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[Portrait] John Cox, la story du cousin de Kobe

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Montage Une : Laurent Rullier pour Basket Retro

Rien ne prédestinait John Cox à passer douze saisons en Pro A. Une naissance à Caracas, une enfance à Philadelphie et des études à San Francisco. C’est en passant professionnel, dans les pas de son célébrissime cousin Kobe Bryant, que John traverse l’Atlantique. Le début d’une grande histoire d’amour entre lui et le championnat hexagonal.

LA MAMBA FAMILY

Avant d’entamer la story de John Cox, il faut se livrer à un peu de généalogie. Natifs de Philadelphie, Pamela et Chubby Cox, respectivement la tante et le père de John, quittent la cité de l’amour fraternel pour leurs études. Chubby brille avec l’équipe universitaire de San Francisco et c’est sur ce campus qu’il rencontre sa future femme Victoria. Diplôme en poche, Pamela revient, elle, à Phila. Lors d’une visite à sa grand-mère en banlieue, elle croise le chemin de Joe Bryant. Le coup de foudre est immédiat. De ses deux unions naissent Kobe Bryant en 1978 et John, trois ans plus tard. Avec deux papas futurs NBAers, les gamins sont très vite accrocs à la balle orange. Les cousins germains sont souvent à mi-chemin entre les frères et les amis, un dicton qui se vérifie pendant l’été, lors des retrouvailles sur le playground :

J’ai des vidéos où l’on nous voit tous les deux, quasiment bébés, avec un ballon dans les mains. Nos pères étaient pros. On est donc tombé tout petit dans le chaudron du basket. On a fait des tonnes de un contre un. Des batailles toujours très acharnées. Finalement, quand on ne jouait pas au basket, on parlait de basket. Pour nous, c’était aussi naturel que de manger plusieurs fois par jour.

A la différence de Kobe, né comme le reste de la famille à Philly, John voit le jour à Caracas, son père ayant migré au Venezuela en fin de carrière. Une simple parenthèse pour Chubby, qui a son importance, car son fils hérite de la double nationalité. Par contre, question formation, John revient au bercail pour faire ses gammes au lycée George Washington Carver en Pennsylvanie. Avec 29 points de moyenne à 52% de réussite sur son année senior, il poursuit naturellement son cursus en NCAA. Toujours dans les pas de son père, il s’engage avec les Dons de San Francisco. L’héritage paternel est énorme dans la fac de la Baie. Chubby formait avec Bill Cartwright, James Hardy et Winford Boynes – tous des futurs joueurs NBA – le gang des Super Sophomores. Une équipe talentueuse qui marque profondément les fans en atteignant le Sweet Sixteen à deux reprises. Depuis, les Dons vivent une longue très longue période de disette. L’arrivée du fils d’une ancienne gloire redynamise l’ardeur sur le campus. Et dès sa deuxième saison, avec plus de 15 points à 40% longue distance, John guide San Francisco vers un bilan positif. Cela sera le cas jusqu’à la fin de son cursus. Des bilans pas suffisants pour accrocher une place au tournoi NCAA, mais qui redorent le blason de la fac dans la West Coast Conference.

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© usfdons.com

Victime d’une grave blessure au genou gauche en 2003, il revient encore plus fort et motivé pour son année senior. Tandis que Chubby excellait à la baguette – meilleur passeur alltime des Dons pendant treize saisons – le truc de John c’est le scoring. Toujours prêt à dégainer derrière l’arc ou envoyer des jumpers après quelques dribbles, il atteint les 20 points de moyenne lors de sa dernière campagne dans la Baie. Meilleur marqueur de la conférence, assorti d’une sélection dans la All-WCC First Team ! Il n’en faut pas plus pour que Kobe fasse son éloge dans un article du Washington Post. Si le Black Mamba déclare qu’il adorerait faire équipe avec son cousin, la réalité de la NBA est toute autre. Trop court à la draft, Cox tente sa chance en Summer League à Las Vegas avec les Sixers. Utilisé au poste de meneur plutôt que celui de shooting guard, il prouve qu’il peut tenir la balle malgré sa taille (1m94), sans toutefois convaincre la franchise de le conserver. Sans réelle proposition professionnelle sur le sol américain, il fait le choix de s’exiler. Direction la Bourgogne et l’Elan Chalon.

LE COX GAULOIS

Nombreux sont les universitaires US à se prendre les pieds dans le tapis quand ils s’expatrient. Différence de culture, barrière de la langue, méthodes d’entraînement plus rigoureuses, mal du pays, les raisons sont multiples. Mais, avec un père basketteur globe-trotteur, John connaît déjà les sacrifices à accomplir. Et puis l’Europe, il l’a déjà sillonné. Quelques années auparavant, il a accompagné Kobe dans une tournée publicitaire sur le Vieux Continent. Il avait alors découvert l’engouement des Français, Italiens et Espagnols pour la balle orange. Ça tombe bien, Chalon est une ville qui ne vibre que pour son équipe de basket. Depuis son déménagement dans la salle du Colisée en 2001, le club nourrit de sérieuses ambitieuses comme en témoigne ses deux demi-finales sur les trois dernières saisons. La tâche qui attend l’arrière est énorme. Il doit faire oublier Stanley Jackson, un pilier de l’Elan, présent depuis l’épopée en Coupe Saporta début 2000. C’est l’objectif annoncé par Greg Beugnot lors de la conférence de presse de rentrée. Le sourire en coin affiché par le coach en dit long sur son sentiment d’avoir déniché une perle rare. Son poulain ne tarde pas à lui donner raison.

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© elanchalon.com

Bien soutenu par son compatriote John Best dans le vestiaire, Cox s’acclimate vitesse grand v : 13.0 points, 3.6 rebonds, 1.7 passe sur la première partie du championnat. Il confirme sa polyvalence et ses qualités de scoreur sans toutefois abuser des tirs. Moins croqueur que son cousin Outre Atlantique, certes, mais l’influence de Kobe revient parfois le titiller. Quand le Black Mamba score 81 points sur la tête des Raptors le 22 janvier 2006, Cox répond par son record en Pro A le match suivant avec 30 unités face au Mans. L’Elan repart tout de même avec la défaite, une fâcheuse habitude sur les matchs retour. Cox maintient son rythme de croisière dans un bateau qui prend l’eau. Avec un bilan tout juste à l’équilibre, Chalon déçoit dans les grandes lignes et doit passer par un barrage pour les playoffs. Le Havre est écarté difficilement sur le match d’appui et, en quart de finale, Nancy s’avère être une marche trop haute pour les Bourguignons. Cox surnage avec 19 et 17 points, pour rien… ou presque. Cette première incursion en playoffs tape dans l’œil des deux clubs sur son passage, qui vont devenir ses prochaines destinations.

Fin juillet 2006, John signe au STB pour un contrat de deux ans. Promu en 2000, les Havrais se sont doucement installés dans l’élite sous la houlette des coachs Eric Girard puis Christian Monschau. Les trois quarts de finale entre 2003 et 2005 viennent récompenser un excellent travail de formation qui a vu exploser tour à tour Ian Mahinmi, Romain Duport ou Fabien Causeur. Pourtant, chaque été, c’est la même chanson, les Thomistes se font piller leurs pépites. Avec un budget limité et un effectif réduit à huit contrats professionnels, Le Havre tente des paris et recrute des joueurs capables d’évoluer sur plusieurs postes pour boucher les trous. C’est bien le cas de Cox, attendu comme le second scoreur du club, derrière l’inévitable Tony Stanley. Natif lui aussi de Philadelphie, il a bien entendu décroché son téléphone pour appâter John. La doublette made in Philly joue les trouble-fêtes en début d’exercice avec quatre victoires sur les cinq premiers matchs. Après avoir fait chuter Pau-Orthez en ouverture, c’est le leader invaincu nancéen qui boit la tasse aux Docks Océanes, 71 à 70. Déjà auteur de deux tirs clutchs dans les deux dernières minutes, Cox met définitivement la tête sous l’eau de Nancy avec un game winner à 22 secondes du buzzer. La Mamba Attitude fait escale pour de bon au Havre.

Le départ canon du STB ne fait pas oublier la fragilité d’un équipage très court vêtu. A la première blessure, c’est tout le navire Havrais qui peut tanguer. Celle-ci intervient en novembre avec le forfait pour six semaines du capitaine Babacar Cissé. Privé de son meneur titulaire, c’est John qui reprend le gouvernail. Pour sa première dans ce costume, il tape son record à la passe avec huit offrandes dans la victoire contre Gravelines. Puis, il enchaîne avec six caviars dans un autre succès contre Reims pour voguer jusqu’au Top 5 de la Pro A. Mais, garder le cap est quasiment mission impossible pour ce roster allégé. Quand, le pivot Ali Traoré est victime d’une fracture de la main en janvier, la raquette se retrouve sans son principal mat pendant deux mois. Le STB subit la houle sur les matchs retour. La semaine des as leur passe d’un rien sous le nez après une défaite rageante à Paris malgré les 23 points de Cox. Obligé de faire avec les moyens du bord dans la peinture, Le Havre laisse filer des matchs importants contre Clermont ou Hyères-Toulon, pourtant derrière au classement. A deux journées de la fin, le couperet tombe : les Thomistes restent en rade pour les playoffs. Une déception pour une équipe qui a soutenu la comparaison avec les meilleurs sur certaines périodes.

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© Icon Sport

Le recrutement 2007 est encore plus compliqué que l’été précédent. Avec la deuxième plus petite masse salariale de l’Hexagone, le STB doit dire adieu à l’emblématique Tony Stanley remplacé par Marcellus Sommerville, en provenance de Pro B. La mène, elle, est confiée à T.J. Thompson entrevu deux saisons chez les Albany Patroons en CBA. Des paris, toujours des paris… Quant au rescapé John Cox, il prend du galon par la force des choses, doyen de l’équipe du haut de ses 26 ans. Avec cet équipage de fortune articulé autour de sept joueurs, les Thomistes repartent à l’abordage de la Pro A : quatre succès sur les cinq premiers matchs, la seule défaite à Gravelines étant intervenue après trois prolongations et 28 points de Cox dans le vent ! Une nouvelle fois, Le Havre bouscule la hiérarchie des budgets pour jouer les trublions. Et quand l’équipe essuie une tempête de trois revers consécutifs en novembre, John remet les siens à flot avec un coup de chaud de 11 points en deux minutes pour tuer Clermont. Le match suivant, il établit son nouveau record avec 32 unités dans une victoire à Paris. Leader offensif de la deuxième attaque du championnat, Cox gagne logiquement sa première étoile de All Star. Pendant la trêve de Noël, de retour à Phila, il partage la bonne nouvelle avec Kobe de passage en ville avec les Lakers. En tant que double MVP du match des étoiles en NBA, Bryant lui conseille surtout de prendre du plaisir.

Message reçu cinq sur cinq par son cousin. Du plaisir, il n’en manque pas sur la seconde partie du championnat. En plein run pour une place en playoffs, Cox hisse les voiles avec une série improbable de six victoires pour boucler un mois d’avril invaincu. Une vraie tornade statistique qui boucle cette période avec 19.5 points, 6.0 rebonds et 4.3 passes. Cette fois, Le Havre arrive à bon port, fort de sa cinquième place en Pro A. Tout simplement, le meilleur bilan de son histoire ! John termine quatrième meilleur scoreur de l’élite et Christian Monschau s’adjuge le trophée de Coach de l’Année. Pour son retour en playoffs, Cox hérite d’un gros morceau, la Chorale de Roanne, tenante du titre. Distancés à la Halle Vacheresse, les Thomistes remettent les pendules à l’heure avec la manière, une fois revenus sur leurs terres, 100-70. Cox livre une prestation XXL : 12 points, 11 rebonds et 10 passes. Seulement le deuxième triple double enregistré en playoffs depuis leur création, le premier de Valéry Demory remontant à 1988 ! Un joli sursaut d’orgueil qui n’empêche pas le naufrage sur le match d’appui, les Havrais explosant à l’extérieur, 101-69.

EN PASSANT PAR LA LORRAINE

Ce sabordage collectif marque la fin de son expérience en Normandie. Fort d’un CV qui commence à s’épaissir, John s’engage pour deux saisons avec Nancy, fraîchement auréolé du titre de champion. Il passe d’un Monschau à un autre, Christian ayant brossé un portrait élogieux à son frère Jean-Luc, aux manettes du SLUC. Avec des ambitions européennes et des envies de doublé en Pro A, le club recrute du lourd avec l’arrivée également de Steed Tchicamboud, Lamayn Wilson et Akin Akingbala. Dans ce casting quatre étoiles, l’idée de Jean-Luc Monschau est de confier la baguette à Cox. Même s’il n’est pas à proprement dit un meneur, le coach voit en lui le futur chef d’orchestre de son attaque :

Ce qui m’intéresse, c’est que dans les moments chauds, c’est souvent lui qui monte la balle. Je me rappelle d’ailleurs qu’il y a deux ans, quand on avait perdu de peu au Havre, c’est lui qui a joué le un contre un de la gagne face à Max Zianveni. Cette saison, il a encore un peu plus joué au poste un. Et puis, c’est un joueur qui a un registre de tir tridimensionnel. Il a bien sûr le shoot à 3 points et l’attaque du panier, mais il peut shooter dans la zone intermédiaire. J’avais aussi constaté quand on avait joué Le Havre que c’est un vrai bon passeur même si ses stats ne sont pas excessives sur ce point. C’est un joueur qui a cette capacité à lire les options défensives adverses pour apporter une réponse soit à 3 points, soit en pénétration pour finir ou pour faire la passe.

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© Le Républicain Lorrain

Le début de saison confirme le flair de Monschau. Le SLUC enfile huit victoires sur les dix premiers matchs avec un Cox plus distributeur que jamais. Et pour ses débuts en Euroleague, rien de tel qu’un appel à un ami. Opposé d’entrée à l’ogre barcelonais, John prend son téléphone pour contacter Kobe. Fait du hasard, les Lakers ont croisé le fer avec le Barça quelques jours plus tôt en match de préparation. Les 34 points de Juan-Carlos Navarro ce jour-là ont tapé dans l’œil de Bryant qui conseille à son cousin de se méfier de La Bomba. Nancy contient effectivement l’Espagnol à 4 unités, mais ne met pas un pied devant l’autre en attaque dans une défaite de quasiment 30 points. La campagne européenne du SLUC tourne vite à la bérézina et les hommes de Monschau paie cette fatigue en championnat. En plus des revers contre des concurrents directs comme Orléans ou Le Mans, les défaites contre Vichy et Le Havre fond vraiment tâche. Heureusement, libéré du poids de l’Euroleague, Nancy enchaîne huit victoires consécutives pour terminer l’exercice à la quatrième place, synonyme d’avantage du terrain en quart de finale. Au programme, les retrouvailles avec Roanne, dans ce qui est désormais un classico des playoffs.

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Cox après ses lancers décisifs © L’Est Républicain

Déjà adversaires lors des deux dernières finales, le SLUC et la Chorale sont obligés de passer par une belle à Gentilly pour en découdre. Dans ce match à quitte ou double, John supplante parfaitement Tchicamboud, handicapé par les fautes. Ses 17 points en 17 minutes sont l’un des facteurs X de la qualification nancéenne. Il remet le couvert en demi contre l’ASVEL. Distancés de bout en bout à l’Astroballe, les Cougars passent enfin devant dans la dernière minute sur un tir primé de Michel Morandais, avant que J.R. Reynolds redonne l’avantage à Villeurbanne à cinq secondes du buzzer. Cox hérite de la dernière possession et provoque la faute de Chevon Troutman. Alors que Nancy affiche un piteux 16/26 aux lancers jusqu’ici, John ne tremble pas. Ses deux tirs transpercent le filet pour un hold-up inespéré, 69-70. Le SLUC n’est plus qu’à un match d’une cinquième finale consécutive. Vexés, les Villeurbannais resserrent les boulons à Gentilly et ne laissent que deux paniers dans le dernier quart aux Nancéens, scotchés à 53 points pour la première fois de la saison. Le scénario est identique lors de la belle. Tout roule pour le SLUC avec une avance de 10 points, 46-56, à six minutes de la fin. Et puis, la mécanique s’enraie subitement. John rate deux tirs ouverts, Tchicamboud oublie ses intérieurs. Nancy coule à pic et ne marque plus un seul point dans une sortie de piste prématurée, 62-56.

Cette élimination en demi-finale a des conséquences sportives et financières lourdes. Ecarté de l’Euroleague – malgré un recours en justice du président Christian Fra – Nancy revoit son budget et par là même ses ambitions. Cox reste à bord du navire, mais à l’image de son club, ne parvient pas à trouver de la régularité dans ses performances. Il est toujours capable du meilleur, comme ses huit points dans le money time pour taper l’ASVEL fin novembre, mais aussi du pire avec un zéro pointé contre Cholet, quinze jours plus tard. Plus les semaines passent, plus John se morfond sur le banc avec un temps de jeu descendu en dessous des quinze minutes et des statistiques en chute libre : 5.3 points à 36,3% de réussite. Et les playoffs n’arrangent pas les choses. Confronté à Gravelines au premier tour, le SLUC ne remporte pas le moindre match. Avec 16 minutes jouées sur la série, Cox semble avoir perdu la flamme. Tout le contraire de son cousin, qui savoure au même moment sa cinquième bague de champion NBA. Après un été passé aux States à méditer, John tente un comeback en Pro A. Toute fin septembre, il signe in extremis chez des Havrais, tout heureux de récupérer leur pépite.

UN HAVRE DE PAIX

En l’absence de Cox, les Thomistes se sont maintenus de justesse dans l’élite à deux reprises. L’ambiance dans le port n’est plus aux playoffs, mais au maintien coûte que coûte. Aussi, lorsque le STB affiche un bilan positif de 6 victoires pour 5 défaites fin décembre, les provisions pour l’hiver sont bien au chaud en cale. John sort progressivement du brouillard en retrouvant un rôle de scoreur plutôt que d’organisateur dans lequel il était cantonné en Lorraine. Comme un symbole, il inscrit un buzzer beater contre Orléans (79-77) pour signaler son retour aux affaires. 28 points contre l’OLB, 26 face à Roanne, 29 contre Vichy, John survole les matchs retour. Il livre une dernière prestation flamboyante dans le succès contre Le Mans avec 26 points, 7 rebonds et 5 passes, faisant presque regretter aux Havrais d’avoir raté les playoffs pour deux petites victoires.

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© Paris Normandie

Le départ la saison suivante de son principal bras droit, Bernard King, est dur à digérer. En capitaine abandonné, Cox est obligé de sortir d’entrée les rames. Seule une victoire surprise contre l’ASVEL de Tony Parker vient remonter le moral du STB en ce début d’exercice, déjà largué au classement. Même l’intérim de Ian Mahinmi pendant le lockout NBA n’inverse pas la vapeur. Le Havre navigue à vue et ne doit pas rater le coche contre les concurrents directs. Une nécessité que Cox intègre parfaitement : 21 points et 7 passes contre Hyères-Toulon, 23 points face à Nanterre, 22 points contre Poitiers pour finir par son chef d’œuvre de la saison, 33 points et 9 rebonds sur le parquet de Pau-Orthez. Une victoire qui condamne les Palois et offre un bol d’air aux Havrais. En mode survie, le STB arrache un ultime succès contre Roanne pour terminer juste au-dessus de la ligne de flottaison, à la quatorzième place. Mission accomplie pour John qui livre à 31 ans, sa production la plus complète en Pro A : 15.8 points à 41% derrière l’arc, 4.0 rebonds, 4.3 passes et 1.1 interception. Après cette campagne compliquée, les Thomistes changent de cap, le coach Jean-Manuel Sousa quitte le navire, tout comme John qui s’engage avec Paris-Levallois.

Un nouveau défi pour Cox dans une équipe parisienne ambitieuse. Rapidement le cousin de Kobe se retrouve bloqué dans les rotations par le tandem tricolore Andrew AlbicyAntoine Diot. Principalement utilisé en sniper longue distance, il répond présent avec 40% de réussite, sans toutefois rééditer ses cartons offensifs havrais. Longtemps prétendant à une place en playoffs, le club de la capitale lâche complètement l’affaire mi-mars avec une série rédhibitoire de six défaites. Seul rayon de soleil d’une campagne bien terne, une victoire en Coupe de France, où John émarge à 18 points pour remporter son premier trophée hexagonal. Mais, à l’issue de la saison, il n’est pas conservé. Il rebondit du côté de Cholet. L’entraîneur Jean-Manuel Sousa, passé entre temps dans les Mauges, convainc les dirigeants de signer le vétéran.

Cox lui donne raison dès l’entame du championnat avec une première victoire à la Meilleraie contre Dijon, où il termine meilleur rebondeur et passeur de l’équipe. La semaine suivante, il émerge à 25 points pour un nouveau succès à Beaublanc. Avec sa nouvelle coupe afro et sa démarche de plus en plus nonchalante, John trompe encore son monde. Beaucoup plus régulier qu’à Paris, il retrouve un rythme de croisière autour des 15 points de moyenne pour devenir l’élément stabilisateur d’un groupe très jeune. Limité en talent, Cholet termine dans le ventre mou de la Pro A et John par un feu d’artifice. Lors de la dernière journée, en déplacement au STB, il sort la sulfateuse avec 36 points, nouveau record personnel ! Il se permet même le luxe, sur une remise en jeu, de lancer la gonfle dans le dos de Gédéon Pitard pour la récupérer et envoyer un missile qui fait mouche à trois points. L’air maritime réussit définitivement à John. Alors pour sa dixième saison dans l’Hexagone, il s’offre une troisième escale au Havre.

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© Icon Sport

Maintenus une fois de plus in extremis en 2014, les Thomistes décident de rappeler leurs anciennes gloires. En plus de Cox, le STB rapatrie l’ailier Nicholas Pope et Ricardo Greer, douze ans après ses débuts en Pro A sous les couleurs havraises. Faire du neuf avec des vieux, le pari est risqué mais payant. Le plus petit budget du championnat prend tous les observateurs à contrepied et rivalise avec les grosses cylindrées : Limoges, Chalon, Pau-Orthez ou l’ASVEL se prennent tour à tour dans les filets normands. Qualifié pour la première fois de son histoire pour la Leaders Cup, Le Havre s’accroche au peloton de tête avec un Cox, toujours aussi fringuant en attaque : 14.7 points et 3.8 passes. Son duo de papys flingueurs avec Greer est un casse-tête permanent, capable de créer, fixer ou terminer sur des isolations instinctives. A quatre journées de la fin, les Thomistes arrachent leur dixième victoire à l’extérieur sur le parquet de Nancy pour valider leur place en playoffs. Un véritable exploit pour le petit poucet de la balle orange, comme le souligne John :

Quand on est arrivés, Ricardo et moi, on a senti un énorme manque de respect. Dans les pronostics, on nous plaçait 17ème sur 18. Indépendamment du budget et du fait qu’on représente une petite ville, on savait qu’on avait le matériel pour faire les play-offs. Notre motivation a été décuplée. Notre groupe est resté soudé, avec de l’expérience, des bons Français et quelques bonnes pioches.

Quatrième de Pro A, mais sixième au goal average, Le Havre hérite du CSP Limoges, champion de France en titre. Un duel déséquilibré sur le papier, mais disputé de la première à la dernière minute sur le parquet. En tête quasiment tout le match, les Limougeauds voient le STB revenir à une longueur à six secondes de la fin. Deux lancers d’Eugene Pooh Jeter redonnent une bouffée d’oxygène au CSP, avant que John rate le tir à 3 points égalisateur au buzzer, 78-75. Une défaite sur le fil qui force l’admiration de Beaublanc. Accueillis par une bronca à la présentation des équipes, les Thomistes ressortent sous les applaudissements des fans connaisseurs du CSP. Le retour aux Docks Océanes voit le scénario se répéter. Cox (24 points) et Greer (21 points) écopent autant qu’ils peuvent pour revenir à deux points à la 39ème minute. Mais, à l’expérience, Limoges garde la tête hors de l’eau, 75-81. Cette campagne improbable au long cours résonne comme un baroud d’honneur pour John. A 34 ans, il quitte l’Hexagone pour retourner dans son pays d’origine.

COMME UN COX EN PATE

Sans contrat pro, Cox rentre donc au Venezuela pour préparer le Championnat des Amériques 2015. L’enjeu, un ticket pour les Jeux Olympiques de Rio. Déjà membre de la sélection en 2010 et en 2012, il remet le couvert pour cette compétition au Mexique. Troisième de sa poule, le Venezuela accède de justesse au second tour. Grâce à une ultime victoire contre le Panama, où John se distingue avec 21 points, la route se poursuit jusqu’en demi-finale. Un duel contre les Canadiens et leurs NBAers qui semble être une marche trop haute. Face aux 34 points et 13 rebonds de Kelly Olynyk, les sud-américains répondent collectivement. Au coude à coude dans les dernières secondes, Gregory Vargas obtient deux lancers cruciaux qui envoie le Canada en vacances, 79-78. Archi outsiders dans la finale contre l’Argentine de Luis Scola, les Vénézuéliens sont sonnés 11 à 0, avant de se rebeller défensivement. Dans ce match cadenassé, John sort 14 points bienvenus et participe à une remontada historique. En l’emportant 76-71, il offre à son pays sa première médaille sur la scène internationale.

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© latinbasket.com

Après cet exploit, où il termine meilleur scoreur de la sélection, pas question de quitter la région. John s’engage en septembre avec les Bucaneros de La Guaira. Une saison exotique qui le voit sélectionné pour le All Star Game, sacré meilleur Sixième Homme du championnat et finaliste malheureux contre Trotamundos de Carabobo, dans une série perdue 4-3. Une déception atténuée par sa participation aux Jeux Olympiques 2016. Cox aurait pu croiser Kobe, mais le Black Mamba, récemment retraité, fait l’impasse sur Rio. C’est donc derrière son écran que Bryant voit trembler Team USA sous les coups de boutoir de son cousin. A la fin des dix premières minutes, les deux équipes sont à égalité. Chaud comme la braise, John inscrit 19 points au nez et à la barbe des meilleurs défenseurs de la planète. Les Etats-Unis remettent bien sûr les pendules à l’heure après la pause, mais Kobe se fend d’un tweet plus qu’élogieux à l’encontre de l’ancien pensionnaire de Pro A :

C’est un sentiment incroyable de voir mon petit cousin John Cox sur NBC, jouer contre les États-Unis, et montrer à tout le monde de quoi il est capable.

Avec une seule victoire contre la Chine, le parcours du Venezuela s’arrête en poule, non sans une confrontation contre l’équipe de France, hautement symbolique pour John. L’histoire aurait pu se terminer là, mais le vétéran a encore des fourmis dans les jambes. En bisbille avec son club de La Guaira qui lui doit la modique somme de 200.000 dollars, il met les voiles sur l’Europe. D’abord pour une pige de cinq matchs à Pau-Orthez puis pour une saison complète à Bayreuth en Bundesliga. Enfin, à 38 ans, il s’offre une dernière danse avec une ex. De retour à Nancy, désormais en Pro B, Cox ravive la flamme des supporters de Gentilly. Même si sa première expérience n’était pas une franche réussite, son comeback se solde avec 11.5 points et 2.6 passes. Pas mal pour un joueur qu’on annonçait cramer en début d’exercice. Ses baskets rangées, Cox profite de sa famille et croise évidemment Kobe pendant les fêtes de Noël 2019… les dernières entre les deux cousins. Comme la planète tout entière, il est sous le choc le 20 janvier après l’accident d’hélicoptère à Calabasas, qui coûte la vie à Kobe et sa fille Gianna. Désormais, assistant à l’université de La Salle, il transmet la Mamba Mentality aux plus jeunes :

Merci à tous pour vos condoléances. Je suis dévasté par la perte de mes cousins ​​et mes prières vont aux familles des autres victimes. Cette douleur ne disparaîtra jamais, mais je trouve la paix en sachant que Kobe voudrait que nous persévérions tous. Je t’aime… #Mamba4ever #Mambacita

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© Instagram

STATISTIQUES ET PALMARES

  • Stats NCAA : 13.3 points à 41,1% aux tirs, 3.7 rebonds et 2.0 passes
  • Stats Pro A : 13.0 points à 43,4% aux tirs, 3.2 rebonds et 2.9 passes
  • Stats Venezuela : 11.3 points à 44,7% aux tirs, 2.9 rebonds et 2.2 passes
  • All-West Coast Conference First Team (2005)
  • All Star championnat de France (2008)
  • Vainqueur de la Coupe de France (2013)
  • Médaille d’or Championnat des Amériques (2015)
  • All Star championnat du Venezuela (2016)
  • Meilleur Sixième Homme championnat du Venezuela (2016)

JOHN COX EN IMAGES

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Tombé dans la NBA au début des 90's avec Penny Hardaway. Grosse passion pour les loosers magnifiques et les shooteurs. Supporter de la Chorale de Roanne depuis 3 générations.

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