Hakeem Olajuwon à Toronto – L’histoire d’un « Bad Dream »
Franchise History
« Je ne suis pas ici pour être la star ». Ainsi était titré le petit encadré dans le guide NBA 2001-2002 de Mondial Basket sur Hakeem Olajuwon dans la présentation des…Raptors. Un nouveau choc de voir un pilier des années 80-90 changer de couleurs en toute fin de carrière. Olajuwon/Carter ensemble, c’est beau, mais un peu trop tard.
Tiraillé par son envie d’aller voir ailleurs. Hakeem Olajuwon n’a jamais caché qu’il voulait terminer sa carrière au Canada. En 1992, il y avait eu un énorme couac entre le pivot star et la direction. Les dirigeants accusaient leur franchise player de feindre une blessure plus diplomatique que réelle. Olajuwon a été tout proche d’être envoyé à Miami contre Rony Seikaly et autres. Heureusement pour Houston, le transfert a capoté. En 1996, le joueur mentionne dans la presse qu’il se verrait bien conclure sa magnifique carrière à Vancouver. En 1999 après une saison tumultueuse et un échec retentissant aux côtés de Charles Barkley et Scottie Pippen, « The Dream » est annoncé publiquement sur le départ à Toronto. Un échange est prévu contre Kevin Willis, Doug Christie et deux premiers tours de draft ! Un pack conséquent contre un joueur de 36 ans sur le déclin. L’affaire n’est pas conclue, Houston se voit finalement mal se séparer de sa vedette, de peur aussi peut-être de prendre la foudre des fans des Rockets.
Ce jour funeste va pourtant bel et bien arrivé en été 2001. Après dix-sept ans au sein de la métropole Texane en tant que joueur professionnel et quelques années supplémentaires avec l’université du même nom, Olajuwon est officiellement transféré le 2 août. Une mésentente sur un dernier contrat a été l’élément déclencheur. Le joueur voulait un salaire plus élevé que les 13 millions de dollars proposé par ses supérieurs. De plus, il souhaitait signer sur trois ans! Les Rockets cherchaient plutôt la reconstruction auprès de Steve Francis et Cuttino Mobley. Les Raptors héritent donc de la légende pour un montant de 18 millions de dollars sur les trois ans souhaités. Le deal est officiel, Hakeem est l’objet d’un « sign and trade » en échange d’un futur premier et second tour de draft ainsi que cinq millions de cash. La tristesse est forcément omniprésente. Les Alexander, le propriétaire de la franchise n’encaisse pas:
« Nous voulions le garder avec nous jusqu’à la fin de sa carrière. C’est avec le coeur lourd que nous avons accepté sa requête. Sa décision est une immense déception pour notre organisation. Hakeem représente bien plus que n’importe quelle athlète dans l’histoire de notre franchise et notre ville. »
Même son de cloche pour son coach, Rudy Tomjanovich :
« L’émotion est grande, je n’ai pas les mots pour la décrire. »

Vince Carter et Hakeem Olajuwon réunis sous les mêmes couleurs. @GettyImages
Un nouveau départ, un nouveau challenge à 38 ans. Il se dit se sentir comme un rookie, tout en ayant rien à prouver. Vince Carter aura été d’une grande aide au GM Glen Grunwald pour convaincre Olajuwon. Il fallait toutefois faire des sacrifices. Impossible de signer Hakeem sans effectuer un transfert majeur à côté. Après avoir resigné Antonio Davis pour 60 millions de dollars et VC sur un contrat près de la centaine, il était inévitable que Charles Oakley allait être la victime collatérale. Un envoi simple à Chicago contre un second tour de draft et l’intérieur Brian Skinner. Il fallait aussi contenter les demandes de Davis qui était un peu lassé de jouer pivot. La venue d’Olajuwon lui permet de retrouver son poste originel d’ailier fort. Et voilà que les plus optimistes se prêtent à rêver d’une équipe taillée pour le titre. On le disait fini, cramé et le joueur voulait prouver le contraire. Alors ça a donné quoi ?
Malgré toute sa bonne volonté et son déclin amorcé depuis 1998, le joueur n’est plus qu’une ombre. Lent, dominé par des pivots obscurs, son jeu dos au panier n’a plus la même saveur et il marche sur les plates-bandes d’Antonio Davis. La tuile intervient au mois de février quelques jours avant la pause All-Star. Vince Carter est gravement touché au genou, saison terminée. Des rêves éphémères de titre au cauchemar bien réel d’une sortie de route assez violente. Entre les blessures, les matchs en tant que remplaçant et les difficultés sur les phases de transition, le bilan personnel d’Olajuwon est peu flatteur. 7,1 points – 6,0 rebonds – 46,4 % aux tirs – première fois qu’il passe sous la barre des 60% sur la ligne des lancers francs. Il lui reste toutefois des restes en défense par séquence. Neuf contres à San Antonio face aux tours jumelles Tim Duncan/David Robinson, ou encore sept de plus contre Golden State puis Philadelphie. Le sens et le timing de l’art du contre jusqu’au bout. Le dos cependant n’a pas tenu le coup et Hakeem doit tirer un trait sur les deux dernières années de son contrat. Une fin de carrière triste pour une légende, mais loin d’être un cas isolé. Nous reviendrons un jour sur d’autres géants qui ont terminé dans l’oubli.
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