1976 – Le premier succès en playoffs de Buffalo
NBA Playoffs
Depuis que Jack Ramsay a pris les rennes de la franchise en 1972 et la draft de Bob McAdoo, les Braves ont gravi les échelons pour devenir une équipe qui compte au sein de la ligue. Du moins, momentanément.
Léger retour en arrière pour expliquer brièvement l’évolution de la ligue sur cette petite portion du milieu des années 70. En 1974, la NBA comptait seulement dix-neuf franchises. Le premier tour de playoffs n’existait pas, on passait directement aux demi-finales en prenant les quatre meilleurs bilans de chaque conférence. Buffalo en faisait partie lors de cette saison 1973-74. La campagne suivante, une nouvelle écurie (New Orleans) était introduite pour équilibrer le total à vingt et le premier tour était donc instauré. Mais uniquement pour les équipes classées quatrièmes et cinquièmes de leur conférence respective. Encore une fois, les Braves sont exemptés de cette étape couperet. A chaque fois, ils ont poussé leurs adversaires victorieux au maximum de leurs possibilités. En 1974, Buffalo doit céder face au futur champion, Boston. Le duel John Havlicek/Bob McAdoo fait des étincelles. L’année suivante, ce sont les Bullets d’Elvin Hayes qui bataillent jusqu’au septième match décisif pour s’en sortir contre un McAdoo encore sur un nuage (37,4 pts – 13,4 rbs !).

Bob McAdoo, la nouvelle terreur du scoring. Crédit photo @Philly-what.com
Nous arrivons à la saison 1975-1976. Boston est le grand favori à l’Est malgré l’âge avancé des cadres. Washington est toujours dans le peloton et les surprenants Cavaliers se qualifient directement pour les demi-finales. Buffalo va devoir passer par le tour initial et tenter de remporter la première série de playoffs de sa jeune histoire (apparition en 1970). Même bilan de victoires en saison régulière que leurs adversaires, les 76ers. Avantage du terrain pour ces derniers. La formule de cette époque était 1-1-1. Qualification au meilleur des trois matchs. Dès l’entame, c’est déjà la panique à Philadelphia. Devant son public, les coéquipiers de George McGinnis se loupent dans les grandes largeurs. Maladroits, ils ne doivent leur résistance qu’à leur domination au rebond (57 à 40). Ce revers est aussi et surtout lié à la performance royale de Bob McAdoo (36 pts – 21 rbs). On touche du doigt la perfection. Cet intérieur longiligne réalise un début de carrière fantastique, sur le plan individuel notamment en alignant les cartons, match après match. Saison ou playoffs, même sanction. Il serait cependant malhonnête de laisser toute la gloire à un seul joueur.
Les Braves avaient d’autres atouts dans leurs manches. A commencer par le meneur Randy Smith, fidèle lieutenant de McAdoo. Toujours là pour l’épauler des deux côtés du parquet et pour distribuer les caviars. Il y a également l’ailier Jim McMillian, présent aussi depuis quelques années et enfin, le petit nouveau, John Shumate. Intérieur véloce, athlétique, bagarreur, la pièce manquante du puzzle. Échangé au cours de la saison contre Gar Heard à Phoenix (ce même joueur qui lors la prochaine finale rentrera le shoot de l’impossible à Boston), Shumate redonne un peps qui est le bienvenu dans la raquette. Après avoir manqué entièrement sa première saison professionnelle car gravement malade (il avait des caillots de sang dans les poumons), il est revenu avec une motivation décuplée pour en découdre avec ses adversaires.

Doug Collins qui réalise l’action du match.
Les 76ers n’ont pas encore Julius Erving dans leurs rangs. L’ABA arrive à son terme et le « Doctor » est attendu pour l’année suivante. En attendant, il va falloir cravacher un peu et l’effectif est composé de sérieux candidats. L’arrière Doug Collins, excellent attaquant et l’un des joueurs les plus rapides du circuit. Le meneur Fred Carter, souvent un peu plus attiré par le shoot que pour refiler la balle à ses coéquipiers. Le papa de Kobe, Joe Bryant, un atout en sortie de banc. Un rookie prometteur qui explosera quelques saisons plus tard en changeant de club, World B.Free. Ainsi que deux gaillards qui sont là pour les sales besognes. Steve Mix, le rugueux et le bondissant Harvey Catchings.
Tout ce joli petit monde va remettre un peu d’ordre sur les terres de Buffalo. Mc Adoo est éteint, McGinnis est tout feu tout flamme (34 pts – 11 rbs). Un large succès (131-106) qui donne peu d’espoir aux Braves, obligés de s’accrocher à un petit miracle en retournant au Spectrum de Phila pour la partie décisive. On pouvait croire que le revers cinglant à la maison allait entacher le moral des troupes, c’était sous-estimer le pouvoir du Dr Ramsay. Pour remonter les pendules, il n’est pas le dernier. Il y avait pourtant de quoi baisser les bras. Au G2, Shumate a pris le coude de son coéquipier McMillian au dessus de l’arcade sourcilière. Un coup qui l’avait mis KO puis terminus à l’hôpital avec une commotion cérébrale. Sur son lit complètement lessivé, il reçoit la visite de McAdoo et Ramsay.
« Ils m’ont dit qu’ils avaient besoin de moi. Bob était même prêt à me sortir de là. Cela m’a requinqué moralement. Les gens me disaient que c’était vraiment risquer ma carrière pour un seul match. Mes parents ont prié Dieu pour qu’il prenne soin de moi. J’ai moi même demandé à Dieu la force d’y arriver. »
Plus qu’incertain pour le match décisif, il revient avec le couteau entre les dents et un beau pansement au dessus de l’œil. L’après midi, il avait encore du mal à garder l’équilibre pour marcher. Première action du gamin ? Une envie d’en découdre avec Steve Mix après une bataille au rebond un peu houleuse. Peur de rien, il met les choses au clair. Ce soir, je vais tout donner, quitte à envoyer quelques patates pour me faire respecter ! La rencontre est disputée, les 76ers vont prendre une avance de dix points jusqu’au troisième QT. Buffalo se remet à défendre férocement tout en recollant au score sur les exploits de McAdoo, inarrêtable sur ses tirs à mi-distance, ainsi que l’apport précieux de ses coéquipiers, le triplé gagnant Smith/McMillian/Shumate. Les Braves ont cette fois la main mise.
C’est au tour de Phila de réaliser son petit tour de magie. Jeu rapide, on cadenasse l’accès au panier et ça égalise sur un tir de Collins à 109 partout. Quarante secondes à jouer. Possession suivante, Shumate rentre son tir en poussant son défenseur, faute offensive ! Coach Ramsay fait vibrer les tympans du corps arbitral. Fred Carter temporise et joue sa partition solo, ficelle à mi-distance ! Les 76ers sont devant, six secondes au compteur ! Mc Adoo se jette dans la marée pour un tir forcé, mais il continue de suivre et arrache le rebond offensif en provoquant la faute, à la limite litigieuse. Les fans le huent et secouent le panier pour le déstabiliser ! Une image incroyable et qui ne fait aucun effet à la star de Buffalo, 2/2 aux lancers, prolongation !

George McGinnis dans les airs.
La session supplémentaire démarre à peine que McMillian sort pour six fautes. Au passage, Doug Collins lui tape dans le main avec respect, une belle image pour les deux adversaires. Les fautes se succèdent, McAdoo se se retrouve de nouveau sur la ligne. Un fan s’amuse encore à faire trembler le support. Ramsay le signale et le jeune homme est expulsé ! Mieux vaut rire de cette situation ubuesque. La rencontre se termine donc sur des lancers d’un côté comme de l’autre et au buzzer, c’est bien Buffalo qui en sort vainqueur, 124-123. Deuxième victoire sur le terrain des 76ers, improbable. Shumate conclut avec un double-double (23 pts – 10 rbs), même chose pour Randy Smith (27 pts – 11 asts) et Bob McAdoo a sorti le grand jeu: 34 points et…22 rebonds ! Quelques semaines plus tard, les Braves se feront sortir par les Celtics, 4-2. Une élimination qui sonne déjà la fin d’une courte période dans cette franchise.
Jack Ramsay part au cours de l’été et signe pour Portland. La Blazermania en sortira gagnant en remportant le titre en 1977, l’un des plus grands upsets de l’histoire de la NBA. Bob Mc Adoo est transféré en 1977 à New York où il continue de scorer sans fléchir. Les blessures le ralentissent tout en continuant de jouer pour des équipes de bas de tableau. La délivrance viendra en 1981 en devenant un joker pour Pat Riley et les Lakers de Magic/Jabbar. Les Braves déménagent à San Diego en 1978 puis devient l’équipe Bis de Los Angeles en 1984. Ils ne retrouveront les playoffs qu’en 1992 sous les ordres de Larry Brown avec Danny Manning, Ron Harper et Charles Smith. Il faudra attendre 2006 (Elton Brand, Sam Cassell, Chris Kaman) pour voir enfin les Clippers remporter une série de playoffs, soit trente ans après les Braves !
Le match complet est à retrouver ici.
LE SUPERBE MOVE DE DOUG COLLINS
Crédits: Clipsnation.com/Fromwaydowntown/NBA.Com/Basketball-Référence
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