[Portrait] Mike Penberthy – The Cinderella Man
Portrait
Le conte de fées de la saison 2000-2001 se passait à Los Angeles. Un type sorti de nulle part qui intègre les champions en titre et qui se termine par une bague après une seule année en NBA. Mike Penberthy (48 ans aujourd’hui), l’homme cendrillon qui a su prendre sa chance en tant que shooteur attitré pour Phil Jackson.
Une histoire courte, mais belle. Mike Penberthy a connu une carrière assez incroyable et si ce nom ne vous dit rien, dites-vous que cet arrière shooteur d’1,91m était annoncé très tôt comme un potentiel lottery pick à la fameuse draft de 1996, on le voyait derrière Allen Iverson! Oui oui, devant Kobe Bryant, Ray Allen, Stephon Marbury, Antoine Walker, Marcus Camby et tous les autres noms prestigieux de ce cru. Malheureusement, un genou défaillant et son nom disparaît des tablettes. Regardons ensemble le parcours effectué. Penberthy vient de l’université religieuse Master’s College en NAIA. Hein, NAIA? Késako? Eh oui, si la NCAA est le « programme » majeur universitaire aux Etats-Unis, la NAIA est une organisation similaire pour les étudiants qui n’ont pas forcément les capacités physiques avec un corps d’athlète, plutôt le profil de monsieur tout le monde. Ainsi les étudiants peuvent faire leur sport favori sans complexe. Il arrive aussi et heureusement que certains joueurs soient zappés par la NCAA et on peut ressortir deux noms prestigieux, Dennis Rodman et Scottie Pippen! Tous deux draftés en provenance de NAIA qu’on peut presque considéré comme la deuxième division NCAA. Mike Penberthy est le meilleur scoreur de l’histoire de Master’s collège, crée à la base par son grand-père!
Non drafté, il intéresse pourtant les Pacers et les Bulls! Sa blessure au genou lui coûte cher. Le gaillard n’abandonne pas et va se relancer en CBA, la ligue mineure américaine. Une très mauvaise expérience à Idaho et il décide de rejoindre le vieux continent. Dans la « D2 » allemande à Hambourg, il retrouve du plaisir et cherche à réaliser son rêve d’aller en NBA. 1998, lock-out, la grève des joueurs s’éternise. Sans offre, Penberthy fait l’intérimaire en aidant son cousin dans un entrepôt aux manettes d’un fenwick (chariot élévateur) en touchant 8,50$ de l’heure. Toujours rien à l’horizon, nouvelle destination au Vénézuela où il évolue au club des crocodiles de Caracas puis il repart toute une saison à Hambourg. Durant l’été 2000, il participe à la summer league de Los Angeles où les scouts des Lakers ont un oeil sur lui. Phil Jackson veut un shooteur dans son effectif suite au départ de Glen Rice.
De la même manière que John Paxson ou Steve Kerr, l’ancien coach des Bulls veut pouvoir compter sur un joker qui peut faire basculer une rencontre. Penberthy est invité au training camp des Lakers où il apprend l’attaque en triangle, se familiarise avec ses coéquipiers. On lui annonce qu’il est gardé avec un contrat proposé à 317 000 dollars, une aubaine. Son rôle est bien entendu limité, physiquement trop juste et faible en défense, mais capable de bombarder sur demande (presque 40% à 3pts, 90% aux LF). Avec l’éviction d’Isaiah Rider, il bénéficie d’un temps de jeu très correct sur 16 minutes par match. Son record? 16 points à deux reprises dont un parfait 7/7 aux tirs face aux Bucks. Il ne fait pas parti des douze joueurs retenus pour les playoffs lors du run incroyable des Lakers (15-1), mais il obtient tout de même sa bague! Quelques mois plus tard, à peine la nouvelle saison entamée, il est coupé.
Sa carrière de joueur NBA est terminée, mais perdure en Europe en majeure partie en Italie. Il remporte même le titre de champion d’Allemagne en 2006 avec l’Alba Berlin. En 2014, les Timberwolves proposent le job de coach shooteur afin d’améliorer dans la mesure du possible, Ricky Rubio. Depuis il en a fait son métier, apprendre à shooter. Le meneur Isaiah Thomas avait fait appel à lui lorsqu’il évoluait aux Kings. Quand Mike regarde la NBA actuelle, il ne peut s’empêcher d’avoir des regrets.
« La NBA a changé son style de jeu, c’est devenu une ligue de shooteurs. je suis né trop tôt, j’aurais adoré jouer le basket pratiqué de nos jours »
Une anecdote sympa pour conclure. Vous vous souvenez de Muggsy Bogues qui avait été refusé d’entrer dans la salle de Washington par la sécurité du fait de son physique improbable? Il est arrivé la même chose à notre shooteur. Début mars 2001, session d’entraînement au Staples Center. Pendant que Ron Harper et son range rover passent un barrage de police, Mike qui était juste derrière son coéquipier se voit l’accès refusé. « Je suis un joueur des Lakers! plaide Penberthy. « Mais bien sûr », répond l’agent en fonction! 45 minutes à négocier, pas de portable, il est obligé de rentrer chez lui. Phil Jackson l’appelle alors pour lui demander où il est passé, nos deux hommes s’expliquent. Le Zen master entre dans une colère noire et passe un savon mémorable à l’agent. Au final, une seule année en NBA, un titre, un parcours atypique et une amitié sans faille avec Shaquille O’Neal, Mike Penberthy était un excellent shooteur doté d’un physique trop limité, mais il a prouvé à sa manière qu’avec abnégation et persistance, tout était réalisable.
MIKE PENBERTHY AUX LAKERS
Crédits : NBA
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