avec l’équipe et de s’exprimer ».
BR : Qui sont vos modèles dans le coaching basket qui vous inspire dans votre travail de tous les jours ?
Pa.Do : J’ai eu la chance de croiser les coachs de clubs d’Euroligue que j’ai appréciés. Je suis très admiratif du travail d’Ettore Messina. Ce sont des coachs d’Euroligue très forts et performants, capables de faire produire un basket de qualité et collectif à leurs équipes. Ce sont des personnes qui effectuent un travail de qualité et forment une unité. C’est ce qui m’a impressionné et agréablement surpris. J’ai eu l’occasion d’assister à un séminaire de deux jours avec les coachs d’Euroligue. Quelle qualité de travail et quelle simplicité. Je croise des gens qui n’ont même pas un quart de leur palmarès. Et n’ont pas idée de leur modestie.
« Les coachs d’Euroligue sont très forts et performants, capables de faire produire un basket de qualité et collectif à leurs équipes. Ce sont des personnes qui effectuent un travail de qualité et forment une unité. C’est ce qui m’a impressionné et agréablement surpris. J’ai eu l’occasion d’assister à un séminaire de deux jours avec les coachs d’Euroligue. Quelle qualité de travail et quelle simplicité ».
BR : Pouvez-vous nous expliquer sur quoi vous basez vos entraînements au quotidien ? J’imagine que ça évolue mais globalement.
Pa.Do : Il faut alterner. Et trouver le bon dosage entre le coté ludique, le coté exigence. L’aspect préparation physique est important. Comme on veut un jeu collectif assez bien huilé, cela demande forcément beaucoup de répétitions sur les systèmes. Je suis plutôt un adepte des entraînements avec du jeu, de l’opposition. On essaie à travers les entraînements d’imposer sa patte et sa philosophie pour les matchs.
BR : Par rapport à votre époque où vous jouez et les années où vous entraînez, ressentez-vous des différences dans le jeu, une évolution dans le basket français au niveau tactique, technique ?
Pa.Do : Oui, en toute humilité, j’ai joué jusqu’en Nationale 3. Je n’ai pas côtoyé le haut niveau et je ne vais pas me permettre des comparaisons. Bien évidemment, la grosse différence, c’est le progrès en termes de rapidité, de technique individuel. Avant à mon époque et à très haut niveau, le joueur intérieur de 2m05-2m10, avait peut-être quelques difficultés à se déplacer, à faire les choses. Et maintenant, ils courent comme un lapin et des meneurs de jeu, shootent à 3 points. Des choses se sont mises en place dans le jeu. A notre époque, on ne parlait pas autant des notions de pick n’roll.
BR : Pour en revenir à la Pro A, qui voyez-vous favori pour le titre cette année tellement c’est serré entre les équipes ? (ndlr : interview réalisée le 15 mai)
Pa.Do : Oui c’est compliqué. Je vais vous donner le nom de l’équipe en forme. Puis dans 2 jours, vous aurez une équipe différente. Limoges parait un ton au dessus. Mais c’est tellement fragile et il y a de tels retournements de situation. Je dirais que y a 2 favoris : Limoges et Strasbourg ; et 2 supers outsiders: Chalon et Dijon.
BR : Qui sera champion NBA cette année ?
Pa.Do : Je connais moins la NBA que le basket européen. Mes enfants sont des fervents supporters de NBA. Je regarde les playoffs qui sont forcément intéressants. J’ai toujours bien aimé les Spurs, au-delà de la présence de Tony Parker, qui accomplit des choses extraordinaires. C’est fantastique ce que fait San Antonio depuis des années. Je supporte cette équipe qui pratique un basket que je préfère. Je vois donc une finale Miami-San Antonio. Mais je vois peut être pas les Spurs champion NBA cette année. J’aimerais bien, ce qui serait la récompense du basket qu’il produise. En NBA il y a moins de surprise qu’en Pro A.
BR : Vous avez été nommé sélectionneur de l’Equipe de France A’. Vous n’avez pas hésité à accepter ce poste ? Et quel sera les objectifs avec cette équipe ?
Pa.Do : Non pas d’hésitation. C’est une fierté. C’est un challenge sympa. On me demande de voir comment des joueurs de 20-25 ans, sont capables de se comporter à un échelon international, de réagir dans un contexte de compétitions internationales. Il y a des jeunes et bons joueurs qui se situent juste derrière l’équipe de France. Et comme faut préparer l’avenir, il faut voir qui est opérationnel à moyen et court terme. C’est une mission sympa. Ça témoigne de la confiance qu’on me fait. Pour un coach comme moi, parti de tout en bas, c’est une fierté. Faut pas se le cacher. C’est un honneur de me retrouver à ce poste là.
BR : Vous avez décidé de rester à Nanterre ? C’est le choix du cœur ?
Pa.Do : Oui c’est le choix du cœur bien évidemment. Mais je considère qu’on peut faire plein de choses encore. Peut-être qu’on ne sera pas encore champion de France mais je suis bien à Nanterre. C’est bien dans le sport d’avoir des gens qui ont l’amour de leur club, de leur maillot. J’avais des opportunités intéressantes cette année. Ça a suscité de l’intérêt. On a vécu une saison extraordinaire avec le titre de Pro A l’année dernière. Cette année on a vécu de belles choses. Je trouvais que c’était un peu « facile » de partir cette année.
Propos recueillis par Richard Sengmany
Merci infiniment à Pascal Donnadieu d’avoir pris le temps de répondre à nos questions pour Basket Rétro. Lecteurs, rendez-vous pour le prochain entretien avec un acteur du basket. En attendant, retrouvez ci-dessous les autres entretiens à lire.
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