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[Portrait] Vassilis Spanoulis, Le « Dragster » du Pirée

Portrait

Montage Une : Laurent Rullier pour Basket Rétro

Une nouvelle saison de basket s’est achevée en Grèce avec la victoire, en finale de playoffs, de l’Olympiacos sur le grand rival du Panathinaïkos (3-0). L’occasion est donc toute trouvée de rendre hommage à un joueur qui a marqué les deux clubs ennemis grecs. Un certain Vassilis Spanoulis, le pistolero et l’homme de tous les records.

DÉBUT A LARISSA, MONTEE EN PUISSANCE ET DEPART AU « PANA »

Le basket grec a toujours produit d’innombrables joueurs de talents depuis une trentaine d’années. De Níkos Gális, le « serial-marqueur » des années 80 et qui a fait rêver de nombreux supporters grecs avec ses exploits à répétition à Panagiotis Giannakis, meneur et coéquipier du précédent. Ces deux-là furent les modèles pour toute une génération à être mis en avant avec, en point d’orgue, leur victoire à domicile lors de l’Eurobasket 1987. En passant, aujourd’hui, par le puissant et complet Giánnis Antetokoúnmpo, Champion NBA en 2021 avec les Bucks de Milwaukee, symbole d’un basket national et international se renouvelant chaque saison. Pour autant, il ne faut pas oublier les « Trois Mousquetaires », désormais retirés des parquets et tout aussi géniaux et diaboliques. Theodoros Papaloukas (sept saisons au CSKA Moscou et qui a arrêté sa carrière en 2013), le meneur « old school » et nonchalant mais à la vision du jeu exceptionnelle et aux passes millimétrées, Dimitris Diamantídis (douze saisons au « Pana » et qui a raccroché en 2016), spécialiste des tirs « assassins » en extension avec son bras gauche aussi létal que déroutant.

Vassilis Spanoulis, une légende de l’Euroleague (Crédit photo : News Basket Beafrika)

Et enfin, « last but not least », le dernier homme de ce triumvirat, tout frais retraité (en 2021), Vassilis Spanoulis. Si chacun de ces joueurs a été le digne représentant de son club, la carrière de Spanoulis relève d’une double particularité. Avoir évolué à haut niveau chez les deux frères ennemis grecs : le Panathinaïkos (quatre saisons) et l’Olympiacos (onze saisons) et avoir été un joueur majeur et dominant au sein de ces deux titans, à parts égales. Dès lors, à quelle place situer dans le cœur des supporters grecs, ce joueur capable de supporter une pression monstre et dont la carrière s’est étirée sur plus de 20 ans ?

Spanoulis à Larissa, époque chevelue (Crédit photo : Youtube)

Pour Vassilis Spanoulis, né en 1982, tout commence à Larissa, ville située au nord d’Athènes et à quatre heures de route de la capitale. Ville de taille moyenne (150000 habitants) mais qui a la particularité d’avoir fourni un haut contingent de sportifs grecs dont Spanoulis est la figure de proue la plus célèbre. Dès lors, pour ce dernier, la voie à suivre est toute tracée. Direction, à 17 ans, vers le club local au nom si américain : le Gymnastikos S. Larissas B.C. Si ce club n’a pas fait parler de lui à travers l’histoire du basket pour ses résultats, il peut s’enorgueillir d’avoir accueilli au cours de son histoire quelques personnalités parmi les plus éminentes du basket grec. Parmi celles-ci, la légende du coaching national, Giannis Ioannidis, douze fois vainqueur du championnat avec notamment un certain Níkos Gális comme joueur dont six fois d’affilée entre 1985 et 1990 avec l’Aris Salonique. Et qui a coaché le club de Larissa entre deux titres au début des années 1980. Toujours du côté de l’Aris, citons le pivot portoricain José Ortiz, vainqueur de la Coupe Koraç avec le club de Salonique en 1997 et qui a évolué à Larissa au mitan des années 1990. Le pivot NBA James Donaldson passé par Seattle, Dallas ou encore New York et qui finira sa carrière en Thessalie (région de Larissa) en 1999, année des débuts d’un certain… Vassilis Spanoulis. Pour ce dernier toutefois, pas le temps d’attendre puisqu’il fait ses premiers pas dans l’équipe et surtout en équipe nationale grecque assez rapidement.

Jeune certes mais déjà talentueux puisque le jeune Vassilis réussit la gageure de glaner sa première médaille lors d’une compétition internationale et pas n’importe laquelle. Plus précisément avec les moins de 18 ans lors d’un tournoi qui sonne merveilleusement doux pour les oreilles des suiveurs du basket français. A Zadar, en Croatie, en 2000, tandis que la France du basket découvre une bande de gamins en or autour de la star montante, un certain Tony Parker accompagné de Mickael Pietrus, Boris Diaw ou encore Ronny Turiaf lors dudit tournoi, Spanoulis et ses partenaires s’offrent la médaille de bronze face à l’Italie. Sur l’ensemble de la compétition, le Grec termine même troisième meilleur marqueur de sa sélection (10 points de moyenne) et premier en termes de passes décisives (8) avec son futur partenaire en sélection A, Níkos Zísis.  Dès lors, à partir de la saison 2001-2002, Vassilis Spanoulis commence à se faire une petite renommée au pays et se rapproche tout doucement du centre de décision du basket grec : Athènes. Plus précisément à Maroussi, dans la grande banlieue de la capitale grecque.

Avec Maroussi, pas de souci (Crédit photo : Euroleague.net)

Un club taillé sur mesure pour un début de carrière bondissant où durant quatre saisons, Vassilis Spanoulis va continuer à se bonifier et à ajouter toujours plus de cordes à son arc. Avec une panoplie toujours plus importante chaque année, sa première saison en 2001-2002 est donc à classer dans celle de l’apprentissage (douze rencontres disputées et près de cinq points de moyenne) dans un effectif où il fait figure de plus jeune joueur. Mais tout se met en place progressivement à partir de la saison suivante durant laquelle Spanoulis dispute le double de rencontres (26) et finit quatrième meilleur marqueur derrière quelques solides gaillards. L’ancien havrais, le pivot américain Kenyon Jones, l’arrière de Purdue, Jimmy Oliver dont la carrière se résume à des voyages incessants mais qui trouve sa plénitude à Maroussi (il y reste trois saisons, son record en carrière) et l’ailier Norman Nolan. Spanoulis finit même meilleur passeur de son équipe avec trois passes de moyenne. Pas mal pour un débutant de 20 ans derrière ces vieux briscards !! Surtout que Maroussi termine sixième du championnat et se fera éliminer en quart de finale face à l’Olympiacos (2-1) de l’actuel entraîneur dijonnais, Nenad Marković. Malgré 13 points de Spanoulis et surtout 40 minutes jouées, preuve de sa nouvelle importance au sein de l’effectif de Maroussi. La saison 2003-2004 est encore plus marquante pour le meneur avec des statistiques en hausse partout : 10 points de moyenne pour finir troisième meilleur marqueur, 2 rebonds et 3 passes décisives, un rôle grandissant, une deuxième place en championnat et, pour finir, une finale perdue face au « Pana » (3-0). Bien aidé également avec deux Américains, le meneur Roderick Blakney et l’ailier fort Andre Hutson, meilleurs artificiers du club. La dernière saison, en 2004-2005 est du même acabit pour Spanoulis, et même davantage puisqu’il termine la saison avec 15 points, 2 rebonds et 4 passes en moyenne.

Avec le Panathinaïkos, le début de la gloire (Crédit photo : Euroleague.net)

Maroussi confirme également son statut de poil à gratter en finissant deuxième derrière le Panathinaïkos du Serbe Željko Obradović avec une demi-finale perdue face à l’AEK Athènes (1-3). Aujourd’hui encore pour l’anecdote, la moyenne de points marqués par Spanoulis reste d’actualité puisque le meneur grec, avec ses 15 points de moyenne a, lors de cette saison, tout renverser sur son passage à Maroussi. Ce qui est donc aujourd’hui son record de points personnels sur une saison entière. Dès lors, après quatre saisons à s’adapter, se développer, évoluer et prendre le jeu à son compte, l’heure du départ sonne pour le numéro 10 chevelu de l’époque. Ses bonnes performances ne passant pas inaperçues, direction Athènes, cette fois, pour l’arrivée en fanfare d’un joueur qui va performer sous l’œil, les consignes et la science du jeu de coach « Obra ». Un sacré bond en avant pour le bonhomme découvre les joies des effectifs pléthoriques.

AVEC LE « DIAMANT » ET COACH « OBRA », ALLER-RETOUR EXPRESS A HOUSTON

A 23 ans, Vassilis Spanoulis franchi donc le pas et arrive au sein d’un effectif aussi complet en qualité que profond en quantité. Lors de la saison 2005-2006, le « Pana » dispose en effet d’une petite quinzaine de joueurs aux CV aussi épais que l’annuaire téléphonique. Pêle-mêle : le meneur gaucher slovène Jaka Lakovič, le pivot US et fidèle au poste (dix saisons durant sa carrière au « Pana ») Mike Batiste, le pivot serbe Dejan Tomašević, son compatriote (aujourd’hui Monténégrin), Vlado Šćepanović, champion du monde en 1998 et d’Europe en 2001 avec la… Yougoslavie. Sans compter l’ailier-fort serbo-grec Dušan Šakota, le pivot allemand Patrick Femerling et une bonne partie de la sélection nationale grecque avec : Kóstas Tsartsarís, Níkos Chatzivréttas, le « diamant » Diamantídis, Dimítrios Papanikoláou, ancien de « l’Oly », Georgios Kalaitzis et le capitaine au long cours (dix-neuf saisons au « Pana ») et arrière Fragiskos Alvertis. Une équipe taillée pour le combat, avec un entraîneur expérimenté et dont la volonté est de tout remporter sur son passage. Dans ces conditions, le fait d’arriver dans une telle armada aurait pu inhiber Spanoulis mais l’inverse se produit. Ce dernier se fond en effet dans le collectif « vert » tel un poisson dans l’eau et son plan de carrière se « déroule sans accroc » ainsi que pour le Panathinaïkos lors de cette saison. Sur le plan personnel, Spanoulis fini meilleur marqueur avec Lakovič et Batiste (comme pour les élections, tout se joue sur la virgule : 11 points de moyenne pour Spanoulis, 11,1 pour le pivot américain et 11,3 pour le Slovène) et termine co-meilleur passeur avec son compatriote Diamantídis (3,5 chacun). Sur le plan collectif, rien à redire. En effet, les coéquipiers de Batiste font un beau doublé avec le gain du championnat face au rival honni de l’Olympiacos, deux manches à une. En glanant aussi une coupe de Grèce, face à l’ancien club de Spanoulis, le Maroussi de Roderick Blakney. Plus compliqué cependant en Euroligue malgré un parcours honorable mais le Tau Ceramica (aujourd’hui Saski Baskonia) passe par là avec son duo argentin Luis Scola et Pablo Prigioni. Défaite des Grecs en quart de finale deux manches à une face aux Basques.

L’essentiel est ailleurs et c’est donc une étape importante passée par Vassilis Spanoulis au sein de ce mastodonte du basket européen dominant et dans un effectif où il a pu montrer toute l’étendue de son talent. En devenant un joueur majeur et en assimilant le fait de pouvoir faire jouer autant d’individualités en équipe comme son poste de meneur le demande. Une sorte d’intelligence collective également entre joueurs de bonnes compositions avec notamment Diamantídis, capable de prendre le jeu à son compte et qui a démontré que Spanoulis était un joueur d’équipe. Une bonne nouvelle enfin pour le coach de la sélection grecque, un certain Panagiotis Giannakis, pas mécontent des performances de ses têtes d’affiches.

Avec les Rockets, trop de difficultés (Crédit photo : Chron.com)

Dès lors, après avoir été fait roi chez lui, Spanoulis, à 24 ans, se trouve à un carrefour de sa carrière. Continuer en Europe sur sa lancée ou bien aller voir si la NBA ne serait pas une herbe plus verte et pas seulement en dollars ? Il se décide finalement à franchir le pas ou le Rubicon, c’est selon, en allant tenter sa chance aux États-Unis. Direction, lors de la saison 2006-2007, les Houston Rockets, après un bref passage lors de la Draft par les Mavericks. Mais, malgré tout le talent du bonhomme, en arrivant au Texas, le meneur grec se trouve dans une équipe dominée de la tête et des épaules par le pivot chinois Yao Ming et l’arrière « All-Star » Tracy McGrady. Dans ces conditions, avec le statut de « Rookie » et la présence de quelques joueurs aux carrières bien remplies, Vassilis 1er déchante. Dans un effectif composé notamment de Rafer Alston, Juwan Howard, Shane Battier, Bonzi Wells et l’octuple All-Star Dikembe Mutombo, 40 ans à l’époque, et entraîné par Jeff Van Gundy, l’adaptation est rude. Dès lors, avec toute cette nouvelle concurrence, pour Spanoulis, la saison ressemble davantage est un chemin de croix et s’assimile à celle des joueurs européens qui se retrouvent dans une impasse. Au sein de franchises qui ne comptent pas vraiment sur eux par manque de volonté, de moyens ou pour ne pas froisser les égos. A l’instar de joueurs stars sur le Vieux continent (Sasha Djordjevic, Antoine Rigaudeau…), le Grec ne va jouer qu’une petite trentaine de rencontres avec 2,7 points de moyenne seulement. Et des miettes en termes de temps de jeu. Pas infâme ni infamant pour un début mais pas suffisant non plus pour un joueur de son calibre. Les Rockets se faisant également éliminés en playoffs par le Jazz (4-3) dès le premier tour, l’histoire se complique grandement pour le Grec en NBA. Néanmoins, cet épisode a finalement permis à Spanoulis d’avoir participé aux joies des 82 rencontres de saison régulière dans des franchises habituées à jouer à un rythme effréné. Une expérience de s’être frottée à la crème de la crème du basket. Dans ces conditions et tel le compétiteur qu’il a toujours aidé, plutôt que faire banquette et avide de pouvoir rejouer rapidement, quoi de mieux que de revenir en Europe ? C’est fait à peine une saison plus tard, avec un retour à Athènes.

RETOUR AU « PANA », DÉPART VERS… « L’OLY », MOISSON DE TITRES ET LEADER DU JEU

Un come-back est toujours difficile pour un joueur surtout lorsque celui-ci revient une saison après dans le même club. Mais, pour Spanoulis, pas le temps de tergiverser et l’accueil du Panathinaïkos démontre toute l’importance prise par le meneur. Lors de la saison 2007-2008, le club s’est encore une fois renforcée avec quelques joueurs tout aussi expérimentés et aux CV bien garnis. Citons le bouillant meneur lituanien Šarūnas Jasikevičius, le pivot croate Andrija Žižić, le meneur slovène Sani Bečirovič, l’ailier grec Strátos Perpéroglou et enfin le pivot grec Dímos Dikoúdis. Du lourd, une nouvelle fois et pour Spanoulis, les bonnes vieilles habitudes reviennent rapidement sur le plan national. Copie conforme de la saison 2005-2006 avec un championnat remporté haut la main en éliminant, au passage, Larissa en quart de finale de playoffs et une finale dantesque face au rival du Pirée (victoire 3-2). Coupe de Grèce également et, une nouvelle fois, une élimination précoce en Euroligue, cette fois lors du Top 16 derrière le Montepaschi Siena et le Partizan Belgrade. Deuxième championnat donc pour Spanoulis qui commence à garnir son armoire à trophée. Meilleur marqueur également de l’équipe avec 12 points de moyenne et passeur, avec 4,8 offrandes. Mais, la saison qui arrive va bousculer ce petit train-train avec une belle cerise sur le gâteau grec.

Miloš Teodosić, le meilleur « sparring-partner » de Spanoulis (Crédit photo : http://thehoop.blogspot.com)

Pour le championnat, pas de changement puisque le Panathinaïkos depuis 2002 et jusqu’en 2011 les remporte tous sans coup férir. La coupe de Grèce, itou avec un embargo sur le trophée depuis la saison 2004-2005. La grande nouveauté est le gain de l’Euroligue par le club avec l’apport considérable, outre « Saras » et Batiste de l’ancien pivot du Partizan, Nikola Peković. Ce qui a pour conséquence de faire baisser un peu la production de Spanoulis sur le front de l’attaque (10 points de moyenne) mais qu’à cela ne tienne. Malgré un parcours semé d’embûches mais enjambé puisque les Grecs éliminent Siena trois manches à une en quart de finale et se retrouvent face à l’Olympiacos en demi. Un suspense haletant et un final au couteau pour une victoire 84-82 du « Pana » derrière les 20 points de Peković. En finale, l’adversaire n’est autre qu’un autre habitué avec le CSKA Moscou. Là encore, face à JR Holden, Ramūnas Šiškauskas et Trajan Langdon, Spanoulis et les siens suent mais remportent la mise 73-71. Avec 13 points, le meneur grec contribue grandement à la victoire des siens et décroche son premier trophée européen. Une saison faste avec, en prime, le titre honorifique de MVP de la finale pour Spanoulis et un cinquième titre européen pour le « Pana ». Dès lors, Vassilis Spanoulis entame en 2009-2010 sa dernière saison avec les « Verts » et l’hégémonie du « Pana » commence à vaciller en parallèle. Pas en championnat puisque les hommes de coach « Obra » accueillent du muscle dans la raquette avec Drew Nicholas et Marcus Haislip en compagnie du meneur Nick Calathes et survolent la ligue. 35 rencontres disputées, deux petites défaites, une en championnat (sur 26 parties disputées) et une autre, en finale, face à l’Olympiacos pour l’obtention du titre (3-1 au final). Mais la coupe de Grèce repart huit ans après chez les rivaux de « l’Oly ». Si Spanoulis est toujours aussi incisif avec 11 points de moyenne, l’équipe ne tourne plus vraiment autour de lui. Entre Jasikevičius, Diamantídis et Nicholas, le « clutch time » n’est plus pour le meneur grec. D’autant que le Panathinaïkos est éliminé dans le Top 16, en Euroligue en même temps que… Maroussi.

Où est Vassilis? (Crédit photo : Basket Retro)

Dès lors, le chapitre de gloire de Spanoulis avec le « PAO » se referme tout doucement et à 28 ans, le Grec est à un autre carrefour de sa carrière. Où rebondir ? La question ne se pose pas longtemps puisque ce bon Vassilis rejoint le rival honni et enfile la tunique rouge de… l’Olympiacos à partir de la saison 2010-2011 pour ne plus la quitter ensuite. Un deal gagnant-gagnant pour un joueur qui reste au pays et obtient les clés du camion du Pirée. En compagnie de quelques pépites tout aussi brillantes que dans son ancien club, le Grec rejoint donc une nouvelle fois le « Who’s Who » du basket européen. Si la bascule est toujours difficile avec le club et les supporteurs rivaux, Spanoulis n’en a cure. Dans son nouveau club, il peut compter sur quelques têtes d’affiche telles que son compère de la sélection Theodoros Papaloukas, le génie serbe Miloš Teodosić et ses compatriotes, l’ailier-fort Zoran Erceg et l’ailier Marko Kešelj, l’arrière israélien Yotam Halperin, le pivot slovène, champion NBA avec les Spurs de Tony Parker en 2005, Radoslav Nesterović et les Grecs, le pivot Ioánnis Bouroúsis et deux Kostas gauchers, le meneur Sloukas et l’ailier Papanikoláou. Dès lors, cette saison 2010-2011 est un renversement de vapeur en Grèce puisque l’Olympiacos de Spanoulis remporte tout sur son passage. En championnat, 26 rencontres sans défaite jusqu’en finale où les « Rouges » se font maîtriser par leurs rivaux historiques trois manches à une. L’Olympiacos se console donc avec une coupe de Grèce, la seconde d’affilée après 2010 et la quatrième et dernière pour Spanoulis avec un quart de finale d’Euroligue, pour finir éliminés une nouvelle fois par Siena (3-1).

Un gagnant en action face au CSKA (Crédit photo : News Basket Beafrika)

Après un début « bling-bling », la saison suivante est un peu moins clinquante en termes de joueurs puisque Teodosić et Papaloukas quittent le navire grec (CSKA pour le Serbe et Maccabi puis CSKA pour l’Athénien). Des joueurs plus besogneux ou moins clinquants de prime à bord arrivent tels que le pivot Kyle Hines, 1m98 seulement sous la toise mais diablement efficace au rebond en face des golgoths d’Euroligue. Joey Dorsey un musculeux pivot US ainsi que le rugueux et homme à tout faire macédonien, Pero Antić. Sans compter sur un ailier-fort grec prometteur et de grand talent, Georgios Príntezis le multi-tatoué. Pour Spanoulis, c’est finalement une configuration idéale avec en prime, l’arrivée sur le banc du regretté Dušan Ivković. Sous la houlette du magicien serbe, l’Olympiacos joue littéralement pour Spanoulis. Toute l’équipe tournant désormais autour du meneur grec, ce qui, pour la première fois de sa carrière lui faire endosser à tous points de vue le poids des responsabilités sur ses épaules. Entourés de Sloukas à la mène, de Príntezis, Hines et Dorsey dans la peinture, cette petite bande physique atomise tout sur son passage. En championnat, une défaite en saison régulière seulement, une première place devant le « Pana » et une finale remportée trois manches à deux face à la même équipe. Mais surtout, le quart d’heure de gloire intervient en finale d’Euroligue dans la salle Sinan Erdem, à Istanbul, face au CSKA Moscou de Teodosić. Avant cela, petite « vengeance » personnelle pour Spanoulis et son équipe qui éliminent en quart de finale le Montepaschi Siena (3-1). Avant de défier le Barcelone de Juan Carlos Navarro en demi, les Grecs ne sont pas donnés favoris. Mais derrière un Spanoulis de gala (21 points et 6 caviars), le club grec s’impose 68-64 et rejoint donc le CSKA en finale. Si l’Olympiacos était un outsider face au Barca, face aux Russes, tout le monde craint la différence de niveau tant ces derniers présentent une armada.

Spanoulis, Antić, le gang des chauves (Crédit photo : Salih Zeki Sayar/Euroleague Basketball via Getty Images)

Outre Milos Teodosić, le CSKA accueille dans ses rangs, la légende locale, Andrei Kirilenko, le pivot serbe Nenad Krstić, le Dominicain et ancien Choletais champion de France en 2010, Sammy Mejia, le meneur Alexey Shved, les Lituaniens Ramūnas Šiškauskas qui dispute la dernière rencontre de sa carrière sur cette finale d’Euroligue et le pivot Darjuš Lavrinovič. Sans compter les Russes Sasha Kaun, Victor Khryapa et Andrey Vorontsevich. Du lourd, du très lourd avec un ancien coach de l’Olympiacos, le Lituanien Jonas Kazlauskas. Autant dire que personne ne croit que le CSKA va laisser échapper le trophée promis à cette fantastique équipe. Pourtant, après avoir compté 14 points de retards à la mi-temps, les Grecs derrière Spanoulis reviennent peu à peu dans la partie pour finir par l’emporter à la dernière seconde sur la spéciale tir en crochet de Príntezis, 62-61. Second trophée d’Euroligue après 2009 pour le meneur et 15 points, en étant le second meilleur marqueur de la partie derrière son compatriote Papanikolaou (18 points). Un moment d’émotion qui va se retrouver à peine un an plus tard avec un autre coach, le Grec Geórgios Bartzókas, sosie de l’agent Aaron Hotchner de la série « Esprits Criminels ». En 2013, à Londres cette fois, Spanoulis avec pratiquement les mêmes coéquipiers qu’à Istanbul remontent un débours de 17 points face au Real Madrid de Sergio Llull, Rudy Fernandez et Sergio Rodriguez pour l’emporter finalement, 100-88. Après avoir souffert en quart de finale face à l’Anadolu Efes (3-2) et avoir éliminé les… Russes du CSKA en demi (69-52). Troisième Euroligue pour Spanoulis, 22 points en finale, troisième titre de MVP également après 2009 et 2012. Une consolation sur le plan national finalement puisque la coupe de Grèce est dévolue au « Pana » et que « l’Oly » perd sur tapis vert la finale des playoffs en raison d’utilisation de fumigènes dans sa salle. Pour Spanoulis, l’essentiel est ailleurs puisqu’il continue sa moisson de trophées et devient un joueur majeur et un leader respecté. Tout en continuant d’améliorer ses passes décisives puisque le numéro 7 de l’Olympiacos tourne, en moyenne à plus de 5 offrandes par match. Son équipe réussit en outre à ajouter un autre trophée dans sa besace avec une coupe Intercontinentale obtenue en 2013 face aux Brésiliens de Pinheiros Sky en deux rencontres (167-139 en cumulé). Avec, bien sûr, Vassilis Spanoulis désigné MVP de la confrontation, cela va de soi.

RENTRÉE DANS LE RANG, PRESTIGE DE LA SECTION GRECQUE, L’OR DE 2005 ET GLOIRE MONDIALE DE 2006

Toutefois, à partir de cette troisième Euroligue, de ce « back-to-back » pour les Rouges, le premier pour une équipe dans la compétition depuis le doublé du Maccabi Tel-Aviv de 2003-2004 et 2004-2005 avec le duo Šarūnas Jasikevičius et Anthony Parker, et de la coupe Intercontinentale, l’Olympiacos rentre quelque peu dans le rang. Si le chassé-croisé se poursuit et est inexpugnable sur la scène nationale avec le Panathinaïkos, Vassilis Spanoulis attend toutefois la saison 2014-2015 pour remporter un nouveau titre face aux Verts dans un Ligue grecque vampirisée par ces deux conglomérats inextinguibles. Le dernier titre du dragster du Pirée est obtenu lors de la saison 2015-2016, ce qui permet à Spanoulis de se concentrer davantage sur l’Euroligue. Mais là encore, l’Olympiacos ne goûte à une finale que lors de la saison 2014-2015 et est battu par le Real Madrid de l’Argentin Andrés Nocioni. La suite des évènements est moins rose pour Spanoulis et les siens avec le paroxysme du scandale, ou du ridicule selon les versions, qui intervient dans le championnat grec, en 2019.

Spanoulis sous le maillot azur de la Grèce (Crédit photo : L’Equipe)

Sur fond de rivalités exacerbées avec les dirigeants du « Pana » et en raison d’obscures accusations de partialités d’arbitrage, le club du Pirée est relégué en seconde division grecque durant deux saisons tout en jouant l’Euroligue. Jusqu’à son retour en 2021-2022, après la fin de carrière du natif de Larissa. Quoiqu’il en soit, Vassilis Spanoulis continue de faire ses stats, entre 8 et 12 points de moyenne durant sa période de onze saisons avec le club du Pirée. En guidant le jeu de son équipe qui voit dès lors arriver chaque saison des coéquipiers se fondant dans un moule formaté pour leur leader de jeu. Pêle-mêle, l’acrobate belgo-américain Matt Lojeski, le féroce pivot américain-arménien Bryant Dunston, le gaucher italien Daniel Hackett, le bondissant arrière US DJ Strawberry, le colosse de Novi Sad, le Serbe Nikola Milutinov, le volatile meneur Bobby Brown ou encore Axel Toupane et le Letton Jānis Strēlnieks. Mais au-delà de ces saisons que voient l’Olympiacos tutoyer les sommets et être une des équipes les plus dangereuses de la compétition, la concrétisation n’intervient pas. Malgré tout, la carrière de club de Vassilis Spanoulis est à lier en parallèle avec une autre équipe. Sa sélection nationale, une des équipes les plus dangereuses d’Europe. Une plaie à affronter tant par la variété du plateau de joueurs que la diversité des profils présents. Au palmarès du natif de Larissa, trois médailles de trois couleurs différentes, à croire que le meneur grec aime le rythme ternaire cher aux poètes. Dans l’ordre, une médaille d’or à l’Eurobasket 2005 disputée en Serbie pour ce qui constitue le deuxième titre doré de la Grèce après le triomphe de 1987. Un mauvais souvenir également pour l’Équipe de France de Tony Parker avec ce fameux tir à la dernière seconde à trois points de Diamantídis, en demi-finale (67-66) qui a anéanti les espoirs de finale des Bleus. Pour les Grecs, loin de ces effusions, le titre européen est remporté face à l’Allemagne de Dirk Nowitzki, 78-62. Un goût toutefois un peu particulier pour Spanoulis dans la mesure où son coéquipier, le « Diamant » Diamantídis, a été davantage mis en valeur que son partenaire mais qui a comblé de joie les douze joueurs grecs présents lors de la compétition : Nikos Zísis, Antónios Fótsis, Michális Kakioúzis, Lázaros Papadópoulos, Dímos Dikoúdis ainsi que Bourousis, Tsartsarís, Chatzivréttas, Panayótis Vasilópoulos et donc Spanoulis, Papaloulas et Diamantídis.

Les 12 hommes et l’entraîneur qui ont fait tomber « Team USA » (Crédit photo : alamyimages.fr)

L’histoire aime donner des secondes chances et Spanoulis n’attends pas longtemps avant de se mettre en valeur dans une autre compétition internationale. A peine un an plus tard, la Grèce participe au championnat du monde qui se déroule au Japon. S’il est toujours un peu difficile pour les joueurs de se motiver en fin de saison, les Grecs ne font pas de quartier. Versés dans le Groupe C, dans un groupe aussi versatile que féroce, avec le Brésil, l’Australie, la Lituanie, la Turquie et le Qatar, les Hellènes partent pied au plancher. Cinq rencontres et cinq victoires avec une qualification aisée en seizième de finale. Dès lors, la Chine puis la France, en quarts, ne résistent pas à Papaloukas et les siens et ces derniers se dirigent tout simplement vers l’ogre supposée de la compétition. Les États-Unis de Mike Krzyzewski avec la triplette du Heat de Miami, LeBron James, Dwayne Wade, Chris Bosh, sans compter Dwight Howard, Carmelo Anthony ou encore Chris Paul. Du lourd face aux archi-favoris de la compétition et une occasion idéale pour un certain Spanoulis de se mettre en lumière. Après un premier quart-temps secoué et une mi-temps mieux terminée (44-41 pour les Grecs), les hommes du coach Giannakis vont prendre la mesure du jeu et surprendre des Américains bien trop sûrs d’eux.

En complément de Theo Papaloukas et ses 12 passes décisives dont un bon grand nombre pour le massif (2m08 et 180 kilos à l’époque) Sofoklís Schortsanítis qui rendent fous les coéquipiers de James, Spanoulis n’est pas en reste. Avec ses 22 points, le meneur Grec est même le meilleur marqueur de la partie qui voit les États-Unis dire adieu à la finale. Résultat, 101-95 dans une rencontre qui démontre que les années 2000 ne sont pas celles des USA, après la déconfiture de 2002 à domicile, à Indianapolis, lors d’un championnat du… monde, éliminés en quarts face à la Yougoslavie de Dejan Bodiroga. Malheureusement pour Spanoulis et les Grecs, la finale face à l’Espagne de Pau Gasol après cette débauche d’énergie, se solde par une lourde défaite, 70-47. Toujours est-il que Spanoulis obtient sa deuxième médaille après l’or de 2005. Une dernière breloque, de bronze cette fois, viendra clôturer ce triplé. En Pologne, lors de l’Eurobasket 2009, les Grecs se retrouvent dans un groupe composé de la Croatie, de la Macédoine et d’Israël. Après un premier tour aisément négocié (trois victoires), Spanoulis et sa bande doivent se coltiner la Russie, l’Allemagne et la France. Malgré une première victoire (84-76) face à l’Allemagne avec 20 points de « Billy » (doux surnom de Vassilis), deux défaites surviennent face à la Russie et la France avec pourtant 16 points de notre homme. Ce qui emmène la Grèce vers une troisième place face un adversaire, et voisin, aussi dangereux qu’imprévisible. La Turquie de Hedo Türkoğlu et Ersan Ilyasova. Dans ce duel 100% méditerranen, les Turcs font suer leurs meilleurs ennemis jusqu’à la dernière seconde avec une victoire grecque mais en prolongation (76-74). 23 points de Spanoulis sur qui ses partenaires peuvent dès lors se reposer quand la balle glisse trop vite des mains. Encore une fois, hélas, pour la Grèce, l’Espagne se dresse et profite de la débauche d’énergie dépensée par les Hellènes pour les éliminer en demi-finale (82-64). Ces derniers se consoleront avec une troisième place et une médaille de bronze obtenue face à la Slovénie de Jaka Lakovič, sur le fil 57-56. Le summum d’une carrière qui a vu Spanoulis participer à sa première compétition internationale en 2004, lors de Jeux Olympiques qui se sont déroulés à Athènes. Et sa dernière, en 2015 lors de l’Eurobasket à quatre (Allemagne, Croatie, France et Lettonie) avec une master class lors de la compétition de Pau Gasol (25 points de moyenne) et un titre remporté par l’Espagne, la Grèce se classant cinquième après avoir été éliminée en quart de finale par… l’Espagne (73-71). Pour Spanoulis, comme l’Équipe de France, finalement, les Espagnols auront été bien souvent des bourreaux.

En rouge ou en vert, Spanoulis est désormais une légende du basket européen (Crédit photo : basketeurope.com)

RETRAITE, LÉGENDE D’EUROLIGUE ET FUTUR… COACH

Cependant, au-delà des titres et des performances, le principal fait d’arme de Vassilis Spanoulis a été sa capacité à se renouveler et à rééditer les performances. Bon nombre de victoires de l’Olympiacos notamment l’ont été grâce à sa capacité d’accélération, ses tirs à trois points dans les moments chauds et sa volonté farouche de gagner. L’homme ne s’est jamais reposé sur son talent et a été capable de s’améliorer à chaque fois pour devenir un joueur marquant d’Euroligue. C’est donc tout naturellement que Spanoulis a été honoré lors du Final Four qui s’est tenu à la Štark Arena de Belgrade. Si l’ancien meneur qui a arrêté sa carrière a vu lAnadolu Efes se défaire de son ancien club, l’Olympiacos (77-74) en demi-finale pour finalement remporter le trophée pour la seconde fois d’affilée, comme les Grecs dix avant auparavant, Spanoulis a été honoré par l’Euroligue.

Vassilis Spanoulis est désormais entraîneur ou en passe de le devenir (Crédit photo : newsbulletin247.com)

En intégrant le club très fermé des légendes parmi les légendes où se trouvent les Lituaniens Ramūnas Šiškauskas et Šarūnas Jasikevičius, les Espagnols Felipe Reyes du Real Madrid et Juan Carlos Navarro de Barcelone pour ne pas faire de jaloux, le Turc Mirsad Türkcan et les Grecs Theodoros Papaloukas (devenu depuis représentant de l’Euroligue) et Dimitris Diamantídis (ancien manager général du « Pana »). Les « Trois Mousquetaires » de la mène à la grecque ainsi que son ancien coach de 2012, Dušan Ivković et le président du Maccabi Tel-Aviv, Shimon Mizrahi. Une bien belle récompense pour un joueur qui n’a jamais donné sa part aux chiens et a démontré durant toutes années qu’il a été un joueur merveilleux et d’impact. Toutefois, Spanoulis semble ne pas en avoir définitivement avec le basket. En effet, le natif de Larissa est fortement pressenti pour prendre les rênes de Peristéri, huitième du dernier championnat, dans la banlieue d’Athènes. Nul doute qu’après plus de vingt ans de carrière, le Grec a encore beaucoup à apporter et pourra mettre en avant sa riche carrière, son expérience irremplaçable. Mais surtout, sa volonté farouche de montrer que tant que la sirène de fin n’a pas retenti, le match n’est pas fini. Vassilis Spanoulis, le « dragster » grec, en mouvement perpétuel. Chapeau bas, Monsieur Spanoulis !!

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About Volkan Ozkanal (25 Articles)
Fan de basket européen, d'Anadolu Efes, de Fenerbahçe du KK Partizan Belgrade et du CSKA Moscou, je voue un culte à l'immense Željko Obradović ainsi qu'à Petar Naumoski, grâce à qui j'ai appris à aimer la balle orange. Passionné également d'histoire, j'essaye de transmettre ma passion à travers Basket Retro.

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