Ramūnas Šiškauskas, la double détente lituanienne
Portrait
Le basket lituanien produit régulièrement des joueurs de talents reconnus et avec du caractère. Mais, derrière certains noms ronflants, il existe également des joueurs de devoirs, efficaces mais discrets. Ramūnas Šiškauskas fait partie de ces joueurs qui ont marqué de leur empreinte leurs équipes, tout en sobriété mais avec classe.
« DOUBLE DETENTE », DEBUTS A VILNIUS ET PARCOURS ATYPIQUE
Tout le monde connaît Arnold Schwarzenegger, culturiste, acteur et même gouverneur de Californie sous la bannière républicaine. Dans la litanie de rôles allant de « Conan le Barbare » à « Terminator », un des rôles-clés du personnage de l’austro-américain, ce qui lui a permis de basculer dans la comédie a été « Double détente ». Dans ce film de 1988, « Schwarzy », dont le doublage sera effectué à partir de cet instant par le regretté Daniel Beretta jusqu’en 2021, incarne le capitaine Ivan Danko qui débarque à Chicago en provenance de Moscou et qui fait équipe avec James Belushi pour traquer un criminel. Danko incarne littéralement le Soviétique des années 80. Froid, méthodique mais déterminé à parvenir à ses fins. Un cliché de l’homme de l’est dans les tons de l’époque mais qui reflétait une réalité, celle du choc des cultures. Ramené au basket, celui du joueur sans fioritures, capable de mille exploits mais contrôlant ses émotions et surtout diablement efficace.
Dans tout le réservoir de la Lituanie, ce petit pays de même pas trois millions d’habitants mais qui produit depuis des lustres quantités de joueurs de talents, il en est un qui passe somme toute inaperçu. Injustement car pas aussi spectaculaire que Šarūnas Marčiulionis, pas autant physique que la légende Arvydas Sabonis ni aussi volubile que l’autre Šarūnas, Jasikevičius, actuel coach de Fenerbahçe. Cependant, parmi ces génies de la balle orange, il existe un joueur dont n’importe quel entraîneur se doit de cocher le nom en premier tant il apporte sur le terrain. Ramūnas Šiškauskas, 46 ans aujourd’hui, fait partie de ces joueurs injustement reconnus malgré une belle carrière de plus de 15 ans à cheval sur quatre pays : Lituanie, Italie, Grèce et Russie.
Un combo arrière-ailier tout aussi atypique dans son parcours professionnel, lui le natif de Kaišiadorys, dans la région de Kaunas. Si les talents locaux vont se faire les dents dans les deux gros clubs du pays, l’immense Žalgiris Kaunas ou au Lietuvos Rytas, Šiškauskas est une petite anomalie à ce niveau. Le jeune Ramūnas débute sa carrière en 1996, à 18 ans au Sakalai Vilnius, modeste club aujourd’hui dissous. Il parfait sa formation dans une équipe sans grand nom, hormis l’arrière Andrius Giedraitis, futur médaillé de bronze aux JO de Sydney avec la Lituanie, en 2000, et marqueur attitré de l’équipe. Pour autant, Šiškauskas n’est pas en reste puisqu’il tourne, lors de sa première saison pro, à 9,6 points, 2,4 rebonds et 0,8 passes de moyenne en saison régulière. Une saison durant laquelle, l’équipe terminera septième en championnat et quarts de finaliste en playoffs éliminée par l’Olimpas Plunge (avec 13 points, 5 rebonds et 1,7 passes pour Šiškauskas). Pas mal pour un début et la seconde saison, en 1997-1998, est encore plus prolifique pour le jeune joueur (11,3 points, 2,4 rebonds et 1,5 passes). Six petites défaites pour son équipe dont quatre contre le… Žalgiris et une élimination en demi face au Lietuvos rytas.
Au final, deux saisons pleines et un tremplin pour aller voir plus haut. C’est donc tout naturellement que Šiškauskas prend le chemin de… Vilnius. Plus exactement, au sein du (Lietuvos) Rytas Vilnius, équipe qui l’a remarqué lors de la demi-finale des playoffs de la saison précédente. Nous sommes en 1998 et Šiškauskas a 20 ans et logiquement, vu son talent, ne devrait pas faire long feu en Lituanie. Pourtant, ce passage à Vilnius dure six saisons.

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Entre 1998 et 2004, plus exactement, durant une période qui permet à Šiškauskas de découvrir les joies du leadership en côtoyant des coéquipiers qu’il croisera en sélections tout en se faisant les dents en Coupe d’Europe. Dès sa première saison au sein de son nouveau club, Rimas Kurtinaitis et Šarūnas Jasikevičius sont ses voisins de vestiaire, suivi de près par son coéquipier de Sakalai, Giedraitis. Derrière ledit Giedraitis et « Jasi », Šiškauskas est dès lors le troisième marqueur avec 13 points de moyenne, 3,3 rebonds et 1,1 passes de moyenne. Un trio qui parvient à qualifier leur équipe en finale du championnat lituanien face à l’ogre du Žalgiris Kaunas, également vainqueur, cette saison, de l’Euroleague avec notamment Saulius Štombergas et le génial Tyus Edney dans ses rangs. Après ce galop d’essai, la saison 1999-2000 s’annonce passionnante d’autant que le club de Vilnius, malgré le départ de Jasikevičius chez les Slovènes de l’Olimpija, intègre dans ses rangs la gâchette Arvydas Macijauskas et le musculeux Robertas Javtokas. Pour Šiškauskas, l’arrivée de Macijauskas rebat quelque peu les cartes puisque ses stats en termes de points reculent légèrement (8,1 points) mais pour la bonne cause. En effet, Rytas conclut la saison sur un titre face au Žalgiris et se fait éliminer par le Kinder Bologna en demi-finale de la Coupe Saporta.
A partir de là, chaque saison, Šiškauskas et ses coéquipiers sont de la partie avec un nouveau titre en 2001-2002 avec l’arrière Rimantas Kaukėnas et jouent trois finales au niveau national tout en débrouillant pas trop mal en Coupe d’Europe (quarts en 2002 pour la Saporta et 2004 en ULEB Cup). Durant ces quatre saisons allant de 2000 à 2004, Šiškauskas augmente davantage ses stats et devient une pièce maîtresse de son équipe. Discret mais efficace, il permet à Rytas de faire jeu égal avec Kaunas en championnat. Toutefois, dans la vie, tout à une fin et pour Šiškauskas, l’heure du départ sonne après huit ans au pays. Direction l’Italie au sein d’un club côté des années 90-2000, le Benetton Trèvise.
En 2004, Šiškauskas a déjà 26 ans et une solide expérience derrière lui. Mais, parfois, la bascule vers le niveau supérieur peut s’avérer quelque peu compliquée, surtout lors d’une première expérience hors de ses frontières. D’autant plus que le Lituanien d’acier débarque au Benetton qui est, à cette époque, une solide place forte aussi bien italienne qu’européenne. Rien que la vue de l’effectif de cette saison donne le tournis. Songez donc : une flopée d’internationaux Italiens avec Denis Marconato, Andrea Bargnani, Massimo Bulleri, Matteo Soragna. L’israélo-américain David Bluthenthal qui ne se nommait pas encore David Blu, le meneur français qui débarque de la JDA Dijon, Paccelis Morlende. Ou encore les Américains Marcus Goree (ailier) et Marlon Garnett (arrière). Le tout, coaché par Ettore Messina qui commence à prendre son envol sur les bancs italiens avant d’aller chercher fortune au Real Madrid ou au CSKA Moscou notamment. Bref, une armada amenée à dominer et dans laquelle Šiškauskas aurait pu se perdre. Mais, foi de Lituanien opiniâtre, rien de tout cela puisque le bonhomme a littéralement survolé sa saison. Sur le papier, le Benetton termine la saison régulière à la première place avec la meilleure défense de la Lega et près de 15 points de moyenne pour Šiškauskas derrière Garnett (15,8), avant de se faire éliminer en demi-finale des playoffs par l’Olimpia Milan (3-2). Sur le plan personnel, le Lituanien tient la dragée haute puisqu’en PO, il termine meilleur marqueur avec 13,5 points pour son équipe. Sur le plan européen, dans une saison d’Euroleague avec des poules de huit équipes, le Benetton fait bonne figure lors de la première phase. En terminant derrière les mastodontes du CSKA et du Panathinaïkos puis en passant la seconde phase avant de tomber face au TAU Ceramica, 2-0, en quarts.

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La saison suivante, avec comme arrivée majeure, celles de Drew Nicholas et du Grec Nikos Zīsīs et de l’Américain David Blatt sur le banc, Šiškauskas refait parler la poudre et fini une nouvelle fois meilleur marqueur de son équipe avec 14 points de moyenne en championnat et Trèvise termine à la seconde place derrière le Climamio Bologne. Šiškauskas démontre une nouvelle fois son efficacité avec une moyenne de 17 points en playoffs, ce qui contribue grandement au cinquième titre de son club. Et accessoirement, le premier pour Šiškauskas dans un championnat étranger en venant à bout de l’autre club de Bologne, le Fortitudo (3-1). Au niveau européen toutefois, le Benetton termine quatrième de la première phase derrière TAU Ceramica, Climamio Bologna et le Žalgiris Kaunas avant de se faire éliminer lors de la deuxième phase. Mais qu’à cela ne tienne, le parcours du Lituanien détonne et lui permet de franchir un nouveau cap la saison suivante.
SOUS LA FERULE DE COACH « OBRA », « BACK-TO-BACK » ET AVENTURE RUSSE
Le climat méditerranéen étant clément et doux, aucune raison pour Ramūnas Šiškauskas de quitter le territoire puisque, lors de la saison 2006-2007, avec un solide bagage, il débarque à Athènes, à deux heures d’avion. Si le Benetton était le « Who’s who », que dire du Panathinaïkos du légendaire Željko Obradović. Après avoir côtoyé Messina et Blatt, place donc au bouillonnant serbe et son armée d’invincibles guerriers verts. Là encore, même tropisme avec une palanquée d’internationaux grecs à faire pâlir d’envie n’importe quelle équipe. Pêle-mêle, le génial gaucher Dimítrios Diamantídis, Nikos Hatzivrettas, Kostas Tsartsarís, la légende Fragiskos Alvértis ou encore Dimos Dikoúdis. Des Grecs, hormis Alvértis, qui ont notamment battu « Team USA » de LeBron James lors du Championnat du monde qui s’est déroulé au Japon la même année (101-95). Ajoutez à cela, les Serbes Miloš Vujanić, Dejan Tomašević, le Slovène Sani Bečirovič, les Américains Tony Delk et Mike Batiste ainsi que le compatriote de Šiškauskas, Robertas Javtokas et la messe est dite. Du muscle, du talent, de la gâchette folle, de la dureté et un QI basket exceptionnel avec notamment Šiškauskas et Diamantidis. Le « Pana » est donc bien armé pour tout remporter sur son passage. Derrière cette abondance de talents et le turnover constant d’Obradović, difficile de voir un joueur plié le jeu à lui seul cependant. Le numéro 9 lituanien expérimente donc le partage et ses stats le rapprochent d’un Diamantidis ou d’un Dikoudis (8,8 points, 2 rebonds et 1 passe de moyenne). Au prime de sa carrière, une de ses saisons les moins prolifiques sur le papier mais qui lui permet de glaner en 2007, ce que l’on nomme la « Triple Couronne ». A savoir le gain de l’Euroleague, du championnat grec et de la Coupe de Grèce. Surtout, ce titre européen est à mettre au crédit de Šiškauskas car en finale face au CSKA Moscou, ce dernier récite une partition parfaite avec 20 points, 4 rebonds et 5 passes pour terrasser les Russes de son ancien coach de Benetton, Ettore Messina, sur le score de 93-91. Dès lors, après cette saison parfaite et cet aboutissement personnel et européen avec l’obtention du titre suprême, Šiškauskas ne s’éternise pas en Grèce.

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Direction Moscou puisque le CSKA récupère le Lituanien la saison suivante, en 2007-2008. Durant quatre saisons, Šiškauskas évolue en Russie au sein d’un club où il retrouve quelques vieux compagnons de route dès sa première année. Marcus Goree, Nikos Zísis mais également le meneur grec « old school » Theo Papaloukas, David Andersen, Viktor Khryapa, JR Holden, Matjaž Smodiš, Trajan Langdon et le jeune Alexey Shved. Du beau monde, ce qui permet au Lituanien de bien se débrouiller avec un écot d’une dizaine de points de moyenne. Dominant dans son championnat, le CSKA remporte dès lors le titre de 2007 à 2012 sans coup férir. Cinq trophées de plus dans la besace de Ramūnas mais surtout un « back-to-back » européen puisque le CSKA se balade presque en Euroleague et remporte à Madrid le trophée aux dépens du Maccabi Tel-Aviv, son sixième titre dans la compétition. 16 points pour Šiškauskas en demi face à Baskonia et 13 autres permettent aux Russes de battre assez facilement le « Club-Nation », 77-91.
C’est une constante dans la carrière de Šiškauskas, la simplicité et la capacité à être décisif et prolifique au milieu de cette constellation de stars. Si le championnat local est expédié tranquillement, Šiškauskas réussit des performances de choix comme au Final-Four de 2009, à Berlin face à Barcelone avec ses 29 points qui qualifient le CSKA en finale. Celle-ci est finalement perdue face au « Pana » (73-71) malgré les 13 points du Lituanien. Rebelotte en 2010, à Bercy avec 19 points contre… Barcelone en demi, cette fois remportée par les Catalans qui iront en finale. Dès lors, exceptée la saison 2010-2011 qui voit le CSKA finir… dernier de sa poule, Šiškauskas fait montre d’une régularité de métronome à chaque fois dans la compétition.
FIN DE CARRIERE SUR LE TRAUMATISME D’ISTANBUL MAIS PILIER DE SA SELECTION
Le chant du cygne approche inéluctablement et après cet échec, arrive la saison 2011-2012. Ramūnas a un âge christique (33 ans) et le CSKA veut renaître de ses centres et rebondir sur la scène européenne. Pour ce faire, une petite armada est levée avec du très lourd sur le papier. Andrei « AK47 » Kirilenko, le pivot serbe Nenad Krstić, son compatriote, le fantasque meneur Miloš Teodosić, le Dominicain Sammy Mejia en provenance de Cholet ainsi que les Russes Nikita Kurbanov, Sasha Kaun, Dmitri Sokolov et Alexy Shved. Petite gaité locale avec la présence, enfin, des compatriotes de Šiškauskas, le grand Darjuš Lavrinovič, frère jumeau de Kšyštof sur le terrain et du coach Jonas Kazlauskas sur le banc. Autant dire que de voir dans la peinture avec les Lavrinovič, Kurbanov, Kaun ou Sokolov peut décourager toute velléité adverse… Le CSKA ne fait donc pas de quartier lors de la phase de poule. Une double « Manita » selon l’expression espagnole qui désigne un 5-0 puisque les Russes remportent leurs dix premières rencontres. Puis cinq victoires et une seule défaite dans la seconde phase qui permet d’éliminer les Turcs de Galatasaray (qui leur inflige leur seule défaite) et l’Anadolu Efes. Surtout, un score de 96–64 lors de la rencontre contre l’Olympiacos lors du match 5. Un score finalement trompeur lorsque se remémore la finale mais patience… Gescrap Bizkaia Bilbao éliminé 3-1 en quarts et le CSKA repart pour un Final-Four à Istanbul où il sera le large favori. Tout commence donc face au « Pana » dans un duel entre Kirilenko et Jasikevičius qui voit le Russe l’emporter 66-64. Direction la finale face à l’Olimpiacos qui élimine Barcelone derrière les 21 points de Spanoulis.

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Sur le papier, dans les têtes, chez les journalistes et les spécialistes, la messe est dite et aucun espoir ne subsiste pour les Grecs du vieux loup de mer, Dušan Ivković. D’autant que Miloš Teodosić connaît la maison d’en face pour y avoir évolué la saison précédente. Soyons honnêtes, hormis le talentueux Vassilis Spanoulis, l’Olympiacos est une équipe davantage axée sur le physique et composés de joueurs eux aussi talentueux, certes, mais besogneux avec notamment Pero Antić et le pivot de 1m98, Kyle Hines. Face aux mastodontes russes, l’affaire semble réglée et Šiškauskas et son numéro 8 mènent 34-20 au bout de deux quarts temps. Et même 53-40 au bout du troisième, ce qui confirme que le trophée prend son billet pour Moscou. C’est dit, Šiškauskas est en passe de finir en beauté sur un dernier titre européen pour boucler la boucle de son immense carrière. Pourtant, cette équipe grecque, véritable poison, ne lâche rien. Derrière les coups de butoirs de Spanoulis (15 points au final), Kostas Papanikolaou (18) et Georgios Printezis (12) et menés de main de maître par Ivković, ils prennent progressivement le dessus sur les Russes, pas aidés par le coaching catastrophique de Kazlauskas. Jusqu’au coup fatal porté par le pivot grec Príntezis à la dernière seconde qui permet à l’Olympiacos de remporter, après 1997 (avec déjà Ivković sur le banc), son second titre européen, sur la plus petite des marges : 62-61. Terrible coup pour Šiškauskas (8 points au final) qui solde sa carrière, à l’instar de nombreux champions (souvenons-nous de Zinédine Zidane en 2006 lors de la Finale de la Coupe du monde en Allemagne) sur cette défaite absolument incroyable.

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Un traumatisme, une déchirure pour le Lituanien à l’instar de toute l’équipe russe qui n’en revient pas. Mais, même si David a terrassé Goliath, la carrière de Šiškauskas n’en souffre pas, avec des titres à la pelle et surtout une présence, discrète mais efficiente. Bien aidé également par une génération lituanienne dorée et dont Ramūnas était un des piliers.
AVEC LA LITUANIE, LE PLAISIR DES SOMMETS
Sur le plan international, Ramūnas Šiškauskas a participé à trois compétitions. Tout commence en 2000 avec les Jeux Olympiques de Sydney qui voient la Lituanie tombée dans le Groupe A, celui des Etats-Unis, de la France et de l’Italie notamment. Coaché par son futur entraîneur du CSKA, Jonas Jonas Kazlauskas, Šiškauskas est également bien entouré avec notamment ses compères Šarūnas Jasikevičius et Andrius Giedraitis ainsi que Saulius Štombergas, Darius Songaila et du géant Eurelijus Žukauskas. Troisièmes derrière les USA et l’Italie mais devant la France, les Lituaniens s’avancent en quarts de finale à la République fédérale de Yougoslavie de Peja Stojaković. Une victoire 76-63 plus tard, et revoici les États-Unis de Vince Carter qui n’avaient battu les coéquipiers de Šiškauskas que 85-76 lors de la troisième rencontre de poules. Après une rencontre âpre qui voit les USA prendre le large, les Baltes reviennent dans la partie et ne sont battus que sur le fil, 85-83 par les Américains qui s’en vont défier les Français en finale. Les Lituaniens se consolent dès lors avec une médaille de bronze après avoir battu l’Australie lors de la rencontre des déçus, 89-71. Pour Šiškauskas, le tournoi se termine donc avec une breloque olympique et des stats à 6,6 points de moyenne, 2,4 rebonds et 2 passes.

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Trois ans plus tard, l’Euro suédois arrive pour des Lituaniens arrivés à maturité et avec comme principaux nouveaux venus Arvydas Macijauskas, Kšyštof Lavrinovič et Virginijus Praškevičius et qui s’extirpent sans dégâts de la phase de poules. Malgré une première frayeur face aux voisins lettons du duo de feu, Roberts Štelmahers- Kaspars Kambala lors de la première rencontre, 92-91 après prolongation. Battre Israël et l’Allemagne n’est qu’une formalité et les Lituaniens affrontent cette fois la Serbie-Monténégro, ancêtre de la RF de Yougoslavie, déjà affrontée en quarts lors des JO de Sydney. Victoire de nouveau avec 27 points pour Šiškauskas (98-82) et direction la demi-finale où les Baltes affrontent la France de Tony Parker (24 points). Saulius Štombergas et ses 22 points permettent à ses compatriotes de franchir l’obstacle bleu pour aller défier l’Espagne de Pau Gasol. Malgré 36 points et 12 rebonds pour ce dernier, l’obstacle ibérique est également franchi en finale (93-84) avec 21 points pour Macijauskas. Premier titre de l’ère moderne pour la Lituanie après 1937 et 1939, six rencontres remportées sur six, un titre de MVP pour Jasikevičius et près de 15 points de moyenne pour Šiškauskas. Le bonheur pour tout un peuple et consolidée lors de l’Euro espagnol de 2007 par une médaille de bronze.
Une équipe très complète et encore plus offensive avec les Rimantas Kaukėnas, Jonas Mačiulis, Paulius Jankūnas, Robertas Javtokas, Kšyštof Lavrinovič et autres Linas Kleiza, toujours entourés par le duo Šiškauskas- Jasikevičius. Après huit rencontres sans défaites et un quart serré remporté face à la Croatie (74-72), les Lituaniens tombent face à la Russie de JR Holden, drivé par David Blatt en demi-finale (86-74). Šiškauskas et sa bande l’emportent 69–78 face à la Grèce et s’adjugent la médaille de bronze. Dès lors, malgré des stats allant de 11 à 14 points de moyenne, l’élégant Lituanien en termine avec sa sélection aux JO de Pékin avec une défaite 87-75 face à l’Argentine de Manu Ginobili malgré 15 points et 6 rebonds de notre bonhomme.
Au final, Ramūnas Šiškauskas représente très bien le joueur largement sous-estimé mais qui a toujours été présent pour soutenir les grandes stars. Sans se départir de son talent et de sa capacité à scorer, prendre des rebonds et faire des passes. Si sa carrière s’est arrêtée en 2012 sur la douloureuse défaite d’Istanbul, l’arrière-ailier n’a pas quitté le basket pour autant puisqu’il est reconverti en coach auprès de la sélection lituanienne. Toujours présent dans l’ombre mais, cette fois, pour guider la jeunesse lituanienne triomphante. Une double détente entre ses qualités naturelles et son sens du collectif contre son manque de reconnaissance. Dans le film « Double détente », Schwarzenegger troque à la fin l’uniforme militaire contre un costume. C’est un peu le résumé de la carrière de Ramūnas Šiškauskas, être capable d’enfiler différents habits pour trouver l’ouverture et punir l’adversaire.


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