Le billet de Cathy Malfois – Pierre Galle, le cerveau
Témoignage
Cathy Malfois, notre consultante de luxe a eu le privilège d’être coachée par Pierre Galle au début des années 80 à Clermont. A l’occasion de son anniversaire, Cathy a décidé de nous évoquer la belle carrière de Pierre, un meneur de jeu talentueux dans les années 70, devenu entraîneur pendant plus de 20 ans.
Le « ch’ti » Pierre a ouvert les yeux sur le monde le 13 janvier 1945 à Calais. Et jusqu’à ce jour, son parcours a été brillant et varié. Comme joueur d’abord puis comme entraîneur et/ou directeur sportif. Pierre débute à Condé, un petit club de Calais. Son service militaire le conduit à Lyon où il évolue pendant 2 ans sous la direction d’André Buffière. Mais c’est sous les couleurs de Berck et sous l’égide de son frère Jean qu’il va briller. Pour l’anecdote, mon père, calaisien lui aussi, se souvient avoir joué avec son club de Catena contre Jean dans les années 1950 et quelques !

Avec son frère Jean aux commandes @ Collection personnelle de Cathy Malfois
Pierre, ce meneur de jeu talentueux que le journal l’Équipe avait surnommé « Le cerveau » (aucun rapport avec le film de Gérard Oury) est le grand rival d’Alain Gilles. Epoque ch’ti versus Villeurbanne. Pierre est particulièrement adroit de loin, voire de très loin, toujours calme et lucide. Ses équipiers peuvent briller grâce à lui et sa lecture du jeu incomparable. Il est sacré deux fois Champion de France en 1973 et 1974 et est élu MVP du championnat. En Europe, les deux saisons 1974 et 1975 sont inoubliables ! Pierre emmène son équipe en demi-finale de la Coupe d’Europe des Clubs Champions (actuelle Euroligue), ce qui constituera le meilleur résultat pour une équipe française jusqu’à l’avènement du CSP Limoges.
Qui a oublié la formidable épopée de Berck ? Laissons Pierre raconter cette aventure :
« Nous étions une équipe composée essentiellement de basketteurs du cru, mais le club était en avance sur son époque. Nous n’étions pas énormément payés, mais nous nous déplacions en avion, nous disposions de soins appropriés, d’un kiné. Nous nous entraînions déjà deux fois par jour. Et notre solidarité nous permettait de gagner contre des équipes à priori plus fortes que nous »

Pierre dans ses œuvres en France et en Europe @ Collection personnelle de Cathy Malfois
Après 10 années passées à Berck, Pierre rejoint Denain où il reste deux saisons. Le Nord, toujours le Nord !
En Équipe de France, il compte 64 sélections. Seulement me direz-vous ? Eh bien oui ! Pour deux raisons :essentielles la première est qu’il y avait moins de joutes internationales que maintenant ; la seconde plus frustrante est que pour pouvoir participer aux championnats d’Europe, il devait prendre des congés sans solde, congés que son employeur n’était pas disposé à lui accorder. Autre temps, autres mœurs !
Il met un terme à sa carrière et dans la foulée devient directeur sportif à Caen. Il prend ensuite pendant 5 ans la direction de l’AS Montferrandaise (à Clermont-Fd) où il entraîne les garçons en Nationale 2 puis conjointement pendant une saison les filles en Nationale 1 (Ligue féminine actuelle). C’est à Clermont, où j’évoluais à l’époque, que j’ai eu le grand privilège de l’avoir comme coach ! J’ai beaucoup apprécié ses compétences, la qualité de ses entraînements, sa connaissance du jeu, mais aussi ses qualités humaines, sa gentillesse et ce calme olympien qui m’a toujours impressionnée !
Il continue son périple sportif au Montpellier de Loulou Nicollin où il conquiert deux titres de Champion de France (Nationale 2 et Pro B). Avec l’américain Sam Mitchell, qui dira de Pierre :
«Il m’a appris le jeu !», il emmène l’équipe au plus haut niveau en la qualifiant pour une Coupe européenne.

Pierre avec l’équipe féminine de l’AS Montferrandaise @ Collection personnelle de Cathy Malfois
Il se retrouve ensuite à Lyon puis à Hyères Toulon, où c’est lui qui découvre un jeune joueur talentueux, Laurent Sciarra, dont il va faire le grand meneur de jeu international que l’on connaît. Il continue sa route et devient directeur général des Spacers de Toulouse. Il revient enfin à Montpellier où il assume les fonctions de cadre technique fédéral et entraîneur de l’équipe féminine. Il fait remonter l’équipe en Ligue puis prend la responsabilité du centre de formation. Un parcours riche, dense et varié ! Peut-être en ai-je oublié, il me le pardonnera…
QUELS SOUVENIRS LUI RESTE-T-IL DE SA CARRIÈRE ?
⦁ Le titre de champion de France, gagné avec Berck sur le terrain de Villeurbanne en 1973, devant 12 000 spectateurs, reste son souvenir le plus marquant.
⦁ A contrario, la grève de 1975 de sinistre mémoire, avant un match de Coupe d’Europe contre le Real Madrid – match diffusé à la télévision – reste une blessure. Que s’est-il donc passé ce soir là ? Pour un sombre conflit avec les dirigeants, une majorité de joueurs décide de boycotter la rencontre. L’équipe est décimée (le coach Jean Galle doit même enfiler les baskets) et évidemment perd le match. Suite à cet épisode, Robert Busnel, président de la fédération, décide de sanctionner les joueurs. Mais à la demande expresse de Jean Galle, il leur accorde finalement un sursis. En fin de saison, une grande partie de l’équipe quitte le club qui pourtant restera dans l’élite jusqu’en 1980.
Pierre et sa femme Nicole vivent aujourd’hui une retraite bien méritée sous le soleil des Canaries. Mais la balle orange n’est jamais très loin : l’un de leur fils, Xavier, est l’actuel président du club de Nice en Ligue féminine.
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