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[Portrait] Vinny Del Negro, Tu vuò fà l’americano

Portrait

Montage Une : Laurent Rullier pour Basket Retro

Une carrière universitaire compliquée, des débuts NBA timorés, Vinny Del Negro attend patiemment son heure. Elle viendra en traversant l’Atlantique pour rejoindre le Benetton Trevise. Vinny met alors toute l’Italie à sa botte. Superstar en Serie A, il revient plus fort en NBA pour faire son trou chez les Spurs des nineties. Une période faste en victoires, mais avec des campagnes de playoffs contrastées.

VIVA LA FAMIGLIA

Dans la maison des Del Negro, chaque dimanche midi, il flotte des parfums d’Italie. Peg fait valoir ses talents de cuisinière pour préparer ses fameuses macaronis. Une tradition pour cette famille dont le père Vince a quitté très jeune le Sud de la botte pour rejoindre Springfield aux Etats-Unis. Cette habitude dominicale est tellement ancrée, que Peg fait de ses macaronis, une unité de mesure. Quand son fils Vinny lui demande dans combien de temps sont les prochaines vacances, elle répond « Encore deux plats de macaronis ». L’autre passion commune chez les Del Negro, c’est la balle orange. Un virus qui vient du paternel, loin d’être manchot dans ses jeunes années. Au lycée de Booneville, son jump shot fait des ravages. Meilleur scoreur junior du pays avec 33.0 points de moyenne, il décroche sa place dans la All-America First Team en 1960. Big Vin est alors l’un des prospects les plus convoités des States. Son destin bascule quand il claque 49 unités contre Itawamba. Dans les tribunes, deux recruteurs de Kentucky tombent de leur siège. Les Wildcats font leur maximum pour appâter Del Negro, tout heureux de s’engager avec la crème de la crème NCAA de l’époque.

L’ascension de l’italo-américain n’ira pas beaucoup plus loin. La faute au légendaire coach de Kentucky, Adolph Rupp. Contre Georgia Tech dans un duel retransmis à la télévision nationale, Vince lâche une passe dans le dos en contre-attaque qui termine dans les tribunes. Rappelé immédiatement sur le banc par Rupp, Del Negro réplique par un cinglant « Fuck you ». Sur la plus grande des scènes, il vient de se tirer une balle dans le pied. Pestiféré ensuite dans le vestiaire, il ne reçoit alors que des bouts de minutes. Cet incident provoque une véritable cassure mentale chez Vince. Il déserte peu à peu les cours et juste avant le match retour contre Georgia Tech, il plie bagage. De retour à Springfield, il laisse la balle orange derrière lui pour se lancer dans les affaires. Il ouvre, pourtant, son premier bar « Vin’s Gym » à quelques mètres du lieu où a été inventé le basket par un certain James Naismith. En fait, le virus chez lui est juste en sommeil. Quand son fils Vinny veut faire ses gammes, il renfile les baskets passant des heures avec lui à peaufiner son tir ou le conseiller sur son jeu. Le gamin devient un rat de gymnase au circuit bien rôdé pendant les vacances : training le matin à South End puis matchs au centre communautaire juif avant de terminer le soir par un pick-up game au Dunbar Community Center. Dès lors, Vince prend en main la carrière de son fils et ne ratera plus aucun match officiel de sa part.

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Vinny Del Negro en famille © Sports Illustrated

Le parcours du combattant que s’impose Vinny ne passe pas inaperçu. Après une saison d’essai à la Cathedral High School de Springfield, Vince reçoit une lettre de Dennis Kinne, coach de la Suffield Academy. Le lycée souhaite recruter son fiston et lui propose une solution en internat. Quand le paternel lit cette lettre à Vinny, il termine par un « Qu’allons-nous dire à ta mère ? » qui en dit long sur son autosuggestion. A 14 ans, Del Negro Jr quitte donc le bercail pour filer dans le Connecticut voisin. Un changement d’air qui n’enraye pas sa spectaculaire ascension. Vinny guide l’équipe à deux titres de Nouvelle Angleterre dont une campagne invaincue sur son année senior. Lorsqu’il quitte le campus au bout de trois saisons, il est tout simplement le meilleur scoreur alltime de Suffield avec 1116 points. Comme son père en son temps, il est l’un des prospects les plus scrutés du pays. Et pour l’échelon supérieur en NCAA, deux facs sont au coude à coude : North Carolina State et Kentucky avec la possibilité de conjurer l’expérience douloureuse de son père.

Les Wildcats sont les premiers à dégainer. Le coach Joe B. Hall et son assistant Leonard Hamilton déboulent en costume-cravate pour servir la soupe à la famille Del Negro. Tout l’opposé de l’entraîneur de North Carolina State, Jim Valvano. Champion universitaire en 1983 trois ans seulement après sa nomination, le coach met les petits plats dans les grands. Il arrive chez Vinny en survêtement avec une cassette à la main. Sur la bande son, on peut entendre la voix de Garry Dornburg, le speaker de NC State, commenter une action clutch de Del Negro en finale du tournoi de l’Atlantic Coast Conference. Cerise sur le gâteau, il emmène le prospect dans un restaurant italien pour parler de leurs origines transalpines communes. Un plan parfait qui met Kentucky hors course ! Vinny fait ses valises pour le campus de Raleigh en Caroline du Nord. Malgré les moyens déployés par Valvano pour l’attirer, Del Negro commence son cursus sur le banc… très loin, très loin sur le banc. Barré par les futurs NBAers Spud Webb et Nate McMillan, il ne joue que six minutes en moyenne par match. Mais, comme le Wolfpack reste ultra-compétitif avec une campagne terminée aux portes du Final Four, il prend son mal en patience.

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© Fleer

Quand le scénario se répète sur son année sophomore, la frustration s’installe. Vinny appelle quotidiennement ses parents qui deviennent sa bouée de sauvetage. Son père, confronté à ce même défi à Kentucky, l’incite à s’accrocher et travailler plus dur. Quant à Peg, elle multiplie les allers retours sur le campus pour remonter le moral du fiston à coup de macaronis. Une fois de plus, Del Negro regarde la March Madness du banc. NC State se casse encore les dents avant le dernier carré contre Kansas. Son bilan, après deux saisons à cirer, 36 matchs joués sur 67 pour 1.9 point et 1.5 passe de moyenne. L’American Dream de Del Negro est sur le point de s’arrêter. C’est en tous cas, ce qui trotte dans sa tête, quand son temps de jeu ne décolle pas plus en 1986. Il y a bien quelques éclaircies comme face à la Navy de David Robinson – un joueur qu’il recroisera plus tard – où Vinny score 19 points en 17 minutes dans une victoire 86-84. Mais, la rencontre suivante, il retrouve le bout des rotations. Le déclic a lieu avec le départ surprise de l’arrière Kenny Drummond fin janvier. Valvano récompense la persévérance de Del Negro en l’introduisant dans le 5 majeur, pour une période de test. Ironie du sort, sa première titularisation intervient contre Georgia Tech, la fac contre laquelle son père s’est sabordé.

Dans ce duel hautement symbolique pour la famille, Vinny convertit les deux derniers lancers d’une victoire à l’arrachée, 63-62. Alors que Vince avait quitté la scène basketballistique contre les Yellow Jackets, Vinny, lui, fait son entrée. Car cette fois, le banc, c’est fini ! Dans une saison de transition, le bilan en 20-14 de NC State n’est pas très glorieux. L’avenir du Wolfpack se joue donc lors du tournoi de l’Atlantic Coast Conference. Au premier tour, Del Negro sort de la meute avec 15 points et 12 rebonds pour une victoire surprise contre Duke en overtime. Il faut une double prolongation, ensuite, pour se défaire de Wake Forest. En finale, Vinny rentre ses deux lancers à 14 secondes du buzzer pour griller la politesse à North Carolina, 68-67. En plus de propulser son équipe au tournoi NCAA pour la sixième fois d’affilée, Del Negro s’adjuge le titre de MVP du tournoi ACC. Un scénario impensable, il y a encore quelques semaines. L’aventure est stoppée par Florida au premier tour, mais individuellement Vinny a fait son trou, comme en témoigne son année senior conclue avec 16 points, 5 rebonds, 3.6 passes et 40% de réussite à 3 points. Cette production statistique lui vaut une nomination dans la All-ACC First Team, qui atténue la déception d’une nouvelle élimination prématurée à la March Madness contre Murray State. En fin de cursus, c’est son coach Jim Valvano qui lui rend le plus bel hommage :

Vinny n’a pas toujours beaucoup joué, mais il a attendu, a gagné en maturité, en force, a amélioré son jeu et puis, quand l’occasion s’est présentée, il était prêt à bondir. Je respecte les gars comme lui, en raison de leur capacité à croire en eux-mêmes, en leurs entraîneurs, en le programme et en la victoire. Ils s’améliorent sans faire de compromis. Je pense que la carrière de Vinny, pour être tout à fait honnête, est la façon dont une carrière universitaire est censée évoluer.


DEL NEGRO BROIE DU NOIR

Révélé sur le tard, les scouts NBA prédisent à Del Negro un avenir au second tour de la draft 1988, bien loin d’autres arrières de sa cuvée comme Mitch Richmond, Hersey Hawkins ou Rex Chapman. Son profil de sniper intéresse, certes, mais ses limitations physiques notamment en défense, posent question. Il échoue effectivement au début de deuxième tour, sélectionné par Sacramento. Avant lui, la franchise a choisi un autre shooting guard, Rick Berry, à la 18ème place. La saison rookie de Vinny est donc placée sous le signe de la concurrence, dans un backcourt qui comprend également Kenny Smith et Danny Ainge. Depuis leur déménagement dans la capitale californienne, les Kings n’ont pas enregistré le moindre bilan positif. Cette nouvelle campagne ne déroge pas à la règle avec le cap des 20 défaites franchi avant la fin décembre. En désespoir de cause, le front office fait exploser le roster en montant trois transferts en cours d’exercice… sans inverser la tendance. Dans ce boxon collectif, Del Negro n’a pas à rougir de ses performances avec plus de 7.0 points et 2.6 passes en 20 minutes. Il s’offre même un baroud d’honneur sur le dernier match contre Portland en scorant 28 points à 13 sur 16 aux tirs. Bien entendu dans une défaite.

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© nba.com

Le bilan catastrophique de Sacramento a au moins le mérite de ramener le First Pick 1989. Avec son précieux sésame, le front office sélectionne Pervis Ellison, censé incarné le renouveau de la franchise. Mais, les Kings vont réaliser la prouesse de faire encore pire ! Cela commence par le suicide du conscrit de Vinny, Rick Berry, qui se tire une balle dans la tête à la suite d’une dispute conjugale. On retrouve ensuite le traditionnel changement de coach à mi-parcours, Dick Motta remplaçant Jerry Reynolds et le transfert d’un cadre du vestiaire, Kenny Smith envoyé à Atlanta. Pour couronner le tout, Ellison, bloqué à l’infirmerie la plupart du temps, est évacué au bout d’un an. Comme lors de sa saison rookie, Del Negro s’adapte aux mouvements de l’équipe. Bombardé titulaire après le trade de Kenny Smith, il enregistre 12.3 points, 3.3 rebonds et 5.3 passes dans ce costume. Opposé une nouvelle fois aux Trailblazers pour le dernier match de la régulière, il récidive avec 28 points au compteur. Le point d’exclamation sur une campagne aussi bien prometteuse individuellement que désastreuse collectivement. Le GM des Kings Bill Russell ne s’y trompe pas, en proposant une prolongation de trois ans à Vinny. Ce dernier fait un joli pied de nez à l’ancienne légende des Celtics en rejetant son offre, sous prétexte du manque de lisibilité du projet Kings. En fait, Del Negro a un autre plan en tête, lassé par les défaites et son statut de role player.

VINNY, VIDI, VICI

Eté 1990, Vinny cède aux appels du pied de Beppe DeStefano, l’emblématique GM du Benetton Trévise. Au cours de ses nombreux voyages aux States, le manager a repéré Del Negro dans sa dernière année avec le Wolfpack. Depuis, il se livre à une drague sans merci pour signer l’arrière italo-américain. Une volonté renforcée par les arrivées d’autres NBAers en Serie A – Danny Ferry, Brian Shaw ou Michael Cooper en tête – à la toute fin des 80’s. Et à la différence de ces joueurs, Vinny n’a pas besoin de s’acclimater à la Dolce Vita, beignant dans la culture italienne depuis sa tendre jeunesse. C’est l’une des raisons pour lesquelles, il attaque pied au plancher le championnat. Sur ses neuf premiers matchs, il dépasse sept fois la barre des 30 points dont deux pointes à 40, le tout pour une seule défaite. Il n’en faut pas plus pour faire de lui, le nouveau chouchou des fans. En traversant l’Atlantique, Vinny goûte enfin à la vie de star : les tifosis créent un hymne en son nom et il provoque des émeutes quand il s’affiche en terrasse des cafés avec sa femme Lynn. A Trévise, le basket est le sport roi. Depuis le rachat en 1982 par le groupe Benetton, le club gravit les échelons vitesse grand V : inauguration d’une nouvelle salle, le PalaVerde, en 1983 puis l’accession à l’élite, trois ans plus tard. Del Negro fait encore passer un cap aux Trévisans, qui virent en tête à la fin des matchs allers. Et quand l’ancien King baisse légèrement sa cadence en mars, c’est toute l’équipe qui souffre. La cinquième place, un brin décevante, offre tout de même un ticket pour la Coupe Korac. En playoffs, le Benetton sort la tête haute contre la Virtus Roma, poussée dans un match d’appui suffocant (97-91), où Vinny score la bagatelle de 37 points à 14/18 aux tirs.

Vinny-DelNegro-treviseSi Trévise veut arriver au sommet, il faut du renfort autour de Del Negro. A grands coups de lires, la direction frappe alors deux grands coups sur le marché. Le pivot international Stefano Rusconi vient tout d’abord consolider la raquette. Puis, c’est au tour de Toni Kukoc de s’engager avec le club italien. Une véritable onde de choc sur le Vieux Continent, tant le triple champion d’Europe avec Split, était courtisé. Un recrutement XXL qui porte ses fruits. Rusconi tourne en double double, pendant que la panthère croate s’affiche en 20 points, 5 rebonds et 5 passes. Question scoring, Vinny s’occupe encore de tout avec plus de 25 points de moyenne à 57,7% de réussite et 91% aux lancers. De l’argent au coffre, quand on sait que Del Negro obtient un tiers des lancers de l’équipe ! Co-leader avec le Scavolini Pesaro à la fin de la régulière, Trévise fait figure de favori pour le titre. Trieste est repoussé sèchement au premier tour, puis vient l’heure de la revanche contre la Virtus Roma. Dans le match d’appui, Vinny se déchaîne avec 29 points et met fin aux espoirs romains sur la ligne de réparation, 90-82. La finale respecte la logique de la saison avec un affrontement contre Pesaro, emmené par un autre NBAer, Haywoode Workman. A égalité après les deux premiers matchs, Del Negro pose son empreinte sur la série dans le Game 3 : 37 points à 13/18 aux tirs. Une bataille remportée à l’extérieur, 98-97, sur un ultime ballon perdu par Darren Daye. Dans une ambiance indescriptible, Vinny ne se prive pas de terminer le travail dans le PalaVerde : ses 29 points mettent le Scavolini dans les cordes en seconde période, 86-80. Pour la première fois de son histoire, Trévise remporte le Scudetto et Vinny décroche définitivement une place à part dans le cœur des fans.

Ce succès en tant que première option offensive satisfait pleinement Del Negro. Pour lui, cette parenthèse enchantée italienne est désormais clôturée. D’autant que de l’autre côté de l’Atlantique, des franchises ressortent son CV à la vue de ses performances. Bien décidé à conserver son poulain, Beppe DeStefano fait monter les enchères tant qu’il peut. Pendant plusieurs semaines, le feuilleton contractuel enflamme les Trévisans. Même, le sélectionneur national Sandro Gamba se joint aux débats en lui proposant de prendre la nationalité italienne. Del Negro en premier canonnier de la Squadra Azzura, l’idée est alléchante. Mais, l’appel de la NBA est trop fort pour Vinny l’Americano. L’arrière s’engage avec les Spurs, une équipe ambitieuse, emmenée par une ancienne connaissance, David Robinson. DeStefano, lui, se console comme il peut, en ramenant en ville l’ancien Laker, Terry Teagle.

BUONGIORNO SAN ANTONIO

Depuis l’arrivée de Robinson dans la ligue, les Spurs sont abonnés aux playoffs, sans parvenir toutefois à faire mieux qu’une demi-finale de conférence. Le casting autour de l’amiral est, certes, talentueux avec des All Stars comme Sean Elliott et Terry Cummings, mais il manque du shoot à cette équipe. Le recrutement de Del Negro et Dale Ellis à l’intersaison 1992 doit combler cette lacune. Bombardé directement dans le 5 majeur au poste de meneur, Vinny se rend à Sacramento pour son baptême du feu. Contre son ex, il est visiblement encore en mode Benetton avec 24 points, 8 rebonds, 8 passes et 12/13 aux lancers. Une marque qui sera son season high. Reconverti en pur poste 1, Del Negro doit gérer le tempo et la création de l’équipe, un rôle aux antipodes de celui de finisseur qu’il avait auparavant. Résultat, il alterne le chaud et le froid, tout comme San Antonio qui affiche un bilan de 9-11 après 20 matchs. Arrivé sur le banc pendant l’été, le coach universitaire Jerry Tarkanian fait ses valises, dépassé par la réalité de la NBA. Son remplaçant, John Lucas revoit immédiatement les rotations. Vinny sort du 5 au profit d’Avery Johnson. De 29 minutes, son temps de jeu passe à 15 et sa production de 10.3 points et 5.8 passes est divisée par deux ! En bon coéquipier, il s’adapte, d’autant que les Texans enchaînent les wins avec une série de 18 victoires en 19 matchs début 1993. Cinquième de l’Ouest, Del Negro découvre enfin les playoffs. Peu utilisé au premier tour contre les Blazers, il grappille du temps de jeu en demi-finale contre Phoenix. Sa sortie à 19 points dans le Game 2 se solde par une défaite, mais San Antonio revient à 2-2 grâce à un sans-faute à domicile. Un retour qui vexe Charles Barkley, inarrêtable sur les deux matchs suivants ponctué par un game winner sur Robinson. L’aventure se termine une nouvelle fois aux portes de la finale de conférence.

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© masslive.com

Comme après chaque échec, le front office réagit. Avery Johnson est laissé libre et surtout le gentleman Sean Elliott est échangé contre la tête brûlée Dennis Rodman. L’idée est de clouer le bec aux critiques qui jugent l’équipe trop soft. Fin décembre, le bilan en 15-11 reste décevant. En cause, le poste de meneur titulaire géré en alternance par Chris Whitney et Negele Knight. En désespoir de cause, John Lucas rappelle Vinny à la rescousse. Un rétropédalage payant puisque son retour dans le cinq correspond à une série de 24 victoires en 27 rencontres ! Del Negro termine l’exercice honorablement avec 12.0 points et 5.1 passes en tant que starter et surtout stabilise une mène qui était en souffrance. Robinson meilleur scoreur de la ligue (29.8 points), Rodman meilleur rebondeur (17.3 prises), les Spurs ont des arguments en playoffs. Moment choisi par The Worm pour sortir de son trou. Rodman commence par rater le premier entraînement postseason, alors qu’il est aperçu à L.A. au bras de Madonna au même moment. Des débordements people qui agacent fortement Lucas. Puis, à la toute fin du Game 2, alors que les Spurs sont menés de 18 points, Dennis la Malice met un tampon brutal à John Stockton. Suspendu pour le match 3 importantissime, The Worm pourrit jusqu’au trognon une série que San Antonio laisse filer dans une bataille de tranchées. Un upset qui coûte la place de John Lucas, remplacé par Bob Hill.

En guise de renfort, le GM Gregg Popovich signe les vétérans Chuck Person et Moses Malone et surtout rapatrie Sean Elliott et Avery Johnson. Ce dernier récupère la mène, décalant ainsi Vinny au poste d’arrière shooteur. Un rôle plus naturel pour lui ! Sur le mois de décembre, il dépasse six fois les 20 unités tout en dégainant davantage à 3 points à la demande de Bob Hill. Avec 40,7% longue distance, il aurait tort de s’en priver. Forts de ce 5 majeur enfin stable et de ses cadres dans leur prime, les Spurs cavalent à plein régime : 62 victoires, nouveau record de franchise pour couronner leur première place de la ligue ! Confirmation cette fois en playoffs avec des Nuggets avalés 3-0 et des Lakers repoussés 4-2 grâce à une défense qui n’encaissera jamais 100 points. Douze ans après son échec en finale de conférence, San Antonio retrouve le gratin de l’Ouest face à des Rockets, seulement sixièmes de régulière. Mais, Clutch City déjoue tous les pronostics depuis le début des playoffs et s’adjuge les deux premières manches dans l’Alamodome. Dos au mur, Del Negro est l’un des premiers à sonner la révolte. Il inscrit 19 points lors des deux matchs suivants à Houston. Les Spurs se remettent en selle grâce à deux victoires probantes qui font dire aux médias que l’équipe est de nouveau au galop. Mais, après Barkley en 1993, Karl Malone en 1994, c’est au tour d’un autre poids lourd de l’Ouest de leur passer dessus. Hakeem Olajuwon met Robinson dans sa poche avec 42 et 39 points pour clôturer le rodéo.

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© San Antonio Express News

La déception est légitime, toutefois la direction pense être sur la bonne voie. Au lieu de tout changer, seul Dennis Rodman, de plus en plus ingérable, est bradé aux Bulls contre Will Perdue. Dans la continuité, les Spurs déroulent sur la régulière avec 59 victoires, synonyme de deuxième titre de la Midwest Division d’affilée. Sur le plan individuel, Vinny réalise sa meilleure production en carrière avec 14.5 points, tout simplement la troisième lame offensive de l’équipe. Et il ne ralentit pas la cadence en playoffs. Meilleur scoreur du Game 1 contre les Suns avec 29 points, il lance parfaitement San Antonio, qui ne lâche qu’un match par la plus petite des marges. Plus de 17 points et 5 passes sur cette série, Del Negro est plus que jamais le facteur X des Texans. Face au Jazz en demi-finale, Vinny matche à la virgule près la production de son vis-à-vis Jeff Hornacek. Ce n’est pas le cas des deux All Stars des Spurs : l’Amiral est tenu en-dessous des 20 points et Elliott shoote à 33%. Les Texans perdent rapidement l’avantage du terrain pour se faire sortir en 6 matchs. Pour la septième saison consécutive, Robinson se casse les dents sur la concurrence délirante de la Conférence Ouest. Et après les dents, le pied ! Victime d’une fracture dès le début de la campagne 1996-97, le pivot ne joue que 6 petits matchs. Sans son amiral, c’est toute l’équipe qui baisse pavillon. Gregg Popovich, passé des bureaux au banc des Spurs en cours d’exercice, laisse tranquillement couler le navire. Seuls Del Negro, Sean Elliott et Dominique Wilkins surnagent pour arriver tout pile à 20 victoires. L’avenir de la franchise ne se joue pas en playoffs cette saison là, mais à la draft. Troisième pire bilan de la ligue, San Antonio décroche le ticket gagnant à la lottery.

En toute logique, les Texans sélectionnent le prodige Tim Duncan, pour bâtir des tours jumelles avec Robinson. Sans aucun doute, l’association la plus létale formée autour de l’Amiral. Malheureusement, le reste du casting multiplie les pépins physiques. Le genou d’Elliott lâche en janvier et Vinny connaît sa première blessure sérieuse au coude. Toujours titulaire sur une cinquantaine de matchs, il ramène ses 10 points de moyenne. Comme en 1996, San Antonio élimine Phoenix en quatre matches au premier tour des playoffs pour mieux retrouver le Jazz ensuite. Menés deux manches à rien, Popovich s’ajuste : il sort Del Negro du 5 majeur pour le remplacer par Jaren Jackson, un profil plus défensif. Rien n’y fait ! Les Spurs sont torpillés une nouvelle fois. Encore un peu vert, Duncan incarne pourtant le futur. Alors que l’une des plus belles pages des Spurs va s’ouvrir, Vinny arrive à la croisée des chemins. Après une pige à Bologne durant le lockout de 1998, les dirigeants texans le font mariner. Popovich veut de la défense et du shooting. Aussi, quand il parvient à signer Mario Elie et Steve Kerr, Del Negro est de trop. Sans contrat à quelques jours de la reprise, il s’engage deux ans avec les Bucks.

ARRIVEDERCI LOB CITY

A 32 ans passés, Vinny doit se faire une raison. Son apport désormais est celui d’un vétéran en sortie de banc. Un rôle qu’il remplit parfaitement en relais du jeune Ray Allen, même si une blessure à la cheville le prive de la campagne postseason. Ce n’est que partie remise. En 2000, il obtient encore 18 minutes dans la série contre les Pacers. Dans le Game 2, c’est lui qui supplante Sam Cassell avec 10 points dans le dernier quart-temps pour voler l’avantage du terrain. Son dernier coup d’éclat. Malgré cela, les Bucks se font sortir sur le match d’appui et Del Negro est expédié à Golden State la soir de la draft. Durant deux saisons, il voyage au rythme des trades : Warriors, Suns puis Clippers pour quelques matchs par-ci par-là. Arrivé au bout du bout, il raccroche en 2002, sans quitter pour autant le monde du basket.

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© espn.com

Il gravit d’abord les échelons à Phoenix, en passant de commentateur à directeur du personnel pour finir general manager adjoint. En 2008, il repasse côté parquet en acceptant le poste de head coach des Bulls. Pour son bizutage sur le banc, il décroche une place en playoffs avec un Derrick Rose rookie et récidive l’année suivante pour deux échecs au premier tour. Les dirigeants John Paxson et Gar Forman lui reprochent alors de ne pas développer assez rapidement Rose. Il prend la porte en 2010 et rebondit aussi sec chez les Clippers. Là encore, il doit gérer un autre rookie superstar, Blake Griffin. De franchise de la lose, les Clips passent à contender lorsque Chris Paul arrive en ville. Lob City vient de naître avec Vinny en commandant de bord. Playoffs en 2012 après cinq ans de disette, puis l’année de tous les records la saison suivante : 56 victoires soit le meilleur bilan alltime de la franchise et le premier titre de division ! Ça n’empêche pas L.A. de se prendre les pieds dans le tapis dès le premier round contre Memphis. Del Negro est le bouc-émissaire tout désigné, jugé incapable de s’ajuster à la défense des Grizzlies. On lui reproche aussi de faire plafonner le projet Lob City, qui avec le recul ne fera pas mieux sous l’ère Doc Rivers. Vinny est débarqué avec un bilan de 128 victoires pour 102 défaites (55,7%) … soit le meilleur pourcentage de l’histoire des Clippers ! Depuis, son nom circule régulièrement dans les rumeurs, mais aucun GM n’a souhaité lui accorder une autre chance.

STATISTIQUES ET PALMARES

  • Stats NCAA : 9.1 points à 50,2% aux tirs, 2.9 rebonds et 2.6 assists
  • Stats NBA : 9.1 points à 47,5% aux tirs, 2.3 rebonds et 3.2 assists
  • Stats Italie : 25.7 points à 55,9% aux tirs, 4.4 rebonds et 3.6 assists
  • MVP du tournoi ACC (1987)
  • All-Atlantic Coast Conference First Team (1988)
  • Champion d’Italie (1992)
  • Deux sélections pour le All Star Game Italien (1991, 1992)
  • Recordman du nombre de lancers réussis à la suite chez les Spurs (50)
  • Maillot retiré à North Carolina State

VINNY DEL NEGRO EN IMAGES

About mosdehuh (37 Articles)
Tombé dans la NBA au début des 90's avec Penny Hardaway. Grosse passion pour les loosers magnifiques et les shooteurs. Supporter de la Chorale de Roanne depuis 3 générations.

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