Alley-oop magique entre Delaney Rudd et Alain Digbeu !
France
Quand le magicien de l’ASVEL, Delany Rudd, propulse le jeune Alain Digbeu sur orbite, ça fait des étincelles! ASVEL vs CSP Limoges 1995.
Dire que cette action aurait pu ne jamais avoir lieu! Depuis la retraite sportive définitive d’Alain Gilles au début des années 80, Villeurbanne ne va pas fort sportivement et en 1992, le club est au bord de la banqueroute. Près de 3 millions d’euros de déficit! Un monument en péril. Plusieurs personnes vont participer au redressement du club. Marc Lefebvre (qui deviendra président du club), Francis Allimant et la maire de Villeurbanne, dotent l’ASVEL d’une vraie structure professionnelle. Gregor Beugnot, ex-meneur de l’équipe de France, devient coach de l’équipe et sur le parquet, le fantastique Delaney Rudd s’occupe de traumatiser l’équipe adverse!
Au départ, le choix de l’ancien point-guard de l’université de Wake Forest est un pari, mais ce n’est pas un inconnu. Ancienne doublure de John Stockton au Utah Jazz, il compte près de 250 matchs NBA. Il a même déjà joué contre l’ASVEL par le passé, en match de poule de la coupe Korac 1988 avec le PAOK Salonique. Deux défaites pour le club grec mais 37 points de moyenne pour Rudd. Le meneur de jeu villeurbannais de l’époque, un certain Vincent Collet, avait eu bien du mal à défendre sur lui! En 92/93, il fit même un passage éclair au PSG Racing, le temps de deux matchs (26 points, 8 passes) avant de relever un dernier challenge américain aux Blazers de Portland. L’année suivante, l’ASVEL signe Rudd. Attendez… ils n’étaient pas un peu fauchés à l’époque? Oui mais voilà, le meneur sort juste d’une blessure au genou et n’est plus tout jeune (31 ans). Le voilà le pari! Si le genou tient, Villeurbanne pourrait faire une excellente affaire.
Le genou va tenir. Première saison, Rudd tient la baraque magistralement (23.3 points, 7.5 passes) et alimente en ballons et en alley-oops le jeune intérieur rookie bondissant Ron Curry (22 points, 10.2 rebonds). Derrière ce tandem terrible, c’est un peu la misère niveau effectif. Si le jeune Christophe Dumas (22 ans) se révèle être un sniper efficace (14.2 points en 36 minutes), le reste de l’équipe est constitué de joueurs de devoir (Faury, GBaguidi, Emmeline) et d’espoirs à peine sortis du bac à sable (Digbeu, Pluvy). Le duo américain ne quitte pratiquement jamais le parquet (39 minutes de temps de jeu en moyenne!), ce qui ne permet pas de viser mieux qu’une 7ème place en saison régulière (13 victoires, 13 défaites). Sortie logique en quart de finale des playoffs 1994 contre l’armada antiboise (Rivers, Richardson, Ostrowski, Foirest). Mais l’équipe est jeune et prometteuse.
Enfin prometteuse… Si la poisse ne s’acharnait pas! Christophe Dumas est arrêté en début de saison pour des problèmes cardiaques et, comme le club n’a pu faire de folies au niveau du recrutement (Evano, Djolakian et Rippert); faire aussi bien que l’année dernière serait un exploit malgré la reconduction de Curry et de Rudd.
Alain Digbeu, lui, saisit sa chance. Un joli premier exercice (5.7 points en 17 minutes) malgré son jeune âge (18 ans). Le roi des playgrounds lyonnais a un jeu instinctif. Je suis démarqué à l’extérieur? Je shoote! Le gigantesque pivot adverse est dans la raquette? Je vais lui dunker dessus! A l’instar de Mous Sonko, le meneur de jeu de Levallois, Digbeu a des qualités athlétiques phénoménales. Même si son jeu est parfois brouillon, Greg Beugnot est obligé de le faire jouer vu son talent et la pauvreté de l’effectif. Dumas out, Digbeu se retrouve titulaire et double ses stats (11.3 points, 4 rebonds, 2,2 passes en 26 minutes). Les occasions de s’envoler vers le panier sont également plus nombreuses, Air France est en train de naître.
18ème journée de Pro A 94/95, Limoges est 4ème et l’ASVEL 8 ème. Villeurbanne fait face à une équipe surarmée (Dacoury, Young, Kempton, Bilba, M’Bahia, Forte, Vérove, Adams…) et le CSP est motivé pour venger la surprise du match aller (victoire de l’ASVEL à Beaublanc 73-69). Poisse de poisse, Ron Curry est blessé. Il est remplacé par l’ailier Kennard Winchester, qui aura plus marqué les esprits par son patronyme que par son jeu. La tâche s’annonce difficile, même à domicile. 6ème minute de jeu, l’ASVEL est ultra dominée (22-11). Jimmy Vérove (alias le cauchemar de Terry Teagle) ne lâche pas Rudd en défense. Rémi Rippert renvoie le ballon sur un rebond offensif. Inspiration instantanée du meneur américain qui voit Alain Digbeu démarqué ligne de fond. La passe jaillit. Alain grimpe au ciel. L’antique et mythique Maison des Sports de Villeurbanne entre en fusion.
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