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Eurobasket 1997, en route pour le « Back-to-Back » Yougoslave

Eurobasket

Montage Une : Laurent Rullier pour Basket Retro

Après la magistrale édition de basket lors des Jeux Olympiques de Barcelone, en 1992, la balle orange revient en Catalogne pour l’Eurobasket 1997. Plus précisément, dans trois villes de la région autonome avec, outre Barcelone, Gérone et Badalone accueillant 16 pays répartis dans quatre groupes de quatre équipes. Dans un format qui permet aux trois premiers classés d’être qualifiés pour le tour suivant, place tout d’abord au groupe A qui met aux prises la Grèce, la Russie, la Turquie et la Bosnie-Herzégovine. Deux favoris se dégagent clairement pour la qualification : la Grèce et la Russie. Côté grec, le sélectionneur Panagiotis Giannakis, légende dorée de l’Eurobasket 1987 avec son compère Nikos Galis, présente une équipe solide avec quelques individualités rompues aux joutes de l’Euroleague. Parmi elles, les deux vainqueurs de l’épreuve reine en 1997 avec l’Olympiacos de David Rivers, Giorgos Sigalas et Dimitrios Papanikolaou. Deux joueurs du Panathinaïkos sont également présents avec l’ailier fort Nikos Ekonomou et la légende des verts et blancs, Fragiskos Alvertis. Ce dernier effectuera toute sa carrière sous le maillot du « Pana ». Une autre doublette complète le « roster » grec puisque la sélection hellène a fait appel à deux titulaires du Panionos avec la présence du meneur Georgios Kalaitzis, futur double vainqueur de l’Euroleague avec le « Pana », au début des années 2000 (2000 et 2002). Et un dernier tour de piste pour la légende du club, Fanis Christodoulou 32 ans au compteur dont 14 dans le même club, drafté en 1987 par Atlanta, médaillé d’or en 1987 à Athènes et qui mettra un terme à sa carrière un an plus tard au Panathinaïkos. Enfin, signalons la présence des meneurs Nikos Boudouris (PAOK) et Angelos Koronios (Peristeri) qui remporteront respectivement l’Euroleague et la Saporta en 2000 avec le « Pana » et le PAOK. Le jeune Efthimios Rentziás, 21 ans, drafté en 1996 par les Nuggets et en partance pour Barcelone à la fin de cet Euro est là pour découvrir le haut niveau et se prépare à prendre la relève. Une équipe complète, sans star majeure, mais capable de faire mal et très expérimentée.

Face à eux, les Russes du sélectionneur Sergei Belov comptent grandement sur leurs quatre fantastiques évoluant hors du territoire russe. A savoir Mikhail Mikhailov, 26 ans, pivot au Real Madrid et le meneur Sergei Babkov (30 ans à l’époque et décédé en 2023) de l’Unicaja Malaga. En plus des deux « hispaniques », Vasily Karasev d’Efes Pilsen est le danger majeur de la sélection russe avec Evgeni Kisurin du club croate du Cibona Zagreb. Le reste de l’effectif fait la part belle aux joueurs du club phare, le CSKA Moscou, avec les meneurs Dmitry Shakulin et Igor Kudelin, le pivot Igor Kurashov et l’ailier fort Sergei Panov. Enfin, la fratrie Pashutin est représentée avec Evgeniy et Zakhar, qui évoluent ensemble au Avtodor Saratov. La Turquie, quant à elle, s’avance avec six joueurs qui ont l’habitude de transpirer ensemble toute la saison. En effet, Efes Pilsen offre à la sélection turque le tonique et incandescent Mirsad Türkcan, le tireur à trois points patenté Murat Evliyaoğlu, l’homme à tout faire Volkan Aydın, capable de décanter des situations avec son adresse à trois points. Ainsi que deux tours de contrôle culminant à plus de 2m10, Hüseyin Beşok (2m11) et Tamer Oyguç (2m10). Ufuk Sarıca apporte sa grinta et sa capacité de combiner le poste d’ailier et de meneur. Deux joueurs également habitués à jouer ensemble permettent de la rotation et des points. Le très technique meneur de jeu Orhun Ene et son compère du club d’Ülkerspor, Harun Erdenay, surnommé « Pegasus », comme le cheval ailé cher aux amateurs de l’anime « Les Chevaliers du Zodiaque », en hommage à son « jump » phénoménal.

Enfin, İbrahim Kutluay de Fenerbahçe, connu pour sa frénésie de tirs en attaque, est la principale menace offensive de l’équipe. Pour l’anecdote, l’effectif est complété par un jeune meneur de 18 ans formé à Galatasaray en la personne de Kerem Tunçeri. Ce dernier fera parler de lui à partir de l’Eurobasket 1999 en France, puisqu’il prendra les clés de titulaire au poste de meneur de la sélection turque. Pour compléter ce groupe, la Bosnie-Herzégovine s’appuie sur le meneur Adis Bećiragić, qui évolue en Turquie, avec Erdenay et Ene, au sein d’Ülkerspor. Ce dernier possède également la nationalité turque sous le nom d’Aziz Bekir et participe avec la Bosnie à l’Eurobasket 2025 avec le costume de sélectionneur. Le danger numéro un est l’arrière du CSP Limoges Nenad Marković, dans une sélection qui porte encore les stigmates de la guerre de Yougoslavie depuis 1991.

Le groupe B réunit la Lituanie, la Slovénie et Israël en compagnie de la France du sélectionneur Jean-Pierre de Vincenzi. Côté bleu, Yann Bonato évolue à Pesaro et côtoie le sélectionneur français actuel, Freddy Fauthoux de Pau-Orthez. Des Palois dépossédés de leur titre national par la Paris Basket Racing cette année-là mais bien représentés avec pas moins de quatre pros dans l’effectif tricolore avec Thierry Gadou, Fabien Dubos et Laurent Foirest, en plus de Fauthoux, donc. Trois représentants de l’ASVEL sont là avec l’ailier Georgy Adams, le meneur Laurent Pluvy et l’ailier-fort Rémi Rippert. Les gauchers Jérôme Moïso (19 ans), qui étudie aux États-Unis et Stéphane Risacher du PSG Racing sont présents et côté muscle, Cyril Julian apporte sa hargne ce qui sera bien utile face à une Lituanie en plein renouveau. Dans une sélection où aucun joueur n’a plus de trente ans, la tête d’affiche est désormais le local catalan du FC Barcelone, Artūras Karnišovas. L’ancien choletais peut compter sur le jeune prospect Šarūnas Jasikevičius (21 ans) étudiant à l’université du Maryland mais encore trop tendre et sur un quatuor de joueurs âgés de 23 ans : Saulius Štombergas (Atletas Kaunas), Eurelijus Žukauskas (2m18 du BC Neptūnas), Mindaugas Timinskas (SIG Strasbourg) et Virginijus Praškevičius (aux Wolves, en NBA). Une sélection balte calquée sur l’ossature du Žalgiris Kaunas, vainqueur de l’Euroleague lors de la saison 1998-1999 avec Tyus Edney à la mène. Štombergas et Žukauskas rejoindront, après cet Euro, leurs coéquipiers de la sélection déjà présents au Žalgiris, avec Kęstutis Šeštokas, Dainius Adomaitis et Darius Maskoliūnas ainsi que leur sélectionneur, Jonas Kazlauskas, coach du Žalgiris. Dans cette sélection, citons enfin le pivot Gintaras Einikis, double médaillé olympique de bronze aux JO de Barcelone, en 1992 et d’Atlanta en 1996, en compagnie de Karnišovas.

La sélection slovène présente plusieurs joueurs de qualités tels que le meneur gaucher et champion d’Europe avec le CSP Limoges en 1993, Jure Zdovc. L’athlétique Marko Milič qui composte son billet pour la NBA (aux Suns) à la fin de ce championnat d’Europe et le jeune pivot Rasho Nesterović (21 ans) est également de la partie. Ce dernier sera champion NBA en 2005 avec les Spurs de Tony Parker, Tim Duncan et Manu Ginóbili. Le fils d’une légende slovène est aussi présente avec le meneur Jaka Daneu, fils du grand Ivo Daneu, médaillé d’or en 1970 sous la bannière yougoslave lors de l’Eurobasket de Ljubljana. Enfin, citons la présence des ailiers forts Marko Tušek, Teoman Alibegović qui est l’oncle d’un prospect NBA actuel (Luka Garza des Celtics), Goran Jagodnik et Rado Trifunović aujourd’hui assistant coach en Turquie (Fenerbahçe et actuellement Anadolu Efes). Des joueurs de compléments ayant écumé les clubs européens et capables d’apporter leur écot pour ménager leurs coéquipiers. Dernière équipe de ce groupe, Israël, avec à sa tête, le coach multi-titré dans le championnat local, Zvi Sherf. Un Sherf qui va retrouver la Grèce et Salonique en tant que coach principal à la fin de cet Eurobasket, lui le vainqueur avec l’Aris de la Saporta Cup en 1993 face à Efes Pilsen. Mais cette fois-ci, ce sera au sein de club de Salonique, le PAOK. Les principales forces de la sélection israélienne sont les meneurs Doron Sheffer, 25 ans mais surtout Oded Kattash (22 ans), la star de toute une nation et d’un club, le Maccabi Tel-Aviv. Une machine à marquer redoutable qui peut également compter sur un autre coéquipier du « club-nation » le numéro 4, Nadav Henefeld.

Place au groupe C dans lequel, l’Italie présente une équipe coachée par le jeune Ettore Messina (37 ans), avec le meneur Giacomo Galanda (22 ans, de Vérone), le combo pivot-ailier fort Gregor Fučka (25 ans) de Olimpia Milan et le meneur Davide Bonora du Benetton Trévise. Ce dernier est accompagné par ses coéquipiers, l’ailier Riccardo Pittis et le pivot Denis Marconato. Enfin, les deux Alessandro de Bologne (Abbio de la Virtus et Frosini du Fortitudo) apportent respectivement à la mène et au poste de pivot mais la star de cette équipe porte le numéro 10. Un numéro fétiche au football du côté de nos voisins transalpins et qui met à l’honneur au basket Carlton Myers. A 26 ans, l’Italien est la star du Fortitudo Bologne et meilleur marqueur de la saison Euroleague écoulée. Une équipe italienne dure au mal et dont les bases sont celles de 1999 remportant le titre européen, en France. Bonora, Galanda, Fučka, Myers, Abbio et Marconato seront de la partie dans deux ans avec l’or à la clé en finale face à l’Espagne (64-56).

La Lettonie arrive avec le meneur Roberts Štelmahers et l’ailier Ainars Bagatskis, tous deux évoluent à l’ASK Riga et deux futurs entraîneurs. Une fratrie complète le tableau avec le meneur Raimonds Miglinieks dont le frère n’est autre que sélectionneur letton Igors Miglinieks. La Pologne, quant à elle, aligne le pivot Adam Wójcik, un de ses joueurs les plus connus et titrés et qui évolue en Belgique, au Spirou Charleroi. Un autre pivot attire l’attention avec le robuste Dominik Tomczyk du Śląsk Wrocław et son coéquipier Maciej Zieliński, arrière de métier. Mais, face à l’Italie et consorts, l’armada de la compétition est présente dans ce groupe C. Douze joueurs, douze noms et douze talents réunis sous la férule d’un coach aussi intransigeant que gagnant. Željko Obradović, le « Hannibal Smith » du basket européen. Doté à l’instar du héros de la série « L’Agence tous risques », Georges Peppard, d’un plan sans accroc (mais qui fonctionne du premier coup pour le coach), « Obra » a mis les petits plats dans les grands en couchant le nom de ses joueurs.

Par où commencer tant le talent balle en main transpire à tous les niveaux ? Dejan Bodiroga du Real Madrid cohabite avec Predrag Danilović, légende du Partizan parti se perdre en NBA (Heat et Mavs) et qui reviendra en Europe après l’Euro 1997, à la Virtus Bologna. La mène est partagée entre deux hommes à la calvitie visible, le gestionnaire Saša Obradović (Alba Berlin) et le fantasque Aleksandar Djordjevic (Barcelone). Les postes de pivots ou d’ailiers-forts sont à l’avenant avec le puissant Željko Rebrača du Benetton Treviso, Nikola Bulatović qui évolue au pays dans le club du FMP, Zoran Savić de la Virtus, Dejan Tomašević du Partizan et Milenko Topić (KK BFC, club local également). Nikola Lončar de Varese et Miroslav Berić du Partizan complètent la rotation. Pour le dernier nom, on ne sait pas si c’est un hommage à sa ville de naissance mais Miroslav Radošević porte le maillot du club du KK Borac Čačak. Čačak n’est autre que la ville de naissance de coach Obradović. Un Željko Obradović de 37 ans mais déjà vainqueur de trois Euroleague avec trois équipes différentes en quatre éditions : Partizan en 1992, Joventut Badalone en 1994 et le Real en 1995 avec Arvydas Sabonis et Joe Arlauckas. Présent aussi sur le banc en lors de l’obtention du titre en 1995 en tant qu’adjoint du regretté Dušan Ivković, Obradović a donc l’expérience de ces situations et veut garnir davantage sa collection de médailles.

Sans transition, le groupe D comprend trois équipes au coude à coude pour la qualification avec la Croatie qui s’appuie sur quelques jeunes pousses. Le meneur Damir Mulaomerović (22 ans) du Cibona Zagreb est la figure marquante et son club est bien représenté avec pas moins de quatre joueurs de de la capitale croate figurant dans cette sélection. Gordan Giriček futur joueur NBA, Davor Marcelić passé par Pau lors de la saison 2004-2005 et Slaven Rimac, également Palois durant quatre saisons entre 2008 et 2012. Le pivot gaucher Nikola Prkačin, dont le fils Roko évolue actuellement avec Nanterre, est de la partie ainsi qu’Emilio Kovačić, joueur le plus âgé du groupe à 29 ans suivi par Marcelić (28). Enfin, le meneur chauve Vladan Alanović de Tofaş Bursa en Turquie est à 29 ans, lui aussi, le leader de cette sélection croate résolument tournée vers l’avenir. L’Allemagne n’a pas de trentenaire mais s’appuie sur son duo de l’Alba Berlin vainqueur de l’Eurobasket 1993. Le meneur Henrik Rödl (28 ans) et l’ailier fort Henning Harnisch (29 ans) accueillent néanmoins deux joueurs prometteurs. Un pivot de 22 ans, Patrick Femerling combinant basket et études aux États-Unis, et futur joueur notamment de Barcelone dans les années 2000. Ainsi que l’ailier fort, décédé en 2022, Ademola Okulaja qui évolue lui aussi de l’autre côté de l’Atlantique. Une curiosité est à noter pour la sélection allemande puisque cinq joueurs de la sélection présents en Catalogne sont dans des universités américaines. Un lien renforcé des Allemands avec les États-Unis du basket puisque les sections universitaires US servent régulièrement de tremplin vers la NBA. Les cas les plus célèbres sont les précurseurs Uwe Blab et Detlef Schrempf, diplômés outre-Atlantique et qui ont fait la majorité de leurs carrières dans la ligue américaine. Pour la petite histoire également, notons que Femerling et Okulaja permettront à l’Allemagne de glaner une médaille de bronze en 2002 lors du championnat du monde à Indianapolis et, pour Femerling, une autre en argent lors de l’Eurobasket 2005.

L’Espagne de Lolo Sainz se présente avec une équipe à 91 % de couleur locale selon les statistiques puisque seul le pivot Ferran Martínez évolue à l’étranger, en Grèce, au Panathinaïkos. Le reste de l’effectif fait la part belle au Real Madrid avec quatre de ses représentants (le meneur Alberto Angulo, le pivot Juan Antonio Orenga, le New-yorkais de naissance, Mike Smith et vainqueur de l’Euroleague 1994 avec Badalone et la machine à marquer, Alberto Herreros) et Barcelone (le meneur José Luis Galilea, le pivot de 21 ans et de 2m21, Roberto Dueñas et le futur champion de France, avec Pau, Roger Esteller, en 2001). Enfin, trois joueurs de Malaga complètent la sélection avec Tomás Jofresa, meneur légendaire de la Joventut Badalona, Nacho Rodríguez, futur double champion d’Europe avec Barcelone (Euroleague en 2003 et Koraç en 1999) et le pivot Alfonso Reyes. Ce dernier, passé par le Real Madrid et le PSG Racing est le frère de Felipe Reyes, le capitaine légendaire de la « Casa Bianca » madrilène et multimédaillé européen, avec trois Eurobasket obtenus en 2009, 2011 et 2015 à lui seul. Enfin, dernière équipe présente, l’Ukraine de l’ailier fort Alexander Lokhmanchuk peut difficilement limiter la casse face aux trois ogres qui figurent dans sa poule. C’est donc une compétition dans laquelle, la Yougoslavie est candidate toute désignée à l’or européen avec aussi la présence de quelques prospects à surveiller de près.

Dans un format de quatre poules qui permet la qualification de trois équipes, normalement, les favoris ne sont pas trop chahutés et pourtant, c’est loin d’être le cas. Le groupe A est respectueux de la logique du terrain puisque la Grèce remporte ses trois premières rencontres. Assez aisément pour commencer face à leurs ennemis héréditaires turcs largement dépassés (74-52). Une petite pointe de stress apparaît lors de la seconde rencontre face à la Russie mais grâce à un Nikos Ekonomou (16 points comme face à la Turquie) leader de la « star académie » grecque, les Hellènes s’en sortent finalement de deux petits points (74-72). La troisième rencontre est à mettre dans la catégorie du palpitant à zéro face à la Bosnie-Herzégovine qui vend chèrement sa peau derrière un Nenad Marković en feu avec ses 26 points. Mais les Grecs s’en sortent une nouvelle fois in extremis (78-76) et terminent premiers de leurs poules devant des Russes qui font le job face aux coéquipiers Sarıca et Marković de leur côté. Troisième équipe qualifiée, la Turquie profite de sa confrontation cruciale face à la Bosnie-Herzégovine pour glaner la précieuse victoire lui permettant de terminer troisième de la poule.

Le groupe B est une promenade de santé pour la Lituanie qui bat respectivement Israël et la France avec un duo Gintaras Einikis- Artūras Karnišovas de gala. Face à Israël (75-60), le duo balte combine 17 points chacun et pour Karnišovas, on frôle (presque) le triple-double avec 9 rebonds et 6 offrandes en plus dans sa besace. Face à nos « Bleus », c’est encore mieux pour Einikis qui prolonge le plaisir avec un « double-double » de 31 points et 13 rebonds. Yann Bonato malgré ses 24 points n’arrive pas à tirer l’équipe de France vers le haut et les « Bleus » perdent sur le score de 94-88. Le destin croisé des Baltes et des Français se jouent lors de la dernière rencontre. La bande à Karnišovas se défait de la Slovénie (76-67) quand la France se prend les pieds dans le tapis en perdant face à Israël, 82-88. Malgré Bonato, toujours aussi chaud avec 21 points mais en face Oded Kattash et ses 34 pions font la décision. Après trois rencontres, la qualification des Baltes et celle d’Israël en seconde position est actée. La France termine à la troisième place grâce à sa victoire face à la Slovénie lors de la première journée.

Si la France est désappointée, le groupe C offre une surprise de taille même si tout avait bien commencé au départ. En effet, première journée tranquille pour l’Italie qui se défait de la Lettonie, 85-75, malgré un Bagatskis de feu (23 points, 6 rebonds). La Yougoslavie, quant à elle, offre du temps de jeu à ses douze joueurs et toute la bande en profite pour marquer. A la clé une victoire facile face à la Pologne, sur le score de 104-76 avec un travail propre de Rebrača (19 points), Danilović (18) et Bodiroga (16). Seulement, après cette orgie offensive, les Yougoslaves tombent de leur piédestal lors de la seconde rencontre face à l’Italie. Obradović utilise cette fois neuf joueurs dans la rotation mais ses hommes n’inscrivent que 69 points face aux Transalpins. Ces derniers resserrent leur défense et l’emportent finalement avec 74 points inscrits. Carlton Myers, 24 points au total mais seulement quatre paniers marqués dans le jeu et 16 lancers-francs réussis sur… 16, guide les siens vers la victoire. Coup de semonce pour les coéquipiers de Djordjevic (29 points) avant la dernière rencontre face à la Lettonie. Mais le Sasha « le magnifique » avec 22 points et 8 rebonds a certainement dû comprendre le message de coach « Obra » après la défaite face à l’Italie et remet ses coéquipiers sur le droit chemin. Les Yougoslaves terminent le travail face à de pauvres Lettons dépassés (108-89) et s’offrent même le luxe d’être la meilleure attaque de la phase de poule (281 points marqués). L’Italie dispose certes de la Pologne mais ces derniers se qualifient pour le second tour grâce à leur victoire bonifiée face à la Lettonie lors de la deuxième journée.

Enfin, le groupe D est assez iconoclaste puisque l’Espagne fait un beau triplé avec trois victoires de rang. Mais, derrière, les trois autres équipes sont à une victoire et deux défaites chacune. Trois équipes, pour deux places qualificatives, cela fait une belle triangulaire un soir d’élection législative. Mais, à ce petit jeu, la Croatie s’en sort finalement en chipant la seconde place en faveur d’un « point-average » positif sur l’Allemagne (+6 contre -7). Les Ukrainiens sont éliminés en raison des deux cartons pris face à l’Espagne et l’Allemagne. Dès lors, deux groupes de six équipes sont constitués avec, dans le groupe E, les trois premiers du groupe A (Grèce, Russie et Turquie) réunis avec les trois premiers du groupe B, la Lituanie, Israël et la France.

Le groupe F se compose de l’Italie, la Yougoslavie, la Pologne, l’Espagne, l’Allemagne et la Croatie. Ce qui fait que les trois pays qui ne s’étaient pas rencontrés lors de la première phase s’affrontent dans cette seconde partie de tableau. Dans le premier groupe, la Grèce continue son petit bonhomme de chemin et bat la Lituanie, la France et Israël. Dimitrios Papanikolaou, Fragiskos Alvertis et Nikos Ekonomou se mettent en valeur à chaque fois et permettent à leur pays de faire un beau grand chelem (5-0). La Russie, la Lituanie et la Turquie réussissent à tirer leur épingle du jeu, ce qui entraîne l’élimination de l’équipe de France. Défaite 82-71 par la Turquie dans la rencontre de la mort avec un İbrahim Kutluay en feu (21 points, 5 passes et deux rebonds après ses 32 points face à la Lituanie), les « Bleus » sont dès lors éliminés en compagnie d’Israël et quittent le championnat européen sur une note très mitigée. Dans le second groupe, l’Italie imite la Grèce et termine à la première place du groupe. La Yougoslavie se défait de l’Allemagne puis de la Croatie au cours d’une rencontre pourtant très serrée (64-62) et de l’Espagne. Ce qui place de facto les coéquipiers de Djordjevic à la seconde place de la poule. Les Espagnols remportent la rencontre à ne pas perdre face à la Pologne et se prennent la troisième place du groupe. La quatrième, quant à elle, est dévolue à la… valeureuse Pologne. Grâce à sa victoire lors de la première journée sur la Croatie (77-76), les coéquipiers de Dominik Tomczyk chipent la dernière place qualificative. Exits donc la Croatie et l’Allemagne qui rejoignent la France et Israël dans la salle d’embarquement les ramenant à la maison.

Dès lors, après ces deux tours, place donc aux quarts de finale de la compétition qui se déroulent à Barcelone. Dans le haut de tableau, un bel affrontement s’annonce entre une Grèce invaincue et la surprise polonaise mais tout le monde attend surtout la revanche de la finale de 1995, en Grèce, qui oppose la Lituanie face à la Yougoslavie. Dans le bas de tableau, Russie-Espagne et Turquie-Italie complètent ce tableau. Disons-le tout de suite, hélas pour la Pologne, le miracle s’arrête en quarts malgré une belle résistance lors de la première mi-temps puisqu’à l’époque les rencontres se déroulent sur deux fois vingt minutes. La profondeur grecque fait le travail avec 18 points pour le meneur Koronios et 16 du jeune Rentziás. Papanikolaou frôlant même le « double-double » avec 13 points et 8 rebonds dont sept défensifs glanés. Score final 72-62 malgré les 16 points de Tomczyk qui aura fait ce qu’il a pu. Dans le second quart, la Lituanie ne fait pas le poids avec une rotation réduite à huit joueurs et malgré un Djordjevic, héros de 1995 justement avec ses 41 points, réduit à huit minutes de jeu et trois petits points. Les Baltes prennent l’eau et Danilović prend le relais de son compère chauve avec 21 points et permet à son pays de l’emporter sur le score de 75-60. Le troisième quart est finalement celui où le suspense est le plus prenant puisque, malgré une première période dominée par l’Espagne (37-29), les Russes reviennent petit à petit dans le jeu. Le trio Fetisov (21 points et sept rebonds), Mikhaylov (15 points et six rebonds) et Karasev (14 points et cinq rebonds) remet la Russie sur les bons rails et ces derniers l’emportent finalement, 70-67. Grèce, Yougoslavie, Russie, les favoris sont logiquement au rendez-vous avant le dernier quart qui accouche d’une souris car l’Italie ne fait qu’une bouchée des Turcs. Ces derniers n’inscrivent que 43 points sur l’ensemble de la partie face aux 66 italiens. « Double-double » pour le pivot du Benetton Denis Marconato avec 16 points et 12 rebonds et qui commence progressivement à prendre ses marques des deux côtés du terrain.

Place donc à la demi-finale qui oppose la Grèce face à la Yougoslavie puis la Russie à l’Italie. Les hommes de Giannakis tentent le tout pour le tout pour bloquer les velléités yougoslaves. Ces derniers misent sur le duo Bodiroga (22 points, 6 rebonds et 5 passes) et Danilović (20 points et 3 rebonds) mais le diable qui de sa boîte est un divin chauve. Pas celui auquel on pense mais l’autre meneur qui maximise son temps de jeu à fond. Saša Obradović réussit le tour de force de marquer la bagatelle de douze points en l’espace de quatorze minutes avec un rebond et deux passes en prime. Un relais bien précieux quand en face, Koronios se démène avec ses 14 points mais n’arrive pas à trouver de solutions complémentaires. La Yougoslavie l’emporte dès lors 88-80 et file en finale. La seconde demi-finale est un copié-collé inversé du quart de finale Russie-Espagne. Cette fois, les Russes prennent les devants et mettent un petit écart de cinq points lors de la première période. Mais l’Italie de Messina est accrocheuse et le trio Fučka-Myers-Marconato lutte pied à pied pour revenir dans la roue russe. Mention spéciale à Marconato de nouveau, le bonhomme des quarts et demi puisque, outre ses 14 points, il se démène également au rebond avec dix ballons captés. Davide Bonora se met aussi au diapason et offre six passes décisives, ce qui permet aux Italiens de l’emporter d’un souffle, 67-65, face à de vaillants Russes. Panov finit meilleur marqueur avec 17 points devant ses coéquipiers Karasev et Kudelin, 13 points chacun.

Dès lors, la finale oppose la Yougoslavie à son bourreau du premier tour, l’Italie. Une rencontre qui oppose également deux jeunes coachs trentenaires mais bourrés d’expérience. Messina contre Obradović, une lutte entre deux personnalités et deux gagnants sur la scène européenne et qui vont marquer le basket continental dans les vingt prochaines années entre le CSKA Moscou et le Real Madrid pour l’Italien et le « Pana » et Fenerbahçe pour le futur Serbe. En attendant, il reste la rencontre pour l’attribution de la troisième place entre la Grèce et la Russie. Après une une première période terminée à égalité, 43-43, la Russie prend le large et remporte la médaille de bronze. Une partie marquée par le duel dans le duel entre les pivots Mikhaylov (35 points et 15 rebonds) face à Rentziás (28 points et 5 rebonds). Malheureusement pour le Grec, la Russie est plus forte et les 19 points de Karasev ne sont pas de trop pour permettre à Babkov et ses coéquipiers de l’emporter 97-77. Médaille de bronze pour l’héritière des glorieux anciens de l’URSS, dissoute à peine six ans auparavant, en 1991.

Place donc, en ce 6 juillet 1997, à Barcelone, à la finale tant attendue entre les deux mastodontes de l’Euro. Individualités balkaniques réunies pour une cause sous l’égide d’un coach né pour gagner. Face à des Transalpins davantage rompus au collectif et besogneux dans le noble sens du terme mais loin d’être dénués de talents. La finale promet d’être belle mais il n’y a finalement pas d’envolées lyriques puisque la finale est étriquée. La défense prenant le pas sur l’attaque et à ce petit jeu, les Italiens ont plus de mal car les Yougoslaves ont plus de variété et créent davantage de danger. Bodiroga, Danilović, Djordjevic, si ces trois génies de la balle orange ont du mal à trouver la faille, un autre larron prend le relais. Lors de cette finale, c’est « l’Italien » de la bande, Željko Rebrača du Benetton Trévise qui se révèle avec ses 12 points et 4 rebonds. Ce qui permet à ses coéquipiers de prendre les devants et d’aller empocher l’or. En face, les Italiens n’y arrivent pas et seuls Fučka et Myers apportent du danger et des points, respectivement 12 et 17 au total. Mais cela s’avère insuffisant dans une finale à sens unique et qui se termine sur le petit score de 61-49. La Yougoslavie réussit dès lors un « back-to-back » après le titre glané en 1995 et celui obtenu entre 1989 et 1991, à l’époque où la Yougoslavie était unie avec notamment la Croatie en son sein. Ironie de l’histoire, l’édition de 1989 se déroulait en Yougoslavie et celle de 1991 avait lieu en… Italie. Djordjevic termine même MVP de la compétition, lui le meneur de Barcelone.

Ce score en finale loin des standards de la précédente édition de 1995 contre la Lituanie illustre le changement de paradigme du basket moderne. Un jeu davantage axé sur la possession, des défenses plus resserrées, plus de contrôle, moins d’envolée au scoring et un jeu qui se ferme davantage. Ce dernier point permet surtout aux équipes plus complètes dans la rotation de prendre l’ascendant dès lors que la profondeur de banc suit le rythme. Le cinq du tournoi réunit également les pays de l’Est avec trois joueurs yougoslaves (Djordjevic, Bodiroga et Rebrača) en compagnie du Polonais Tomczyk et du Russe Mikhailov. C’est aussi une nouvelle génération qui commence à pointer son nez à l’instar des Myers, Türkcan, Mulaomerović, Rentziás, Kattash, Kutluay ou Bodiroga remplaçant peu à peu les anciennes gloires des années 80-90 qui se mettent progressivement en retrait. 1997 est un galop d’essai réussit pour l’Italie avant l’édition française de 1999 qui les verra remporter le tournoi parisien. La France termine à une piètre dixième place avec une ultime défaite face à Israël dans la phase de classement et a désormais deux années pour se préparer à son Euro à domicile. Cet Eurobasket est aussi, finalement, un petit pied de nez de l’histoire à l’Histoire. Deux médaillés sur trois sont deux entités démembrées au début des années 90 (fin de l’URSS pour la Russie et la Yougoslavie qui perd les pays composant sa Fédération) et qui réussissent malgré tout à faire (re)renaître un savoir-faire ancré dans les racines les plus profondes de leurs cultures basket. L’édition 1997 est en quelque sorte un carrefour européen et a permis l’éclosion d’un nouveau monde figé sur l’ancien.

Crédits photos : FIBA, Eurobasket

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Fan de basket européen, d'Anadolu Efes, de Fenerbahçe du KK Partizan Belgrade et du CSKA Moscou, je voue un culte à l'immense Željko Obradović ainsi qu'à Petar Naumoski, grâce à qui j'ai appris à aimer la balle orange. Passionné également d'histoire, j'essaye de transmettre ma passion à travers Basket Retro.

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