[Portrait] Stromile Swift, bienvenue dans le Stro Show !
Portrait
Stromile Swift n’est certainement pas le joueur qui a placé Memphis sur la carte NBA. Pourtant, impossible de passer à côté de son jersey des Grizzlies, tant il a squatté les Top 10 des années 2000. Windmill, putback, alley-oop, rien n’est trop beau pour Stro ! Des dunks assourdissants comme marque de fabrique, mais une carrière qui n’a malheureusement jamais vraiment décollé.
TOO BIG, TOO FAST, TOO STRONG
Welcome to the Stro Show ! Le cri de ralliement des fans actuels des Yankees devant les performances de leur lanceur Marcus Stroman. Le double All Star de la MLB n’est pourtant pas le seul Stro à envoyer du bois dans les ligues professionnelles américaines. Au début des années 2000, Stromile Swift s’est également distingué par la puissance de ses actions, non pas avec une balle blanche mais avec une gonfle orange. Pas le plus gros Q.I. basket de cette décennie, mais la violence de ses dunks a marqué toute une génération. Il faut dire que la violence, Stromile l’a connait dès son plus jeune âge. Natif de Shreveport en Louisiane, il grandit dans le quartier de Queensborough, un coin si mal fâmé que le taux d’homicide est trois fois supérieur à la moyenne de l’état ! Son salut, Stro le doit à sa mère Mary, qui élève seule ses trois enfants et les exhorte à rester dans le droit chemin. A 14 ans, alors qu’il mesure déjà 1m90, Mary pousse son grand dadais de fils vers le basket. Timide et gêné par sa taille, la tige passe sa première année à s’excuser auprès de son coach Ken Prude, pour ses errances sur le parquet. Introverti à l’excès, Swift supporte mal la présence des fans du lycée de Fair Park. Prude entame alors une thérapie :
Quand Stromile entrait sur le parquet, personne dans l’assistance ne pensait qu’il pouvait réellement jouer. Il entendait les gens dire « Il est trop grand pour rater ça ». Pour le rendre moins nerveux en public, j’ai tenté l’autodérision. S’il faisait quelque chose de drôle à l’entrainement, je riais de bon cœur. Je voulais lui faire comprendre que rire de soi n’est pas un problème.

© fairparkhigh.com
La méthode fonctionne sur le gamin, qui prend confiance au fur et à mesure qu’il gagne des centimètres. Lorsqu’il dépasse les deux mètres, Stromile sait que son physique sera son principal atout. Rebonds autoritaires, contres dissuasifs et dunks surpuissants, le lycéen passe de pestiféré à nouveau chouchou des fans. Swift se rend compte que ses dunks, surtout, soulèvent littéralement le public. Il ne perd donc pas une occasion de finir une action la tête dans le cercle. Devant la notoriété grandissante de son fils, Mary décide de déménager dans le quartier plus tranquille de Morningside. L’idée est de lui offrir un cadre plus propice à son épanouissement, quitte à prendre un deuxième job pour payer le loyer. Rien n’est de trop pour Stro ! En réponse, il se fait tatouer sur l’épaule gauche une image de Jesus tenant un ballon de basket avec le texte « Un cadeau de Dieu ». Une phrase que Mary lui répète sans cesse pour le motiver. Et là encore, ça marche. Dans sa dernière saison en high school, Swift crève l’écran avec 21 points, 10 rebonds et 3 blocks de moyenne. Des stats bien fat, récompensées en 1998 par le titre de Louisiana Mister Basketball et une sélection dans la Parade All-American First Team. Les médias locaux n’hésitent pas à faire de lui le plus gros prospect de la région, depuis un certain Robert Parish au début des seventies. Même la marque Nike, flairant le bon coup, propose d’habiller son équipe de lycée. Devant le refus de Fair Park, Nike va plus loin en suggérant d’équiper tous les établissements de la ville. Offre bien sûr acceptée !
Devant le potentiel athlétique de Stro, les plus grandes facs du pays lui déroulent le tapis rouge. Dans la short list finale décidée par la famille, on retrouve UCLA, Georgetown, Michigan et Louisiana State. Le coach de LSU, John Brady, est le premier à dégaîner et va mettre rapidement tous les autres prétendants hors course. Arrivé aux manettes de Lousiana State seulement un an auparavant, Brady veut redorer le blason de la fac, absente du tournoi NCAA depuis sept saisons. Invité à manger au domicile familial, John fait comme chez lui en inspectant la cuisson des casseroles, en se servant un verre directement depuis le réfrigérateur puis en prononçant la bénédiction à la manière d’un prédicateur. Une familiarité assumée qui plait fortement à Mary. Stromile, lui, avait Michigan en tête. Pour le faire plier, Brady propose alors de délocaliser un match à domicile des Tigers directement à Shreveport, soit à 320 kms du campus de LSU. Le lycéen ne pas faire autrement que se ranger à l’avis maternel et s’engage avec la fac.
Ce choix de la proximité s’explique également par le niveau scolaire de Swift. Les études, ce n’est pas Stro son truc, avec pas moins de six échecs au test d’entrée ACT. Or, un joueur avec des résultats académiques insuffisants est inéligible lorsqu’il s’inscrit dans une université de Division I. Le plan de John Brady est donc que son nouveau protégé suive des cours renforcés près de chez lui pour retenter sa chance au second semestre. Pari gagné ! Mais, lors de sa première saison tronquée en NCAA, il ne peut empêcher les Tigers de terminer à la dernière position de la Southeastern Conference. L’apprentissage est rude. Sur ses 16 matchs joués, il n’obtient que 20 minutes de temps de jeu pour 7.6 points et 4.3 rebonds. Seule sa moyenne de 2.2 blocks en fait déjà le protecteur de cercle attendu par Brady. Pour tenir le choc physiquement face aux poids lourds du circuit, Swift bosse son développé couché tout l’été et se pointe avec 9 kilos de muscle supplémentaires. Un buffle désormais qui met tout de suite les points sur les i lors du tournoi de préparation à Hawaï : 73 points cumulés contre Oakland, Wyoming et Fresno State, assorti du titre de MVP. Rien de tel pour lancer sa nouvelle saison en trombe !
C’était vraiment dur de regarder mes coéquipiers jouer l’an dernier et de ne pas pouvoir les aider comme j’aurais souhaité. Donc, j’ai travaillé très dur pendant l’intersaison pour devenir plus puissant et être meilleur sur le plan des fondamentaux. J’ai beaucoup plus de choses à montrer que ce que j’ai fait lors de ce tournoi. Je ne suis pas encore satisfait et je sais que je peux m’améliorer.

© lsusports.net
Démonstration dès le coup d’envoi de la campagne 1999-2000, où Swift tape son record personnel avec 22 points en seulement 15 minutes dans une victoire contre Grambling. Repositionné ailier fort par coach Brady, il évolue aux côtés du pivot Jabari Smith, futur NBAer. Ce nouveau duo forme, sans doute, la raquette la plus musculeuse de la NCAA et est à l’origine d’un run improbable de 13 victoires consécutives ! De gentils chatons, les Tigers se transforment en redoutables prédateurs, en l’espace de quelques mois. Ce n’est pas Auburn, champion de conférence l’année précédente, qui dira le contraire, laminé par les 13 points, 14 rebonds et 5 blocks de Stro. Le sophomore confirme enfin son potentiel entrevu au lycée en étant meilleur scoreur (16.2 points), rebondeur (8.2 prises) et contreur (2.8 blocks) de LSU. Moins hésitant en attaque, il se sert de sa puissance pour des finitions le plus proche du cercle possible, en témoigne sa réussite qui passe de 40,9% à 60,8%. Elu meilleur joueur de la SEC et retenu dans la All-American Second Team, il guide les Tigers vers le tournoi NCAA, avec le titre de conférence en poche. Au premier tour, il se mue en gardien de but avec six contres dont deux dans le money time pour éviter la cataSTROphe contre Missouri State, 64-61. Face à Texas ensuite, Swift écrase la concurrence avec 23 points et 10 rebonds. C’est encore un énorme block sur Chris Mihm pour empêcher l’égalisation à 1’50 qui marque le tournant du match. Stro est si électrique au buzzer, qu’il fait rebondir le ballon sur le parquet tellement fort que celui-ci termine dans le jumbotron. LSU atteint le Sweet Sixteen pour la première fois depuis 1987. Malheureusement, Swift est trop esseulé face à Wisconsin, au tour suivant. Son double double (12 points et 10 rebonds) ne pèse pas lourd face à une armada défensive trop bien huilée.
LE MAESTRO DU DUNK
Cette March Madness éblouissante en fait un prospect tout désigné pour la draft NBA. 2m08 pour plus de 100 kilos, une détente sans limite et une vitesse de déplacement étonnante pour son gabarit, Stro a tous les attributs physiques pour s’imposer dans la Grande Ligue. Et il n’hésite pas à mettre la pression sur les franchises en déclarant qu’il reviendrait sur le campus de LSU, s’il n’est pas choisi dans le Top 5 ! Effectivement, comme Swift n’a pas encore d’agent, il peut garder son éligibilité pour les prochaines drafts. Le 3 juin, il fait un workout avec les Nets, détenteurs du précieux First Pick. Mais, c’est vraiment chez les Grizzlies qu’il laisse la meilleure impression. Lors des tests de détente, il atteint sans forcer toutes les marques habituellement utilisées. Le préparateur physique lui demande alors de sauter le plus haut possible. Stro s’exécute et touche le plexi 30 cm au-dessus du carré ! Il n’en faut pas plus pour faire dire au préparateur que Stro a tout l’air d’un futur All Star. Arrivé dans la ligue en 1995, Vancouver stagne dans les eaux profondes en n’ayant jamais dépassé les 22 victoires. Le nouveau GM Dick Versace s’est donné quatre ans pour redresser la franchise. Un prospect à polir comme Stromile cadre donc parfaitement avec son projet, d’autant que le poste 4 titulaire, Othella Harrington, n’en peut plus de la vie canadienne. C’est ainsi, avec une logique implacable à l’époque, que les Grizzlies sélectionnent Swift avec leur pick 2.

© nba.com
Aussitôt son premier contrat pro signé, Stro s’empresse de faire construire à sa mère une maison à la campagne avec un terrain de 20 hectares. A 47 ans, Mary souffre d’insuffisance rénale et doit subir régulièrement des dialyses. Sans personne pour l’emmener à ses rendez-vous médicaux, son fiston lui achète alors un appartement près du centre de traitement. Envoyé à l’autre bout du continent nord-américain, Swift tente de prendre soin de celle qui l’inspire, pour oublier la Bérézina dans laquelle il s’est engagé. Bloqué dans les rotations par Bryant Reeves, Shareef Abdur-Rahim et Isaac Austin, il doit aussi regarder du banc les vétérans Grant Long et Tony Massenburg lui manger ses minutes. Seul le All Star Break lui offre une parenthèse enchantée. Invité au Slam Dunk Contest après quelques apparitions tonitruantes dans les Top 10, il claque un 360 puis un moulin à vent qui lui valent deux notes consécutives de 45. Bluffé par sa puissance, Kenny Smith s’exclame « Welcome to the Stro Show ». Un cri un peu prématuré, car lors de son troisième essai, l’ex Tiger ne parvient pas à dunker le ballon lancé par son coéquipier Damon Jones. Un fail rédhibitoire pour un retour à la siniSTROse ambiante de Vancouver. Les Grizzlies accumulent seize défaites sur leur vingt derniers matchs pour clôturer la saison 2001. Cette fois, la coupe est pleine ! Face au manque de résultat, une affluence toujours en baisse et la faiblesse du dollar canadien, le propriétaire Michael Heisley déménage la franchise à Memphis, Tennessee.
PAS DE PAU POUR STRO
Retour au pays pour Stromile, qui plus est, pas très loin de sa Louisiane natale. Sur le parquet, un changement de décor s’opère également. Pour partir d’une page blanche, le franchise player Shareef Abdur-Rahim est sacrifié à Atlanta contre les droits du rookie Pau Gasol. Quant à Bryant Reeves et Isaac Austin, ils disparaissent tout bonnement de la carte, pour des problèmes de surpoids. Entre l’inexpérience de l’Espagnol et les deux pachydermes envoyés au cimetière des éléphants, le poste de titulaire s’offre à Swift. Mais, après les trois premiers matchs où il envoie 13 points, 8 rebonds et 2 blocks en moyenne, il s’eSTROpie la cheville. Durant son mois d’absence, Gasol s’engouffre dans la brèche pour ne plus lâcher sa place de starter. Relégué dans la second unit, Stro assure tout de même le show avec sa campagne la plus aboutie en carrière : 11.8 points, 6.3 rebonds et 1.7 blocks. Au-delà des chiffres, ce sont surtout ses dunks qui marquent les esprits. Capable de défenestrer n’importe quel pivot sur un putback ou faire trembler toute la structure pour peu qu’il ait de l’élan, il s’abonne pour de bon au Top 10. Et pour faire passer le message, il accompagne chaque highlight d’un geste bien à lui. Il croise ses mains en joignant les pouces pour mimer l’envol d’un oiseau. Une célébration utilisée par ses potes de Shreveport, auxquels il rend hommage à chaque coup de massue.

© Joe Murphy
Malgré quelques succès encourageants dans une conférence ouest très féroce, les Oursons ne font peur à personne. 23 victoires en 2002, 28 en 2003, la franchise est encore bien deSTROy. Swift accumule les défaites, en même temps qu’il remplit son tableau de chasse : escalade du Mont Sabonis, humiliation de Dirk Nowitzki sur une aide tardive, poster sauvage sur Greg Ostertag, destruction de Zaza Pachulia, sans oublier son œuvre la plus virale. Sur un appel à deux pieds, Stro gravit à la vitesse de l’éclair les 2m29 de Yao Ming pour un dunk facial qui retentit jusqu’en Chine. Mais, en dehors de ces fulgurances, la carrière de Stromile bat de l’aile. Incapable de développer un tir à distance ou d’évoluer sur pick’n’roll, il devient l’archétype du joueur monté sur ressorts au QI basket faiblard. Même en défense, son énergie est souvent à double tranchant. Il y a du bon, comme le record de franchise avec 8 blocks sur un match, et surtout beaucoup de soirs où il se retrouve en foul trouble. A l’image des Grizzlies, Swift fait du sur-place. Il faut attendre l’arrivée de la légende Jerry West en tant que general manager, pour faire bouger les choses. Le Logo remplace le coach Sidney Lowe par l’expérimenté Hubie Brown. En quelques mois, l’entraîneur parvient à changer la mentalité du groupe, en responsabilisant chaque membre du roster. Résultat, dix joueurs reçoivent au moins 20 minutes par match. Tactique payante, à la surprise générale, Memphis atteint les 50 victoires pour une sixième place à l’Ouest !
Pour leur première apparition en playoffs, les Grizzlies se cassent les dents sur des Spurs, champions en titre. Un sweep dans les grandes largeurs, pendant lequel Swift se prend les pieds dans le tapis en shootant seulement à 34,6%. Alors que le front office souhaite repartir avec le même casting en 2004, Hubie Brown surprend tout le monde fin novembre. A 71 ans, il annonce sa retraite professionnelle, sa santé ne lui permettant plus de coacher. Remplacé par son adjoint Lionel Hollins puis par Mike Fratello, l’équipe parvient tant bien que mal à garder le cap et valide in extremis son billet postseason. L’opposition face aux Suns, leaders de l’Ouest, réussit plutôt bien aux Grizzlies. Sur les quatre matchs de régulière, les plantigrades ont limité la meilleure attaque NBA à 95,5 points en remportant par deux fois le morceau. Mais, la vérité des playoffs est tout autre. La cadence infernale imposée par Phoenix fait exploser le verrou défensif. Memphis encaisse 114 points en moyenne pour un nouveau coup de balai démoralisant. Avec un temps de jeu limité à 16 minutes, Stro s’en sort avec les honneurs cette fois – 9.3 points et 4.7 rebonds – mais sans avoir de réel impact sur l’équipe.
Ces deux sweeps agacent Jerry West, obligé de revoir son effectif pour passer un cap. Exit Bonzi Wells, Jason Williams et James Posey, remplacés par Damon Stoudamire, Bobby Jackson et Eddie Jones. Quant à Swift, arrivé au terme de son contrat, le logo choisit de ne pas le reconduire. Agent libre, il est immédiatement contacté par le staff des Rockets. Comme Memphis, Houston sort de deux éliminations au premier tour des playoffs, malgré la présence des All Stars Tracy McGrady et Yao Ming. Fin juillet, l’ex Grizzly donne son accord à la franchise texane en signant un deal de 30 millions sur cinq ans ! Même si l’étiquette de bust (fiasco) commence sérieusement à lui coller à la peau, il correspond parfaitement aux besoins des Rockets, en quête d’un renfort athlétique pour jouer entre T-Mac et Yao. Les adversaires de Houston pratiquent souvent du jeu uptempo pour fatiguer le géant chinois. Avec sa rapidité et ses finitions aériennes, Stro a le profil pour booster les fusées en transition. Idem en défense, où Jeff Van Gundy voit en lui une arme anti pick’n’roll. Le coach texan croit même que sa recrue peut développer un petit tir à mi-distance, indispensable pour aérer le jeu autour de Ming. McGrady, qui a milité auprès du front office pour sa signature, croit qu’un nouveau départ ne peut être que bénéfique pour celui qui a été sous-exploité dans le Tennessee :
Je vais faire de mon mieux pour qu’il devienne un All Star. Je suis tellement impatient d’évoluer avec lui. Je pense qu’il est le joueur qui nous manquait. Il ajoutera plus de la profondeur et beaucoup plus d’athléticité. C’est super de l’avoir parmi nous. Il a un talent incroyable et le meilleur reste à venir avec lui.
LE STRO SHOW BAISSE LE RIDEAU

© ESPN
Effectivement, en début de saison, le nouvel aSTROnaute des Rockets est régulièrement mis sur orbite par T-Mac et consorts. Mais, niveau progrès, c’est le vide intersidéral. Son registre n’évolue pas d’un pouce : des dunks, des blocks et encore des dunks. Loin de la raquette, Stro atteint péniblement les 35% de réussite et les Rockets ont un différentiel de +3.6 points sur 100 possessions lorsqu’il est sur le banc. Preuve évidente que la greffe ne prend pas. Plutôt que de s’obstiner dans ce projet, Houston renvoie la patate chaude à Memphis pendant l’intersaison 2006. Un transfert surtout articulé autour du rookie Rudy Gay et de l’ailier Shane Battier, dans lequel Stro sert uniquement à équilibrer les salaires. Il reçoit pourtant un coup de pouce du destin. Blessé au pied pendant le Championnat du Monde 2006, Pau Gasol doit rater les six premières semaines de la saison. Titulaire en l’absence de l’Espagnol, Swift se voit accorder un seconde chance. Son bilan sur ces 22 matchs, 9.3 points, 4.7 rebonds, 1.1 block et surtout 17 défaites ! Non seulement, ses stats ne décollent pas, mais le bilan des Grizzlies a du plomb dans les côtes. Un départ cata qui ruine les ambitions de playoffs et coûte sa place à coach Fratello. En fin de contrat, Jerry West préfère, lui, mettre les voiles. Un nouveau chapitre s’ouvre pour Stro avec le coach Marc Iavaroni, ancien assistant des Suns et le GM Chris Wallace aux manettes de la franchise. Rapidement, le courant avec son entraîneur ne passe pas. En coulisses, Iavaroni tente de se débarrasser de lui. Il obtient gain de cause à la trade deadline : le 4 février, Swift fait ses valises pour le New Jersey en échange de Jason Collins. Un échange qui lui reste en travers de la gorge, des années après :
Je n’aurais probablement jamais quitté Memphis si Iavaroni n’était pas arrivé. Il a essayé de faire croire à tout le monde que j’étais le méchant et un cancer pour l’équipe. Il m’a accusé d’avoir fait en sorte que Kyle Lowry et Rudy Gay se retournent contre lui, mais il l’a fait de lui-même. Il voulait juste que Darko Milicic prenne ma place. Je lui ai dit que s’il voulait faire ça, il n’avait qu’à le dire. Il était faux à mes yeux. Sidney Lowe était un bon coach, puis Hubie Brown a changé l’état d’esprit de toute l’équipe. Nous étions une bonne équipe défensive, mais quand Iavaroni est arrivé, je ne me souviens pas d’avoir fait le moindre exercice défensif. C’était comme s’il essayait de nous transformer en Phoenix Suns.
Stromile ne le sait pas encore, mais ce transfert chez les Nets sonne le glas de sa courte carrière. Dans une raquette qui compte déjà cinq intérieurs, il n’obtient que des miettes de temps de jeu. Alors qu’il n’a plus mis les pieds sur un parquet depuis un bon mois, le ciel lui tombe sur la tête le 27 janvier 2009. En déplacement à Oklahoma City, les Nets se posent à l’aéroport de Newark au petit matin. Dans l’avion, le coach Lawrence Frank reçoit un message qui lui fait froid dans le dos. Mary Swift est décédée dans la nuit. C’est à lui qu’incombe la charge d’annoncer la nouvelle à son joueur. En état de choc, Stro reste bloqué plusieurs heures dans son siège, incapable de sortir de l’avion, malgré le réconfort de ses coéquipiers. En plus de son insuffisance rénale, Mary avait vaincu un cancer du sein et un AVC ces dernières années et son fils la pensait indestructible. La nouvelle le plonge dans une lente dépression. Incapable de reprendre correctement ses activités de basketteur, il erre comme une âme en peine dans les infrastructures de la franchise, recevant tantôt une tape sur l’épaule, tantôt des mots bien intentionnés de la part du staff. Rien n’y fait ! Le 2 mars, les Nets n’ont pas d’autre choix que le couper. Les Suns tentent de le relancer pour remplacer Amar’e Stoudemire, blessé. En vain. Après treize petits matchs dans l’Arizona, Swift quitte définitivement la NBA.
Sur les conseils de son agent Andy Miller, il exporte le Stro Show en Chine, la saison suivante. Un changement d’air et de langue qui a le mérite de le secouer. Dans ce championnat exotique, il fait parler sa puissance avec les Lions de Shandong : 22.1 points, 11.8 rebonds et 3.1 blocks. Seul point noir au tableau, la gaSTROnomie. Swift refuse de manger les spécialités locales et évite la viande. Mais, après six mois, il est victime d’une intoxication alimentaire. Une perte de poids importante l’oblige à revenir aux States. De retour à Shreveport, sans le basket pour l’occuper, il tourne en rond. En pleine tourmente, il est arrêté en février 2011 pour communications téléphoniques inappropriées avec son ex petite amie. Libéré sous caution, il récidive en mai, où il est accusé de harcèlement cette fois-ci. Il plaide coupable et accepte sans broncher sa peine de six mois de prison avec sursis. Un vrai électrochoc selon ses dires. Après ses déboires avec la justice, il monte une société de transport, propose des camps de basket pour aider les jeunes en difficulté et s’occupe de sa fille. Une vie plus saine pour celui qui garde désormais les pieds sur terre.

STATISTIQUES ET PALMARES
- Stats NCAA : 13.4 points à 56% aux tirs, 7.0 rebonds et 2.6 blocks
- Stats NBA : 8.4 points à 47,3% aux tirs, 4.6 rebonds et 1.2 block
- Stats Chine : 22.1 points à 61,9% aux tirs, 11.8 rebonds et 3.1 blocks
- Louisiana Mister Basketball (1998)
- Parade All-American First Team (1998)
- Southeastern Conference Player of the Year (2000)
- All-American Second Team (2000)
- All Star championnat chinois (2010)
- Record de blocks sur un match chez les Grizzlies (8)


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