Mondial féminin 2006 – L’exploit majuscule de la Russie face aux USA
Coupe du monde

Montage Une : Laurent Rullier pour Basket Rétro
Ce 21 septembre 2006, le public très clairsemé du Ginásio Ibirapuera de Sao Paulo ne s'y est pas trompé. En restant jusqu'au bout dans cette avant-dernière journée du mondial, les spectateurs ont eu l'occasion d'assister à l'un des plus grands matches féminins de ce début de 21e siècle. Retour sur ce choc qui nous rappelle avec nostalgie que les rencontres USA-URSS furent longtemps un sommet du basket féminin mondial.
LES USA ON LA COTE

© FIBA
Grande favorite de cette demi-finale, c’est bien l’équipe des États-Unis que l’on pouvait qualifier cette année-là de Red Army. Triple championnes du Monde en titre, les Nord-Américaines restaient sur deux impressionnantes séries de victoires : 26 matches remportés consécutivement en phase finale du Championnat du Monde. Cette série monte même à 50 (!) victoires si l’on inclut le tournoi olympique.
Même privée de deux pièces maîtresses des campagnes précédentes (Lisa Leslie et Dawn Staley), l’équipe coachée par Anne Donovan avait réussi un début de tournoi quasi-parfait avec 7 victoires, toutes avec au minimum dix points d’écart. Du côté des coéquipières d’Ilona Korstine, ce fut beaucoup plus laborieux avec trois défaites (République tchèque, France et… États-Unis), puis un quart de finale très compliqué face à l’Espagne (60-56).
Voici la vidéo de cette rencontre avec les commentaires dans la langue de Fiodor Dostoïevski (*). N’en lisez pas tout de suite le compte-rendu ci-dessous si vous voulez éviter qu’on vous divulgâche (**) ce match. 🙂
UN DÉBUT DE MATCH TONITRUANT
Après l’entre-deux initial, La défense agressive made in USA muselle la première attaque russe. Sur l’action suivante, Diana Taurasi, meilleure scoreuse de WNBA, se fend d’un tir primé (3-0, 1re). Voilà que les observateurs se mettent à craindre un match à sens unique. C’est sans compter la ténacité russe. La rencontre part sur des bases offensives gigantesques : au bout de trois minutes, 20 points ont été inscrits par les deux équipes tandis que les Russes ont fait un petit break (13-7). Les coéquipières de Maria Stepanova prennent la main sur match et accroissent leur avance pour terminer à 25-13 à la fin du premier quart-temps.
Le petit break semble faire du bien à la Team USA. Sue Bird éclaire le jeu américain d’une passe laser vers Candace Parker (25-17, 11e). La résistance russe s’organise mais les coéquipières de Sheryl Swoopes grignotent leur retard pour revenir à 3 petits points grâce à Tina Thompson (30-27, 17e). Les Russes reprennent cependant le large à la fin de la mi-temps (37-29, 19e). Mais Taurasi sauve les meubles d’un maître tir à trois points à 5 secondes du buzzer (37-32).
LES USA KO DEBOUT
L’entame de la seconde mi-temps tourne à la catastrophe pour Team USA qui bafouille totalement son basket : 6 fautes, 6 possession perdues et un 12-0 encaissé (49-32) en à peine 4 minutes. Les premiers points étasuniens n’arriveront qu’après cinq minutes de jeu grâce à un tir primé de Taurasi (encore elle). Anne Donovan semble totalement incrédule par le jeu pratiqué par son équipe, d’autant plus lorsque Candace Parker récupère avec autorité le rebond d’un lancer franc russe manqué pour faire un passe à… Natalya Vodopyanova qui n’en demandait pas tant. La quart-temps se termine sur le score irréel de 55-35 pour la Russie. Le tenant du titre est dans les cordes.
LA FOLLE REMONTÉE AMÉRICAINE
Mais Tamika Catchings et ses coéquipières font leur retour sur le parquet avec la ferme intention de repousser le déclin de l’empire américain. Elles mettent bien plus d’intensité défensive et reviennent à 11 points après 3m30s de jeu. Dans le même temps, les Russes ont déjà atteint leur 5e faute. Au moment même où l’on sent possible une « remontada », Oxana Rakhmatulina se met en évidence avec deux paniers d’affilée qui redonnent de l’air à la Russie (64-51). Puis la défense de feu nord-américaine reprend le dessus. A 45s de la sirène, il n’y a plus que cinq petit points d’écart (73-68).
Rakhmatulina se voit alors offrir deux lancers francs, mais les manque. Sur l’attaque suivante, les Russes remontent le rideau de fer pour empêcher un tir bonifié des États-Unis. La responsabilité du tir échoie finalement à Parker dans la raquette, mais la balle rebondit sur le cercle avant d’arriver dans les mains de Korstine qui subit une faute, obtient et convertit deux nouveaux lancers. Le match est plié (75-68) et Team USA subit sa première – et toujours seule défaite au moment où j’écris ces lignes – dans un tournoi mondial majeur au 21e siècle.
ÉPILOGUE
Exténuées par cet exploit (4 joueuses russes auront disputé au moins 30 minutes), les Russes se feront cueillir deux jours plus tard en finale par l’Australie de Lauren Jackson (91-74). Quand aux Étasuniennes, elles sauront trouver la motivation pour découper en carpaccio l’hôte brésilien (99-59) et se consoler tant bien que mal avec une médaille de bronze.

© USA Basketball
(*) Si vous vous demandez dans quelle équipe il joue, vous avez gagné un cours de littérature russe.
(**) Merveilleux néologisme né de l’imagination débridée des Québecois.
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