Boris Diaw, le génie de l’altruisme
France
Maître du caviar et de l’extra passe, Boris Diaw (39 ans aujourd’hui) va encore prouver ses talents, bien que surveillé étroitement par Jim Bilba! ASVEL vs Pau-Orthez Match 3 Finales 2001.
« Évalue ta richesse à l’importance de ce que tu donnes. » Cette citation de l’académicien George Duhamel est intéressante car si on évaluait le patrimoine de Boris Diaw en mesure de son esprit collectif, il serait probablement multi-milliardaire, ce qui lui permettrait d’acheter plus de machines à café et rendrait très heureux son contrôleur fiscal, mais nous ne nous perdons pas dans les suppositions.
Boris Diaw est un cas et un grand mystère du basket français, un peu à l’image d’un Jérôme Moiso. Tout le monde l’aurait voulu plus égoïste et agressif en attaque, mais Boris restera définitivement attaché a ses principes collectifs. « Pourquoi prendre un shoot difficile, avec un adversaire sur le dos, quand je peux faire la passe à un coéquipier démarqué qui a plus de chances de réussir son tir? » Se mettre au service de l’équipe au lieu de mettre l’équipe à son service. Une réflexion simple, fondamentale du sport collectif, mais parfois oubliée.
Le jeune Boris montre pourtant quelques aptitudes au scoring au Centre Fédéral. Tony Parker rejoignant le PSG, Diaw hérite de la direction des opérations. Dominateur au milieu des grognards de la N1, il étale un polyvalence rarement vu à ce niveau (16.8 points à 55.1% aux tirs , 9.2 rebonds, 5 passes, 2.4 interceptions, 1.8 contres en 35 minutes pour la saison 1999-2000). Champion d’Europe Junior à l’été 2000, il est logiquement très demandé pour ses débuts professionnels. Boris Diaw ne choisit pas la facilité en optant pour les fortiches de Pau-Orthez.

-« Regarde Boris, c’est facile d’attaquer, fais comme moi! » -« Laisse tomber Yann, tu n’arriveras pas à me convaincre! »
En trois ans, Babac va monter en puissance. Discret mais efficace la première année (4 points à 56.5% aux tirs, 2.6 rebonds et 1.6 passes pour seulement 0.9 ballons perdues en 2000-01), décrochant le titre de meilleur espoir l’année suivante (7.8 points à 57.4%, 4.7 rebonds, 2 passes en 21 minutes). Il est élu MVP français pour sa dernière saison (7.2 points à 54.2%, 5.2 rebonds, 4.2 passes, 1.4 interception et 0.9 contre en 25 minutes) à 21 ans. Seulement 8ème scoreur d’un effectif XXL (les frères Pietrus, Cyril Julian, Roger Esteller, Rod Sellers, Dragan Lukovski, Kyle Hill, Fred Fauthoux, Fabien Dubos et Artur Drozdov), Boris incarne le mieux cette équipe qui écrase la saison régulière comme rarement une équipe l’a fait (27v-3d, 94.3 points marqués pour seulement 77.3 points encaissés). Il décrochera un deuxième titre en trois finales consécutives, toutes contre l’ASVEL.
Boris Diaw se révèle être un véritable couteau suisse au plus haut-niveau. Capable aussi bien de défendre sur un meneur de jeu rapide que d’attaquer le panier en deux enjambés et écraser une méga patate sur un pivot de 210 cm. Oubliez l’image que vous avez de lui maintenant. Le Boris de Pau est un joueur fin et élancé (203 cm pour 92 kilos), athlétique comme son papa sauteur en hauteur, maîtrisant les fondamentaux comme sa maman basketteuse et sacrement élégant. L’action choisie est un instantané de cette époque. Faisant face au plus redoutable défenseur européen, Jim Bilba, Diaw l’efface en passant le ballon dans son dos et décale ses appuis d’un saut de cabri puis élimine l’aide de Bill Edwards et David Frigout par une passe magique pour son pivot Slobodan Sljivancanin. Même pas 20 ans et facile comme un vétéran!
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