ITW Edwige Lawson-Wade (LFB) – Partie 2 : « La Ligue Féminine est un championnat super intéressant à mettre plus en avant »
Suite de notre entretien avec Edwige Lawson-Wade. Dans cette deuxième partie, Basket Rétro a voulu en savoir plus sur le basket féminin avec l’ex-joueuse qui détient 210 sélections en Equipe de France. Elle nous parle de sa présence dans les médias, de Céline Dumerc, de la Ligue Féminine de Basket (LFB). Pour donc découvrir ses réponses chers lecteurs et lectrices à ces sujets, ça se passe ci-dessous. Bonne lecture.
Basket Rétro : Des joueuses/entraîneurs vous ont-ils marqué dans votre carrière ?
Edwige Lawson-Wade : Des entraîneurs oui car c’est eux qui vous font avancer. J’avais un entraineur à San Antonio qui a entrainé Ekaterinbourg. Son nom est Olaf Lange qui m’a beaucoup appris et avec qui je me suis très bien entendu. Abdou n’Diaye aussi au début de ma carrière. Quant aux joueuses, il y a Alison Feaster avec qui j’ai joué à Valenciennes et à Aix en Provence, Ann Wauters, et Diana Taurasi.
BR : Et forcément j’imagine que Céline Dumerc considéré comme une des meilleures joueuses en France vous a marqué. Pouvez-vous justement nous parler d’elle sur et en dehors du terrain (investissement, tempérament, son rôle de capitaine chez les Bleues, influence sur ses coéquipières).
ELW : J’ai partagé beaucoup de choses avec elle. Etant plus âgé que Celine et quand j’ai joué avec elle en Equipe de France, j’avais déjà fait ma carrière. Je ne dirais pas qu’elle m’a appris des choses car j’ai joué avec elle à 32 ans. Céline est quelqu’un qui travaille énormément, qui a le sens de l’équipe, qui veut gagner. Ca c’est très important. C’est une personne qui a un caractère assez fort. Des fois, faut pas la croiser le matin (rires). Sinon, en général, je m’entends très bien avec elle car elle a un bon sens de l’humour. On peut discuter sérieusement et c’est quelqu’un de poser avec qui on peut avoir des discussions intéressantes, déconner, bien rire. On a déjà pris des vacances ensemble. On s’est bien marré. Céline fait partie des plus belles rencontres de ma carrière. On a gagné des choses très intéressantes ensemble. C’est une capitaine qui est très exigeante avec ses coéquipières autant qu’elle est avec elle-même. C’est un bon exemple pour les joueuses avec qui elle joue. A l’entraînement, elle est concentré et à fond comme en match.
BR : Céline Dumerc va rejoindre la WNBA et le club d’Atlanta. Lui avez-vous donné des conseils pour son passage aux Etats-Unis ?
ELW : Oui elle m’a appelé. Les Etats-Unis, ça peut être une expérience extraordinaire et aussi difficile. Il faut s’y préparer mentalement. Je pense qu’elle est prête. La WNBA est un monde complètement différent avec sa culture. On a parlé plusieurs fois au téléphone. Elle est à un moment de sa carrière où elle peut se permettre d’aller jouer aux Etats-Unis car elle n’a plus rien à prouver. Elle est assez mure. Et on parlait de son caractère. Si les choses ne vont pas dans le bon sens comme elle le veut, elle essaiera de prendre de la distance alors qu’elle pourrait s’énerver ou être frustré. Et là ça sera pas le cas, elle a atteint un niveau de maturité. J’espère que celui-ci pourra l’aider à jouer aux Etats-Unis.
« Céline Dumerc fait partie des plus belles rencontres de ma carrière. On a gagné des choses très intéressantes ensemble. C’est une capitaine qui est très exigeante avec ses coéquipières autant qu’elle est avec elle-même. C’est un bon exemple pour les joueuses avec qui elle joue. A l’entrainement, elle est concentré et à fond comme en match ».
BR : Suite à votre carrière, on vous voit beaucoup dans les médias : commentaires des matchs d’Euroligue sur l’Equipe 21, consultante NBA sur BeIn Sports. Avez-vous déjà anticipé votre après carrière ? Vous saviez tout de suite que vous voulez travailler dans les médias ?
ELW : Pas du tout, c’est venu comme ça. L’année dernière, on m’a proposé de commenter un ou deux matchs pour Sport+. J’avais bien aimé. Puis cette année, je suis sur Bein Sports et l’Equipe 21. C’et vrai que ce sont des exercices que j’aime bien. Ca se passe bien. Je suis contente de le faire.
BR : Comment vous préparez-vous pour commenter un match et quel est votre role en tant que consultante NBA chez BeIn Sports ?
ELW : Il faut bien maitriser son sujet. Il faut connaitre les joueurs et leurs parcours. L’Euroligue féminine c’est facile pour moi. Je n’ai pas trop à me préparer. La NBA ca change tous les jours. Il y a des résultats différents, des équipes en forme une semaine et celle d’après qui le sont plus. Ca va vite. Il y a beaucoup de choses à dire. Il faut bien suivre la NBA. Mais l’avantage quand on est passionné et qu’on aime le basket, cela se fait naturellement. Commenter un match se prépare. Ce n’est pas juste arriver et dire 2-3 phrases.
BR : Quelle différence faites-vous dans l’évolution du basket féminin au niveau du jeu entre votre époque et celle d’aujourd’hui ?
ELW : La technique et le coaching évoluent. Les joueuses sont plus techniques. Après je ne sais pas s’il y a une grosse évolution. A 33 ans, j’étais MVP de la ligue féminine. Et à 22-23 ans, je ne l’ai jamais été. Je ne peux pas dire en France que le niveau a augmenté d’une manière incroyable. Le fait qu’il y ait plus d’étrangères qui soient arrivées dans le basket féminin notamment des américaines qui ont le niveau de l’Euroligue, le rend vraiment intéressant et le rend injouable pratiquement pour une équipe française et gagner un titre. C’est le coté un peu négatif.
BR : Vous êtes aussi vice-présidente de la Ligue Féminine de Basket ? Comment s’est présentée cette opportunité ? Vous n’avez pas hésité à y répondre favorablement ?
ELW : Non je n’ai pas hésité. J’aime le basket féminin. Quand Jean-Pierre Siutat, le président de la Fédération Française de Basket m’en a parlé, j’ai accepté très rapidement.
BR : Pouvez-vous nous en dire plus sur ce rôle que vous tenez à la LFB. Que faites-vous concrètement ?
ELW : On réfléchit notamment à un format différent des playoffs avec 8 équipes. (ndlr : actuellement, le format est le suivant : les équipes classées directement de la première à la quatrième place accèdent directement en quarts de finale. Quant aux clubs positionnés de 5 à 12 en saison régulière, celles-ci jouent le premier tour en matches aller-retour = pré-quarts de finale). On essaie de promouvoir la ligue et les clubs notamment avec l’émission « Dans Le Cercle » qu’on a lancée. Puis il y a le match « Championnes de Cœur » (ndlr : dîner et match de gala organisé au profit de l’UNICEF et son programme « Écoles amies des enfants au Niger » , à Toulouse le 8 mars dernier). On essaie donc de faire avancer le basket féminin. C’est le rôle de cette ligue de mettre en avant les clubs. Et d’avoir un championnat intéressant. On s’occupe aussi de toute la partie concernant le règlement, une partie dont on ne parle pas le plus.
BR : Vous parlez de l’émission mensuelle « Dans le Cercle », est-ce une de vos idées avec la Ligue de lancer un programme sur le basket féminin sur la toile et ce pour faire la promotion de celui-ci, lui qui souffre donc de médiatisation ?
ELW : Exactement, l’objectif était plus parler de la LFB et qu’on la mette plus en avant. C’est vrai qu’on connait bien Bourges, Céline Dumerc et les joueuses de l’Equipe de France. Mais il y a d’autres joueuses et équipes qui sont vraiment intéressantes. Et je trouvais important qu’on parle d’elles aussi. La Ligue Féminine est un championnat super intéressant. Les gens n’ont pas la chance de le suivre à la télévision. S’il n’y a pas d’émission à la télé, il faut en faire une nous-même. Et « Dans Le Cercle » a donc vu le jour.
« Parler plus de la LFB et de son championnat avec l’émission « Dans Le Cercle »
BR : En quelques mots, pouvez-vous nous parler du contenu de cette émission ?
ELW : On fait le portrait d’une joueuse, d’un club. On parle des joueuses qui ont été en forme. On parle du classement des championnats. On répond aux questions des fans sur Twitter. On parle de toute l’actu autour de la Ligue et du championnat. (Basket Rétro vous propose de découvrir les différents numéros de cette émission dont le dernier en avril. Lien cliquable ci-contre : » Dans Le Cercle «
BR : Dans la LFB, il y avait une domination systématique des clubs de Bourges et Valenciennes. Était-ce pas embêtant de n’avoir que deux grands clubs dans cette ligue. Et les autres équipes devaient se contenter des autres places même si il peut y avoir des exceptions comme Tarbes ou Montpellier qui ont atteint la finale du championnat ? Que faudrait-il faire pour qu’il y ait un peu plus de suspense dans ce championnat ?
ELW : Il y en a du suspense. L’année dernière, Montpellier était première en championnat et Bourges deuxième. Cette année, Basket Landes est arrivé deuxième et a battu Bourges. Ce n’est plus la même domination qu’avant. Bourges est championne tous les ans. Sinon, c’est très ouvert. Quand j’étais à l’époque à Valenciennes, on ne perdait jamais un match. Le seul qu’on perdait c’était face à Bourges. Là, n’importe qui peut battre tout le monde.
BR : Bourges a raté la marche pour la finale en Euroligue cette année. A quand d’autres clubs français comme Valenciennes dans les années 2000 ou Bourges pour atteindre le même niveau que ces clubs cités sur la scène européenne dans les années à venir (demi-finale, finale) ?
ELW : C’est compliqué pour les équipes françaises quand on voit les budgets des clubs russes et turcs. Là on assistera notamment à une finale d’Euroligue entre deux clubs turcs. Bourges se débrouille très bien en Euroligue. Elles auraient pu aller en finale. Pour les autres, ca reste possible mais c’est très très difficile.
BR : Selon vous, quelles solutions pour que ces clubs français atteignent le niveau de ceux comme les turcs ou russes ?
ELW : C’est une question de budget. (rires) Plus il est grand, plus on a des joueuses de classes mondiales.
BR : Il faudrait que le Qatar comme au foot arrive et investisse dans un club français.
ELW : (rires). C’est une solution.
BR : Envisager d’investir dans un club pro vous est-il venu à l’esprit ?
ELW : Si j’avais le salaire des joueurs NBA, pourquoi pas. Mais les joueuses de basket féminin n’ont pas gagné autant que les joueurs masculins.
BR : Est-ce possible un jour de vous voir entraîner un club ou de devenir sélectionneuse de l’Equipe de France féminine ?
ELW : Non pas pour le moment.Ce n’est pas dans mes projets d’entraîner.
Un grand remerciement à Edwige Lawson-Wade pour sa disponibilité et d’avoir répondu à nos questions pour Basket Rétro.
Propos recueillis par Richard Sengmany
Son site internet : www.lawson-wade.com
La première partie de l’interview
La carrière d’Edwige Lawson-Wade en image (c) Antoine Storck
Itw plus qu’intéressante vu la sous médiatisation du basket féminin.
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