[Portrait] Mark « Le Mur » Eaton
Portrait
Décédé le 28 mai 2021, Mark Eaton, qui aurait eu 63 ans aujourd’hui, doit sa carrière à Scott Layden et à Wilt Chamberlain. Sans eux, il n’aurait certainement pas eu de carrière dans le basket. Récit.
Eaton est un specimen rare, un gars d’une taille démeusurée (2,24m!) et surtout d’une épaisseur et robustesse incroyable.Mais comme chacun sait, au basket ( et ailleurs aussi…) la taille ne fait pas tout. Si elle aida Eaton a avoir une carrière au lycée plutôt correcte, elle attira également quelques GM de la ligue. Il est drafté dans les profondeurs de la draft 1979 par les Suns de Phoenix avec le 107ème choix! Mais, les Suns ne conservent pas les droits de ce choix et Eaton se voit proposer de rejoindre la prestigieuse université d’UCLA. Malheureusement, le rêve se transforme rapidement en cauchemar. Le grand Mark est perdu sur le terrain! Et, quand on mesure plus de 2,20m , inutile de dire qu’on ne passe pas inaperçu. Du coup, le public le prend pour cible, il est raillé, il perd toute confiance en lui et son coach ne l’utilise quasiment plus. Le bilan de ses deux années universitaires est catastrophique avec simplement une moyenne de 1,8 pts et 2,4 rebs. D’ailleurs, lors de sa saison sophomore, il ne passe que 41 minutes sur le parquet !
Il décide malgré tout de se présenter à la draft 82′ avant, vraisemblablement, de tomber dans l’oubli. Sauf qu’un homme croit en lui. Scott Layden, le coach du Jazz d’Utah, va le sélectionner avec le 72ème choix. Quelques semaines avant, Mark avait rencontré par hasard, la légende Wilt Chamberlain qui, en le voyant, été venu à sa rencontre sur le campus d’UCLA. Wilt va lui donner quelques conseils qui vont changer sa carrière. Il lui dit d’arrêter de penser au jeu offensif et de se spécialiser en défense. «Prends des rebonds et contre tout ce qui bouge. En attaque, fais des blocks pour simplifier le jeu de tes coéquipiers et tu feras une bonne carrière.» Eaton révèlera après la fin de sa carrière que cette rencontre a changer sa vie!
Lorsqu’il débarque dans l’Utah, il va mettre à profit ce que la légende Chamberlain lui a dit. Et, il ne laisse pas passer sa chance en étant 32 fois titulaires sur ses 81 matchs joués. Il se révèle être un monstre défensif avec ses 3,2 contres par match. Il ne quittera plus jamais le jazz, devenant le pivot titulaire les 10 saisons suivantes. Alors oui, Eaton n’est pas doué offensivement, c’est le moins que l’on puisse dire. En effet, malgré le fait qu’il reste le plus clair de son temps a 2/3 mètres du panier, ses stats aux shoots sont relativement faibles (autour de 45%). Clairement son toucher est désastreux mais quand on a un certain Karl Malone comme coéquipier, ce n’est pas bien grave. Par contre, Eaton simplifie la mise en place du jeu du Jazz grâce à des blocks bien virils. En défense, c’est un rempart infranchissable.
Dès sa 3ème saison, il va placer son nom au 1er rang des meilleurs contreurs de l’histoire. Cette saison-là, il réalisera 5,6 contres par match. Depuis, personne n’a pu dépasser ce chiffre, vous entendez, JAMAIS. Pourtant, depuis cette saison 1985, il y a un paquet de grands défenseurs/pivots qui sont passés sur les parquets NBA. D’ Ewing à O’neal, de Mutombo à Mourning, de Duncan à Olajuwon personne n’a réellement pu envisager de produire des chiffres pareils! Evidemment, cela aide quand on mesure 2,24m mais si tel était le cas, Yao Ming ou Shawn Bradley seraient aussi haut dans ce secteur que le grand Mark. Pourtant, ils en sont bien loin. Et oui, Eaton a développé un 6ème sens dans ce secteur de jeu grâce à une intelligence de placement hors du commun. Il sera récompensé par 2 titres de meilleur défenseur de la ligue. Il faut dire que, derrière le duo Malone/Stockton, il pesait énormément. Il changeait l’attaque des autres équipes qui devaient sans cesse le contourner.
En 1989 et après l’arrivée du charismatique coach Jerry Sloan, Eaton va connaître la consécration ultime en étant nommé All-star. Qui l’eut cru? Ce gars, ce géant, oublié sur le banc d’UCLA, quasi perdu pour le basket devient quelques années plus tard un All-star. Il est grandement respecté et fait partie des tous meilleurs pivots de la ligue. Malheureusement, Eaton ne connaîtra pas la période la plus faste du Jazz (2 finales en 97 et 98) même si durant la totalité de sa carrière, le Jazz est un club extrêmement sérieux à l’Ouest. Il décide de se retirer en 1993 à cause de problèmes récurrent aux genoux et au dos.
L’histoire de Mark Eaton est, à de nombreux égards, étonnante. De sa rencontre avec Wilt et de la foi indefectible de Scott Layden pour cet universitaire perdu. Sans ces deux paramètres, Eaton serait sans doute devenu le plus grand mécanicien de l’histoire car, avant de rejoindre UCLA, il s’était inscrit à L’Arizona Automotive institute. Mais, en fait, dès qu’il eut la confiance d’un coach, d’un club et de ses coéquipiers, Eaton s’est transformé en «The Wall». Il a produit les chiffres, aux contres, les plus incroyables de l’histoire. Et j’insiste la dessus, lorsqu’il s’agit d’évoquer les meilleurs défenseurs de l’histoire, pensez à citer Mark Eaton, il le mérite…
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