1992-93, la première journée de LNB
France
1992, la face du basket mondial est changée à jamais. Sport devenu extrêmement populaire auprès des jeunes, le basket séduit plus que jamais et se met en valeur au travers des équipes et joueurs de la NBA. Mais dans ce boom du basket à l’accent américain, le basket français doit surfer sur la vague et faire sa révolution.
Le basket, sport de l’an 2000. Cette prédiction d’Yvan Mainini, alors président de la FFBB, s’appuie sur un changement d’image de la balle orange. Le basket est le sport à la mode : les playgrounds fleurissent un peu partout dans l’hexagone, les jeunes arborent des tenues aux couleurs de leurs équipes NBA favorites, et la Dream Team a conquis les cœurs de nombreux enfants et adolescents à travers le globe. Le basket français va bénéficier de cette invasion du basket dans l’espace public, avec l’émergence de nouveaux profils de joueurs, athlétiques, aériens, inspirés, créatifs tels que Moustapha Sonko ou Alain Digbeu. Les joueurs français ne nourrissent plus de complexes vis-à-vis de leurs coéquipiers d’outre-Atlantique, et développent un jeu de plus en plus spectaculaire.
Pendant ce temps, la LNB va offrir un léger lifting à sa compétition reine, en accueillant 14 équipes au lieu de 16, et en la renommant Nationale A1 (au lieu de Nationale 1A…). Tours, Reims et St Quentin disparaissent ainsi de l’élite française, remplacés uniquement par Levallois, promu de deuxième division.

Paradoxalement, dans ce basket plus ouvert que jamais, c’est le CSP Limoges qui va imposer un style de jeu fermé, tout en maîtrise et en contrôle, à l’aide d’une défense très hermétique. Avec Bozidar Maljkovic, l’équipe de Haute-Vienne veut marquer un grand coup non seulement dans l’hexagone, mais aussi sur la scène européenne.
UNE RENTREE ANTICIPEE
Le premier match de cette saison 1992-93 se déroule de manière anticipée, le jeudi 17 septembre 1992 à Lyon. En effet, les locaux de la CRO ne peuvent recevoir le week-end, en raison d’une compétition de tennis de table se tenant dans leur salle de Gerland. Dans ce match opposant deux équipes qui finiront en milieu de tableau, c’est la CRO Lyon qui l’emporte 88-81, Montpellier pouvant s’en vouloir d’avoir laissé 50% de ses lancers-francs en chemin (13/26). Et pourtant, Geoff Lear et Keith Owens ont fait un match complet (respectivement 16 points – 14 rebonds et 25 points – 11 rebonds), mais c’était sans compter sur le trident lyonnais, composé de Leon Wood (23 pts, 7 rebonds et 5 passes pour le champion olympique 1984 et futur arbitre NBA), Skeeter Jackson (17 points et 7 rebonds pour le père d’Edwin) et le jeune Stéphane Risacher, auteur de 18 points à 75%.
Le lendemain, c’est encore un match anticipé qui se joue avec le tout nouveau Racing PSG qui reçoit Le Mans. Après le retrait de leur sponsor principal ADIA, les Parisiens se retrouvent en grande difficulté financière et filent tout droit vers une descente inéluctable. Sauvé tout d’abord par la rétrogradation de Mulhouse, puis l’arrivée de Canal + comme sponsor providentiel, le Racing nourrit de nouvelles ambitions en intégrant la grande maison du PSG. Et effectivement l’effectif est rutilant, avec les américains Milt Wagner et Kevin Magee, des joueurs référencés tels que Freddy Hufnagel, Hervé Dubuisson, Stéphane Lauvergne, Felix Courtinard… Pour autant, les parisiens vont se heurter dès cette première journée à la réalité face à une équipe mancelle taillée pour le haut de tableau. Norris Bell, frôlant le triple double sur ce premier match (28 points, 10 rebonds, 9 passes décisives pour 36 d’évaluation), amène le Mans vers la victoire 95 à 90. Dans le duel des snipers, Hervé Dubuisson, limité à 8 minutes aura tout de même inscrit 8 points à 2/3 aux tirs, alors que Vincent Collet en marquera 16, dont 3/4 à 3 points.

FORTUNES DIVERSES
Dans les autres rencontres qui se déroulent le samedi 19 septembre, Gravelines réalise une bonne opération face à Dijon, avec une victoire 91-85 sur le parquet bourguignon. Les 36 d’évaluation de Kenny Green (30 points et 11 rebonds) n’auront pas suffit face à l’apport de Bill Jones (22 points), Georges Montgomery (12 points, 11 rebonds) et Jean-Aimé Toupane (17 points). Il faut dire aussi que quand Gravelines tire à 69% de réussite sur le match, c’est compliqué de les contrarier !
Les étrangers de l’ASVEL, l’américain Troy Bowers (20 points) et l’anglais Steve Bucknall (19 points), sont eux aussi tombés sur une « french team » conquérante. Avec 60 points marqués par Georgy Adams (21 points à 10/12 aux tirs), Stéphane Ostrowski (15), Hugues Occansey (12) et Yann Bonato (12), le quatuor antibois l’emporte à domicile 88 à 74 face à l’ASVEL.
La Chorale de Roanne, qui descendra en ProB à l’issue de cette saison, commence mal ce championnat 1992-93, avec une défaite face face à Cholet 67-82. Dominés au rebond (21-40), avec seulement 8 passes décisives pour 13 ballons perdus, Roanne fait bien pâle figure. Ron Davis, auteur de 10 points à seulement 18% de réussite ne peut que contempler le naufrage. Pour Cholet, Curtis Kitchen et Randy Allen s’en donnent à cœur joie pour dégoûter leurs adversaires du jour (16 points et 18 rebonds (!) pour le premier et 15 points et 11 rebonds pour le second), dirigés par le maestro Antoine Rigaudeau (20 points, 5 rebonds et 4 passes).

LES GROS PRENNENT L’ASCENDANT
Enfin, pour clore cette journée, c’est l’entrée en lice des deux prétendants au titre. D’un côté Pau-Orthez reçoit Châlons sur Marne et de l’autre Limoges se déplace à Levallois.
Pau-Orthez, tenant du titre, a tapé un grand coup dans le recrutement, en faisant venir le géant roumain Gheorge Muresan, 2m30 sous la toise ! Pour sa découverte du championnat français, il va matraquer la raquette adverse avec 28 points. Mark Mitchell, Claude Williams ou encore Charlie Williamson ne peuvent pas stopper la domination de ce gabarit hors-norme, auteur aussi de 14 rebonds et 4 contres. Cela fait presque oublier le match discret d’Orlando Phillips (4 points seulement). Bien secondé par les frères Gadou (16 points pour Didier et 10 pour Thierry), ainsi que par le vétéran Howard Carter (21 points), Muresan offre pour ses débuts une victoire à Pau-Orthez 84 à 69.
Dans le duel à distance des favoris, Limoges écarte Levallois 92 à 86, grâce à l’apport des 33 points de Michael Young et les 26 de Dusko Ivanovic. Ce dernier n’est que de passage à Limoges, remplaçant Jurij Zdovc blessé. Il reviendra garnir son armoire à trophées dans le limousin dans un rôle de coach quelques années plus tard. Dacoury et Bilba complètent le tableau des marqueurs de ce match avec 18 et 11 points respectivement. Larry Robinson avec ses 28 points et l’ancien de la maison Michael Brooks, auteur d’un match énorme (22 points et 19 rebonds) se sont bien démenés, mais cela n’aura pas été suffisant. Mais c’est aussi la seule fois du championnat que Limoges encaissera autant de points, la défense de fer prônée par Bozidar Maljkovic va se mettre en place et permettre aux limougeauds d’aller chercher un titre européen !



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