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Evan Fournier, de Charenton-le-Pont à la NBA…

France

Montage Une : Laurent Rullier pour Basket Rétro

Il fête aujourd’hui ses 29 ans, Evan Fournier foule les parquets NBA depuis 2012 mais n’a jamais oublié d’où il venait. Retour sur les débuts et le parcours d’Evan Fournier en France.

Fils de François Fournier et de Meriem Mokta, tous deux judokas de haut niveau, le natif de Saint-Maurice (Val-de-Marne) grandit à Charenton-le-Pont.  L’INSEP est son terrain de jeu. Il s’essaie à l’athlétisme, au football, au judo.

Evan Fournier @Saint-Charles Basketball

A l’âge de 7 ans, il se présente au forum des associations pour s’inscrire au football mais les inscriptions sont complètes ! Ce sera donc le basket-ball. Il signe sa première licence à Saint-Charles Basketball (Charenton-le-Pont), club avec lequel il devient champion de France minimes. A 13 ans, il est convoqué pour passer des tests de sélection pour intégrer le Centre fédéral (INSEP). Il fait partie des trente joueurs retenus sur les quatre-vingt sélectionnés.

La première année est difficile, Evan découvre les coach nationaux et s’entraîne deux fois par jour. Il découvre aussi aux côtés de Tahar Assed-Liégeon, les joies de la piste d’athlétisme, passage obligé pour avoir de la « caisse » avant le début de saison !

En 2007, à 15 ans, il joue contre des adultes et passe de minimes France à la N1! Sa culture de la gagne, insufflée notamment par ses parents, souffre après les nombreuses défaites encaissées par le Centre fédéral (parfois avec de gros écarts!). La saison se termine avec 5 victoires et 29 défaites.

@Saint Charles Basketball

Evan, lui, est cinquième meilleur marqueur de Nationale 1. En août 2008, il participe aux championnats d’Europe U16 aux côtés de Léo Westermann et Louis Labeyrie notamment. Heureux de représenter la France, il score 30 points face à la Turquie d’Erman Kunter. Les Bleus terminent quatrième du tournoi. Le numéro 13 fait ses armes et poursuit sa formation au sein du centre Fédéral pendant deux années. En juillet 2009, il participe au championnat d’Europe U18 et offre une médaille d’argent à la France. Il est sélectionné dans le meilleur cinq de l’Euro (12.4 points de moyenne en 22 minutes).

EVAN FOURNIER, « INTENSITE ET REGULARITE »

Evan Fournier, Nanterre 92, saison 20009-2010

Evan Fournier ne perd pas son objectif de vue. Il décide de rejoindre la Pro B avec Nanterre pour la saison 2009-2010. Il n’a pas encore 17 ans et choisit cette petite structure familiale au sein de laquelle les jeunes ont leur chance. Pour la première fois, il n’est plus le joueur dominant, le joueur décisif de l’équipe. Il doit sortir du banc et gagner  des minutes au fil des matchs. A 16 ans et demi, il se teste chez les Pro et devient une rotation importante au sein d’un effectif qui termine sixième et demi-finaliste des play-offs.  Il est élu meilleur jeune du championnat de Pro B.

Une place majeure lui est promise par Pascal Donnadieu pour la saison 2010-2011 mais Evan aime les challenges. Et il veut continuer à avancer, à progresser. Il a besoin d’un nouveau défi, ce sera la Pro A.

A 17 ans, il intègre donc la Pro A avec le Poitiers Basket 86. Poitiers, c’est la proximité de Paris, de Nanterre et de Charenton. C’est aussi une ambiance familiale, un club qui vise le maintien et au sein duquel il aura du temps de jeu. Evan apprécie le discours et le projet cohérent de Ruddy Nelhomme, son entraîneur. Il arrive à Poitiers après la plus belle saison du club: une montée en Pro A et des play-offs (le PB86 perd 2 manches à zéro contre le futur champion de France, Cholet Basket).

Lancé immédiatement dans le grand bain par Nelhomme (13 minutes en moyenne pour la phase aller, seulement 3 matches sous les 10 minutes), aux côtés de Pape Badiane et Tommy Gunn,  Evan n’a  besoin que d’une demi-saison pour prendre le pouls de la division. Le 30 octobre 2010, il marque ses premiers paniers dans les arènes de Poitiers, en Pro A face à Limoges lors d’un match télévisé. Le derby est remporté par Poitiers (73-65). Scoreur né, il doit aussi prouver à ses partenaires qu’il peut jouer collectivement, défendre, se rendre utile à l’équipe.

Evan Fournier @pb86.fr

Lors de cette saison 2010-2011, Poitiers tout comme Vichy et Limoges visent le maintien. Evan passe la barre des 10 points  pour la première fois face à Pau le 04 décembre (défaite 72-86). Très vite, il gagne du temps de jeu et joue plus de 15 min par match à 18 ans. Face au futur champion de France, le SLUC Nancy, Evan  bat le record de précocité de Tony Parker à Saint-Eloi.

Nous sommes le 5 février 2011 et Evan, lors de cette 17ème journée, marque la bagatelle de 21 points en 21 minutes à 18 ans et 3 mois (soit 20 d’évaluation). Mené de 13 points, Poitiers s’impose 69 à 61 face à Nancy. Ce soir-là, Evan est allé chercher ses premiers paniers dans le trafic, sa grande spécialité. Ses points ce sont des pénétrations, des contre-attaques, des lancers. Sa principale qualité, son agressivité.

« Il a commencé en réussissant des actions difficiles » raconte Jean-Luc Monschau, alors entraîneur de Nancy. « Ensuite, il a utilisé sa capacité à tirer de partout et par moments son avantage de taille. Il a joué en vitesse, en première intention. Il s’est créé de très bons tirs et il les a mis. Indéniablement, je l’ai trouvé excellent ».

« C’est sa première qualité » livre Ruddy Nelhomme.  » On savait qu’il était capable de faire des choses au-dessus de la moyenne. La seule question, c’était à quel moment. » Basket News.

« Je savais que j’étais capable de faire ce genre de performances » souffle Evan « mais entre savoir et le réaliser, il y a une grosse différence. Forcément, ça fait du bien ». Mais Evan n’oublie pas son objectif. « Si je suis mauvais le prochain match, ça n’aura été que du buzz. »

Après ce match, Fournier rend six copies au-dessus des 10 points en sept sorties. Il devient le meilleur scoreur du PB86 avec l’américain Tommy Gunn, en ne jouant que 17 minutes et sans jamais être titulaire. Le 18 février 2011, dans l’une des salles les plus chaudes de France, le PB 86 joue un match important contre un adversaire direct pour le maintien, le CSP Limoges. Il score 11 points et gobe 5 rebonds pour 17 d’évaluation. C’est la première victoire à l’extérieur pour Poitiers (76-85) qui envoie Limoges en Pro B. Lors de la 24ème journée, Poitiers reçoit la Chorale de Roanne. Nous sommes le 2 avril 2011. Il s’agit de son dernier match en Pro A, avant sa participation au Hoop Summit à Portland, rendez-vous essentiel pour le futur qu’il imagine en NBA.

Les critiques vis-à-vis de Fournier et du PB 86 fusent. Pourquoi laisser partir un joueur essentiel dans la rotation à ce stade de la saison ?

Evan fait un gros match face à Roanne. Roanne mène 75-69 à 1’52 de la fin. C’est le moment choisi par Ruddy Nelhomme pour relancer Evan Fournier. L’ancienne star NBA Ricky Davis lui fait face et va croquer la feuille. Le culot et la réussite du gamin de Charenton-le-Pont font le reste. Deux actions décisives (un panier plus faute suivi d’un panier à 3 points et le PB 86 refait son retard). Sur le shoot à 3 points décisif d’Evan, Davis son défenseur a un gros mètre de retard… Poitiers égalise avec Fournier à une minute de la fin. La fin de match est le théâtre d’une passation de pouvoir entre Ricky Davis et Evan Fournier. Rebond final d’Evan. 80-77. 14 points à 4/7 et 2 rebonds en 21 minutes (dont 6 de ses 14 points dans les 3 dernières minutes).

« Je vais aller à Portland tranquille » explique Evan alias Fourmiz qui justifie le buzz qu’il y a autour de lui… »

Les entraineurs de Pro A sont dithyrambiques (Basket News, 31 mars 2011)

« Il est capable de scorer quelles que soient les situations  » Ruddy Nelhomme

« C’est un jour qui sent les espaces, un attaquant né  » Philippe Hervé

« Il a déjà une âme de guerrier sur le terrain et la capacité technique pour faire des choses » Jean-Philippe Besson

Deux jours après le match face à Roanne, Evan Fournier retrouve Nicolas Batum (qui joue pour les Trailblazers de Portland) au Nike Hoop Summit à Portland.

Le 9 avril 2011, c’est en tant que titulaire de la sélection Juniors du Reste du Monde qu’Evan se présente face à la sélection américaine. Devant les 8955 spectateurs du Rose Garden, l’antre des Trailblazers, sous les yeux des recruteurs, il rate son match.

La sélection américaine menée par le futur champion NBA, Antony Davis (16 points, 12 rebonds) l’emporte 92-80. La ligne de stats d’Evan est maigrichonne: 6 points à 2-8 aux tirs, 5 rebonds et 2 passes en 22 minutes. Evan n’a pas confirmé les attentes suscitées par ses performances en équipe de France  et en Pro A. Ce jour-là, les yeux se tournent vers le premier triple double de l’histoire de l’événement réalisé par le congolais Bismack Biyombo (12 pts, 11 rbds, 10 contres !). Après la déception de Portland, le retour en France est difficile mais attention pour Evan, la NBA c’est « plus un objectif qu’un rêve ».

Poitiers, avec un bilan de 12 victoires pour 18 défaites termine la saison à la 14ème place et se maintient grâce à sa victoire à domicile lors de la dernière journée du championnat (85-73). Vichy et Limoges redescendent en Pro B. Il est élu meilleur espoir de Pro A.

L’été se poursuit en bleu en juillet 2011 avec le championnat d’Europe U20 à Bilbao (aux côtés de Rudy Gobert, Charles Kahudi, Joffrey Lauvergne, Ferdinand Prénom, Axel Toupane, Léo Westermann, Wilfried Yeguete…) Après une victoire en quart face à l’Allemagne (68-59), l’équipe de France des moins de 20 ans s’incline contre l’Italie (66-77) mais remporte la médaille de bronze en battant la Russie (66-50) sous les yeux de Vincent Collet. Il est à nouveau nommé dans le meilleur cinq de la compétition avec une moyenne de 16.9 points par match.

Evan Fournier sait qu’il va avoir plus de responsabilités et qu’il doit être plus constant en attaque et en défense lors de sa deuxième saison à Poitiers. Après un bon début de saison,  le club connaît la plus grosse série de défaites de son histoire en perdant 11 matchs de suite en championnat. Il reste 19 matchs pour assurer le maintien, 19 matchs pour se préparer à la draft.

Le 21 janvier 2012, Poitiers joue une partie de sa saison à Pau, un adversaire direct pour le maintien. Le PB86 se présente avec une équipe diminuée. Le dernier ballon est pour Evan qui provoque une faute et ne tremble pas sur la ligne des lancers-francs. Il assure un dernier stop défensif et offre la victoire à Poitiers (85-84 pour PB86). Il est pour la première fois choisi dans le « cinq idéal » de Pro A grâce à une belle ligne de stats : 16 points, 6 rebonds et 7 passes pour 23 d’évaluation.

Evan Fournier, draft 2012 @Chris Elise

Evan devient rapidement un joueur majeur en Pro A et fait remonter son équipe. Il est élu MVP du mois de mars. Cette année-là, le MVP d’octobre c’est Tony Parker, le MVP de novembre Nicolas Batum, le MVP de février, Blake Schilb. Il joue plus de 14 minutes par match et participe à 19 ans au All Star Game LNB à Bercy.

Le PB86 remonte au classement et décroche le maintien. La série de défaites est oubliée. Evan termine la saison avec une moyenne de 14 points pour 26 minutes de temps de jeu. Ses performances sont saluées par le trophée de meilleur jeune de Pro A et par le trophée de la « meilleure progression » devant le lauréat des Espoirs de 2010, Andrew Albicy. Lors de la draft 2012, Evan est sélectionné en 20ème position par les Denver Nuggets. La suite, vous la connaissez…

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About Tony Tricot (3 Articles)
Un peu archiviste, amoureux de la balle orange que j'ai découverte dans les années 90! Supporter de l'Elan Béarnais (et donc "hater" de longue date du CSP Limoges ), je suis ravi de replonger dans mes archives et mes souvenirs pour Basket Rétro! Membre du jury du Prix Bulles de sport qui récompense la meilleure BD de sport chaque année.

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