Le dernier triple double de Larry Bird
Performance
Larry Bird (66 ans aujourd’hui) impressionne par des stats extraordinaires, une adresse redoutable doublée d’une défense de fer, il réalise 59 triple-doubles en saison régulière qui le placent en 6ème position au classement historique. S’il ne fallait retenir qu’un de ces nombreux triple-doubles, ce serait peut-être le dernier, l’un des plus « héroïque ».
Il n’avait pourtant pas l’air bien méchant ce bon vieux Larry dans les années 90 avant de prendre une retraite bien méritée à la suite des J.O. de Barcelone en 92. Lui qui n’avait rien d‘un athlète, un look de fermier gringalet avec ses coupes de cheveux improbables et sa moustache à la Pierre Bellemare. Et pourtant derrière ces apparences pas très glamour se cache l’un des plus beaux palmarès des Celtics de Boston : Trois titres de champion NBA ( 1981, 1984, 1986), 5 finales, 3 titres consécutifs de MVP de la saison ( 1984, 1985, 1986), 2 fois MVP des finales (1984, 1986), 12 sélections au All Star Game, Rookie of the year 1980, et une médaille d’or olympique en 1992 pour ne citer que ça.
1992, LA FIN DE L’ERE LARRY BIRD
Le contexte de ce match de légende est plus que particulier. Larry est sur la fin, on le sait. Les Celtics ne trustent plus les finales comme dans les années 80, l’équipe mythique qu’il formait avec ses amis all stars Kevin Mc Hale, « the Chief » Robert Parish est en phase de reconstruction avec du sang neuf : Dee Brown le bondissant, Rick Fox et Reggie Lewis qui devrait prendre le leadership de l’équipe pour les saisons futures (lui qui décèdera tragiquement en plein match en juillet 93). Les blessures s’enchainent pour les Celtics lors de cette saison, et Larry Bird ne fait pas exception. Après une opération à l’intersaison en 1991 aux talons, Larry fait un début de saison encourageant, avant de connaître ce qui restera malheureusement son plus gros calvaire physique. Il se blesse sérieusement au dos lors d’une chute à l’entrainement, et devra s’absenter durant 2 mois. Il retrouve les parquets le 1er mars 1992, mais inévitablement, on le trouve affaibli, amoindri. Bird peut-il encore faire rêver ? Il ne faut pas oublier que ce qui a toujours fait la force de Larry, ce ne sont pas ces qualités physiques, mais bien son QI basket, le gars a tout compris au jeu, il a sa vista, sa technique, et une expérience inégalée. Le 15 mars, il affronte l’équipe favorite à l’Ouest, les Portland Trailblazers de Clyde Drexler, et de l’ancien Celtic Danny Ainge. Un match sans enjeu vraiment, mais avec une ambiance de playoffs, qui monte crescendo au fil des quart-temps.
49 POINTS, 14 REBONDS, 12 PASSES ET 4 INTERCEPTIONS
Le match est diffusé en différé en France à l’époque sur FR3, commenté par le père Tony Parker, je prends le match en cours et regarde par curiosité. Moi qui découvre la NBA en 91 avec la finale Bulls-Lakers, j’aurais préféré voir Jordan, Wilkins, Barkley … mais je me dis avec Drexler, on devrait voir assez de dunks pour satisfaire ma soif, toutefois il ne me semble pas utile d’enregistrer ce match… Grossière erreur. J’observe ce grand joueur blanc dont tout le monde fait des éloges, il ne fait pas rêver par son physique, on dirait qu’il a 50 ans (il n’en avait que 35), mais le gars est culotté, pas trop souple, mais il maîtrise. Ça sent le vieux qui tel un véritable Uncle Drew, veut montrer aux jeunes qu’il est toujours là et encore capable de petits exploits. Petits ? Ce n’est pas tant le nombre de points marqué par cet homme qui va m’impressionner, mais c’est bien la manière. Le commentateur nous le rappelle, Larry revient de blessure, un mois avant les playoffs qui seront les derniers de sa carrière. Et Dieu ce soir-là était déguisé en Larry Bird. Les Blazers ont beaucoup de mal à contenir le grand blanc qui dégaine plus vite que son ombre.
BIRD HEROIQUE, ARRACHE UNE PROLONGATION INESPEREE
Si Portland est devant durant presque tout le match et s’ils ne font aucun cadeau à Larry en défense, ils ne s’imaginaient sûrement pas que le doyen allait leur faire si mal, en leur faisant perdre un match qu’ils tenaient encore avec 6 points d’avance à une minute de la fin 119 à 113 en faveur de Portland. A partir de ce moment, tout reposera sur notre vieux crouton. Avec son dos en miettes, il n’y a aucun doute que le mental et le QI basket, prennent le dessus sur les qualités physiques, athlétiques et la fougue de ces jeunes Blazers. Larry en état de grâce, va arracher la prolongation après un reverse et un 3 points à une main impossible pour le commun des mortels, malgré la défense au corps de Clyde Drexler. A la limite du marché, l’action nécessitera l’arbitrage vidéo pour être validée, les arbitres comme les Blazers restant incrédules. Il faudra deux prolongations où Larry se montrera une fois de plus décisif, pour que les Celtics prennent le dessus. Alors que le match est scellé, Drexler à 41 points et 8 rebonds, écope de sa 6ème faute synonyme d’expulsion, mais le public du Boston Garden lui réservera une surprenante standing ovation, public qui ne devrait avoir d’yeux que pour Larry. Un bel hommage pour le Blazer qui leur a offert un duel incroyable.
Si les Blazers retrouveront les finales comme en 1990, Les Celtics sortiront eux au 2ème tour des playoffs. Bird complètement cassé, manquera la plupart des matchs, cette rencontre et ce triple double marqueront l’un des derniers exploits du n°33, lui qui clôturera sa carrière, après les Jeux Olympiques de l’été 92 et un tournoi historique aux côtés de ses meilleurs adversaire de toujours : Jordan, Magic, Barkley … et inévitablement, Drexler. Avez-vous entendu parler de la Dream Team ?
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