C’est par nécessité que le basket devint professionnel. Alors que de plus en plus d’équipes amateurs étaient en compétition pour se partager les horaires et les équipements disponibles des clubs YMCA locaux dans la région nord-est, les autres sports et disciplines souffraient de cette popularité. Inondés de plaintes de membres de longue date, les officiels des clubs YMCA furent forcés de limiter les heures de basket dans les gymnases.

C’est en 1896, qu’une équipe de Trenton, dans le New Jersey, décida d’agir pour éviter d’annuler la rencontre prévue. La solution était toute simple : le club allait louer la salle d’armes locale, accrocher des paniers et demander un prix d’entrée pour rentrer dans ses frais. La rencontre attira assez de spectateurs pour payer la location et verser à chaque joueur un bonus de 15 dollars. C’est ainsi que les premières fondations du basket professionnel furent jetées.

Soutenue par un tel intérêt du public, la première association professionnelle fut formée en 1898 par des équipes de la région de Philadelphie. La National Basketball Association survécut jusqu’en 1903 et fut à l’origine de toute une série de circuits professionnels, à l’existence plus ou moins longue, surtout dans l’Est du pays. Les associations professionnelles des premiers temps existaient au niveau régional et les équipes engageaient les joueurs le temps d’une rencontre, disputant celle-ci dans les salles de danse et les salles d’armes locales. Une équipe typique comptait deux ou trois joueurs locaux et plusieurs stars pour l’occasion. Cette pratique permettait aux meilleurs joueurs de l’époque de vendre leurs services au plus offrant et même de jouer pour plusieurs équipes en même temps. Ceci contribua à semer la confusion dans l’esprit des fans, au risque de mettre en danger leur loyauté.

Le basket professionnel, au début des années 1900 ressemblait beaucoup plus à une mêlée de football qu’à un sport bien distinct. Les contacts physiques étaient fréquents et impitoyables, et à l’époque quiconque osait tirer au panier en sautant pouvait s’attendre à être impitoyablement contré. Les manœuvres offensives se limitaient à deux tirs de base : le « lay-up » et le tir à deux mains. Les lay-ups étaient limités par une stratégie de défense qui consistait à placer un joueur en garde dans le couloir des lancers francs. Autre innovation professionnelle, la cage qui délimitait le terrain, permettait de garder le ballon à l’intérieur et de protéger les joueurs des fans un peu trop enthousiastes. Bien que la cage ait permis d’accélérer le jeu, elle avait aussi l’inconvénient de couper et de blesser les joueurs qui rebondissaient contre les parois en acier grillagées aussi souvent que le ballon.

« Le ballon restait toujours en jeu grâce à ces cages, mais seuls les joueurs les plus courageux s’aventuraient dans les coins pour aller le chercher » déclara en 1963 au Sporting News Joe Lapchick, star professionnelle des premières heures qui fut pendant longtemps entraîneur universitaire et professionnel. « Les garçons restaient à l’écart alors que les hommes s’impliquaient. On sortait du coin de la cage rayé comme un zèbre, après avoir été coincé contre le grillage. Tout ce qu’on obtenait, c’était un entre-deux. »

Avec les cages, apparut une autre innovation au niveau du panier. Dans les cages en filet, les cercles ouverts ne comportaient pas de panneaux, ce qui exigeait évidemment une très grande habilité au tir. Avec les cages en grillage d’acier, le panier se trouvait environ de 6 à 10 pouces du panneau. Certains fans, mécontents de ne pouvoir accéder au terrain et aux joueurs invités, faisaient dépasser à travers le grillage des épingles à cheveux, des clous et autres objets pointus. La cage resta très populaire tout au long des années 20 dans un très grand nombre de villes qui comptaient des équipes professionnelles.

Les championnats n’étaient pas la seule activité du basket professionnel des premiers temps. Des équipes formées uniquement pour les tournées, voyageaient de ville en ville et se rencontraient pour participer à un match. Les équipes de tournée avaient l’avantage de posséder de bons joueurs qui restaient dans la même équipe pendant un certain temps. les Buffalo Germans, par exemple, qui obtinrent un record de 792 victoires pour 86 défaites entre 1895 et 1929, étaient les meilleurs joueurs de tournée de l’époque.