[Portrait] Darrell Armstrong, c’est fort de café !
Portrait
Ligues mineures, championnats exotiques, jobs de nuit, Darrell Armstrong a galéré en début de carrière, mais n’a jamais rien lâché. Alors quand une porte s’entrouvre en NBA, il se défonce à 200% pour se faire une place. De l’énergie, de la volonté et une bonne dose de café, c’est le cocktail qui lui a permis de se frayer une place à part dans le coeur des fans d’Orlando.
LES CHEMINS DE TRAVERSE
Regarder Darrell Armstrong sur un terrain de basket est une expérience visuelle à elle seule. Moitié diable de Tasmanie, moitié road runner, le micro-meneur détonne par son surplus d’activité, capable de dévaler le parquet pour une contre-attaque fulgurante et repartir à toute berzingue de l’autre coté pour un chase down block. Pour comprendre ce survitaminé de la balle orange, il faut lire dans le marc de café. Le secret de Darrell tient dans un petit noir ou pour être plus précis dans un Barnies Coffee agrémenté de sept morceaux de sucre ! Un rituel conseillé par son coach Chuck Daly en 1999. En plein road trip sur la Côte Ouest, Armstrong souffre du décalage horaire, les matchs commençant à l’heure où habituellement, il se couche. 6 points à San Antonio, 2 points à Dallas, il se pointe le lendemain complètement jetlagué à Golden State. Daly lui suggère alors de prendre un expresso. Résultat, 16 points, 6 rebonds, 6 passes et 3 interceptions pour renverser la vapeur contre les Warriors. Darrell conserve cette tradition et livre une ligne de stats pour le moins caféinée sur les dix matchs suivants : 19.7 points, 6.6 assists et 2.4 steals. What else !
L’excès de café n’est pas la seule raison qui fait d’Armstrong une pile électrique sur un parquet. Jamais drafté, un passage dans des ligues obscures, un exil en Europe ; toute sa carrière, il a dû redoubler d’efforts pour faire sa place. Il faut dire qu’avec des mensurations quelconque (1m85 pour 82 kilos), rien ne lui est donné. D’autant que dans sa jeunesse, il se passionne pour le foot US. Fan des Redskins depuis toujours, il joue kicker au lycée d’Ashbrook High à Gastonia, sa ville natale. Ce n’est que dans la dernière année de son cursus qu’il tâte une gonfle de basket, juste pour le fun. D’ailleurs, au moment de choisir sa fac, il opte pour Fayetteville State, une université réputée pour son programme de foot. En 1990, alors qu’il est junior, il réussit un coup de pied d’une distance de 47 yards, établissant un nouveau record chez les Broncos qui tiendra jusqu’en 2009 ! Une preuve du potentiel athlétique du jeune homme.
Pour se distraire entre deux entraînements, Darrell se rend sur les playgrounds du campus. C’est là, par hasard, que l’entraîneur de l’équipe de basket Raymond McDougal découvre le phénomène. Fasciné par le surplus d’activité d’Armstrong, il le convainc de rejoindre le groupe sur le banc des remplaçants. Pour cumuler études, foot et basket, Darrell fait des heures supp’. Son créneau pour parfaire ses fondamentaux : de minuit à une heure du matin ! Si McDougal met le pied à l’étrier de Darrell, c’est le coach Jeff Capel qui va révolutionner la vie du gamin. Arrivé à la tête des Broncos pendant l’intersaison, il offre une bourse à Armstrong. Un poids énorme en moins sur ses épaules, car c’est sa mère qui assumait jusqu’ici le coût de ses études. Mais, le boulot de formation qui attend Capel est énorme. En commençant le basket sur le tard, Darrell a de grosses lacunes de placement et un shoot défaillant. Seule son éthique de travail irréprochable peut lui permettre de rattraper le wagon, affirme son coach :
Il était comme une cassette vierge avec une soif d’apprendre énorme. Il voulait sans cesse s’améliorer. Je me souviens qu’il venait même tous les matins à 6 heures pour shooter.

© Faytechcc.edu
Bombardé titulaire par son nouveau mentor, Armstrong se donne à 200% pour le basket. Même lorsque le kicker titulaire des Broncos met les voiles, laissant une place à Darrell, ce dernier la refuse pour se consacrer uniquement à la balle orange. Mis en place par Jeff Capel, l’exercice « Beat the pro » façonne progressivement sa mécanique de tir. Darrell doit shooter à trois endroits différents. Il marque un point pour chaque tir inscrit et perd deux points par shoot raté, le but étant d’atteindre les 20 points. La méthode fonctionne à merveille sur la confiance du rookie. Même si les Broncos n’évoluent qu’en deuxième division NCAA, Armstrong tire son épingle du jeu lors de sa dernière campagne universitaire avec 16.4 points, 3.6 rebonds et 4.7 passes. En plus d’être nommé dans la All-CIAA First Team, il remporte le concours de dunk du championnat. Un physique banal, mais de la dynamite dans les mollets, il hérite tout naturellement du surnom de Sky après ce trophée. Malheureusement, il en faut plus pour atteindre le septième ciel lors de la draft 1991. En commençant le basket sur le tard, dans une fac loin des radars des scouts, il n’est pas retenu par les franchises NBA.
Pas le choix, si Darrell veut mettre un orteil dans la grande ligue, il devra gravir les échelons un à un. Il commence son parcours du combattant en USBL, une ligue d’été aux moyens financiers plus que précaires. Enrôlé par les Atlanta Eagles, il sillonne les routes de l’Est en mini-bus, coincé entre les neuf autres joueurs et son coach. Des road-trips éprouvants qui n’entament pas son dynamisme : 20.8 points à 55,6% de réussite, 5.1 passes et 3.4 steals en 27 matchs. A la rentrée 1992, il s’engage en CBA avec les Albany Patroons, rebaptisés Capital Region Pontiac cette année-là. Un championnat considéré comme l’antichambre de la NBA, déserté par les fans, mais rempli de scouts venus chercher la perle rare. Dans ce vivier de talents, Armstrong a du mal à se faire une place. La concurrence est féroce, parfois même entre coéquipiers. Au bout de seulement un mois, il est renvoyé par son coach Kevin Mackey. Une situation que Darrell a du mal à encaisser :
La CBA est plus dure que la NBA, parce que tous les joueurs sont intenses à chaque seconde, dans l’optique de rejoindre la NBA. Les gars se battent et se bousculent tellement qu’ils vous encerclent et que vous pouvez sentir leur haleine, chaque fois que vous bougez. Si vous regardez autour de vous en NBA, vous voyez des gars comme Anthony Mason, Mario Elie ou John Starks. Ce sont des mecs qui plongent pour récupérer tous les ballons perdus. Si vous venez de la CBA, vous plongez. Ces gars-là ne lâchent jamais rien.
Pour rebondir, Armstrong choisit le South Georgia Blues en GBA, une ligue mineure créée un an auparavant par l’ancien propriétaire des Cavaliers, Ted Stepien. L’homme d’affaires ambitionne de créer une compétition mondiale, en installant des franchises en Europe, avec Tallin, Saint-Marin, Vilvoorde et Evry, comme premiers points de chute. Un projet pharaonique qui capote rapidement. En décembre 1992, la ligue est en faillite et doit fermer ses portes. Darrell, lui, pointe au Pôle Emploi. Pour gagner sa croûte, il prend un job de nuit dans une usine textile de Caroline du Nord. De 23h00 à 7h00 du mat, pendant cinq mois, il transporte des bobines, perdant complètement le fil de sa carrière. En désespoir de cause, il s’accroche à l’USBL durant l’été. Sur 23 matchs, il montre qu’il n’est pas rouillé avec 22.6 points, 5.0 rebonds, 6.8 passes et 3.7 interceptions. Cette fois, sa combativité lui ouvre les portes de camps d’entraînement en NBA. D’abord Atlanta, puis Orlando. Trop juste pour intégrer le roster définitif, cette expérience attire quand même l’attention des championnats européens.

Sur le Vieux Continent, Armstrong commence tout en bas de l’échelle. Une habitude chez lui. Loin des joutes de l’Euroligue, il fait ses premiers pas au Pezoporikos Larnaca FC, sur l’île de Chypre. Un championnat trop petit pour son appétit et son talent. Darrell dévore la concurrence avec 32 points et 8 passes de moyenne, le trophée de MVP et le titre national, remporté en sept manches face à l’Apoel BC. Avec de telles performances, il fait ses valises pour l’Espagne, en 1994. Bien sûr, pas chez une grosse cylindrée, mais le club d’Ourense, promu en ACB au début des 90’s. Le championnat ibérique apprend très vite à le connaître avec 29.2 points et 5.6 rebonds sur le premier mois de compétition. A mi-parcours, il est retenu pour le All Star Game et surprend les fans lors du Slam Dunk Contest, butant seulement sur son coéquipier Chandler Thompson après une prolongation en finale. En feu individuellement, Darrell passe encore une vitesse dans le sprint final. Relégable à cinq journées de la fin, Ourense s’en remet à son marsupilami, et là attention les yeux : 31 points contre Manresa, 38 face à Salamanque, 32 contre Madrid, 36 à Séville et 35 face à Huesca. Le tout pour quatre victoires et une courte défaite contre le grand Real. Ourense sauve sa tête dans l’élite et Armstrong termine meilleur scoreur du championnat, juste devant un certain Oscar Schmidt.
IT’S A KIND OF MAGIC
Quelques jours avant la dernière journée en ACB, Darrell reçoit un appel d’Outre-Atlantique. Ses cartons ibériques ont traversé l’océan pour voguer jusqu’en Floride. Orlando se rappelle à ses bons souvenirs et lui propose un contrat NBA. C’est ainsi que quatre jours après son match contre Huesca, Armstrong se retrouve dans l’uniforme du Magic pour affronter les Cavaliers. Le temps pour lui d’inscrire ses premiers points dans la grande ligue avec un tir primé dans le garbage time. Sa persévérance est enfin récompensée. Mais, croire que son épopée espagnole est la seule raison de son arrivée en NBA serait mentir. La première pierre avait été posée lors d’une rencontre USBL à laquelle le GM d’Orlando, John Gabriel, avait assisté en partie. Bluffé par l’activité du zébulon, il garde son nom dans un coin de tête, avant de devoir partir à un mariage. Et lorsque Darrell froisse l’ACB, le general manager n’hésite plus, convaincu que son hustle servira un jour ou l’autre à l’équipe. Un pressentiment juste, mais pas dans l’immédiat. En raccrochant le wagon du Magic in extremis avant les playoffs, Armstrong se contente d’agiter frénétiquement les serviettes en bout de banc. La bande de Shaquille O’Neal et Penny Hardaway est l’équipe montante en NBA avec le titre de la Conférence Est en poche. Malgré la défaite cinglante en finale face aux Rockets, l’avenir semble appartenir à ces gamins. Rookie à 27 ans, Darrell est décidé à se battre pour rester dans ce groupe.
Tout commence au camp d’entraînement de septembre 1995. Alors que les cadres se remettent doucement en forme, Armstrong joue sa survie à chaque session. Sa pression défensive rend complètement fou les autres guards, à commencer par le vétéran Brian Shaw, qui vit un calvaire lors de ce training camp. Même Penny lui ordonne de se calmer, asphyxié par sa détermination. Impressionné par cette débauche d’énergie, le coach Brian Hill décide de le conserver dans le roster, persuadé que Darrell apprendra plus au contact des NBAers que s’il partait en jachère dans une ligue mineure. Mais, mis à part jouer le sparring partner enragé lors des entraînements de régulière, Armstrong est réduit au rôle de gadget sur le banc : 16 matchs en deux saisons, jamais plus de sept minutes de temps de jeu, le bilan est maigre. Même son apparition au Slam Dunk Contest 1996 se solde par un fiasco mémorable. Après quatre tentatives ratées, il termine son concours… par un lay-up ! Une première dans l’histoire dont il se serait bien passé.

© Sports Illustrated
Sans la moindre minute de jeu en playoffs, Armstrong assiste impuissant au sweep du Magic face aux Bulls du revenant Michael Jordan. Les 60 victoires en régulière – meilleur bilan de la jeune franchise – sont vite balayées par une intersaison cauchemardesque. Faute d’une offre XXL de la part du front office, Shaq déménage à Los Angeles. L’irrésistible ascension d’Orlando prend une grande claque. Darrell, lui, profite enfin de la redistribution des cartes pour prendre un vrai rôle dans la rotation. La révélation a lieu contre Atlanta fin novembre. Lancé dans le grand bain face à Mookie Blaylock, il score 10 points en deux minutes à la fin du troisième quart pour remettre le Magic sur les rails de la victoire. Cette fameuse étincelle en sortie de banc devient sa marque de fabrique, jusqu’à ce que les playoffs changent la donne. Avec le septième ticket de la Conférence Est, le Magic hérite de Miami au premier tour. La hiérarchie en Floride s’est inversée avec le départ du Shaq et le Heat fait figure de grand favori. Les deux roustes subies d’entrée à l’extérieur confirment la tendance. Le coach Richie Adubato attribue alors les minutes de Brian Shaw à Armstrong. Avant le match 3, il lui confie la mission de stopper Tim Hardaway :
Tim Hardaway nous avait vraiment fait mal lors des deux premiers matchs. Brian Shaw était bon, mais j’ai pris un risque. J’ai dit à Darrell : « Nous te mettons sur Hardaway, et je sais que tu peux le faire déjouer. Si tu peux le limiter ou réduire ses pénétrations et ses points, nous avons une chance de revenir et de gagner ce match. »
La teigne défensive floridienne éteint complètement Tim Bug : 4/16 dans le match 3 puis 5/18 le suivant et voilà le Magic à hauteur de son voisin. Darrell remet le couvert lors de la rencontre décisive avec Hardaway encore tenu à 5/20 aux tirs. Le Heat s’en sort de justesse grâce à des missiles clutchs à 3 points, mais Armstrong vient de gagner ses lettres de noblesse en NBA en tenant le All Star de Miami à 13.0 points et 25,9% de réussite sur les trois derniers matchs de la série. A quasiment 30 ans, sa carrière est enfin lancée. D’autant que l’arrivée de Chuck Daly sur le banc la saison suivante renforce son importance au sein de l’équipe. L’ancien coach des Bad Boys adore ce genre de profil, prêt à tout pour le succès collectif. Et quand Penny se blesse gravement début décembre, c’est Darrell qui reprend le flambeau à la mène : 12.7 points, 4.8 rebonds, 6.4 passes et 1.8 steal sur ses 17 titularisations, avant d’être rattrapé lui aussi par les pépins physiques. Déchirure de la coiffe des rotateurs de l’épaule droite ! L’un des tendons est complètement arraché de l’os et l’autre est partiellement déchiré. Obligé de mettre fin prématurément à sa campagne, rien ne garantit qu’Armstrong pourra retrouver son style de jeu après cette blessure, lui qui arrive en fin de contrat pendant l’été.
La motivation de Darrell pendant sa rééducation convainc rapidement les dirigeants de lui accorder un nouveau deal de 18 millions sur cinq ans. Une fois le lock-out passé, il attaque pied au plancher la nouvelle saison : 12 points dans le dernier quart pour renverser la vapeur contre Indiana, 7/7 aux lancers dans le clutch pour terminer les Raptors et une interception contre Phila à 3,3 secondes du buzzer conclue par un game winner. Chouchou du public, Armstrong vient de prouver en l’espace d’un mois, que le Magic ne peut plus se passer de ses coups de boosts désormais. Et quand il connaît une phase plus difficile à la mi-mars, les tasses de café recommandées par Daly redynamise sa production. Top scoreur d’Orlando à dix reprises, il termine l’exercice en trombe pour mener les Floridiens au meilleur bilan de la conférence Est, ex aequo avec les Pacers et le Heat. Quasiment 14 points de moyenne, 3.6 rebonds, 6.7 passes et 2.2 steals, Darrell remporte haut la main le trophée de Meilleur Sixième Homme de la ligue et réalise un doublé improbable quelques jours plus tard. Avec 54 votes sur 118 possibles, il s’adjuge également le titre de Most Improved Player. Une performance unique dans les annales de la NBA !

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HEART AND HUSTLE
De retour en playoffs, Orlando se casse les dents sur un tout jeune Allen Iverson pour ses premiers pas en postseason. Sans réponse face à The Answer, le Magic balbutie son basket, shootant seulement à 37,6% sur la série. Une sortie de route qui enterre définitivement le projet si alléchant du début des nineties. Penny Hardaway est soldé chez les Suns, Horace Grant échangé aux Sonics pour le rookie Corey Maggette et Nick Anderson rejoint les Kings contre le Français Tariq Abdul-Wahad. Chuck Daly parti à la retraite, les dirigeants misent sur Doc Rivers, coach rookie, pour entamer une reconstruction XXL. 24 transactions impliquant 32 joueurs, le general manager John Gabriel ne chôme pendant l’été. Seul survivant de la finale 95, Darrell change encore de statut, propulsé franchise player par défaut d’un roster dénué de talent. C’est en tous cas une évidence pour tous les observateurs en début de saison qui leur prédisent le pire bilan de la ligue. Un manque de respect illustré par le Top 100 de Sports Illustrated qui ne propose aucun joueur d’Orlando dans son classement. Afin de motiver les troupes, Armstrong glisse une copie de ce Top 100 dans le casier de ses coéquipiers lors du training camp. C’est sûr, le café n’allait pas tarder de couler à flot !
Ben Wallace, Bo Outlaw, Chucky Atkins, John Amaechi et Darrell Armstrong, la death lineup du Magic version 2000 présente la particularité de n’avoir aucun joueur drafté ! Une équipe ultra défensive composée de guerriers, rebaptisée Heart and Hustle par John Gabriel. Preuve que le cœur et la combativité peuvent rivaliser avec le talent, Orlando affiche un bilan renversant de 14-11 à Noël. Le mois de janvier semble sonner le glas des soldats de Rivers avec 13 défaites en 14 matchs. Mais, en y regardant de plus près, une seule de ces défaites s’est terminée en blow-out. Certes, Orlando flanche dans le clutch par manque de puissance offensive, mais ses adversaires sont obligés de mettre les mains dans le cambouis pour se sortir du bourbier floridien. Après le All Star Break, le Magic serre encore plus la vis, passant de 101.5 à 96.1 points encaissés. Outlaw et Armstrong tentent de trapper le porteur de balle le plus haut possible, tandis que Rivers enchaîne les rotations façon coach de hockey, pour maintenir une intensité défensive élevée sur 48 minutes. Le Doc prescrits des séances physiques de 2h30 entre chaque match, assorties de prédications qui font mouche auprès des joueurs. Une thérapie payante lors du sprint final.

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Le Magic enchaîne dix victoires sur les quinze derniers matchs. La qualification se joue lors de l’avant dernière journée contre Milwaukee, concurrent direct pour le huitième spot en playoffs. Face au Big Three des Bucks, les Floridiens jettent leurs dernières forces dans la bataille, mais échouent sur un ultime tir primé de Chucky Atkins, 83-85. Avec un bilan pourtant à l’équilibre, les underdogs d’Orlando regardent la postseason à la télé. Rarement une équipe annoncée dans les tréfonds de la ligue n’aura lutté avec autant de fougue. Comme un symbole, Doc Rivers reçoit le titre de Coach of the Year, quant à Darrell, il boucle l’exercice avec ses meilleurs chiffres en carrière : 16.2 points, 3.3 rebonds, 6.1 assists et 2.1 interceptions. Cette team Heart & Hustle n’ira pas plus loin. En déconstruisant le roster un an plus tôt, John Gabriel a accumulé neuf premiers tours de draft sur les cinq prochaines années et libéré plus de 12 millions de masse salariale pour attirer des stars. L’objectif est atteint pendant l’été 2000 avec la draft de Mike Miller et les arrivées de Tracy McGrady et Grant Hill. Le GM rate même d’un cheveu le trade de Tim Duncan qui aurait changé le scénario des années 2000.
Dans ce nouveau projet floridien, Armstrong fait figure de vétéran et surtout de lieutenant aux côtés des deux stars. Mais, au bout de quatre matchs, la cheville de Grant Hill ne répond plus. L’ancien Piston est out pour l’exercice et ne disputera, au final, que 47 matchs sur ses quatre premières saisons à Orlando. Obligé de reprendre une partie du scoring, Darrell répond présent avec une nouvelle campagne bouclée à 16 points de moyenne. Plus distributeur désormais avec la présence du monstre offensive T-Mac, il atteint son pic en carrière avec sept offrandes par match. Doc Rivers lui demande surtout de jouer uptempo en poussant la balle le plus rapidement possible. Une pace élevée qui redresse spectaculairement l’attaque du Magic, sans toutefois pouvoir faire trembler les cadors de la conférence. Dans cette configuration, Orlando s’invite trois saisons consécutives en playoffs, pour s’arrêter à chaque fois au premier tour. Redevenu sixième homme lors de la saison 2003, Darrell arrive en fin de contrat et probablement au bout de la route avec le Magic. Un déboire avec la police locale début juillet est sans doute la goutte de trop. Sans offre décente de la part des dirigeants, il préfère quitter la ville pour s’engager avec les Hornets.
A 35 ans passés, Armstrong découvre sa deuxième franchise NBA. Transplantés à La Nouvelle Orléans la saison précédente, les Hornets font de Darrell, leur super remplaçant avec plus de 28 minutes par match. Malgré le poids des années, il apporte plus de 10 points et 4 passes, toujours avec une défense entêtée. En janvier 2004, il se permet même le luxe de taper son record en carrière contre les Spurs : 35 unités avec le game winner à 3 points comme cerise sur le gâteau. Place forte de l’Est, les Hornets ne plient qu’au match 7 contre le Heat dans une série qui sent bon la guerre de tranchées. Le tournant a lieu à l’intersaison, New Orleans rejoint la très disputée Conférence Ouest. Avec deux victoires sur les trente premiers matchs, l’équipe implose complètement. Armstrong est transféré chez les Mavericks contre un second tour de draft. L’occasion pour lui de jouer le titre chez un contender sérieux.

© Dallas Morning News
Sous les ordres du coach Avery Johnson, Armstrong est utilisé en troisième meneur, derrière Jason Terry et Devin Harris. Son rôle sur le parquet décroît au profit de son importance dans le vestiaire. Partenaire de chambrée de Dirk Nowitzki à l’extérieur, Armstrong partage son expérience avec le Wunderkind. Parfois, un peu trop tard dans la nuit au goût de son coach. Et oui, c’est bien connu, la caféine empêche de dormir ! Dallas décroche 60 victoires cette saison là et atteint pour la première fois de son Histoire les Finals NBA. Malheureusement, Darrell passe encore à côté d’une bague de champion, la faute à un Dwyane Wade en feu dans la série. Il repousse cependant l’âge de la retraite en rejoignant les Pacers en 2006 puis les Nets en 2007. Un mois avant ses 40 ans, il raccroche définitivement ses baskets, après quatorze saisons dans la grande ligue. Une longévité surprenante compte tenu de ses débuts chaotiques. Mais, Darrell ne quitte pas l’univers du basket. Il retourne dans le Texas pour devenir assistant de Rick Carlisle sur le banc des Mavs. Un poste qu’il occupe toujours aujourd’hui et qui lui a permis d’enfin connaître l’ivresse d’un titre NBA en 2011.
STATISTIQUES ET PALMARES
- Stats USBL : 21.7 points à 51,3% aux tirs, 4.7 rebonds et 6.0 passes
- Stats Espagne : 24.6 points à 49,0% aux tirs, 4.5 rebonds et 2.7 interceptions
- Stats NBA : 9.2 points à 40,9% aux tirs, 2.7 rebonds et 4.0 passes
- All-CIAA First Team (1991)
- All-USBL First Team (1993 et 1994)
- USBL All-Defensive Team (1992, 1993 et 1994)
- MVP de Division 1 Chypre (1994)
- Champion de Division 1 Chypre (1994)
- All Star championnat d’Espagne (1995)
- Meilleur scoreur du championnat d’Espagne (1995)
- NBA Sixth Man of the Year (1999)
- NBA Most Improved Player (1999)
- Champion NBA en tant qu’assistant (2011)


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