La saison 2016-2017, le retour de l’Elan Chalon au sommet
France
Alors que l’Elan Chalon avait roulé sur la saison 2012 à la surprise générale avec un triplé historique (championnat, coupe de France et Semaine des As), moins de 5 ans après leur premier titre, les rouges et blancs parviennent contre toute attente à accrocher une deuxième bannière au sommet du Colisée
Rien que le fait de remporter un titre nécessite une concentration de talent (et parfois un concours de circonstances), en remporter plusieurs dans un court laps de temps -le tout en reconstruisant un effectif de toute pièce- relève de l’exploit. C’est simple, sur ces 15 dernières années, ils sont les seuls à l’avoir fait.
2012-2016, LE CREUX DE LA VAGUE
Après leur premier titre, les Chalonnais subissent un retour à la réalité… brutal. En effet, leur petit budget ne leur permet pas de conserver leurs jeunes talents qui se mettent à rêver plus grand. Rien que le fait de garder Blake Schilb une saison de plus semblait surréaliste. Le creux de la vague se fait ressentir, et les espoirs d’un autre titre semblent moindre au vu des joueurs qui quittent le navire les uns après les autres. Lors de l’exercice 2013, les rêves de back-to-back partent en fumée lors de la demi-finale contre Nanterre (0-2), Blake « the blade » est transféré vers l’Étoile Rouge de Belgrade. C’est durant cette année 2013 que Gregor Beugnot s’engage du côté de Paris Levallois, remplacé par Jean-Denys Choulet pour le poste d’entraîneur. Un choix osé pour un profil de jeu plus offensif qui porte ses fruits par la suite. Lors des trois saisons suivantes, les rouges et blancs se qualifient toujours pour les playoffs, mais ne parviennent plus à passer le premier tour (1-2 contre la Strasbourg en 2014 et en 2015, puis 0-2 contre l’ASVEL en 2016). Les rouges et blancs ne trouvent pas de leader capable de relancer la machine bourguignonne et les cadres changent tous les ans : AJ Slaughter (2014), Marcus Dove, Jason Rich et Eric Dawson (2015), Devin Booker et Jeremy Hazell (2016). Le mouvement est constant. Finalement, entre un centre de formation toujours aussi qualitatif, et quelques recrutements d’un flair de génie, les bois de l’Elan ont fini par repousser.
Durant l’été, les dirigeants font deux choix crève-cœur pour leurs supporters : Ilian Evtimov, dernier joueur titré en 2012 est transféré à Cholet, tandis que Matthias Lessort part en direction de Nanterre. En revanche, ils ne se montrent pas moins actif sur le marché.
Seuls John Roberson (arrivé en 2015-16 en provenance de Sodertalje en Suède), Axel Bouteille (monté des espoirs vers les pros en 2013-14) et Assane Ndoye (promu en 2015-16) font encore parti du groupe. Moustapha Fall (Antibes) et Abdoulaye Loum (Bologne sur mer) débarquent de Pro B. Puis ils piochent dans d’autres équipes de Pro A avec Jeremy Nzeulie (Nanterre), Lance Harris (Pau Lacq-Ortez) et Gedeon Pitard (LeMans). Enfin, les championnats étrangers sont également sollicités avec les arrivées de Cameron Clark (Ironie Naharya Israël), Zeke Marshall (Limburg United, Belgique), Thomas Gipson (Kouvot, Finlande), Mareks Mejeri (Riga Lettonie) ou encore Ekene Ibekwe (Muratbey Usak Sportif, Turquie). De tels changements demandent à minima une saison d’adaptation pour un groupe qui ne se connait pas (ou témoigne d’une équipe en reconstruction en temps normal avec des joueurs de passage), mais l’alchimie est venue naturellement pour les hommes de Jean-Denys Choulet. C’est avec le 8ème budget et la 9ème masse salariale du championnat que l’Elan part en quête de cette deuxième bannière.
LA SAISON REGULIERE, LONGUE ET EPROUVANTE
Pour cet exercice 2016-17, les Chalonnais jouent sur plusieurs tableaux. En effet, en plus de leurs matchs de championnat, ils sont invités à jouer la Coupe d’Europe FIBA. Les Bourguignons sortent premiers de la première phase de groupe comprenant l’ALBA Fehevar (Hongrie), le Benfica Lisbonne (Portugal) ainsi que Brussels Basketball (Belgique) (avec un bilan de 4 victoires pour 2 défaites). Lors de la deuxième phase de groupe, ils sont confrontés au Royal Hali Gazianstep (Turquie), Sodertalje Kings (Suède) et au BC Mures (Roumanie) et finissent une nouvelle fois à la première place (bilan de 5 victoires pour 1 défaite) et se qualifient pour les phases finales.
Ils se défont sans problème du BC Kormend (Hongrie) en huitième de finale (99-78 et 82-82), puis se font peur face au Cibona Zagreb (Croatie) en quart de finale (85-87 avant de l’emporter 83-78 au retour). Lors des demi-finales, ils parviennent à renverser la vapeur face au BC Telenet Oostende (Belgique) (80-85 puis 83-65). En finale, ils retrouvent Nanterre. Cette fois, la marche sera trop haute. Malgré un match aller qui se conclut par un nul (58-58), ils échouent d’un rien au retour (79-82).
A la mi-saison, l’équipe se porte bien en championnat, se classant deuxième avec un bilan de 13 succès pour 4 revers et se qualifient pour la Leaders Cup. Malheureusement, ils se font surprendre par l’ASVEL dès les quarts et la compétition tourne au fiasco (62-80).
En Coupe de France, l’Elan se classe parmi les candidats sérieux au Trophée Robert Busnel, déjà double tenant du titre au début de la décennie. Ils s’imposent contre Aix Maurienne (100-81) en seizième de finale, puis face au CSP Limoges (80-72) en huitième de finale avant de venir à bout du Portel (81-61) en quart de finale. Cependant, leur parcours s’arrête en demi-finale contre Le Mans (72-81).
Que cela soit sur la scène française ou européenne, les joueurs stars tiennent leur rang, et les records de saison sont vertigineux : John Roberson (39 points dans une défaite 85-87 contre le Cibona Zagreb, 13 passes dans une victoire 87-67 contre Orléans), Moustapha Fall (17 rebonds dans une défaite 59-69 contre Nancy, 6 contres dans une victoire 83-65 contre le Telenet BC Oostende) ou encore Lance Harris (5 interceptions dans une victoire 81-74 contre Strasbourg).
Portée par un cinq majeur de haut niveau, la meilleure attaque de Pro A (84.44 points par match avec le meilleur pourcentage au tir), c’est toute la Saône-et-Loire qui se met à rêver. Ils terminent en deuxième position derrière Monaco avec 27 victoires pour 7 défaites après avoir dominé la saison en long et en large. Sur 34 journées, 8 ont vu un joueur de l’Elan nommé meilleur joueur. De plus, quatre joueurs du mois sur sept sont Chalonnais. Une saison au terme de laquelle Moustapha Fall est logiquement élu défenseur de l’année. La ligne extérieur était composée de John Roberson (16.1 points 3 rebonds 7.2 passes), Jeremy Nzeulie (9.3 points 2.6 rebonds 2.5 passes), Lance Harris (12.7 points 3.3 rebonds 1.6 passes) mais surtout la meilleure raquette de France avec Cameron Clark, meilleur scoreur du championnat (18.6 points 5.9 rebonds 2.3 passes) et Moustapha Fall, meilleur rebondeur et contreur (12 points 9.1 rebonds 2.4 passes 2.3 contres). Sur le banc, le tireur élite Axel Bouteille, mais aussi Abdoulaye Loum, Gedeon Pitard, Mareks Mejeris, Ekene Ibekwe, Thomas Gipson, Ibrahima Faye-Fall, Zeke Marshall, Assane Ndoye ou encore Victor Mopsus. Après avoir concédé des défaites les privant de trois trophées, il restait encore le plus prestigieux à aller chercher, celui de champion de France.

LES PLAYOFFS, DERNIERE LIGNE DROITE
Qualifiés pour les phases finales pour la septième fois consécutive, ils sont bien décidés cette fois à aller au-delà du premier tour et à couronner cette très bonne saison à laquelle il ne manque que les lauriers.
Au premier tour se dresse sur leur route Le Portel d’un duo Darrin Dorsey–Frank Hassell, une équipe qui joue sa première saison en Pro A et dont la qualification en playoffs semble pour le moins surprenante. C’est Mouss Fall (14 points 6 rebonds 7 passes) qui porte les siens lors du premier match remporté à domicile (76-63) avant de terminer le travail au match 2 (88-74) grâce à un trio Roberson (20 points), Nzeulie (22 points) Clark (18 points) des grands soirs.
Ils retrouvent Paris Levallois en demi-finale. Ni Jason Rich, ni Vincent Poirier ne parviennent à contrôler un tel collectif avec une marque aussi bien répartie sur l’ensemble des rencontres. Rapidement, ils mènent cette série 2-0 (72-69 au match 1 puis 84-77 au match 2). Malgré un match 3 laborieux (69-86), ils prennent le match 4 sans trembler en roulant sur les Franciliens (82-55). L’euphorie continue, ils retrouvent les finales cinq ans après leur saison gravée à jamais dans les mémoires chalonnaises.
Ils sont opposés à Strasbourg (tombeur de Pau-Lacq-Orthez et de l’ASVEL). Un quadruple finaliste déchu qui rêve d’enfin remporter le titre. Le duel entre John Roberson et AJ Slaughter (ancien de la maison) est alléchant, tout comme la confrontation entre Cameron Clark et Romeo Travis. Autour de leur pivot, Mam Jaiteh, Vincent Collet n’hésite pas à jouer petit alignant trois meneurs/arrières (AJ Slaughter, Paul Lacombe, Frank Ntilikina). La bataille est rude, mais l’Elan résiste grâce à son vivier de scoreurs, qui porte l’attaque à tour de rôle. Lance Harris, fantastique dans le match 1 permet à Chalon de prendre les devant (89-75), puis c’est Axel Bouteille qui se révèle au match 2 perdu de peu (72-74). En patron, John Roberson tire son épingle du jeu au match 3 gagné sur le fil grâce à un tir héroïque au buzzer de Jeremy Nzeulie au buzzer (71-70). Un tir à trois points plein de sang froid qui n’a pas manqué de faire réagir la SIG qui réclame une erreur d’arbitrage. Les Alsaciens tiennent leur revanche dans le match 4 et tiennent tête aux 20 points (une nouvelle fois) de John Roberson (78-84). Il reste un cinquième et ultime match pour départager les deux équipes, 40 minutes pour le titre.
23 JUIN 2017, LA DELIVRANCE

C’est au Colisée, antre de Chalon, que tout se joue. Qui de la Cigogne ou de l’Elan aura le dernier mot… ? Fraichement drafté par les Knicks, Frank Ntilikina vient d’atterrir de New-York à l’aéroport de Champforgeuil pour jouer son dernier match en France. Malheureusement pour le « French Prince« , le rêve de titre avant la NBA tourne au cauchemar. Dans une arène en ébullition, les supporters sont au rendez-vous, rappelant son statut de public le plus bruyant. Alors que la rencontre est serrée durant les trois premiers quart-temps (19-18, puis 34-32 et enfin, 46-47), les rouges et blancs mettent un coup d’accélérateur lors du dernier quart-temps (28-18) et noient les espoirs de la SIG. Derrière un Cameron Clark au rendez-vous (14 points 10 rebonds 2 passes), Jeremy Nzeulie (14 points 4 passes) et Lance Harris (11 points à 3/4 à trois points) font le travail pour maintenir les Chalonnais devant. Même John Roberson, malgré une panne offensive avec seulement 5 petits points, s’est illustré à la passe offrant 6 caviars. Résultat : 74-65, Chalon est sacré champion de France pour la deuxième fois de son histoire. Jeremy Nzeulie est nommé MVP des finales, mérité pour l’arrière qui a su élever son niveau de jeu lorsque son équipe en avait besoin. Sur les cinq matchs, il tourne à 13 points 4.2 rebonds 2 passes et 1.4 interception de moyenne. Son énergie et son apport des deux côtés du terrain ont galvanisé les hommes de Jean-Denys Choulet.
Par la suite, seuls Jeremy Nzeulie et Lance Harris restent parmi le 5 majeur. Les départs de John Roberson (ASVEL), Cameron Clark (Royal Hali Gazianstep, Turquie) et Moustapha Fall (Sakarya, Turquie) n’ont pas été remplacés et Chalon plonge dans un déclin, manquant les playoffs et se voit même relégué en Pro B en 2022 et 2023. Il faut attendre la saison 2024-25 pour voir les Chalonnais retourner en playoffs, deux ans après être remontés en Betclic Elite. Les espoirs sont tout même présent dans l’esprit de l’Elan, afin de renouer avec le succès, dans une nouvelle ère après celle de Dominique Juillot, président de l’Elan pendant 28 ans, à l’origine des deux titres de champions.



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