Olympiacos-Panathinaïkos, la plus grande rivalité du basket-ball Grec
Grèce
Depuis 1931 et la création de l’Olympiacos et 1936 pour le Panathinaïkos, la Grèce tient son derby. Une rivalité historique qui s’est amplifiée au fil des décennies rythmant comme divisant les passionnés de basket dans toute la péninsule Hellénique.
Parmi les poids lourds du basket Européen en Euroleague, chaque pays à ses deux clubs rivaux historiques : le Réal Madrid et le FC Barcelone en Espagne, L’Olimpia Milan et le Virtus Bologne en Italie, l’Etoile Rouge et le Partizan Belgrade en Serbie ou encore le Fenerbahce Istanbul et Galatasaray en Turquie (même si l’Efes Istanbul s’est ajouté aux têtes d’affiches ces dernières années). Évidemment, une terre de basket comme la Grèce n’échappe pas à cette règle et possède même l’une des plus grandes, si ce n’est la plus grande rivalité d’Europe. D’un côté, les rouges, l’Olympiacos. De l’autre, les verts, le Panathinaïkos. Retour sur l’histoire de ces deux clubs de la capitale (Panathinaïkos dit le « Pana » représentant Athènes et l’Olympiacos dit « Le Pirée » représentant le port d’Athènes) qui se tirent la bourre depuis des décennies.
UNE RIVALITE HISTORIQUE
Comme la plupart des derbys de chaque championnats, elle ne date pas d’hier et s’est transmise de génération en génération. Si les verts ouvrent le bal avec un back-to-back en championnat de Grèce en 1946-47, rapidement suivi par leur concurrents en 1949 avant de refaire un autre back to back en 1950-51, leurs duels ne sont qu’aux prémices et ils se partagent les titres avec d’autres clubs historiques de Grèce bien plus anciens. On retrouvent notamment l’Aris Salonique, le PAOK Salonique, le Panellinios ou encore l’AEK Athènes (principaux rivaux des verts dans les sixties). Hormis quelques titres pris par les rouges (1960, 1976, 1978), la rivalité n’a pas encore décollé. C’est à partir de 1976 et la création de la Coupe de Grèce que les duels vont s’intensifier, d’abord par un triplé de l’Olympiacos sur les trois premières éditions, puis par un derby en finale en 1979, 1983, 1986 tous remportés par le Pana. Cependant, ces duels sont quelques peu mis de côté dans les eighties, une décennie où l’Aris Salonique rafle littéralement tout sur son passage (Championnat+ Coupe de Grèce) sous le houlette de Nikos Galis (a.k.a le diable en personne). C’est dans les nineties que tout va se relancer avec un quintuplé de l’Olympiacos (1993-97) puis un quadruplé du Panathinaïkos (1998-2001) dans le sillage d’un duo Dino Radja et Dejan Bodiroga au sommet de sa carrière. C’est d’ailleurs durant cette période qu’ils vont commencer à s’implanter peu à peu à l’échelle Européenne en Coupe d’Europe des clubs champions (ancêtre de l’Euroleague). D’abord l’Olympiacos finaliste en 1994 et 1995 puis une victoire du Pana en 1996 (leur premier titre Européen) porté par la légende Dominique Wilkins, venu faire un détour en Europe avant de retourner en NBA. Pour la première édition de l’Euroleague, l’Olympiakos ouvre son compteur en 1997 porté par Milan Tomic avant de voir le Panathinaïkos remporter sa deuxième finale trois ans plus tard en 2000 puis une autre en 2002. C’est à la fin de la décennie que le niveau des deux formations va atteindre des hauteurs encore jamais vues, le pic de leur rivalité.
LES DEBUTS DES ANNEES 2010, LE SOMMET DU DUEL OLYMPIACOS – PANATHINAIKOS
Depuis le début du nouveau millénaire, les hommes de Zeljko Obradovic roulent sur la Grèce suite à leur quadruplé. Après un championnat glané par l’AEK Athènes en 2003, ils enchaînent sur un octuplé dans le sillage d’un Dimitris Diamantidis qui rentre petit à petit dans son prime et forme un duo d’arrières tonitruant avec Vassilis Spanoulis puis un trio suite à l’arrivée de Sarunas Jasikevicius. L’Olympiakos n’est pas en reste pour autant et retrouve le chemin du Final Four en 2009 (un retour après 10 ans d’absence). C’est alors qu’on assiste à un derby au Final Four, ce qui n’était pas arrivé depuis 1994 et 1995 (avec deux victoires de l’Olympiakos). Ceci n’est qu’un avant-goût de cette période dorée puisque le point de bascule a lieu entre 2010 et 2011. Vassilis Spanoulis décide de signer à l’Olympiakos et comble le départ de Milos Teodosic pour le CSKA Moscou (une trahison qui a été réalisé par une belle brochette de joueur tout de même : Alexander Volkov, Kostantinos Sloukas, Dimitrios Papanikolaou, Ioanis Papapetrou ou encore Zarko Paspalj pour ne citer qu’eux).
Les retours de Sarunas Jasikevicius au Pana et de Yorgios Printezis au Pirée viennent compléter des rosters qui connaissent leur âge d’or. Le passage de Pannayotis Yannakis à Dusan Ivkovic sur le poste d’entraîneur fait passer un cap à cette équipe où Vangelis Mantzaris prend petit à petit du galon. C’est ainsi que les derby d’Athènes ont vu deux des meilleurs joueurs de l’histoire de l’Euroleague en Diamantidis et Spanoulis se livrer des batailles sans merci (même entre ancien coéquipiers). Comme si cela ne suffisait pas, Mantzaris partageait une match up avec Sarunas Jasikevicius, Kostas Sloukas avec Nick Calathes. Sur les ailes, Kostas Papanikolaou ou Yorgios Printezis étaient opposés à Stratos Perperoglou et Steven Smith tandis que les intérieur Pero Antic et Kyle Hynes étaient en confrontation face à Kostas Tsartsaris et Mike Baptiste. Une concentration de légendes de la compétition à tout âge de leur carrière.
En 2012, lors du premier titre en Euroleague de l’Olympiacos sur leur back-to-back (2012-2013), le Pana passe à une défaite cruelle contre le CSKA Moscou de rejoindre son éternel rival en finale (défaite 66-64 après avoir mené 64-60 à deux minutes de la fin du match). Par la suite, l’Olympiacos déroule en Euroleague et enchaîne les grosses saisons (4 finales sur la décennie) avec le renfort de Matt Lojeski tandis que le Panathinaïkos est sur le déclin après près de 10 ans de domination.
LES MOMETS LES PLUS MEMORABLES DE CETTE EMULATION 100% GRECQUE
Dans un derby tel que celui-ci, tous les coups sont permis. L’atmosphère y est pesante et la chaleur étouffante (comme en Serbie ou en Turquie par exemple). Mais la particularité chez les ultras Grecs reste les fumigènes brandis dans une salle couverte. Que cela soit le Gate 7 au Pirée dans le Stade de la paix et de l’amitié (17 000 places) ou le Gate 13 à l’OAKA pour le Panathinaïkos (21 000 places), le spectacle est au rendez-vous. Une ambiance tellement électrique que le 6 novembre 2017, la rencontre a été interrompue en raison de la fumée des pétards et des fumigènes recouvrant le terrain. Une rivalité certes entre les fans, mais aussi entre les joueurs et les dirigeants comme cette histoire où les joueurs de l’Olympiacos ont décidé de ne pas jouer la fin d’un match car les dirigeants du Panathinaïkos ont mis une culotte rouge sur leur banc à la mi-temps pour se moquer d’eux.
La saison 2019-2020 a vu une triste décision pour le Pirée avec une descente en deuxième division Grecque ; non pas suite à une mauvaise saison mais suite à une sanction de la Ligue. En effet, ces derniers ont refusé de jouer une rencontre importante contre leurs ennemis jurés car les arbitres étaient Grecs. C’est ce qui les as mené à cette relégation tout en jouant l’Euroleague parallèlement. Finalement, il faut attendre la saison 2021-22 pour les voir remonter en première division car la fin de la saison 2019-2020 a été interrompu en raison de la crise du COVID-19.
Lorsqu’il s’agit de matchs mémorables, les équipes ne sont pas en reste comme ce Final Four en 2009 opposant Diamantidis, Spanoulis, Jasikevicius, Stratos Perperoglou, Nikola Pekovic (Panathinaïkos) à Milos Teodosic, Theodoros Papaloukas, Jannero Pargo, Yorgios Printezis, Nikola Vujcic (Olympiacos) dans une victoire du Pana de 84-82 suite à un lay-up de Nikola Pekovic dans les derniers instants de la partie. Un duel de titans avec 18 points de V-Span et Jasikevicius ainsi que 19 de Mike Baptiste et 20 pour Nikola Pekovic côté vert faisant chuter Lynn Greer, 18 points et Nikola Vujcic et ses 14 unités. Une belle revanche pour le Trèfle Grec qui s’était incliné à deux reprises en 1994 (77-72) et 1995 (58-52) lors du Final Four. Depuis, il n’y a pas eu d’autre matchs du Final Four opposant ces deux équipes.
Plus récent encore, le 6 décembre 2019 où l’Olympiacos s’est déplacé à l’OAKA pour jouer le match aller de la saison régulière en Euroleague. Vassilis Spanoulis, Sasha Vezenkov, Yorgios Printezis ou encore Nikola Milutinov (Olympiacos) venaient y affronter Nick Calathes, Deshawn Thomas, Ioannis Papapetrou et Georgios Papagiannis (Panathinaïkos). Finalement, c’est Tyrese Rice (Panathinaïkos) qui a sorti son épingle du jeu au milieu de toutes ces légendes d’Europe en inscrivant le record de points sur un derby. 41 points, le tout avec 8 paniers à trois points : il a tout fait au rivaux. Dans un match cuit à l’étouffée, il donne la victoire aux siens en prolongation (99-93).
LA DECENNIE 2020, VERS UN AVENIR PROMETTEUR
Depuis le retour de l’Olympiacos en première division Grecque, la tendance s’est inversée et c’est bel et bien eux qui dominent avec un doublé en Championnat et un triplé en Coupe de Grèce ainsi qu’un autre triplé dans la toute récente SuperCoupe de Grèce. Le Pana fait quant à lui un retour en force en Euroleague parmi les grands favoris de la compétition.

Derby entre l’Olympiacos et le Panathinaïkos du 8 novembre 2024. De gauche à droite: Juancho Hernangomez (Panathinaïkos), Kostantinos Loukas (Panathinaïkos), Evan Fournier (Olympiacos), Mathias Lessort (Panathinaïkos) et Moustapha Fall (Olympiacos)
Dernièrement, le Final Four de Kaunas en 2024 a vu une nouvelle fois l’Olympiacos et le Panathinaïkos dans le dernier carré. Si le Pana, a vaincu le Fenerbahce en (73-57), Le Pirée à malheureusement butté sur le Real Madrid (76-87) et n’a pas pu rejoindre son ennemi pour une finale tant rêvée (finalement remportée par les verts 95-80). Sommes-nous vers un retour des deux formations sur le toit de l’Europe ? Les duels de haut niveau n’ont pas fini de s’arrêter avec des match-up colossales entre Thomas Walkup et Kostas Sloukas, Evan Fournier et Kendrick Nunn, Alec Peters et Jerian Grant, Kostas Papanikolaou et Ioannis Papapetrou, Sasha Vezenkov et Cedi Osman ou encore des duels Franco-Français entre les anciens Chalonnais Moustapha Fall et Mathias Lessort. Ajoutez à cela d’autres grands noms comme Gianoulis Larenzakis ou Nikola Milutinov côté Le Pirée et Lorenzo Brown ainsi que Juancho Hernangomez côté Pana, les confrontations seront potentiellement du même niveau que celles d’il y a 10-15 ans. Verra-t-on un jour ce fameux derby Grec en finale de l’Euroleague ?
LA RIVALITE OLYMPIACOS . PANATHINAIKOS EN INFOGRAPHIE

Alors que l’Olympiacos et le Panathinaïkos se livrent des duels sans pitié depuis maintenant plus de 90 ans, cette rivalité a atteint un tout autre niveau, décennies après décennies, en devenant l’une des confrontations les plus attendues d’Europe. Finalement, ce sont les deux dernières décennies qui nous ont offerts les plus grands moments de cette émulation 100% Grecque. Les années à venir pousseront ce derby sur le toit de l’Europe avec, pourquoi pas, une finale d’Euroleague opposant ces deux poids lourds du basket Européen.


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