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[ITW] Sandra Le Dréan : « Pour moi, l’équipe de France a toujours été une priorité »

Interview

Dixième joueuse la plus capée de l’histoire de l’équipe de France avec 214 sélections, Sandra le Dréan a connu plusieurs épopées avec les bleues entre 1996 et 2007. Elle revient pour nous sur sa carrière européenne, marquée par des confrontations de haut niveau et la consécration de 2001.

BR : Avant d’aborder les championnats d’Europe, pouvez-vous nous rappeler votre parcours ?
SLD : Je suis issue d’une famille de basketteurs et basketteuses, parce que mon grand-père était arbitre de basket, mon papa a été joueur pendant longtemps et il m’a entraînée jusqu’à mes 15 ans, ma mère et ma petite sœur ont aussi fait du basket… On a toujours été baignés dans le basket, ça a toujours été notre deuxième famille à Rennes. On passait nos week-ends dans la salle, nos étés en stage.

A 15 ans je suis partie à l’INSEP. j’y ai passé 3 ans. J’ai été entraînée par Jacques Vernerey, puis par Frédérique Prud’homme pendant 2 ans. Après, à 18 ans, j’ai signé mon premier contrat pro à Aix-en-Provence, où j’ai retrouvé Jacques Vernerey. Ensuite, il a été remplacé par Abdou Ndiaye. J’ai joué cinq saisons à Aix-en-Provence puis six ans à Valenciennes. Pour finir ma carrière, j’ai signé à Prague. J’ai joué 4 ans à Prague de 2007 à 2011.

BR : Pouvez vous décrire votre style de jeu ?
SLD : J’étais une ailière assez grande. Le geste que j’adore au basket, c’est l’interception suivie d’une contre-attaque. J’essayais toujours d’anticiper les passes. J’avais aussi un petit shoot extérieur pas trop mal !

BR : Comment arrivez-vous en équipe de France ?

SLD : J’avais fait toutes les sélections jeunes, et j’arrive chez les grandes en 1996. C’était encore Paul Besson le coach à l’époque. En 1996, je joue les qualifications pour les championnats d’Europe. J’ai fait les matchs de préparation à l’euro 1997, mais je ne l’ai joué pour la première fois qu’en 1999 en Pologne, et à partir de là, j’ai fait toutes les compétitions avec l’équipe de France jusqu’à ce que j’arrête.

L’objectif, c’était d’aller chercher la première qualification d’une équipe de France féminine aux Jeux Olympiques (…). Personne n’a bien vécu la défaite, mais c’était quand même une qualification historique. 

BR : En 1999, vous jouez un euro qualificatif pour des jeux olympiques. Vous pouvez nous raconter comment vous l’avez vécu ?

SLD : J’étais une jeune joueuse qui prenait encore ses marques. À l’époque, on avait des joueuses d’expériences qui étaient déjà en place. L’objectif de l’équipe, c’était d’aller chercher la première qualification d’une équipe de France féminine aux Jeux Olympiques. On perd contre la Pologne en finale, on passe pas loin du titre suprême … On est des compétitrices donc sur le coup, personne n’a bien vécu la défaite. La défaite était un peu cruelle mais c’était quand même une qualification historique.

BR : Et au-delà des JO, cette défaite de 1999 a vite été effacée, dès 2001 …

SLD : Ça a été l’aboutissement de ce qui avait commencé à se dessiner dès 1998-99. En 2000 aux JO, on perd en quarts contre la Corée alors que tout le monde nous donnait favorites. On s’est tout de suite remobilisées pour aller chercher une belle cinquième place. Cette défaite a aussi construit l’équipe de 2001, pour les championnats d’Europe qui se jouaient en France. On était parmi les favorites et on a pris ce rôle à cœur. On a eu un soutien inconditionnel du public qui nous a poussé, je me souviens de la première phase à Orléans par exemple.

Et on fait un parcours sans faute ! Ça nous a beaucoup galvanisé, et je pense que c’est pour ça qu’on a pu le faire. La finale a été serrée, contre la grande Russie, mais on l’a quand même maîtrisée de bout en bout (NDLR : victoire 73-68 pour la France). Mais c’est des matchs qu’on adore jouer, ça tient en haleine le public parce que ça peut basculer à tout moment. Mais en fait, notre parcours depuis la préparation nous avait donné confiance en nos capacités et on a pu dominer ce match.

BR : Ensuite, vous avez participé à trois autres compétitions européennes (2003, 2005, 2007). Campagnes moins fructueuses …

SLD : Oui, il y a des anciennes qui sont parties et d’autres équipes qui progressent … Je pense qu’il n’y a pas de raison particulière.

Celui de 2007 en Italie, mon dernier, avait été très compliqué. C’était vraiment un euro de transition et on finit 7e. Il y avait un changement de génération, de staff. J’ai décidé de mettre un terme à ma carrière internationale à ce moment là : j’ai 30 ans, mon corps était fatigué, je ne me voyais pas refaire deux années et je voulais jouer encore un peu en club.

J’étais contente lors de la victoire en 2009 pour les copines qui y étaient, un nouveau groupe s’était reconstruit et c’était une belle victoire.

BR : Parmi vos 4 championnats d’Europe, quelle est la meilleure équipe que vous ayez rencontrée ?

SLD : A mes débuts, c’était la grande Russie. On les bat en 2001, mais elles gagnent en 2003 et 2007 … Sur cette période, la République Tchèque était très forte aussi, elles gagnent en 2005 d’ailleurs, en Turquie.

BR : Que retenez vous de ces expériences bleues ?

SLD : Que c’était toujours un grand plaisir de venir parce que les championnats d’Europe, c’était un autre esprit que le club. C’était très condensé, tout doit se mettre assez rapidement en rythme parce que la préparation est courte. Il fallait construire une équipe rapidement, même si les groupes se suivaient d’années en années.

Mais voilà, j’aimais bien quand on se retrouvait en stage, qu’on vivait ensemble. Ça a vraiment toujours été un honneur et une immense fierté. Je pense que c’est vraiment très complémentaire avec le club, car il fallait y être performante pour avoir de la légitimité pour porter le maillot bleu. En tous cas, pour moi l’équipe de France a toujours été une priorité.

Merci à Sandra Le Dréan pour cet entretien !

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About Antoine Abolivier (90 Articles)
Tombé dans le basket en découvrant Tony Parker et Boris Diaw. Passionné par tout ce qui touche à son histoire que ce soit le jeu, la culture ou les institutions.

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