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Ilona Korstin, le visage franco-russe du basket féminin européen  

Portrait

Possédant l’un des plus beaux palmarès du basket féminin européen, Ilona Korstin s’est fait connaître en Russie, là où elle est née. Quelques années plus tard, la France et le public français, la découvrent sur les terrains de l’Hexagone surtout à Bourges, club dans lequel elle a évolué. A l’occasion des 41 ans d’Ilona Korstin, Basket Retro vous dresse le portrait d’une joueuse emblématique de l’histoire du basket féminin.

Né à Leningrad il y a 36 ans, le 30 mai 1980, Ilona Korstin découvre plusieurs sports avant de se lancer dans le basket. Elle pratique au départ l’athlétisme, la gymnastique, le tennis et la natation en compagnie de son père qui l’entraîne : Kalyu Korstin. Sur les pistes, la jeune fille obtient la deuxième place lors d’une course à Saint-Petersbourg. Celui-ci sera synonyme de premier succès dans le sport. Par la suite, en gymnastique, elle apprend que sa taille lui fait défaut. Pour prétendre atteindre le haut niveau dans cette discipline individuelle, on lui fait comprendre ainsi qu’elle est trop grande.

SON PREMIER CONTACT AVEC LE BASKET

A ce moment-là, elle est âgée de 10 ans et avec sa grandeur, elle utilise celle-ci notamment pour le basket, son premier contact avec la balle orange. Son premier entraîneur qui l’a formé et prise en main est le fameux Kireyev Trzheskal. Celui-ci est réputé pour avoir formé une douzaine de grandes athlètes dans le pays russe. Elle est formée en même temps que d’autres grandes joueuses russes qui vont éclore plus tard dans le basket professionnel et en équipe nationale de Russie : Maria Stepanova, Yelena Karpova, et Svetlana Abrosimova.

Le résultat est saisissant. En six ans de pratique, grâce à leurs acquis techniques et tactiques, ces quatre joueuses vont briller dans les catégories cadettes et juniors avec l’équipe de Russie lors des championnats d’Europe. En 1996, Ilona découvre le monde professionnel en rejoignant l’équipe de Saint-Petersbourg, surnommées « les Forces Majeures » toujours coaché par Trzheskal. Mais tous les sports en Russie connaissent des problèmes économiques. Les joueuses comme Korstine sont payées très tardivement alors que certaines ne le sont plus. En parallèle, Ilona Korstine poursuit ses études : apprentissage de la langue allemande, acquis de connaissances en littérature, physique, et histoire.

Ilona Korstine avec Bourges (c) ilonakorstine.com

Ilona Korstine avec Bourges (c) ilonakorstine.com

DE LA RUSSIE A BOURGES

A partir de 18 ans, elle s’envole pour la France et rejoint le club de Bourges en 1997 entrainé par Vadim Kapranov. A son arrivée, elle doit désormais s’adapter à un nouvel environnement, apprendre une nouvelle langue. On lit qu’elle a beaucoup appris au côté de son coach mais aussi auprès de ses coéquipières quand elle a débarqué dans le Cher : Odile Santaniello, Yannick Souvré ou encore Ana Kotocova, soit des joueuses phares du basket français et européen. Avec le club berruyère, l’arrière-ailière remporte deux championnats de France (1999 et 2000) et trois fois le Tournoi de la Fédération, une compétition regroupant les quatre équipes les mieux classées à l’issue de la saison régulière du championnat de France de la Ligue Féminine de Basketball. (1999, 2000 et 2001). Elle ajoute aussi à son palmarès le fameux titre en Euroligue décroché en 2001.

SON PASSAGE EN WNBA

C’est cette année-là également qu’elle découvre un autre championnat. Direction l’Arizona et Phoenix où les Mercury recrute la jeune joueuse en 13ème position, au deuxième tour de la draft. La franchise américaine a recruté même sa compatriote Maria Stepanova. Ilona, elle-même aussi se rend compte de la différence de culture basket entre l’Europe et les Etats-Unis, un jeu plus physique et athlétique outre-Atlantique. Ayant très peu joué et consciente de la difficulté d’enchainer une saison en Europe puis la Wnba, Ilona ne fera pas long feu à Phoenix. C’est totalement le contraire pour Stepanova qui dispose de longues minutes pour montrer son talent sur les parquets américains avec les Mercury.

Ilona Korstine avec le maillot de Phoenix (c) ilonakorstine.com

Après son court périple aux Etats-Unis, Korstine retrouve Bourges où elle jouera jusqu’en 2003. Sur son site, elle indique : « C’est là-bas que je suis devenue une joueuse ». Le public l’affectionne au Prado, l’enceinte de Bourges Basket.

Son ancienne coéquipière Yannick Souvré a rendu hommage sur son site officiel en parlant de la russe qu’elle a cotoyée :

« Ilona, c’est le visage du basket féminin européen et pas seulement parce qu’elle est d’une beauté rare et une basketteuse très talentueuse mais surtout parce qu’elle est aussi très intelligente, bien éduquée, cultivée, qu’elle parle 5 langues et est une compétitrice hors pair. Quand je l’ai rencontré, elle était toute jeune mais elle savait déjà ce qu’elle voulait devenir: une femme accomplie. Je dois dire qu’elle a réussi grâce à son talent naturel et aussi beaucoup de travail. Si j’étais une jeune joueuse actuelle, Ilona serait mon modèle ».

RETOUR EN RUSSIE

En 2003, elle quitte la France. C’est alors qu’elle décide de retrouver son pays natal et Samara s’attache ses services. On apprend que son ancien coach à Bourges Vadim Kapranov la persuade de rejoindre ce club russe, lui qui est à ce moment-là sélectionneur de la Russie. Elle passera quatre saisons à Samara (2003-2007), club avec lequel elle remporte de nombreux trophées (voir palmarès en fin d’article). Entre temps, elle oublie pendant un moment le basket et replonge la tête dans les études puisqu’elle est diplômée de l’université de Samara State grâce à la formation qu’elle a suivie en Management. En 2006, la FIBA l’encense en étant « le visage du  basket féminin » («Face of Women’s Basketball»). Elle ouvre un blog, qui sera un succès tant elle possède de nombreux fans qui la suivent sur son site.

Ilona Korstine, vainqueur de l'Euroligue avec Samara en 2005 (c) ilonakorstine.com

Ilona Korstine, vainqueur de l’Euroligue avec Samara en 2005 (c) ilonakorstine.com

Quant à la suite de sa carrière, elle la poursuit en Russie mais en changeant de clubs. En 2007, elle rejoint les rangs du CSKA Moscou jusqu’en 2009. A Samara ou à Moscou, elle indique que tout se passait très bien pour travailler : « Il faut dire que le club propose des conditions d’entraînement et de vie exceptionnelles. Tout est fait pour les joueuses. Notre équipe était complète, nous avions les meilleures joueuses d’Europe. Il est important que nous nous entendions bien sur le terrain, mais aussi en dehors du basket ». (source : ilonakorstine.net)

Deux ans après, elle quitte le CSKA pour aller chez l’ennemi juré tout en restant à Moscou : le Spartak. Elle découvre ensuite deux autres championnats. Lors de la saison 2011-2012, elle joue en Turquie au Besiktas Istanbul et au cours de la saison, en février 2012, elle prend la route vers l’Espagne pour rejoindre l’équipe de Salamanque. Avec le club espagnol, elle remporte la Coupe des Reines.

FIN DE CARRIÈRE

A l’été 2012, elle retourne à Moscou pour signer un contrat avec le Dynamo. Ce club russe sera le dernier avec lequel elle jouera puisqu’à l’été 2013, elle annonce la fin de sa carrière. Elle gagnera un dernier trophée avec le Dynamo : l’Eurocup. C’est elle qui inscrit le tir victorieux en finale : « Le shoot de la gagne en Eurocoupe pour le Dynamo de Moscou constitue le summum de ma vie de joueuse. Dès lors, je peux raccrocher en toute sérénité. ». Une belle fin de carrière.

Voici le message qu’elle a adressé à ses fans sur son site Internet pour annoncer l’arrêt de sa carrière :

« Il faut regarder derrière soi. Je n’ai pas à exprimer des regrets. Ma carrière a été brillante. Toutes mes médailles et trophées me rappelleront les moments splendides que j’ai passés lorsque j’ai joué au basket. Je veux vous adresser ces mots, vous, mes fans qui avaient été toujours présent, m’avaient supporté tout au long de ces années. Votre amour et votre reconnaissance ont toujours été une motivation supplémentaire et un moteur pour moi sur le terrain ».

JOUER POUR LA SÉLECTION : FRANCE OU RUSSIE ?

Repérée pour ses qualités sur le terrain lorsqu’elle jouait à Bourges, la Fédération Française de Basket l’approche pour qu’elle soit sélectionnée en équipe de France. Cela doit passer par plusieurs procédures afin qu’elle soit naturalisé et obtienne un passeport français. Ce qui sera le cas. Or, on ne la verra jamais sous le maillot tricolore. A 20 ans, elle prend la décision d’évoluer sous le maillot de l’équipe nationale russe : « Je jouerai pour la Russie, c’est une grande opportunité de jouer au plus haut niveau : Jeux Olympiques, Championnats du monde et d’Europe ». Un choix qui s’avère payant puisqu’elle glane avec ses coéquipières russes de nombreux trophées (voir palmarès en fin d’article)

Ilona Korstine en action avec la Russie (c) ilonakorstine.com

Ilona Korstine en action avec la Russie (c) ilonakorstine.com

Avec la Russie, avant la demi-finale à jouer face à la France à Londres aux Jeux Olympiques en 2012, Korstine estimait que la formation tricolore était redoutable :

« La France est une bonne équipe qui est très jeune avec en plus Edwige (Lawson), Céline (Dumerc) et Emmeline (Ndongue) qui ont un peu plus d’expérience. Céline est vraiment impressionnante, c’est la pile de l’équipe. Dans les moments difficiles elle emmène tout le monde derrière elle. Je ne l’avais encore jamais vue comme ça. Pierre Vincent a construit quelque chose de bien avec ces filles, il a fait un groupe qui n’a peur de rien, qui se bat, qui est très fort en défense. Mais elles ne sont pas imbattables. Au premier tour, on avait fait notre plus mauvais match contre elles (défaite 65-54). On avait joué à neuf heures du matin et on n’arrivait pas à se réveiller ». (source : sport.fr)

La suite, on la connaît avec l’équipe de France qui a atteint la finale et décroché la médaille d’argent. Le public français n’aurait pas pesté si Korstine avait joué pour la France aux côtés des joueuses qu’elle a citées.

L’APRES-CARRIÈRE DANS LE BASKET

Comme la plupart des anciennes joueuses qui ont mis un terme à leur carrière, certaines restent dans le milieu du basket. C’est le cas pour Ilona Korstine. Quelques mois après l’annonce de sa retraite, l’ex-joueuse de Bourges devient la vice-présidente du championnat russe : la VTB United League. Elle s’est enthousiasmée à découvrir le basket d’une autre facette :

« J’ai accepté la proposition de travailler avec la VTB United League avec grand plaisir. Le basket est ma vie et j’ai appris beaucoup de ce sport. Je pense que je peux apporter ma contribution et être utile dans ce nouvel environnement. J’envisage de populariser cette compétition ainsi que le sport. Je ferais tout ce que je peux. J’envisage d’être actif en menant des actions de promotions diverses, d’entraîner le basket vers la foule, et que cela serve pour la VTB League dans les médias pour qu’il ait un visage public ».

Elle commente même des matchs du championnat russe : masculins ou féminins, l’Euroligue. Le basket lui colle à la peau et n’est pas prête à se déconnecter de ce sport qui lui a tant apporté depuis plus de 20 ans. Vous pouvez en savoir plus sur Ilona Korstine en allant sur son site internet officiel : ilonakorstine.com

SA CARRIÈRE EN CLUB :

  • 1996-1997 : « Force Majeure » de Saint-Petersbourg
  • 1997-2003 : CJM Bourges Basket
  • Eté 2001 : Phoenix Mercury (WNBA)
  • 2003-2007 : CSKA Samara
  • 2007-2009 : CSKA Moscou
  • 2009-2011 : Spartak Moscou
  • 2011-2012 : Besiktas
  • 2012-2012 : Salamanque
  • 2012-2013 : Dynamo Moscou

PALMARÈS :

1/ Équipe de Russie

Jeux olympiques d’été

  • Médaille de bronze au Jeux olympiques de 2008 à Pékin
  • Médaille de bronze, au Jeux olympiques 2004 à Athènes

Championnat du monde de basket-ball féminin

  • Médaille d’argent au Championnat du monde 2006 au Brésil
  • Médaille d’argent au Championnat du monde 2002 en Chine

Championnat d’Europe

  • Médaille d’or au Championnat d’Europe 2011 en Pologne
  • Médaille d’or au Championnat d’Europe 2007 en Italie
  • Médaille d’or aux Championnat d’Europe 2003
  • Médaille d’argent au Championnat d’Europe 2009
  • Médaille d’argent au Championnat d’Europe 2005
  • Médaille d’argent au Championnat d’Europe 2001

2 / En clubs

Avec Bourges :

  • Championnat de France 1999, 2000
  • Tournoi de la Fédération 1999, 2000, 2001
  • Euroligue 2001

Avec les clubs russes :

  • Superleague championnat de Russie 2004, 2005, 2006 avec Samara
  • Coupe de la Russie 2004, 2006 avec Samara et 2007 avec le CSKA Moscou
  • World league 2003, 2004, 2005, 2007
  • Euroligue 2005 (Samara), 2010 (Spartak Moscou)

Avec Salamanque :

  • Vainqueur de la coupe de Reine 2012

 SES PLUS BELLES ACTIONS AVEC LA RUSSIE

Ecrit par R.S

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About Patrick Parizot (771 Articles)
Fondateur et rédacteur en chef de Basket Retro. Grand passionné de la balle orange et surtout adepte du basket en tout genre. Apprécie particulièrement le basket vintage et notamment celui des années 70.

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