[Infographie] Eurobasket 1951- 1981, l’ère des Rouges
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La « Guerre froide » ! L’Est contre l’Ouest avec un mur au centre. Que ce soit sur le terrain social, culturel ou sportif, chaque événement international est propice à un affrontement où l’on doit sortir vainqueur pour démontrer aux masses laborieuses qu’on est le plus fort, le plus doué, le meilleur. L’Europe du basket est l’un de ces champs de bataille idéologiques parmi d’autres. Entre 1950 et 1981, c’est pour les occidentaux un massacre, une véritable Bérézina. Ils n’y a rien à faire contre les Armées Rouges.
Il n’y a que sur les places du marché de la « Ceinture Rouge » qui encercle Paris qu’on se réjouit des résultats des championnats d’Europe de basket durant les « 30 Glorieuses ». On y délaisse momentanément l’Huma pour l’Equipe, histoire de montrer aux « Camarades » déjà acquis à la « Cause » que le communisme sait produire de grands et beaux champions dévoués au collectif. Par contre sur les larges trottoirs des avenues bourgeoises, on fustige l’amateurisme bidon de ces militaires en survêtements dopés par des docteurs Mabuse. Le fait est ! Les « Rouges » dominent outrageusement ! Pas seulement les Soviétiques qui ne perdent qu’un match entre 1959 et 1971 sur les parquets européens, mais aussi les Tchécoslovaques, les Hongrois, les Polonais, les Bulgares… Ils sont plus grands, le doigt sur la couture du short ils appliquent à la lettre les consignes simples mais efficaces de l’entraîneur et à la fin ils gagnent, que ce soit contre la France, l’Espagne ou l’Italie.
Une nation parvient pourtant à troubler l’hégémonie de l’ogre soviétique et de ses satellites du Pacte de Varsovie. Certes, c’est également une « démocratie populaire », mais elle n’en demeure pas moins aux yeux de Moscou le vilain petit canard de l’Internationale Socialiste : la Yougoslavie de Tito. Elle émerge dans les années 60 et devient le seul rival de l’URSS la décennie suivante. Pourtant en 1971, à Essen en « Allemagne de l’Ouest », l’Italie de Meneghin et du jeune Marzorati parvient à se hisser sur la dernière marche d’un podium que seule la France avait pu visiter depuis vingt ans. Deux ans plus tard à domicile, l’Espagne de Wayne Brabender et Clifford Luyck se permet même de toiser l’Union Sovétique de la deuxième marche. Wayne Bradender ? Clifford Luyck ? Ça ne sonne pas très ibère comme noms. On peste dans les cellules de quartier d’Ivry-sur-Seine : sûrement des agents de la CIA envoyés pour aider les Franquistes honnis. En 1979, Israël, ce valet de Washington, devient la quatrième nation occidentale à perturber l’ordonnancement socialiste. L’Ouest n’a jamais pu enlever le Graal Européen, mais l’imposante statue du basketteur bolchévique commence à se fissurer.
Elle perd un bras en 1983 quand l’Italie triomphe à Nantes, puis un deuxième à Athènes en 1987 où l’URSS privée de Sabonis échoue en finale à deux points du pays hôte sublimé par Nick Gallis. Zagreb, le 25 juin 1989, le drapeau rouge à la faucille et au marteau s’élève une dernière fois au-dessus d’un podium, légèrement en dessous de celui de la Yougoslavie et de la Grèce.
Six mois plus tard, des coups de pioches s’abattent sur un mur à Berlin. Les Lituaniens ne vont pas tarder à nous rappeler qu’ils jouaient au Basket avant les Soviétiques et les Tchèques devront désormais faire sans les Slovaques. Deux ans et deux jours après le triomphe yougoslave « à domicile », des coups de feu éclatent dans les faubourgs de Brnik… On apprend les mots « Slovène », « Croate », « Serbe »… Pour nous c’étaient les Yougos !
Montage Une : Laurent Rullier
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