Final Four 2017 : la première Euroleague du Fenerbahce Istanbul
Euroleague
En 2017, le Fenerbahce Ulker Istanbul remportait l’Euroleague pour la première fois de son histoire contre l’Olympiacos. Un parcours semé d’embuches sur lequel les Turcs parvinrent à mettre un terme à la domination de l’une des plus grandes équipes du début de la décennie 2010. Retour sur l’ascension du basketball Turc au sommet l’Europe.
Alors que l’Olympiacos cherchait à renouer avec les titres quelques années après leur back-to-back en 2012 et 2013, le Fenerbahce devait capitaliser ses efforts afin d’ouvrir son armoire à trophées au plus haut niveau européen. Après leur premier final four en 2015, puis une finale perdue en 2016, l’étape suivante était le titre pour un effectif qui arrivait à maturité.
LE FENERBAHCE ISTANBUL, UNE EPOPEE QUI N’A PAS ENCORE ABOUTI
Alors que le championnat de Turquie est relativement relevé avec des clubs historiques tels que l’Efes Istanbul et le Galatasaray Istanbul, le Fenerbahce Istanbul dit « Ülker » (à ne pas confondre avec le club d’Istanbul Ülker ) parvient à s’imposer dans ce championnat à partir de la fin des années 2000 remportant 6 titres de champion (2007, 2008, 2010, 2011, 2014 et 2016). L’équipe parvient à se faire une place parmi les prétendants sérieux en Euroleague (ce qui n’était pas arrivé en Turquie depuis l’Efes Pilsen aujourd’hui connu sous le nom d’Efes Istanbul à la fin des années 1990).
Depuis l’arrivée de Zeljko Obradovic sur le banc en 2013, les objectifs sont clairs : faire du Fener la meilleure équipe du Vieux Continent. Ainsi, le groupe passe d’une élimination en deuxième phase de groupe juste avant les phases finales en 2013 et en 2014 à l’arrivée de Bogdan Boganovic (Partizan Belgrade) et Jan Vesely (Denver Nuggets) qui mène à une accession au Final Four en 2015.
Lors de l’exercice 2015-16, le groupe voit un changement drastique. Luis Luigi Datome (Boston Celtics) Ekpeh Udoh (Los Angeles Clippers), Bobby Dixon (Pinar Karsiyaka), Kostas Loukas (Olympiacos) Nikola Kalinic (Etoile Rouge de Belgrade), Pero Antic (Atlanta Hawks) débarquent pour remplacer Nemanja Bjelica (Minnesota Timberwolves), Andrew Goudelock (Xinjiang Tigers), Ricky Hickmann (Olympia Milan) ou Oguz Savas (Darussafaka) pour ne citer qu’eux. Ils obtiennent un bilan de 24 victoires pour 6 défaites en championnat de Turquie (deuxième) et remportent la Supercoupe de Turquie. Sur la scène européenne, ils terminent avec un bilan de 23 victoires et 6 défaites en Euroleague, et retrouvent le Final Four pour la deuxième fois. Après avoir écarté Vitoria en demi-finale, la finale s’avère être la marche de trop face au CSKA Moscou (96-101). Cette défaite pleine d’amertume reste tout de même pleine d’espoir pour les années à venir et les dirigeants décident cette fois de ne pas chambouler l’effectif afin de préserver un noyau dur déjà présent. Quelques role players viennent apporter du renfort sur le banc : Anthony Bennett (Brooklyn Nets), Ahmet Duverioglu (Anadolu Efes), James Nunnally (Sidigas Avellino) ainsi que Yordan Minchev (Levski Sofia).
Porté par un cinq majeur composé de Bobby Dixon (11,4 points, 2,7 rebonds, 3,1 passes), Kostas Loukas (9,2 points, 2,1 rebonds, 4,5 passes), Bogdan Bogdanovic (14,6 points, 3,8 rebonds, 3,6 passes), Jan Vesely (9,6 points, 4,5 rebonds, 1,5 passes) et Ekpe Udoh (12,1 points, 7,8 rebonds, 2,2 passes, 1 interception et 2,2 contres), et d’un banc sur lequel on retrouve des vétérans expérimentés tels que Nikola Kalinic, Luigi Datome, Pero Antic, Melih Mahmutoglu, Yordan Minchev, Ahmet Duverioglu et Anthony Bennett ; le Fener termine à la cinquième place de l’Euroleague en saison régulière avec un bilan de 23 victoires pour 12 défaites. Bobby Dixon termine meilleur tireur à trois points (78) et Ekpe Udoh martyrise les raquettes en étant meilleur rebondeur et meilleur contreur. Bien mieux armé que la saison précédente, bien décidé à marquer l’histoire, c’est la saison du titre ou rien pour les jaunes et bleus.
Leur premier défi de la saison… la Coupe du Président fin 2016, remporté contre l’Anadolu Efes Istanbul (77-69).
L’OLYMPIACOS, LA FIN D’UNE ERE
Depuis le début de la décennie, l’Olympiacos s’impose comme l’une des meilleures équipes de la compétition avec une finale en 2010, 2012, 2013 et 2015 (dont deux titres remportés en 2012 et 2013). Leur domination se retrouve également en championnat de Grèce avec un titre en 2012, 2015 et 2016. Cependant, le groupe devientt vieillissant et semble sur le déclin (bien que toujours dominant). Leur force se trouve dans un noyau de joueurs qui se connaissent parfaitement. Après avoir manqué le Final Four en 2016, il leur faut un second souffle dans la quête d’un troisième titre durant l’ère Spanoulis. C’est alors que Khem Birch (Muratbey Usak) débarque en Grèce et deviendra une révélation, suivi de Erick Green (Utah Jazz). Un peu de mouvement mais amplement suffisant pour relancer la machine à Athènes. Leur cinq de départ est ainsi composé de Vassillis Spanoulis (12,6 points, 1,7 rebonds, 6,1 passes), Vangelis Mantzaris (5,8 points, 2,8 rebonds, 2,4 passes), Kostas Papanikolaou (8,1 points, 4,8 rebonds, 1,5 passes et 1,2 interceptions), Georgios Printezis (12,8 points, 5,1 rebonds, 1 passe) et Khem Birch (7,3 points, 5,6 rebonds, 1 contre). Le banc se compose de soldats tels que Matt Lojeski, Erick Green, Ioannis Papapetrou, Daniel Hackett, Nikola Milutinov, Dimitris Argavanis, Dominique Waters et Patric Young. L’effectif du Pirée est à la croisée entre des légendes en déclin et des futurs joueurs dominants d’Euroleague. Les rouges et blancs terminent à la deuxième place du Championnat de Grèce (25 victoires pour 1 défaite) et à la quatrième place en Euroleague avec un bilan de 23 succès pour 14 revers. Eux aussi dans le Top 8, ils se qualifient pour les playoffs.

LA SAISON 2016-17, UN SOUFFLE DE RENOUVEAU SUR LA BASKET EUROPEEN
Lors de l’exercice 2016-17, le format de l’Euroleague change pour une ligue semi-fermée composée de seize équipes (dont une majorité avec une license longue durée). Après une saison régulière de 30 rencontres, seuls les 8 premiers sont qualifiés pour les playoffs. Alors que le Final Four doit se tenir à Istanbul, le basketball turc n’a jamais eu autant le vent en poupe avec trois équipes qualifiées pour les playoffs (Fenerbhace, Anadolu et Darussafaka).
Opposé au Panathinaïkos (4ème), le Fener ne fait qu’une bouchée de Mike James, Nick Calathes ou Chris Singleton avec une série remportée 3-0 (71-58, 80-75, 79-61) et obtient son ticket pour le Final Four.
De son côté, le Pirée se voit mis en difficulté par l’Anadolu Efes Istanbul et s’en sort de justesse 3-2 (87-72, 71-73, 60-64, 74-62, 87-78) et devient la quatrième et dernière équipe qualifiée pour le Final Four.
Le Real Madrid, le CSKA Moscou, l’Olympiacos et le Fenerbahce rejoignent le Final Four qui se tient dans la Sinan Erdem Dome, la salle du Fenerbahce qui se retrouve à domicile pour cette fin de saison.
Porté par un Ekpe Udoh impérial (18 points, 12 rebonds, 8 passes et 2 contres), bien aidé par Bogdan Bogdanovic (14 points, 6 rebonds), Nikola Kalinic (12 points, 6 rebonds, 6 passes) et Jan Vesely (12 points), les Stanbouliotes accèdent à la finale pour la deuxième saison consécutive. Les Madrilènes n’ont pas fait le poids face aux hôtes, bien trop esseulés ne pouvant compter que sur Sergio Lull, le MVP de saison régulière (28 points, 8 passes) et s’inclinent assez logiquement (84-75).
Ils retrouvent l’Olympiacos, tombeurs du CSKA Moscou (82-78) grâce à un quatuor Spanoulis (14 points, 6 passes), Mantzaris (12 points, 6 rebonds, 3 passes), Papanikolaou (14 points, 9 rebonds) Printezis (14 points, 7 rebonds) au rendez-vous. Côté Moscovites, Nando DeColo (16 points, 3 passes) et Milos Teodosic (23 points) échouent de justesse aux portes de la finale.
LA FINALE, LA CONSECRATION

21 mai 2017, c’est la finale. Deux cultures s’opposent, c’est la rivalité gréco-turque à son paroxysme. En regardant les statistiques de la saison, les deux équipes ont une identité de jeu relativement similaire : une attaque moyenne (onzième pour l’Olympiacos avec 77,4 points par matchs contre douzième pour le Fenerbahce avec 76,6 points par matchs), mais une défense élite (troisième pour l’Olympiacos avec 73,9 points encaissés, contre deuxième côté Fenerbahce avec 73,6 points encaissés). La différence se voit dans le secteur des rebonds où les Grecs sont premiers avec 33,5 prises contre 29,5 pour les Turcs (treizième) qui compensent par une meilleure adresse longue distance (40% et quatrième meilleur pourcentage contre 34,7% chez les Athéniens classés quatorzième). Pour cette ultime rencontre, sur 16 647 spectateurs présents, 15 671 sont remontés à blocs, aux couleurs du Fener. L’ambiance s’annonce électrique pour des Turcs qui sont en passe de devenir la première équipe du pays à remporter l’Euroleague. Dès l’entre deux, le ton est donné, Ekpe Udoh qui n’est encore qu’au milieu de terrain envoie déjà Jan Vesely au alley-oop pour un dunk arrière, la salle explose !! Galvanisé par le public, Nikola Kalinic prend feu avec quatre tirs à trois points dans le premier quart-temps. En difficulté, l’Olympiacos s’accroche tant bien que mal avec un Khem Birch qui se retrouve seul à surnager dans ce début de rencontre.
Fenerbahce 26-18 Olympiacos.
Les Grecs remontent petit à petit au score porté par l’expérience de V-Span et l’adresse de Vangelis Mantzaris. En face, Bobby Dixon et Bogdan Bogdanovic prennent le relais et maintiennent une certaine avance jusqu’à la pause.
Fenerbahce 39-34 Olympiacos.
A la pause, Ioannis Sfairopoulos (coach de l’Olympiacos) ne mâche pas ses mots: « Notre plus gros problème est leur défense ».
En seconde période, Nikola Milutinov et Erick Green tentent tant bien que mal de sonner la révolte. Mais le Fener met un coup d’accélérateur (18-5 sur la fin du troisième quart-temps pour prendre une avance confortable de 15 points). Luigi Datome et Bogdan Bogdanovic enterrent les espoirs du Pirée.
Fenerbahce 60-48 Olympiacos.
Malgré cette avance devenant de plus en plus confortable, Zeljko Obradovic n’est pas serein et maintient cette pression sur ses joueurs. L’écart ne changera pas, ils ne reviendront pas au score et les sifflements continus des supporters sur les possessions adverses laissent place à la joie. Ils le savent, ils sont en train d’écrire l’histoire. A l’expérience, Pero Antic maintient cette énergie et se permet même de rentrer un tir à trois points résonnant comme un coup de massue sur toute la Grèce.
Fenerbahce 80-64 Olympiacos.
Ils l’ont fait, ils sont champions, le Fener a renversé le Pirée et les ultras peuvent brandir les fumigènes. Ekpe Udoh est logiquement élu MVP du Final Four après un match où il aura été au four et au moulin (10 points, 9 rebonds, 4 passes et 5 contres). Il dira au micro d’après match:
« J’ai joué en NBA, mais l’ambiance en Europe est spéciale à mes yeux. »
Côté Jaune et Bleu, Nikola Kalinic (17 points, 5 rebonds, 5 passes), Bogdan Bogdanovic (17 points, 5 rebonds) et Jan Vesely (8 points, 8 rebonds) se sont aussi montrés héroïques.
Vassillis Spanoulis (9 points, 8 passes), Khem Birch (14 points certes mais aucun rebond) et Nikola Milutinov (10 points, 4 rebonds) n’ont pas été à la hauteur des Stanbouliotes qui ont réalisé le match parfait. Le Fener est parvenu à surclasser son adversaire aux rebonds (40-30) tout en assurant une bonne adresse à 3 points (52% à 13/25 contre 34,6% avec un 9/26).
Pour sa dernière en Europe, Bogdan Bogdanovic quitte le Vieux Continent sur une bonne note et part en NBA pour la saison suivante (drafté par les Sacramento Kings).
Zeljko Obradovic, déjà considéré comme le meilleur entraîneur de l’histoire de l’Euroleague rentre encore plus dans la légende avec un dix-huitième Final Four mais surtout une neuvième Euroleague remportée.

Par la suite, le Fener ne parviendra pas à retrouver un tel niveau tandis que l’Olympiacos rebondira à partir de 2021 après la retraite de Vassilis Spanoulis. Il faut attendre 2024 pour les voir retrouver le Final Four. Cette année 2024-25, l’Olympiacos et le Fenerbahce ont lutté pour la première place, au terme d’une saison où les deux équipes pourraient se retrouver de nouveau en finale.


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