[Portrait] Alvan Adams, tout ce qui rentre fait ventre
Portrait
En 1976, Alvan Adams réalise une saison statistique époustouflante pour un rookie. Une consécration individuelle et collective qui retombe comme un soufflé par la suite. Précurseur des point centers comme Divac ou Jokic, il reste l’un des meilleurs passeurs de l’histoire chez les big men. Un boulimique des triple doubles et de la bonne chair. C’est d’ailleurs sa gloutonnerie qui va le conduire à l’une des plus grandes prestations all time chez les Suns !
CHICKEN RUN
De tous les records établis par Alvan Adams au cours de sa carrière de basketteur, le plus mémorable n’a pas son origine sur un parquet, mais derrière une table. Alors que la plupart des sportifs suivent un régime diététique strict, le pivot des Suns a la réputation d’être un ventre sur pattes. Une notoriété glanée dès sa saison sophomore lors des repas on the road. L’équipe avait pour habitude de sortir diner les soirs d’avant match. L’addition était alors répartie équitablement entre le nombre de joueurs présents. Lorsque Alvan a compris le fonctionnement, cela a décuplé son appétit. Si un coéquipier commandait deux entrées, il en prenait trois, dépassant systématiquement les portions individuelles. De passage à Buffalo pour affronter les Braves, Adams se livre à un remake du film « La Grande Bouffe ». Un restaurant en ville fait l’unanimité parmi les NBAers, le Frank & Teressa’s Anchor Bar. Une taverne qui se targue de servir les meilleures ailes de poulet du pays, les fameuses Chicken Wings. Une légende raconte même que Bill Russell, himself, avait dépêché un assistant des Celtics pour lui rapporter ces précieux sésames sous la neige hivernale. Une destination obligatoire pour notre Gargantua de l’Arizona. L’appétit vient en mangeant, c’est bien connu. Aussi, après une première douzaine d’ailes avalées fissa, Adams enchaîne les assiettes sous les yeux médusés de ses partenaires. Le décompte est allé bien au-delà de ce qu’ils auraient pu imaginer. Ce 21 février 1977, Alvan Adams engloutit 47 chicken wings ! L’arrière des Suns, Paul Westphal, se rappelle cette orgie de poulet :
En général, Alvan avait un gros appétit et il aimait la nourriture bon marché. Nous avions entendu parler de ces ailes de poulet qui étaient légendaires dans la région. Alvan est allé à l’Anchor Bar et a mangé 47 ailes de poulet. Il les aimait à la folie et il a continué à manger encore et encore. Il n’essayait pas vraiment d’établir un record, il avait juste faim, en fait.

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Ce casse-dalle inoubliable n’est qu’un amuse-bouche. La performance d’Adams le lendemain reste le plat principal. Sur le parquet du Memorial Auditorium de Buffalo, il digère ses 47 ailes de poulet en inscrivant 47 points ! Tout simplement le record de la franchise, à l’époque, partagé avec Gail Goodrich et ses 47 unités en 1969. Au menu de sa fiche de stats, on trouve également 18 rebonds, 12 passes, 5 contres, un café et l’addition ! Un triple double king size entré dans l’Histoire. Il n’y a que cinq joueurs, en effet, qui ont enregistré un TD avec au moins 45 points, 12 rebonds et 12 assists : Oscar Robertson, Wilt Chamberlain, Larry Bird, James Harden et Adams. Excepté Alvan, tous ont été MVP de saison régulière, mais aucun d’eux ne s’était baffré chez Frank et Teressa juste avant. Pour mettre en perspective son exploit, le métrique Game Score élaboré par John Hollinger permet de calculer la productivité d’un joueur sur un match. Depuis sa création en 1983, quatre Suns dépassent les 50 points : le carton de Devin Booker à Boston (54,5 points), le record en carrière de Charles Barkley (52,6 points), celui d’Amar’e Stoudemire (50,2 points) et les 60 unités de Tom Chambers (50,2 points). Même s’il manque quelques données statistiques au match d’Adams, son Game Score approximerait les 53 points sur cette échelle, se classant ainsi dans le Top 3 all time de la franchise !
Malheureusement pour Alvan, Phoenix ne se déplace à Baltimore qu’une seule fois par an. La saison suivante, le pivot remet donc le couvert à l’Anchor Bar… pour le plus grand plaisir des tenanciers. La corrélation entre les chicken wings boulottées et son nombre de points inscrits le lendemain est encore dans toutes les mémoires. Du coup, Adams voit les choses en grand. Il ingurgite 50 ailes de poulet et laisse ses coéquipiers fantasmer sur sa future performance. Mais, cette fois, le Sun a eu les yeux plus gros que le ventre. Frappé d’indigestion alimentaire pendant la nuit, il ne peut même pas participer à la rencontre le jour suivant. La version officielle du staff médical parle d’une infection des amygdales, mais au sein de l’équipe, on sait que la gourmandise est un vilain défaut.
OKLAHOMA KID

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Malgré son célèbre coup de fourchette, Alvan est plutôt du genre gringalet à l’adolescence. Une grande tige qui s’est mise au basket du fait de sa taille. Sur le campus de Putnam City, impossible de le rater, tant il domine de la tête et des épaules l’équipe des Pirates. Cette high school fait, d’ailleurs, la Une de la presse sportive grâce à une promotion d’athlètes incroyables. En plus d’Alvan Adams, Putnam City compte dans ses rangs le receveur Steve Largent, futur Hall of Famer NFL et Bob Shirley qui a arpenté pendant plus de 10 ans le circuit MLB. Pas mal pour un modeste lycée d’Oklahoma City. Finaliste malheureux en 1971 contre Midwest City, Adams guide son équipe vers un bilan parfait de 26-0, la saison suivante. Opposé à Tulsa Union pour le titre d’État, les Pirates ont une avance confortable à la pause. En deuxième mi-temps, Alvan écope rapidement de sa sixième faute. Sans son leader, les adversaires grignotent progressivement leur retard pour échouer sur la dernière possession, 55-53. Trente ans après leur dernier titre, les Pirates sont champions. Individuellement, Adams se goinfre avec une sélection dans la Parade All-American Second Team et le trophée de Meilleur lycéen de l’État. Un parcours sans faute terni par le décès de sa mère en cours de saison. Alors qu’il reçoit des propositions de la part des plus prestigieuses universités du pays, Alvan décide de rester auprès de sa famille en s’engageant avec les Sooners de l’Oklahoma.
Un choix logique sur le plan personnel, mais catastrophique d’un point de vue sportif. Depuis plusieurs décennies, les Sooners squattent les bas-fonds de la Big 8 Conference. La dernière fois que l’équipe a atteint le tournoi NCAA, c’était en 1947 ! Quatre entraîneurs se sont succédés sans réussir à inverser la tendance et seulement deux joueurs de l’université ont rejoint la NBA depuis sa création. Un désert ! Le casting autour d’Alvan est désespérément faiblard. Sur les 21 matchs de sa saison freshman, il est 16 fois meilleur scoreur d’Oklahoma et 20 fois top rebondeur. Dès son premier match à domicile, il régale les 3800 fans venus observer le phénomène : 34 points à 17/29 aux tirs et 28 rebonds, un record de gobage sur un match qui tient toujours dans les tablettes du campus. Son arrivée booste l’équipe qui enregistre sept victoires consécutives en début de saison. Tout simplement le meilleur départ all time des Sooners. Mais, une blessure ralentit la cadence d’Oklahoma qui boucle l’année en 18-8. Pas assez pour participer à la March Madness. Conscients que la fac possède un joyau, les dirigeants changent encore de coach fin 1973 : ils remercient John MacLeod pour nommer à sa place, Joe Ramsay, un tacticien aux idées novatrices. Son idée, donner les pleins pouvoirs à Adams en lui confiant davantage la balle pour créer. Un big man en charge du playmaking, on nage en plein anachronisme dans les 70’s.
Installé en tête de raquette, Alvan se met à distribuer le caviar à la louche. La créativité dans ses passes surprend même ses coéquipiers qui reçoivent le ballon en pleine tête s’ils ne restent pas vigilants. Une mésaventure arrivée plusieurs fois à l’ailier Jerry Vest qui subit les moqueries de son pivot. Car, en plus d’être le leader sportif des Sooners, Adams est aussi le pitre de service. Son grand jeu dans les chambres du campus, sauter directement sur la couchette supérieure des lits à double étage. Une prouesse réalisée sans l’aide de ses mains que n’aurait pas rogné les champions de saut en hauteur. Quant à son compagnon de chambrée, Bob Pritchard, il pourrait écrire un livre avec les blagues qu’il a subies. Sa plus grosse frayeur est survenue après le visionnage du film « L’exorciste ». Sans se faire repérer, Alvan installe un aspirateur sous le matelas de Pritchard pour l’activer en pleine nuit. Bienvenue dans la famille Adams !

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Il n’y a pas que dans les dortoirs qu’Alvan sème la zizanie. Sur les parquets, il devient l’épouvantail de la Big 8 Conference. Le 5 janvier 1974, il tape le record du pourcentage aux tirs sur un match avec un parfait 11/11 face à San Diego State. Malheureusement, les passes décisives ne sont pas encore comptabilisées à cette époque. A défaut d’engranger les triple double, Adams se contente de double double, parfois bien dodus contre sa victime préférée, Oklahoma State. Dans le derby, Alvan a toujours les crocs, dans les chiffres cela donne 29 points et 16 rebonds, 34 points et 15 rebonds en 1974 puis 38 points et 21 rebonds en 1975. L’outremangeur de l’état, c’est lui, une domination sans partage qui lui vaut le surnom d’Oklahoma Kid. Certains préfèrent Double A en rapport à ses initiales. Sur cette période, Adams engrange 14 double double consécutifs et termine son cursus avec 57 double double en 73 matchs ! Deux records toujours d’actualité chez les Sooners. Individuellement, il rafle les distinctions, sélectionné dans la All-America et élu Big Eight Player of the Year en 1975. Collectivement, c’est la famine. Les Sooners restent dans le ventre mou de la conférence et devront patienter jusqu’au début des 80’s pour accéder au tournoi NCAA. Seule parenthèse enchantée dans ce marasme, les Championnats du Monde Universitaire en 1973. Appelé par Team USA, Alvan part en campagne de Russie pour ramener la médaille d’or. Avec les futurs All Stars Maurice Lucas et David Thompson, Double A se balade en poule en infligeant un écart de 77 points aux adversaires. Sur leur passage notamment, la France, balayée 137 à 43. La finale à Moscou contre l’URSS en pleine Guerre Froide à des enjeux autant diplomatiques que sportives. Devant 15.000 spectateurs, Team USA remporte l’or, 75-67, permettant à Adams de savourer enfin un titre collectif.
A TABLE AVEC LES PLUS GRANDS
Après une année junior bouclée en 26.6 points et 13.3 rebonds, Oklahoma Kid a fait le tour du campus. Il se déclare éligible à la draft 1975. Une cuvée loin d’être historique avec seulement trois multiples All Star et un seul Hall of Famer, le First Pick David Thompson. Derrière lui, on retrouve Dave Meyers qui abandonne sa carrière après quatre petites saisons pour rejoindre les Témoins de Jéhovah et Marvin Webster, contraint d’arrêter le basket à cause d’une hépatite. Le pick 4 revient aux Suns. Arrivée en NBA sept ans auparavant, l’équipe cherche du renfort dans sa raquette. Il faut dire que la franchise ne s’est jamais vraiment remise de la perte de Kareem Abdul-Jabbar sur une histoire de pile ou face lors de la draft 1969. Phoenix s’est contenté d’une palanquée de pivots tous plus frustres en attaque les uns que les autres. Le choix d’Alvin Adams apparaît comme une évidence. Le general manager Jerry Colangelo ne s’y trompe pas et sélectionne Double A, du pain béni pour le secteur intérieur. Titularisé d’entrée, le gamin est comme un poisson dans l’eau : 35 points, 12 rebonds et 8 passes dans la bouche des Lakers au bout de seulement dix jours puis un premier triple double fin novembre dans une victoire contre les Blazers. Les prémices d’une campagne rookie all time.
Dans la NBA des seventies, Alvan détonne des autres pivots par son jeu de passe. Ses qualités de playmaking sont exploitées à fond par son ancien coach des Sooners, John MacLeod, nommé sur le banc des Suns entre temps. En décembre 1975, il enchaîne deux triple double consécutifs et commence à susciter la curiosité des observateurs. Confirmation en janvier, avec deux nouveaux TD, dans des succès qui plus est. Non seulement Adams donne à manger à tout le monde, mais en plus Phoenix passe d’une équipe médiocre à un prétendant aux playoffs. A mi-saison, il est logiquement sélectionné pour le All Star Game avec une ligne statistique ultra-complète : 18.5 points, 9.4 rebonds, 6.2 assists, 1.6 interception et 1.6 block. Il devient alors le septième rookie de l’Histoire à s’inviter au match des étoiles. Dans le run pour la postseason, Alvan se gave à tous les étages : 30-18-6-3-3 contre Philadelphie, 33-10-7-2-4 face aux Warriors, 32-19-6-2-3 à Chicago ou encore 30-15-8 contre les Kings. Phoenix remporte 10 victoires sur ses 14 derniers matchs pour tamponner son billet en playoffs. Adams, lui, décroche le titre de Rookie of the Year, le premier trophée du genre chez les Suns. Il boucle sa première campagne avec des aberrations statistiques. Meilleur passeur et contreur des Suns, il est aussi en tête du nombre d’assists parmi les joueurs de la cuvée 75. Ses 27,2% d’assists percentage sont le plus haut total de l’histoire chez les Big Men, avant que Vlade Divac le détrône en 2004 ! Quant aux saisons en 15-5-5-1-1 chez les rookies, ne cherchez pas, il n’y a qu’Adam dans cette catégorie.

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En 1976, la Conférence Ouest ne compte que neuf équipes. Seulement deux tours de playoffs sont donc nécessaires pour accéder aux Finales. Opposés aux Supersonics, tout d’abord, les Suns partent avec l’étiquette d’outsiders. C’est sans compter sur l’attaque de feu des hommes de McLeod qui envoient plus de 113 points de moyenne sur la série. Arrivé de Boston à l’intersaison, où il croupissait sur le banc, l’arrière Paul Westphal a pris une autre dimension en Arizona. Il punit les Sonics en plantant 24.3 points à 57,3% de réussite. Pour Adams, Seattle sert juste de hors d’œuvre. Le banquet a lieu le tour suivant contre Golden State. Sur le papier, les Warriors, champions en titre, sont supposés ne faire qu’une bouchée de ces Suns-là. Leur superstar Rick Barry leur fait comprendre avec 38 points dans le Game 1 puis 44 unités dans le Game 2. Pourtant ce deuxième match revient à Phoenix avec 102 points inscrits par le cinq majeur. Dans ce coup d’éclat, Alvan passe à une assist d’un énième triple double. Menés 1-0, puis 2-1 et 3-2, le Purple Gang ne lâche rien. Dos au mur dans le Game 6, Double A s’arrache sur la dernière possession pour conclure un lay-up et donner la victoire à Phoenix, 105-104. Incroyable, il y aura bien un match décisif entre le meilleur bilan de la Ligue et le Cendrillon des playoffs, désormais surnommé Cinderella Suns. Mené à la pause, Phoenix se met à défendre dur, à l’image d’Adams dominant dans la peinture avec 18 points et 20 rebonds. Barry est au régime forcé, scorant 6 points seulement en seconde période. Le verrou tient bon jusqu’au buzzer. A la surprise générale, les Suns l’emportent 96-86 pour atteindre les Finales NBA. Le duo Adams-McLeod vient de fermer les bouches de ceux qui doutaient de l’efficacité d’Alvan en point center. Pour le coach, « Il n’y a pas de joueur plus intelligent dans la ligue aujourd’hui » que son poulain. Quant à Oklahoma Kid, il savoure son moment de gloire :
C’est comme un rêve. Je n’arrête pas de penser que je vais me réveiller et que ce ne sera pas réel. D’abord, je ne m’attendais pas à beaucoup jouer cette année. Et puis, je suis devenu starter. Ensuite, j’ai été élu Rookie de l’Année, et maintenant je suis en finale. Je ne pensais pas qu’il était possible de réaliser un tel rêve.
Sur la dernière marche, Paul Westphal retrouve son ancienne équipe des Celtics. Encore un duel déséquilibré sur le papier, mais Alvan est habitué à mettre les bouchées doubles. Son opposition face à l’ancien MVP Dave Cowens le fait s’asseoir directement à la table des plus grands. Aux 26 points d’Adams, le pivot celte répond par un triple double dans le Game 1 (25-21-10). Un TD qui motive Alvan, de retour le couteau entre les dents. Il surclasse Cowens trois jours plus tard, mais ne peut éviter une nouvelle défaite. Mené 2-0, les Suns sont déjà sur un must-win game dans un Coliseum plein comme un œuf. Face à la pression, Adams dévore littéralement la concurrence : 33 points et 14 rebonds, record de playoffs en carrière et un Cowens rationné à 13 petits points. Il remet le couvert dans le Game 4 avec 20 points et 7 passes. Westphal se rappelle au bon souvenir des C’s (28 points et 9 assists) pour permettre aux Suns de revenir dans le short de Boston. A deux manches partout, le Game 5 est bien souvent décisif. Ce match à enjeu extrême entre dans l’Histoire comme « The Greatest Game Ever Played » une bataille épique en triple prolongation. Distancés de 22 points, Phoenix renaît de ses cendres dans le dernier quart-temps pour forcer l’overtime. Le reste appartient à la légende, un temps-mort de Paul Silas oublié, le terrain envahi par les fans alors qu’il restait une seconde au chrono suivi, un shoot égalisateur miraculeux de Gar Heard et un héros improbable, le shooteur celte Glenn McDonald, qui enquille 8 points dans la troisième prolongation. Cette fois, Alvan tombe sur un os. Vainqueur in extremis, Boston flingue le moral des Suns, incapables de réagir dans le Game 6.
ADAMS RESTE SUR SA FAIM

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Après cette première campagne plus que prometteuse, Adams se doit de confirmer. Statistiquement, c’est chose faite avec 18.0 points, 9.1 rebonds et 4.5 assists. Double A ajoute trois triple double dans son escarcelle, mais les blessures des titulaires Gar Heard et Curtis Perry sur la moitié de la saison privent les Suns de playoffs. En 1977, l’arrivée du rookie Walter Davis redistribue les cartes de l’attaque. Scoreur prolifique, Davis hérite d’un maximum de munitions. Et c’est principalement, Alvan, qui en paie le prix. D’un naturel altruiste, le pivot partage la gonfle en sacrifiant son scoring. Au lieu de flirter avec la vingtaine de points, Double A trouve son rythme de croisière autour des 15 unités. Une moyenne qu’il conserve pendant six saisons, le tout agrémenté de 8 rebonds et quasiment 5 caviars. Il faut attendre les playoffs 1979 pour revoir Phoenix dominant. Les Suns tamponnent leur premier bilan en 50 victoires et dégomment les Trailblazers puis les Kings. Retour en finale de conférence pour affronter Seattle. Depuis leur opposition en 1976, les Supersonics se sont renforcés avec le fameux trio Gus Williams, Dennis Johnson et Jack Sikma. Meilleur marqueur, rebondeur et passeur des Suns dans le Game 1, Alvan attaque la série tambour battant. Malheureusement, il se blesse à la cheville lors du troisième match. Du banc, il observe la défaite rageante 105-106 dans le Game 6, alors que l’équipe restait sur 16 victoires consécutives à domicile. Phoenix est passé à un shoot au buzzer de Gar Heard de retrouver les NBA Finals. Au courage, Adams réintègre l’équipe en serrant les dents pour l’ultime rencontre. Un chassé-croisé incessant ponctué par deux lancers francs clutchs de Sikma, 114 à 110. Qui sait ce qu’auraient fait ces Suns avec un Double A en bonne santé ?
A 24 ans, Alvan vient de laisser passer sa meilleure chance de titre. Au début des eighties, une nouvelle hiérarchie dans la Conférence Ouest se met en place, notamment avec la draft de Magic Johnson par les Lakers. Des Californiens qui deviennent alors les bourreaux des Suns. En 1980, la bande d’Alvan améliore encore son bilan pour passer à 55 victoires. Le premier tour contre les Kings est une mise en bouche pour Adams : 17.0 points, 15.0 rebonds et 6.0 passes de moyenne ! En revanche, la marche suivante contre Los Angeles est trop haute. Les Suns se vont manger à la sauce Showtime et Double A ne peut rien faire pour stopper Kareem Abdul-Jabbar. Un scénario qui se répète en 1982. Dennis Johnson a beau avoir remplacé Westphal sur le backcourt, les Suns calent en demi-finale contre les Lakers, sweepés sévèrement avec un écart moyen de 16 points. La campagne 1984 offre tous les ingrédients de l’épopée des Cinderella Suns. Avec un bilan tout juste à l’équilibre, Phoenix élimine tour à tour les Trailblazers et le Jazz sans l’avantage du terrain. De nouveau opposés aux Lakers, les Suns arrachent tout de même deux manches, dans un duel plus équilibré que lors des éditions précédentes. L’ultime confrontation entre les deux teams a lieu la saison suivante. A 30 ans passés, Alvan met une dernière fois le couvert en postseason avec 17.0 points, 5.7 rebonds et 3.7 assists. Une ligne de stats meilleure que son adversaire, Abdul-Jabbar, mais insuffisante pour éviter un nouveau coup de balai.
Redescendu dans le ventre mou de la Conférence, Phoenix ne parvient plus à accrocher les playoffs. Double A raccroche ses baskets en 1988 sur une saison insipide à 28 victoires. Dans le roster, cependant, on note la présence du rookie Kevin Johnson, point de départ d’une nouvelle période faste pour les Suns. Après treize saisons d’une fidélité sans faille à sa franchise, Alvan Adams laisse une trace indélébile sur les tablettes : leader au nombre de matchs (988) et de minutes (27.203) joués, meilleur rebondeur (6937) et intercepteur (1289). Fait incroyable pour un big man, il est également le troisième meilleur passeur all time des Suns avec plus de 4000 assists. En toute logique, Phoenix a mis les petits plats dans les grands, quelques mois seulement après sa retraite. La franchise retire son numéro 33 pour honorer sa longue carrière en interne. Un mariage qui continue depuis des années, puisque Alvan est resté dans la grande famille des Suns. Actuellement, vice-président des installations du Footprint Center de Phoenix, il se soucie du confort des joueurs et des fans dans la salle. Un rôle sur-mesure pour lui, qui aime par-dessus tout, la convivialité, que ce soit autour d’une table ou lors d’un match de basket. Un visage familier et respecté au sein de l’organisation pour avoir guidé les Suns vers leur première finale NBA. Un fait d’armes accompli lors d’une année rookie gargantuesque, mais qui a laissé les fans sur leur faim, ensuite :
Je n’ai jamais eu l’impression que ma saison rookie était un fardeau que j’ai porté tout au long de ma carrière, mais je me souviens avoir pensé qu’il n’y aurait très probablement plus jamais quelque chose comme ça, avec autant d’excitation. Après le Game 5 à Boston, je me rappelle avoir regardé les vétérans dans le vestiaire et m’être senti désolé pour eux, car pour certains il ne restait qu’un an ou deux à jouer. Je pensais que j’aurais beaucoup d’autres occasions de gagner le titre. Mais, en douze saisons passées à Phoenix, je ne suis jamais revenu en finale.

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SES STATS
SON PALMARES
- Stats NCAA : 23.4 points à 53,9% de réussite, 12.8 rebonds
- Stats NBA : 14.1 points à 49,8% de réussite, 7.0 rebonds et 4.1 assists
- Parade All-American Second Team (1972)
- All-Big Eight Conference First Team (1973, 1974, 1975)
- Big Eight Conference Player of the Year (1975)
- All-American Third Team (1975)
- Médaille d’or aux Championnats du Monde Universitaire (1973)
- Rookie of the Year (1976)
- All-Rookie First Team (1976)
- All Star (1976)
- Maillot retiré chez les Suns de Phoenix et les Sooners d’Oklahoma
SA CARRIERE EN IMAGES
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