Grandeur et décadence, l’histoire d’Earl Manigault et Pee Wee Kirkland
Streetball
Lorsque l’on évoque les plus grands noms du basket, on pense à Michael Jordan, Lebron James ou Kareem Abdul-Jabbar. Sortons des parquets NBA. Voici l’histoire d’Earl Manigault et Pee Wee Kirkland légendes des playgrounds new-yorkais.
PREMIERS PAS DANS LE BASKET
Nés au milieu des années 40, Earl Manigault et Pee Wee Kirkland ont grandi à Harlem. Pour échapper à un quotidien pas toujours facile, ils jouent au basket sur les playgrounds. Rapidement, le bitume va devenir leur terrain de jeu préféré, ils vont exprimer leurs qualités et se forger rapidement une belle réputation.

Manigault véritable machine à scorer assure le spectacle et postérise de nombreux adversaires à coup de dunks surpuissants. Kareem Abdul Jabbar qui a fréquenté les playgrounds new- yorkais le citera comme le meilleur basketteur qu’il a affronté. Grâce à sa technique balle en main, ses extra passes et sa vision du jeu digne des meilleurs meneurs de jeu NBA, Kirkland éblouit le public et fait lever les foules. La légende parle d’un basket showtime réalisé avant celui des Lakers de Magic Johnson. Après les playgrounds, c’est sur les parquets des lycées que nos deux joueurs martyrisent leurs adversaires.

Kirkland intègre un junior collège en Caroline du Sud et réalise une saison tonitruante à 41 points par match qui lui fera intégrer l’équipe de Norfolk State en Virginie dont, il devient le chef d’orchestre d’un jeu tourné vers le « show ». Manigault intègre la NYC High School, il démontre son talent en scorant 57 points dans un match et signant une saison à 31 points et 13 rebonds de moyenne.
DESILLUSIONS ET DECEPTIONS
L’ascension vers les sommets du basket et de la NBA est en marche mais comme dans tout bon scénario hollywoodien, l’histoire va prendre un tournant inattendu. Manigault se met à fumer du cannabis et se fait attraper dans les vestiaires, Kirkland est drafté par les Bulls de Chicago qui lui proposent une rémunération inférieure à celle générée par la vente de drogues dans la rue. Il refuse le contrat proposé par les Bulls et met fin à la belle carrière NBA promise.

Retour à NYC pour Manigault et Kirkland qui foulent à nouveau les playgrounds. Earl continue à postériser ses adversaires et invente un dunk signature (dunk main droite, puis main gauche). Une légende raconte qu’il était capable grâce à sa détente phénoménale d’aller chercher des billets en haut des planches des paniers. Kirkland séduit les foules grâce à ses nombreux crossovers et ses qualités de scoreurs hors-pair. A l’instar de Julius Erving, les stars NBA qui fréquentent les playgrounds new-yorkais sont impressionnés par le talent des deux joueurs.
Manigault se voit offrir une seconde chance lorsque la franchise ABA des Utah Stars lui fait signer un contrat. L’expérience va tourner court, en cause, une condition physique détériorée par son addiction à l’héroïne. De son côté, Pee Wee fréquente Rucker Park avec beaucoup d’assiduité. En parallèle, il devient membre éminent d’un gang pratiquant trafic de drogues, braquages et blanchiment d’argent.
ENFER DE LA PRISON ET REDEMPTION
A force de flirter avec la ligne rouge, les deux basketteurs vont se faire arrêter par la police. A la suite d’un braquage auquel participe Manigault pour acheter de l’héroïne, il se fait arrêter et part en prison. Même destin pour Kirkland, ces activités illégales l’amèneront en prison. La passion du basket ne le quittera pas, il dira même que c’est l’endroit où, il a pratiqué son meilleur jeu.
Suite à leurs incarcérations, nos deux joueurs décident de changer. Manigault se retire à Charleston où, il mènera une vie tranquille avec pour objectif d’aider les jeunes à ne pas sombrer dans la drogue et la délinquance. Il décédera en 1998 suite à des problèmes cardiaques.
Kirkland obtient un master et écrit une thèse sur la délinquance juvénile. Il créera ensuite le programme « school and skills » dans le but d’aider les jeunes dans leur orientation.

Les destins de Manigault et Kirkland ont voulu qu’ils ne foulent jamais les parquet NBA. Malgré tout, leurs performances sur les playgrounds new-yorkais ont impressionnés bon nombres de joueurs comme Erving et Kareem Abdul Jabbar. Ils ont participé à l’essor du streetball et leur empreinte sur le basket est aujourd’hui toujours présente. Des documentaires et des films leur sont d’ailleurs consacrés.
Crédits Photos : Réseau de basketball, Le Nouveau Journal et Guide, Pinterest, X


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