Dernières publications

[ITW] . Laurent Foirest : « Une finale Olympique c’est pas donné à tout le monde. »

Interview

Montage Une : Laurent Rullier pour Basket Retro

International à 22 ans, vice-champion Olympique, une belle carrière en club, Laurent Foirest a été un majeur du basket français avant d’embrayer sur le coaching qui l’a mené entre autres à une place d’assistant en Equipe de France. Interview !

Basket Rétro : Qu’est-ce qui vous a attiré vers le basket? Quels ont été les moments marquants de votre carrière en tant que joueur? 

Laurent Foirest : Mon père était basketteur a l’ASPTT en NM2 (proB actuelle). Je suis de Marseille, et il faut dire que cela n’a jamais été un endroit où ou le basket était le sport phare. J’ai grandi et ai toujours été dans des gymnases. Le basket était tout le temps present dans mon enfance. J’ai aimé et continué dans ce milieu.  J’ai tellement de moments marquants dans ma carriere. De Antibes a l’ASVEL en passant par l’équipe de France. Je dois dire que quelques titres ont marqué ma carrière notamment le championnat d’Europe Junior en 92 avec Sciarra, Bousquet, Mériguet. Les titres de championnat du Futur 91 et 92, puis a Pau club historique ensuite en Espagne au TAU, gratin du basket européen avec une finale d’Euroligue, champion et Coupe d’Espagne, retour à Pau avec 2 titres, Des moments marquants, il y en a beaucoup. Mais ce qui me rend le plus fier c’est d’avoir gagner de partout où je suis passé. 

B.R : Quels sont les joueurs et les coachs qui vous ont marqué ? 

L.F : Alors, les joueurs il y en a beaucoup comme Robert Smith à Antibes, back-up de Magic chez le Lakers ShowTime, le joueur du moment à l’époque. Un super mec. Lee Johnson aussi. J’avais les yeux grands ouverts comme un enfant le jour de Noël lorsque je voyais jouer des joueurs comme David Rivers ou « Sugar Ray » Richardson à Antibes qui a été, je rappelle, All Star NBA. Bonato aussi. Il y en a tellement. J’ai pu également jouer aux côtés de Fauthoux. Quant au TAU Vitoria, là encore de très grands joueurs avec la « Mafia Argentine ». Les champions olympiques de 2004 Oberto, Nocioni et Scola. Lorsque tu joues dans de grands clubs, tu cotoies forcément de supers joueurs.  Pour les entraineurs, je vais en citer 3. Évidemment, Monclar grâce à qui j’ai pu devenir le joueur et le coach que je suis. Ivanovic a Vitoria qui est un coach très dur mais qui connait le jeu jusqu’au bout des doigts, et qui impose une rigueur et une éthique de travail impressionnante. Pour finir, Vincent Collet a l’ASVEL et EDF qui a été très important pour moi. 

« Ce n’était pas prévu, je ne voulais pas devenir coach à la base. Je ne voulais pas gérer des joueurs (il a dit “co**ards”) comme nous. Le manageriat et la pédagogie, ce n’était pas mon truc. »

B.R : Comment s’est passée la transition du rôle de joueur a celui d’entraineur? Y’a t-il eu des défis innatendus? 

L.F : Ce n’était pas prévu, je ne voulais pas devenir coach à la base. Je ne voulais pas gérer des joueurs (il a dit “co**ards”) comme nous. Le manageriat et la pédagogie, ce n’était pas mon truc. Puis lorsque j’ai arreté à l’ASVEL apres ma blessure au tendon d’Achille, on m’a propose d’intégrer le staff.  J’ai été 2 ans directeur sportif j’ai vu l’envers du décor. Je regardais tous les entrainements. J’assistais a tous le colloques. J’ecoutais attentivement ce que faisait les autres. J’ai donc essayé en tant qu’assistant pour voir  si cela me plaisait mais malheureusement je n’ai pas pu rester a Villeurbanne. En 2015 l’UJAP Quimper m’appelle et me propose le poste de coach. J’ai accepté et ça a marché. J’ai eu la chance de travailler avec beaucoup de gars à l’écoute comme Bobrov, que j’ai fait venir qui avait un bon niveau. Nous avons eu de très bons résultats malgré le peu de moyen, Nous sommes montés puis obtenus le maintien. 

@ FFBB

 B.R : Comment définiriez-vous en tant qu’entraineur ? Quelles sont les valeurs que vous souhaitez transmettre à vos joueurs? 

L.F :Je suis un entraineur qui donne beaucoup de libertés a ses joueurs. Le basket est un sport collectif. J’essaie de solliciter tous les gars de mon équipe. En défense, je demande aux gars d’imposer une grosse intensité. Il faut que les mecs aiment jouer ensemble, c’est important. Il faut beaucoup communiquer, être franc et avec des ingredients comme la franchise, le travail et l’écoute ont peut faire de belles choses avec moins de moyen comme à Quimper. 

B.R : Quels sont les éléments les plus importants dans la gestion d’une équipe ? Notamment dans des matchs couperets ou les fins de matchs serrées ? 

L.F : Déjà, c’est d’avoir confiance les uns les autres et surtout etre honnête. L’ honnêteté est le plus important. J’accorde énormément d’importance à l’osmose entre staff et joueurs mais aussi entre les joueurs eux-mêmes. Je discute beaucoup avec tous les acteurs. Puis établir une hiérarchie et le faire accepter aux joueurs. Il ne faut pas que les égos prennent le dessus, il faut savoir désamorcer certaines situations. On peut mieux gérer un groupe en étant honnête, franc. Pour la gestion des fins de match serré, les joueurs sont plus sereins et arrivent mieux à gérer les fins de match, des 2 côtés du terrain lorsqu’on leur accorde beaucoup de confiance. L’échange est important. Il faut que tous les joueurs tirent dans le même sens. Ce n’est pas pour rien que les bons joueurs deviennent de bons coachs. 

B.R : Quel regard portez-vous sur le basket actuel en France? Et comment on pourrait améliorer cela ? 

L.F : Question compliquée (rires). C’est un jeu beaucoup plus rapide, qui porte sur les premières intentions. Les équipes shootent beaucoup plus à 3pts, à tous les postes. D’ailleurs les postes sont dilués entre guillemets, les postes 1 sont devenus des postes 2, pareil pour les intérieurs, ou on te demande de faire beaucoup plus de choses. On voit même apparaître des ligues jouant avec des lignes à 4pts. Pourquoi pas après tout? Cela permet d’avoir plus d’espaces pour les gens qui attaquent le cercle.  Le basket reste le même sauf que c’est plus rapide et plus spectaculaire.  Je me souviens qu’en Euroleague, ça jouait beaucoup plus dur, les contacts étaient acceptés alors qu’en Pro A beaucoup moins. Actuellement, les rapports de force sont inversés, les arbitres sifflent plus facilement en Euroleague.  Les meilleurs français sont dans les meilleurs championnats. Cela permet de garder un bon niveau, un bon niveau d’audience puis de nouveaux licenciés qui vont améliorer les infrastructures… Pour améliorer le basket, il faut avoir les meilleurs joueurs. 

@ Bellenger:FFBB

B.R : Quels conseils donneriez vous aux jeunes joueurs qui aspirent à devenir profesionnels? Quels sont les aspects du jeu ou mental qu’ils doivent prioriser? 

L.F : Y a pas de secret. Le travail et aimer ce sport. C’est un vrai joli sport. En faire beaucoup plus. Apprendre le jeu. Le basket est un jeu d’échec. Il faut regarder de l’Euroleague et pas que la NBA. C’est des performances personnelles certes, mais un jeu collectif. Il faut s’entrainer et surtout prendre du plaisir. 

B.R : Comment arrivez-vous à maintenir une relation de proximité avec vos joueurs tout en imposant une discipline? 

L.F : Le respect tout simplement. Tant qu’il y a de la confiance et du respect. Le respect du maillot, de l’écusson, de l’institution. Le mec a le droit de faire des erreurs et pas être bon mais on sera toujours moins dur avec un mec qui respecte l’institution et qui est droit dans ses bottes. Et dans le sens inverse, un joueur écoutera et fera l’effort supplémentaire pour un coach qui le respecte et lui dit franchement les choses. 

B.R : Utilisez-vous des outils technologiques au travail pour analyser les performances ou les optimiser? 

L.F : Aujourd’hui, cela est même devenu nécessaire. Le basket évolue tellement rapidement. Les outils informatiques sont indispensables pour tout. Pour recruter, pour améliorer  le jeu, connaître les forces et faiblesses des joueurs, améliorer le shoot, le jeu en attaque, en défense. C’est rentré dans les moeurs depuis longtemps. Je le répète mais c’est indispensable.  Il faut évoluer avec son temps. Ca aide énormément. Comme la video par exemple. Évidemment, Il ne faut pas abuser c’est sûr. Le but est vraiment d’optimiser mais aussi synthétiser, aller à l’essentiel. Certains sont moins attentifs et concentrés pendant les videos. Il faut adapter les outils que nous avons en fonction des joueurs.  

« Dans ces 2 finales, on est tout proche de réaliser l’exploit.  Une finale Olympique c’est pas donné à tout le monde. « 

B.R : Pour quelle finale, vous nourissez le plus de regrets, celle de 2000 en tant que joueur ou 2020 en tant que coach? 

L.F : C’est totalement différent. Forcément celle de 2000 en tant que joueur, t’es acteur. Joueur, t’es sur le terrain. Tu  viens de livrer un combat énorme en finale, t’es fatigué et autour de toi, tu vois tes coéquipiers tristes à la fin de ce combat. Mentalement c’est très dur. Surtout qu’on est à -4 à quelques minutes du terme.  2020 c’est dur aussi. Dans ces 2 finales, on est tout proche de réaliser l’exploit.  Une finale Olympique c’est pas donné à tout le monde. 

B.R : Quel conseil vous pourriez aux futurs coachs afin de réussir dans cette profession plus qu’exigeante?  

L.F : Il faut aimer partager, être passionné de ce sport, etre curieux. Même si la gestion des joueurs étaient complètement différente à l’époque ou j’ai débuté le coaching.  Avant les coachs nous disaient un truc on le faisait sans sourciller. Maintenant il faut expliquer pourquoi on demande de faire telle ou telle chose. Il faut dorloter et bien préparer les joueurs.  Connaître les joueurs, ne pas avoir des oeillères, être ouvert sur le jeu.  Ne pas avoir peur de manger des heures et des heures de videos. C’est ultra chronophage le coaching, le basket est toujours dans ta tête. Une fois que tu sors du gymnase après un entraînement ou un match, tu dois repenser à ce que tu as fait de bien ou moins bien. Toujours en quête d’amélioration. Mais avant tout, prendre du plaisir et donner du plaisir à ses joueurs.  C’est le mot clé. Le plaisir. C’est la passion qu’on transmet. 

Propos recueillis par Matthieu Vidal pour Basket Retro

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.