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[Portrait] Bernard King, le Prince de New York

Portrait

Montage Une : Anthony Jeffrey pour Basket Rétro

Le légendaire Bernard King souffle aujourd’hui ses 64 bougies, Basket Rétro vous propose de revenir sur sa carrière des plus atypiques dans le microcosme NBA. Connu pour son jeu hors du commun, sa capacité à devenir le leader d’une équipe new-yorkaise en perdition, il aura marqué de son empreinte la grande ligue.

Avant d’être inséré en 2013 au Hall Of Fame de Springfield, Bernard King avait avant toute chose connu une carrière peu commune au sein de cette ligue outre atlantique. Sa spécialité était de marquer des paniers à tout va. Néanmoins, son jeu peu ordinaire pour l’époque lui joua quelques tours dont il aurait pu se passer…

DES DEBUTS TALENTUEUX MAIS COMPLIQUES

Considéré comme l’un des plus grands attaquants des années 80, le King sortait tout juste de l’université de Tennessee. En trois années passées chez les Volunteers, le fantasque ailier afro-américain réussit à s’imposer malgré toute la pression qui reposait sur ses épaules. Avec une mentalité de vainqueur, le frère d’Albert King, possédait un jeu des plus attrayants. Sur les playgrounds de Brooklyn, il se faisait d’ailleurs un malin plaisir d’humilier tout ses détracteurs. Inutile de rappeler que sur ces terrains, la moindre défaillance était interdite.

« Quand j’y jouais le jeu était dur et physique, bien plus qu’aujourd’hui. On n’avait pas droit à l’erreur sinon tout le monde te lynchait. »

En NCAA, l’ailier explosait tous les records en vigueur de sa fac. Avec un physique robuste, King n’avait pas peur d’aller se frotter à plus fort que lui dans la peinture. Ce dernier se sentait prêt à rejoindre la NBA, pourtant, quitter son cursus universitaire avant la quatrième année n’était pas aussi bien vu que de nos jours. Cependant il préfèrera s’éloigner de ce milieu pour des raisons autres. En effet, des soucis extra-sportifs ont bien failli miner sa carrière de basketteur professionnel, notamment son addiction à l’alcool.

Drafté par des New-York Nets en perdition depuis le départ de Julius Erving en 1977. Bernard King arrivait dans une ligue en pleine mutation. Il se devait de reprendre les rênes de l’équipe, tâche qui s’annonçait particulièrement ardue.

« J’ai eu la malchance d’arriver dans une ligue en plein développement et surtout d’arriver dans une équipe qui voulait que je remplace Julius Erving himself. »

Au début des 80’s, le basketball américain est en pleine reconstruction. Les deux ligues dominantes sont au coude à coude pour instaurer la meilleure ligue de basketball des Etats-Unis. Contre toute attente, les deux géants décident de se rapprocher. Certaines franchises historiques de l’ABA (American Basketball Association), rejoignent la NBA (National Basketball Association), ce qui provoquera un cataclysme aux USA. King débarque alors dans une ancienne franchise historique de l’ère ABA (deux fois championne en 1974 et 1976), qui a tout à prouver en NBA. Pour finir avec cet épisode des New-York Nets, franchise basée à Big Apple, celle-ci déménage dans le Newark. L’équipe est rebaptisée New Jersey Nets. Ainsi, Bernard King ne débute pas dans la meilleure des atmosphères. Dans une équipe sans queue ni tête, il ratera de peu le titre de rookie of the year. Pour sa première saison, le small forward de 2m02 marqua 24,2 points par match et prit 9,5 rebonds. L’année suivante, il continua sur une base de 22 points et 8,5 rebonds de moyenne.

Malgré ces statistiques solides, le fantasque ailier ne joua que deux saisons chez les Nets. Il fut par la suite transféré aux Utah Jazz, à Salt Lake City, King sera totalement transparent. Par la suite, les instances du Jazz le suspendront pour une histoire d’abus sexuel, de nombreux dérapages et une addiction à l’alcool toujours aussi omniprésente… Ne jouant que 19 rencontres, le joueur n’est plus en odeur de sainteté. Utah choisit de le trader dans la baie d’Oakland. Aux San Francisco Warriors, Bernard King prend conscience que son addiction à l’alcool le tue à petit feu. Bien que la région ne soit pas réputée pour ses bons traitements (trafic de drogue, violences), l’ancien joueur du Jazz parvient à s’en sortir à la surprise de nombreuses personnes. Sa subite renaissance lui vaudra le trophée de Comeback Player Of The Year qui récompense les joueurs en perte de vitesse qui parviennent à retrouver les sommets.

UNE NOUVELLE VIE

En deux saisons, King s’achète une étiquette de joueur indéfendable, ses adversaires commencent à le craindre. Lui ne pense plus à la pression ni aux mauvaises tentations, seulement au panier et à la victoire. Détenteur d’une palette offensive ultra complète, alliée à un physique avantageux, le Roi faisait peur.

Cependant, rester maitre de la baie ne lui suffit plus, le King décide de faire ses valises en direction de la citée de la grosse pomme. Ce sera l’énigmatique Michael Ray Richardson qui fera le chemin inverse. Après un passage bien rempli à San Francisco et de retour sur ses terres, l’ancien joueur des Warriors est un homme transformé. Il a pris le temps de murir pour affronter les aléas de la vie new-yorkaise. Ses vieux démons semblent l’avoir quitté. Il ne pense et ne vit plus que par le basketball. Son éthique de travail est impressionnante. Premier à la salle tous les jours pour enchainer des séries de shoot incroyables, il était aussi un fervent utilisateur de la salle de musculation.

Rempli de confiance, ce dernier savait mieux que quiconque qu’il était craint par l’ensemble de la ligue. Comme écrit précédemment, il était en tout points inarrêtable. Que ce soit en pénétration, dans le périmètre ou derrière l’arc, le King rentrait tout ce qu’il tentait, ou presque. Aux Knicks, il devient le go to guy par excellence. Seul l’ailier sait ce qu’est la formule magique pour devenir le maitre incontesté du Madison Square Garden. Celui-ci était définitivement dans son élément.

Lui-même témoignait : « Tu peux demander à n’importe quel gars qui aime marquer, il te dira que certains soirs c’est dû au fait qu’on est dedans. Quand je scorais 30 points par matchs, je ne pensais à rien d’autre. Peut importe ce que je faisais, ca rentrait. Au final c’est tout ce qui compte. »

bernard-king-3Dans la salle la plus mythique des Etats-Unis, King enchaine des performances inouïes. Le 31 janvier 1984, il devint le premier joueur depuis 1964 à inscrire 50 points durant deux rencontres consécutives. Il mènera même ses Knicks en Play-Offs. Leader offensif de son équipe, il est bien souvent jugé trop personnel par les insiders de l’époque. Or il n’en a cure et continue d’enchainer les cartons offensifs dont il a le secret. Seulement, sa défense pataude ne fait pas l’unanimité. Pourtant il sait se faire pardonner par son talent offensif et surtout son envie de rester le maitre du monde.

Dave Debusschere, directeurs des opérations basketball des Knicks de l’époque, déclarait d’ailleurs :

« Bernard King est un homme de gros shoots, et ça, le Madison en raffole. Pas besoin qu’il défende correctement. »

Ce même directeur faisait par ailleurs une esquisse de la personnalité du joueur :

« Parfois il subit les écrans et perd de vue son joueur en défense, il parait complètement à la rue. Nous avons l’impression qu’une fois en situation de défense, il redevient un joueur sans plus. D’autres fois, il brille et humilie ses vis-à-vis de l’autre coté du terrain. Fort et déterminé comme King l’est, même s’il a deux gars plus grands et plus forts que lui sur le dos, il rentrera tout ses tirs. C’est une évidence, la il devient le joueur que tout le monde veut avoir dans son équipe. »

LA CHUTE

Sa carrière semble alors bien lancée. Le 25 Décembre 1964, le tonitruant leader de Big Apple dépasse même la barre des 60 points dans l’antre du MSG. Ce record, il le réalise contre les New Jersey Nets, ennemis depuis toujours. Par cette occasion, il devient le dixième joueur NBA à réaliser cette performance unique. Incontestablement à l’apogée de sa carrière, le diable est considéré comme le plus beau joyau offensif de la NBA.

Malheureusement, lors d’un match contres les Kings de Kansas City, King monte au contre sur le sombre Reggie Theus. Une faute sera sifflée contre lui, mais les répercussions de cet acte défensif seront bien plus graves. Son genou cède, le Roi mettra de longues minutes avant de pouvoir rebouger. La terre entière semble s’être arrêtée. Sa carrière est remise en cause. Le comble de l’ironie fera qu’il s’est blessé en dehors de son champ de prédilection, en défense. Le verdict est sans appel : il devra rester deux ans en dehors des parquets.

Lors de son come-back et une longue rééducation, la ligue est totalement changée. Elle qui était en pleine mutation au moment de sa blessure l’était toujours deux ans plus tard. King retrouve une équipe de New-York transformée. Le leader du Garden, celui à qui les dirigeants de la franchise ont donné les clés n’est autre que Patrick Ewing. L’ancien chouchou du MSG n’arrive plus à retrouver son explosivité et sa rapidité d’antan. Néanmoins il demeure toujours aussi efficace aux tirs. Ce ne sera pas suffisant, il est renvoyé par les Knicks à l’aube de la saison 86-87.

ny_greatest_knicks_05Trompé par sa franchise de cœur, Bernard King décide de prendre un deuxième nouveau départ chez les Washington Bullets. Il se relance lentement mais sûrement. Avant sa blessure, King était un adepte du jeu dos au panier, celui-ci était dévastateur. Position dans laquelle il pouvait tournoyer vers la gauche ou vers la droite. Après sa grave blessure, il élargit sa palette en s’appuyant moins sur la rapidité et la puissance. Contre toute attente, années après années, sa moyenne de points gonfle de plus en plus.

Lorsqu’il affronte ses Knicks, il est en feu. Scorant 49 points au Madison, il redécouvre après une éternité l’ovation du public New-Yorkais, toujours aussi conquis par ses prestations. En 1991, il se retrouve en lutte contre Michael Jordan et Karl Malone pour le titre de scorer of the year. Le leader de la capitale fédérale ne parviendra pas à rafler la mise. Celui-ci termine troisième. Pourtant, le succès est ailleurs. Il retrouve les joies de participer au All Star Game en tant que titulaire. Tout cela suite à la blessure de Larry Bird. Pour l’occasion, Bernard King devient alors le plus vieux titulaire du ASG. Pour lui, ce n’est autre que la récompense suprême après une carrière tumultueuse.

Il déclarait : « Pour moi, c’était un moment irréel. C’était mon but. Je viens de Brooklyn et je sais ce que sont les difficultés de la vie. Je le sais. Redevenir All Star six ans après cette grave blessure est pour moi, la récompense ultime. Je remercie tous mes proches et surtout dieu de m’avoir permis cette revanche. »

Cependant son discours ne s’arrête pas là, sa majesté se souvient encore du fervent accueil du public, qui l’a, selon ses dires, profondément marqué à l’époque.

« Quel public c’était ! Son accueil m’a profondément touché, j’avais l’impression qu’ils comprenaient tout ce que j’avais pu endurer depuis ma blessure. Quelle ovation… Cet instant, je m’en souviendrai toute ma vie. »

Cette saison régulière fut l’une de ses dernières dans la ligue Nord-Américaine. Peu de temps après le All Star Game, le King déchu de New-York, se reblesse au genou. Il ne retrouvera plus jamais ses sensations qui l’avaient hissé au rang de formidable scoreur. Pourtant lorsque sa rééducation fut terminée, Wes Unseld le coach des Bullets n’en voulait plus. La légende raconte qu’il serait revenu le menacer avec une arme. Mais il faut faire attention aux légendes, elles sont souvent infondées. En cette période, il ne fait nul doute que King avait simplement tourné le dos à la franchise du capitole sur un coup de sang.

L’ancien meilleur scoreur de NYC reviendra là où tout avait commencé, aux New Jersey Nets. Après 36 petits matchs dans le Newark, King se retire et laissera un immense vide dans le microcosme NBA. Pour beaucoup, sans son horrible blessure contractée en 1984, Bernard King aurait pu devenir le meilleur scoreur de tous les temps et inscrire une page entière dans l’histoire de la National Basketball Association.

SES STATS NBA

 

SON PALMARES

  • 4 fois NBA All Star en 1982, 1984, 1985 et 1991
  • 2 fois élu au sein de la All NBA First Team en 1984 et 1985
  • 1 fois élu au sein de la All NBA Second Team en 1982
  • 1 fois élu au sein de la All NBA Third Team en 1991
  • Meilleur marqueur NBA en 1985 avec 32.9 points de moyenne
  • NBA All Rookie Team en 1978

LA CARRIÈRE DE BERNARD KING EN IMAGES

Crédits photo : Sports Illustrated/Getty Images

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About Nicolas Marsoudet (31 Articles)
Élevé aux cross d'Allen Iverson, au scoring de Kobe, à la puissance et à la domination de LeBron James, je suis un jeune rédacteur et fan absolu de la NBA de nos jours... mais aussi de la NBA d'antan. J'aimerais un jour réaliser mon rêve: devenir journaliste sportif !

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